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30/10/2009

Affaires de "suicides" et autres fantômes judiciaires surgis du passé.

EDIT : vous pouvez aller prolonger le débat sur cet article sur AgoraVox.

Le renvoi de Jacques Chirac en correctionnelle, hier, n'est pas un événement mineur, c'est peut-être le deuxième grand moment de la carrière de l'ancien président de la république. Comme cela a très justement été noté, seuls deux autres chefs de l'État français ont été jugés avant lui (les deux ont d'ailleurs été condamnés) : Louis XVI et le maréchal Pétain. Louis XVI, en aidant les États-Unis d'Amérique à s'affranchir de la tutelle coloniale britannique, avait pourtant donné un coup de pouce décisif à la libération du monde (avant que les États-Unis n'inversent le miroir). Pétain, lui, était le symbole de ce que la IIIe répubique avait fait de mieux : la dissolution des empires germaniques et la victoire de 1918, le maréchal lui-même ayant eu la solide réputation de prêter une attention maniaque et humaniste au sort de ses soldats.

Le procès de Louis XVI signifia la mort de la monarchie absolue, celui de Pétain emporta la fin de la IIIe république, il n'y aurait pas de retour au statu quo ante 1940, la Libération se voulait révolution. Fins de régime, procès des chefs, le renvoi de Chirac en correctionnelle sonne donc comme le glas de la Ve république.

Comment naissent et meurent les républiques

La IIIe république est née en plusieurs temps, après 1870, sur un ciment : reprendre l'Alsace et la Moselle à l'Allemagne, effacer la tache de la défaite de 1870, laver la France de l'échec militaire en prouvant qu'il appartenait au régime et non à la Nation. Après la victoire de 1918 (une victoire française, puisque la France avait conduit les alliés à la victoire, grâce aux généralissimes français et à la stratégie française), la IIIe république aurait pu s'arrêter, mission accomplie, et passer la main à une suivante. Mais sa victoire elle-même ne rendait pas sa fin logique, alors que sa victoire était en fait sa fin dans tous les sens de ce terme. Après 1918, la IIIe république s'est donc survécu, jusqu'à sa fin tragique en 1940, il faut savoir partir au bon moment, sinon...

La mission de la IVe république fut de traduire en lois et en autres dispositifs publics les principes élaborés dans et par la Résistance. L'ensemble des forces politiques résistantes, même des pétainistes repentis, avait participé à cette élaboration dans la clandestinité, long travail de régénérescence de la république française entrepris par des politiques, des philosophes, des théoriciens et des praticiens, gens de bonne volonté, venus de toutes les strates de la société. L'ensemble des principes fut mis en pratique tôt après la guerre, la IVe république fut encore chargée de la reconstruction, qu'elle fit dans un tourbillon politique qui étourdit à peu près tout le monde. Mais la Résistance n'avait pas posé la question coloniale et la question coloniale ne cessa de se poser à la IVe république, jusqu'à la tuer. L'autre question qui n'avait pas été posée par la Résistance était celle d'un monde où la France ne participerait plus au concert des puissances de premier rang, ce qui n'avait jamais été vu depuis près de mille ans. Cette question se posa en 1956, lorsque l'Union Soviétique menaça d'employer l'arme nucléaire pour interrompre l'opération franco-britannique sur le canal de Suez en Égypte, et lorsque les États-Unis refusèrent d'accorder la protection de leur "parapluie nucléaire" aux Français et aux Britanniques contre les Soviétiques. Pour la première fois depuis le traité de Verdun en 843, la France n'était plus maîtresse de son destin. Ce fut donc à la Ve république de régler le double problème des colonies et de la place de la France dans le monde nouveau.

Elle fit tout cela, dans des conditions d'ailleurs difficiles, les Américains ne considérèrent par exemple l'arme nucléaire française comme "un fait" qu'après la mort du général de Gaulle.

Et la république se survécut, puisqu'elle avait atteint ses objectifs. Et puis, soudain, sans qu'on s'en rende compte, une nuit d'octobre, en 1979, la Ve république est morte.

L'affaire Boulin et les sales manies et manières de la Ve république

Remettons-nous dans le contexte : en 1979, Valéry Giscard d'Estaing est président de la république depuis cinq ans. C'est un surdoué : député à trente ans, secrétaire d'État à trente-trois, ministre des finances à trente-cinq, d'ailleurs inamovible (ou presque) aux finances pendant plus de dix ans, fait inouï, et réel co-créateur de la gestion publique made in Ve république, et finalement président de cette république à quarante-huit ans.

