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29/06/2009

"Jeux de pouvoir" : à ne pas manquer pendant le faîte du cinéma.

Comment transformer une série télé britannique en un très bon film américain (regorgeant d'ailleurs d'acteurs britanniques, et avec l'argent français de Studiocanal).

Russell Crowe est ici journaliste, un journaliste autour de la quarantaine, victime comme ses confrères de la grave crise que traverse la presse écrite et confronté aux méthodes de la jeune génération qui fait prospérer l'info sur Internet (la jolie Rachel McAdams parfois vêtue exactement comme Quitterie l'an dernier). Un journaliste aux convictions philosophiques affirmées, puisqu'il a chez lui un mug orné de motifs maçonniques.

Sa patronne (Helen Mirren, grande actrice britannique qui a tout joué depuis trente ou quarante ans) mise sur cette nouvelle génération et se réjouit de voir la plateforme Internet et blogante de son journal renflouer le support papier en perte de vitesse.

Il a un ami, jeune politicien engagé dans une lutte intrépide et salutaire contre l'exploitation de la guerre par des intérêts privés qui s'en truffent les poches jusqu'à un point que je dois qualifier d'effarant. Ce film est à montrer à tous ceux qui pensent que les privatisations sont une bonne chose, il les en guérira.

Autour d'assassinats et de machinations, de fantômes du Watergate, de politiciens hantés par la bigoterie, c'est évidemment l'Amérique de Bush qui est dénoncée par Russell Crowe dont le mot d'ordre est clair : "Yes we can !".

Une occasion aussi de réconcilier la presse écrite avec Internet et, dans une intrigue au dénouement subtil, de mesurer à quel point le rôle de chacun, selon sa conscience et sa perception des événements, est crucial pour le salut de l'ensemble.

27/06/2009

Pourquoi nous pensons si fort à 1789.

Le vote de la chambre des représentants sur le plan climat, aux État-Unis, ouvre sans doute une période historique, il faudra un autre vote, celui du Sénat, pour confirmer le bouleversement qu'il enclenche. Et, de Kyoto à Copenhague, nous serons définitivement entrés dans le monde nouveau, par le seuil de la troisième révolution citée notamment par Quitterie.

Le mouvement est d'ampleur historique, profond, très profond même, de ceux qui engagent la vie de plusieurs générations successives. Il mérite son nom de révolution, au sens de ce qui est révolu, mais aussi, forcément, de retour aux sources, et c'est pourquoi nous pensons à 1789.

Car ce qui s'achève, ces temps-ci, ce n'est pas le capitalisme (né bien avant 1789), ni sans doute l'époque indsutrielle (née dans le courant du XVIIIe siècle), mais le règne de la machine à vapeur. Or la naissance de la machine à vapeur, pour la motion, c'est Denis Papin dans les années 1770, et pour la production, c'est Boulton et Watt dans les années 1790. Le monde qui s'effondre est celui du piston mu par la chaleur, voire par l'explosion depuis l'invention du moteur à explosion. On sait désormais que cette production d'énergie à chaud a plus d'inconvénients que d'avantages, et s'ouvre l'époque de la production d'énergie sans chaleur supplémentaire.

Or la vapeur comme moyen de production et de locomotion, progressivement, a organisé la société et l'espace en fonction de ses propres caractéristiques, de ses besoins et de ses logiques, et c'est à la fin de cette organisation que nous assistons. Et logiquement, puisque tout cela perd sa légitimité, l'esprit se porte instinctivement au statu quo ante, qui est l'époque de la révolution française, et les questions qui se posent aujourd'hui, et qui vont se poser de nouveau, une par une, dans les années qui viennent, sont celles qui se sont déjà posées à cette époque-là, auxquelles la nouvelle société en gestation répondra étape par étape, dans le monde entier, à l'échelle de l'espèce humaine tout entière, pour la première fois. Nous sommes en effet sans doute devant la première révolution mondiale en temps réel.