VGE a été élu en 1974 avec le socle électoral des centristes réformateurs de Jean Lecanuet et Jean-Jacques Servan-Schreiber, avec aussi l'aide de Jacques Chirac (alors ministre de l'Intérieur, une position décisive puisque c'est lui qui a établi les résultats définitifs de l'élection et travaillé à celle-ci avec les Renseignements généraux), et d'une partie de l'entourage du défunt président Pompidou (Garaud et Juillet). Son adversaire à droite avait été Jacques Chaban-Delmas, l'homme de la Nouvelle Société, porteur de la part gaulliste des idéaux de la Résistance, honni par les pompidoliens les plus conservateurs. En 1976, Chirac avait rompu avec son allié devenu président, puis s'était emparé du parti gaulliste, l'UDR, qu'il avait rebaptisé RPR en référence au premier parti gaulliste, le RPF. Depuis ce temps, le RPR et l'UDF giscardienne étaient en guerre sourde mais permanente.

En juin 1979, Giscard avait remporté une éclatante victoire sur Chirac aux élections européennes. Si l'on suit la thèse développée par les proches de Robert Boulin, une partie des gaullistes historiques avait alors entrepris (sous la houlette sans doute de Chaban, président de l'Assemblée Nationale) de se rapprocher de Giscard : Robert Boulin pourrait devenir premier ministre de celui-ci, le RPR éclaterait, les gaullistes de l'idéal reprendraient leur liberté et ce serait la fin du chemin pour Chirac.

C'est alors qu'à l'initiative certainement des réseaux chiraquiens, le "Canard Enchaîné" reçut des documents qui mettaient Boulin en cause dans une sombre affaire immobilière à Ramatuelle, et les publia, ce qui était son devoir, après avoir vérifié leur contenu selon les principes journalistiques. La tempête se leva sur Boulin, qui parut y faire face, sa défense est d'ailleurs assez limpide dans la vidéo rappelée par l'excellent dossier que Bakchich a rassemblé sur cette affaire.

La mort de la Ve république... en 1979

Soudain, coup de tonnerre : Boulin était retrouvé suicidé au petit matin, le 29 octobre 1979, dans un étang. Il faut écouter l'une des vidéos rassemblées par Bakchich, celle où Chaban-Delmas réagit à la mort de Boulin devant les députés : quand il prononce le mot "ASSASSINAT", on voit bien ce qui est en filigrane, la certitude qu'il a que Robert Boulin a été assassiné.

Depuis cette époque, le doute n'a cessé de s'amonceler sur la version officielle, qui ne tient plus guère la route. Selon des échos que j'en ai eus ailleurs que dans la presse, la famille de Boulin est certaine de l'assassinat, propose un modus operandi et indique volontiers des noms de maîtres d'œuvre de l'affaire, qui, selon elle, auraient été "couverts" par Chirac. C'est d'ailleurs ce que suggère l'une des interviews de la fille de Boulin. L'un de ces maîtres d'œuvre aurait alors été lui-même député de la république.

Peu importe alors que le coupable s'appelle Roland ou Charles, peu importe que Boulin ait ou non reçu un coup de pelle en travers de la face, ce qui ressort, c'est que ceux qui ont su la réalité des faits ne peuvent en avoir été intacts. Quand on disait en 1986 que Chaban (de nouveau président de l'Assemblée Nationale) était "un ami personnel" de Mitterrand (qui d'ailleurs s'appuyait fort sur Delors, ancien collaborateur de Chaban), et quand en 1987, Raymond Barre, dans l'intimité du huis-clos avec le bureau national des jeunes centristes (JDS) nous glissa que la "mise en coupe réglée de l'État" était "pire" par le RPR que par le PS, on peut voir ce qu'ils suggéraient, au-delà de la simple vendetta personnelle.  D'ailleurs, après le premier adjoint de Boulin, ce fut le fils de Mitterrand qui devint maire de Libourne, en 1989. Il est vrai qu'alors, ni Grossouvre ni Bérégovoy n'étaient morts, et qu'aucun doute de cette sorte ne planait sur le président Mitterrand.

D'autres hypothèses que politique courent parmi ceux qui penchent pour l'assassinat de Boulin. On a aussi parlé d'affaires plus crapuleuses, peut-être par contre-feu. De toutes façons, l'ombre du Service d'Action Civique (le SAC, barbouzage gaulliste mêlé d'histoires mafieuses et corses, né contre l'OAS) planait.

Et le fait qu'on ait pu tuer d'une manière aussi sauvage un important ministre de la république, et qu'on ait pu le faire en toute impunité, est ce qui, probablement, a emporté la fin de l'élan de la Ve république, puisque le ver s'y lovait à l'intérieur même du fruit, dans le mouvement-père de la république, parmi les gaullistes*.

C'est d'ailleurs ce qui est flagrant : la plupart des affaires judiciaires qui sont sorties, de celles qui sont allées en justice, jusqu'au prétoire, ont concerné de ces gaullistes, ou plutôt pompidoliens, de mauvaises mœurs, qu'il s'agisse de Pasqua ou de Chirac ou de leurs proches. Pourtant, on dit qu'en son temps, feu Michel Poniatowski (giscardien du premier cercle) était surnommé "le flingueur" (en raison