Hélas, 1789, c'est aussi le seuil d'une épouvantable épopée : les guerres de la révolution et de l'empire. Celles-ci n'ont pas que des vices, en termes historiques, elles ont modelé décisivement l'état-civil et le droit notarial et aboli la féodalité, presque partout en Europe continentale, donné un grand appétit de liberté aux peuples, certes, mais elles ont coûté la vie à des centaines de milliers d'êtres humains, et ce fut une génération entière dont la vie ne fut que course effrénée de bataille et bataille durant un quart de siècle.

Or ces guerres sont résultées d'un profond bouillonnement sociologique, politique, moral, et philosophique (et religieux) qui les annonçait, et nous sentons bien que, sur la planète, des signes d'un tel bouillonnement existent et se multiplient en ce moment. C'est aussi pourquoi nous pensons si fort, avec un peu plus d'effroi, à 1789.

Nous voulons bien la révolution historique, mais sans les victimes, sans les violences, sans les morts, comme l'a justement noté Quitterie.

26/06/2009

Hadopi 2 : la faille de la triple peine.

Voici qu'est apparu le projet de loi dit Hadopi 2 chargé de combiner les intentions de l'industrie de la culture avec les péroccupations du Conseil Constitutionnel exprimées lors de la censure partielle de la loi Hadopi (Hadopi 1 désormais).

Le texte d'Hadopi 2 est succinct. À certains égards, il est même sybillin.

Eolas s'en gausse, Authueil s'en bat l'oeil, mais au fond, on voit bien que ce projet ne tient pas plus la route que le précédent, il la tient même encore moins. Et cela pour une raison très simple : il rappelle au service la présomption de culpabilité.

Le raisonnement est très simple. Cette présomption est autorisée lorsque la peine encourue est une simple amende, et dès lors qu'aucune peine de prison n'est encourue. Or dans le cas d'Hadopi, parce qu'on ne supprime toujours pas la caractérisation du téléchargement comme contrefaçon, une peine de prison est sytématiquement encourue à partir de la constatation de l'infraction. Or le texte confère aux agents d'Hadopi la faculté de constater et que leur constatation fasse foi jusqu'à preuve du contraire, ce qui revient à renverser une nouvelle fois la charge de la preuve, et l'accusé devra faire la preuve de son innocence, il y a donc de nouveau présomption de culpabilité.

Tant pis, me direz-vous, puisqu'à partir de cet instant, le chemin est balisé jusqu'à une amende (assez lourde, trop sans doute).

Ouais, sauf que...

Sauf que non : le chemin n'est pas du tout balisé. À partir du moment où l'infraction est constatée, si la victime se constitue partie civile et réclame des dommages et intérêts, la procédure simplifiée tombe, certes, mais on est en droit de poursuivre non plus seulement le délit Hadopi, mais aussi et surtout le délit de contrefaçon (rappelons que ce sont deux délits distincts). Dès lors, la constatation de l'infraction faisant foi jusqu'à preuve du contraire est une présomption de culpabilité dans une procédure pénale pouvant conduire à l'emprionnement, cette même présomption que le Conseil Constitutionnel a censurée dans Hadopi 1, et qui par conséquent ne passera pas la rampe dans Hadopi 2.

Dès lors, faute de constatation de l'infraction, que peut-il rester d'Hadopi 2 ? Rien, à mon avis.

En somme, si la majorité veut faire passer son Hadopi 2, elle doit au moins y introduire un article supprimant le délit de contrefaçon pour le consommateur final de téléchargement. Pas sûr que cela suffise, d'ailleurs.

23/06/2009

Versailles : la solution de la crise, c'est travailler plus pour gagner plus.

Le retour du chef de l'État à Versailles devant les représentants de la Nation, pour la première fois depuis 1789, a été assez commenté pour n'y pas revenir. Lors de la dernière élection présidentielle, nous dénoncions les travers antirépublicains de son programme. Il a beau conclure par "Vive la répubique", personne n'est dupe, mais là n'est pas l'essentiel.

Il faut en effet se souvenir de la leçon de Bill Clinton : "Ca se joue sur l'économie". C'est la tornade financière qui a définitivement disloqué la campagne de McCain lors de la dernière présidentielle américaine, et ce sont les profondes lacunes du programme socialiste en matière économique qui ont permis l'élection de Sarkozy en 2007 malgré les relents nauséabonds de son programme.

Or Sarkozy est justement venu parler d'économie, devant les élus du peuple.

Pour l'essentiel, son discours n'est que la justification de la politique qu'il mène depuis deux ans, et la promesse d'une nouvelle augmentation des déficits publics, avec une persévérante "modernisation" du modèle français ("La crise a remis le modèle français à la mode, mais..."), et une incohérence assez profonde entre d'un côté une idée strictement productiviste ("réindustrialiser la France", libérer la croissance, améliorer la productivité par la recherche et par la mobilisation des "ressources humaines" - va falloir bosser, mais avec quels emplois ?) et la création d'une taxe carbone qu'il annonce massive (hum, on verra). On pourrait d'ailleurs noter d'autres incohérences, notamment sur la question de l'Internet, secteur innovant s'il en est, dont la volonté de "régulation" ne peut pas être interprétée comme une libération des énergies (sur la "question du droit d'auteur", "j'irai jusqu'au bout").

Le distinguo qu'il fait entre "bon" et "mauvais" déficits (celui des dépenses courantes et celui de l'investissement) pourrait être pertinent si la situation actuelle n'était pas déjà désastreuse dans tous les domaines.

L'emprunt qu'il a annoncé est un cadeau fait à ses électeurs, ceux qui ont de l'argent et qui pourront souscrire à cet emprunt dont les conditions seront certainement plus avantageuses pour eux que pour l'État. Ces petits cadeaux-là entretiennent l'amitié. On a entendu les journalistes glousser d'admiration en notant que, naturellement, le succès de l'emprunt aurait valeur de référendum. Mais on sait bien que l'argent aime Sarkozy, pas besoin d'un référendum sur ce point. Et d'ailleurs, si par extraordinaire les Français boudaient cet emprunt, il se trouverait toujours un émir pour le boucler, ce qui permettrait de s'émerveiller sur le soutien populaire du président.

Quant à l'innovation qui en résultera, hum, on verra. La vraie façon d'encourager la recherche, c'est de consommer du produit de haute technologie, pas d'engloutir des fortunes dans des laboratoires, il devrait le savoir. Quant à l'amélioration des structures publiques de recherche et de leur articulation avec le développement industriel, tout cela est en contradiction avec les intérêts économiques qui sous-tendent l'action de la majorité depuis deux ans, et qui ont largement désamorcé le grenelle de l'environnement.

En somme, toujours la même dissociation entre les mots et les actes :

Mettre l'économie au service de l'homme. Respecter la nature. Réguler la mondialisation et les marchés. "Le modèle français a de nouveau sa chance". Révolution écologique, révolution numérique. "la part trop belle au capital financier", "spéculation effrénée", référence au CNR et à 1945.

Et toujours les mêmes remises en cause des principes républicains les plus fondamentaux :

"Où en sommes-nous avec le principe de l'égalité ?" La république, ce n'est pas l'égalitarisme, etc.

"Où en sommes-nous avec la laïcité ?" "Je ne vais pas reparler de laïcité positive, mais..." Question au passage de la burqa, qui "n'est pas un problme religieux", mais de "dignité de la femme", ce qui est vrai.

En somme, incohérences flagrantes, double langage obérant la transparence du discours, clivage des gens les uns contre les autres au mépris de leur interdépendance, ce discours a dû faire froncer les sourcils de Quitterie Delmas.

10:57 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, économie, sarkozy, congrès, versailles | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/06/2009

Quitterie parle de son blog.

À l'occasion de son passage à Genève, la Radio Suisse Romande, pour son émission Médialogues, a interrogé Quitterie et, si elle a gardé la version longue de l'interview pour un moment qu'ielle ne fixe pas, la radio a placé quelques phrases de Quitterie au début d'un sujet sur le rôle des réseaux dans le futur.

Quitterie s'y explique sur le silence de son blog, elle promet d'y revenir après avoir mûrement consulté et réfléchi elle-même, pour partager et prolonger ses cogitations.

Le podcast est .

Par ailleurs, si quelqu'un lit le chinois ou le japonais, je serais curieux de savoir ce qui est dit à propos de la vidéo de Quitterie .

19/06/2009

Quitterie s'exprime un peu.

Rassurez-vous : Quitterie Delmas ne s'est pas installée en Suisse avec les paquets de lingots d'or soigneusement dissimulés dans la cave du  MoDem par François Bayrou, et elle n'a pas maquillé son forfait avec des motifs apparemment nobles. En fait, si elle était hier à Genève, c'est à l'invitation de Rézonance et de la Fédération des Entreprises Romandes, pour témoigner de son parcours politique et de ses engagements les plus fondamentaux. Évidemment, lorqu'elle a abordé le sujet des paradis fiscaux, un frisson a couru sur le public assez fourni.

Elle est revenue sur les différents sujets qui ont fait parler les bavards en France dans les derniers mois à son sujet, puis elle a expliqué ce qu'elle faisait pout le moment.

Je vous conseille de regarder l'ensemble des interventions qui seront visibles (avec leurs propres images) sur le site de Rézonance, et bien sûr mes images de Quitterie, juste ici.

 

12/06/2009

Rendez-nous l'esprit de la modémosphère.

J'ai beaucoup hésité à faire cet article, non pas seulement parce qu'on va encore me traiter d'idolâtre, mais surtout parce que je ... Enfin, tant pis.

La blogosphère démocrate (alias modémosphère) est née pendant la campagne présidentielle, d'une façon un peu empirique, et alors que Quitterie Delmas incarnait le lien que François Bayrou voulait établir avec le nouveau média et son univers. Quitterie était à la fois la porte-parole du candidat dans certains médias (non seulement sur la Toile), la veilleuse du candidat sur la Toile et sur certains sujets sociétaux, et la tutrice souple des apprentis-blogueurs qui, peu à peu, se joignaient au mouvement, enfin elle n'animait pas seulement : elle éclairait.

Parmi les principes cardinaux que nous avions en tête grâce aux rappels qu'elle y faisait régulièrement, il y avait celui que nous n'étions pas des "colleurs d'affiche", nos blogs ne rendraient compte efficacement de ce que nous pensions que s'ils respectaient la règle éthique d'Internet : la quête de l'objectivité, l'élévation des perspectives. C'est par le non-militantisme que nous serions militants pour des principes plus élevés que notre candidat et que, partant, nous servirions celui-ci.

Il y avait aussi la recherche de la réalité, d'être des transmetteurs de ce qui se passait dans la société.

Il y avait enfin la volonté de ne pas fonctionner en circuit fermé, mais d'aller vers les autres sensibilités politiques pour faire d'Internet le lieu par excellence du débat politique, ce qu'il était effectivement à ce moment-là.

Forts de ces messages, nous avons, je crois, amélioré considérablement, non seulement notre efficacité, mais notre façon de vivre notre rapport à la politique et, de ce fait, nous avons donné une image grandie de notre candidat. Ce fut quelque chose de collectif. Nous n'étions certainement pas les mieux organisés, ni au fond les plus percutants, mais nous apparaissions ouverts, en harmonie avec le projet d'Internet.

Il y a eu ensuite des mouvements divers, dont je ne ferai pas l'historique ici, car ils ne sont pas mon sujet.

Ce que Quitterie nous transmettait, et ce sur quoi elle était la boussole, c'était l'esprit, l'inspiration, d'Internet. En harmonie avec cet esprit, Bayrou a pu, avec peu de moyens, incarner une forme d'espérance lors de la dernière présidentielle. Ayant perdu cette harmonie, il est redevenu un politicien teigneux, habile dans les périmètres étroits, mais peinant devant les grandes machines et dans le grand jeu.

Et pourtant, il a fait un effort.

C'est ce qui est le plus douloureux à dire : il a fait un effort réel (et coûteux) pour répondre réellement à une attente réelle des adhérents et militants. Il s'agissait d'outils de type intranet en particulier, permettant aux adhérents de se connecter par affinités ou par spécialité. Malheureusement, cet effort est venu trop tard : au lieu de laisser les initiatives militantes qui ne manquaient pas et qui auraient pu fabriquer un outil de très haut vol en peu de temps, il a voulu gérer lui-même l'élaboration de l'outil (une paire de faux jumeaux), ce fut long.

Je passe sur l'outil purement intranet, je n'y ai pas mis le nez, et ça ne m'intéresse pas. Parlons de l'autre.

L'esprit de cet outil est infidèle à l'inspiration des fondations. Si je prends trois critères, j'aboutis à l'impasse :

- l'outil, par son "marquage", son étiquetage militant, incite les adhérents lecteurs et blogueurs au repli sur eux-mêmes, à rester entre eux, ce qui est totalement contraire à l'esprit initial de la modémosphèe, et au projet d'Internet. Il est discriminant au lieu d'être fédérateur. C'est un embrigadement.

- l'outil est désincarné. Quitterie était une mascotte, une cantinière, une marraine, une figure de proue, une pilote (au sens maritime du terme), quelqu'un de repérable, quelqu'un de vivant qui marquait la modémosphère balbutiante de sa propre personnalité et de son charisme. Il n'y a plus rien de tout cela dans la modémosphère actuelle ni dans son outil central.

- l'outil est silencieux. Destiné à répondre à la curiosité des passants, il ne se projette pas sur la Toile, ne signifie rien, il est transparent, je n'en ai rencontré écho nulle part, je n'ai pas entendu annoncer que telle info s'y était révélée, bref, le trou noir. Et il ne s'articule même pas avec le réseau des blogs initiaux, comme s'il voulait les remplacer, ce qui me semble, encore une fois, contraire à l'esprit même d'Internet, fait de spontanéité et de respect de l'autre.

Et je crois que l'inexistence croissante du MoDem sur la Toile a sa source dans la nature de cet outil, qui est raté. Rendez-nous donc l'esprit de la modémosphère, rendez-nous Quitterie Delmas.

09:23 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : politique, modem, internet, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/06/2009

Hadopi tarée, hadopi ratée, hado piratée, hadopiratée

La coupure de l'accès à l'Internet tombe à l'eau, le Conseil Constitutionnel a tranché : la présomption d'innocence est au-dessus de tout, et surtout, Internet est devenu indispensable à la liberté d'expression.

Pour parler une dernière fois de l'élection européenne, il me semble que si Bayrou s'était fortement engagé contre Hadopi au cours du printemps, les choses auraient tourné différemment pour lui.

Pour le reste, il faut souligner l'implication très forte de la société civile, d'Internet et de groupes parfois tournés en ridicule (cinq gus dans un garage, disait-on), mais qui ont su interpeller l'opinion publique et trouver finalement des soutiens dans le monde politique lui-même.

Merci à la Quadrature du Net qui, très tôt, a reçu le soutien de Quitterie, merci au Réseau des Pirates, merci aux députés Bloche, Brard, Billard et consorts, merci aux euh ... à quelques sénateurs qui se sont réveillés en seconde lecture, merci aux eurodéputés Cohn-Bendit, Bono, Sarnez, et merde au PS qui n'a pas reconduit Bono sur ses listes, merci à ceux qui ont soutenu notre travail d'info en déposant des commentaires sur nos articles et sur nos liens, merci aux onze (EDIT : dix, je vois que VGE n'y était pas) membres du Conseil Constitutionnel, merci à feu Omar Bongo sans qui Chirac n'aurait pas été président de la république ni par voie de conséquence membre du Conseil Cionstitutionnel, merci à Mitterrand de s'être laissé battre par Giscard en 1974 (sans lui Giscard n'aurait pas été président ni membre non plus), merci à Michel Debré d'avoir suffisamment honoré son épouse pour que le résultat en soit le président du Conseil Constitutiionnel, merci à tous ceux qui ont pratiqué des rites vaudous contre le projet hadopi, merci au neurone de chacun des membres du Conseil qui, au moment décisif, a tranché pour la censure. Ouf.

Et merci Quitterie.

09/06/2009

Royal en embuscade.

La plus grande erreur que les élus puissent commettre, c'est de se croire propriétaires des voix qui se sont portées sur eux. Cohn-bendit l'a justement noté dimanche soir : des millions d'électeurs se sont portés sur Europe-Écologie "cette fois-ci", façon de dire que ces électeurs sont désormais adultes. Fini, l'électeur ventouse qui oublie de prendre ses lunettes pour lire les programmes, allume le feu avec son courrier électoral et va voter comme son père avant lui. Désormais, l'électeur se renseigne, lit les professions de foi, calcule, évalue, soupèse, et choisit pour une raison qui lui paraît bonne.

Cette fois-ci, puisqu'on l'invitait à lancer un signal fort, et puisque l'enjeu de pouvoir lui paraissait faible, il a lancé un mot : "écologie". En comptant les deux listes écolo (EE et AEI), 20 % des voix tout juste se sont directement (et sans la moindre ambiguïté possible) portées sur l'écologie. Et le message était bien l'écologie, l'environnement, l'avenir de la planète, puisque les "petits" écologistes en ont autant bénéficié que les grands. Le vainqueur n'est ni Cohn-Bendit, ni EE, mais l'écologie elle-même, ce que ni les écolo des Verts, ni ceux du MoDem (dont son président) ne devront oublier.

Car l'écologie était lourdement absente de son livre. Deux ou trois autres choses m'y ont paru gênantes (bien que je trouve en général le livre bien écrit et juste sur des points cruciaux) : la première, c'est qu'on n'y parle des immigrés qu'une fois, pour les désigner comme nuisibles (les patrons se servent d'eux pour comprimer les petits salaires à la baisse, ce qui est vrai), pas d'amendement "Welcome" chez Bayrou, c'est réellement abasourdissant ; la deuxième, c'est que lorsqu'il dit qu'il ne fréquentait plus les gens de la haute industrie ni de la haute finance depuis 1997, je reste circonspect, étant donné qu'après cette date il a très longtemps siégé dans le bureau de la gestion économique du sport hippique français aux côtés de Lagardère père puis de Rothschild, et je veux bien croire qu'il n'appelle pas cela les fréquenter, mais tout de même, il y a une forme de tartuferie ; bref, peu importe, disons que son livre fait l'impasse sur l'écologie, et que c'est regrettable, une faute non seulement politique, mais tout simplement contre l'esprit.

Pour en revenir au fait que les voix n'appartiennent à personne, il faut noter aussi qu'une bonne part de l'électorat socialiste a décidé de sanctionner le Parti Socialiste, et c'est certainement le cas de nombreux partisans de Ségolène Royal, ce qui laisse augurer des régionales terribles pour le PS s'il ne se réforme pas. Royal est en embuscade, ça sent la poudre.

Et pour finir sur ce sujet, je reviens une dernière fois sur ce qui a été dit par les esprits nauséabonds du bayroucosme : que Quitterie se serait vendue à Ségolène Royal. Il y a deux choses : la première, c'est qu'elle se serait vendue. Or sur ce point, renoncer à une candidature qui lui garantissait (ah, si elle avait été candidate !) d'être députée européenne pour rejoindre le bateau Royal, lâcher la proie pour l'ombre, cela ne me paraît pas relever de la catégorie des âmes vendues pour des plats de lentilles. La deuxième chose, c'est qu'il aurait été parfaitement admissible que Quitterie, jugeant les perspectives programmatiques proposées par Royal plus proches de ses aspirations profondes (compte tenu de l'évolution de Bayrou), se rapproche de Royal. Quel mal y aurait-il eu à cela, d'autant plus qu'elle avait l'honnêteté de ne pas le faire en empochant au passage un siège de député MoDem qu'elle aurait ensuite monnayé auprès de Royal ? On s'est donc vraiment mal conduit envers elle.

Une dernière conclusion sur le vote de dimanche dernier : près d'un électeur sur trois qui s'est exprimé a refusé d'entrer dans le jeu du débat droite-gauche... J'ai l'impression que c'est la première fois depuis très longtemps, mais je ne serais pas surpris que ce chiffre continue à augmenter, tant la réalité de l'axe doite-gauche peine à rendre compte de celle des politiques menées.

Le cadeau électoral du RSA, quelques jours avant le vote, a dissuadé les petits revenus concernés (qui sont nombreux) de protester contre le sarkozysme, il faudra en tenir compte, car cette tactique sera employée de nouveau.

Je crois que ces manoeuvres détestables ne nous seront pas épargnées à l'avenir, et j'ai la conviction qu'il faudra une alliance très large dans laquelle l'ensemble des sensibilités devra faire preuve d'abnégation, si nous voulons au moins remplacer le sarkozysme par un moindre mal en 2012, voire favoriser l'évolution vers une société des "petits matins" chère à Quitterie.

Quant à Quitterie elle-même, qu'elle le sache, elle peut décider de soutenir qui elle veut, non pas forcément pour le succès de cette personne, mais pour des principes qu'elle jugera cardinaux. Elle peut continuer à agir seulement dans l'ombre, ou bien militer pour le succès d'un programme, ou soutenir qui elle veut, elle aura mon soutien, qu'il s'agisse de n'importe qui, même de Bayrou ou de Royal.

08/06/2009

Le retrait de Quitterie était un symptôme qu'il aurait fallu prendre plus au sérieux.

Une phrase du document de cadrage de la campagne européenne, à l'automne, m'avait interpellé, une ou plutôt deux. La première était la référence constante à l'UDF (ce qui s'est vu dans le score final, hum), l'autre, et c'est la plus importante, était que puisque Bayrou était fort chez les jeunes, la campagne européenne était l'occasion de l'ui donner un électorat plus âgé. Belle idée, et beau résultat.

Car le fait marquant de l'élection est l'abstention, d'une manière générale, et d'une manière plus particulière l'abstention des jeunes (70 ou 80 % selon les sources) qui ne sont pas allés voter, l'électorat même de Bayrou à qui Bayrou a doublement manqué, et qui (en ne votant pas) a manqué lui-même à la république par la faute des concepteurs de la campagne (et de Bayrou lui-même par voie de conséquence).

C'est ici qu'il faut dire que les attaques ignobles dont Quitterie a été la victime lorsqu'elle a annoncé son retrait ont eu un effet multiple et terrible.

Car Quitterie était la part de fraîcheur du message bayrouiste, la vitrine jeune, la tête de gondole des 18-34 ans du bayrouisme. le fait qu'elle choisisse de se retirer en pleine gloire (si j'ose dire) aurait dû fonctionner comme un signal d'alarme, CASSE-COU ! Mais non, tout absorbé par ses calculs mesquins le bayroucosme s'en est pris à elle au nom de logiques de basse politique sans déceler les raisons profondes d'un choix de conscience qui est celui que les électeurs de Bayrou ont fait à leur tour dimanche.

Trop de calculs, pas assez de spontanéité, de désintéressement, d'altruisme, de souci du bien commun, dans le message de Bayrou. Et finalement, les électeurs, ses électeurs, la génération montante qui l'a fortement poussé en 2007 et qui ne s'est pas reportée sur un autre candidat aux Européennes, cette génération de Quitterie est restée chez elle comme Quitterie.

Non, j'ai la conviction que Quitterie a voté, elle m'a dit qu'elle le ferait. Mais elle est restée chez elle avant, pendant la campagne, elle s'est détournée des grouillements politiciens comme les électeurs de sa génération l'ont fait dimanche le jour du scrutin.

Oui, vraiment, le retrait de Quitterie disait bien autre chose qu'on l'a prétendu, et il aurait bien fallu s'en alarmer comme elle l'a d'ailleurs dit elle-même à l'époque : "Ils feraient mieux de se demander pourquoi une jeune femme de 31 ans choisit de se détourner" d'eux.

On a préféré traiter le mal par l'incantation et la stigmatisation. Dommage.

En tout cas, faites ce que vous voulez mais moi, dès que j'en aurai l'occasion, j'irai m'informer sur ce que pensent les jeunes actifs, j'irai écouter Quitterie.

17:14 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : politique, européennes, modem | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook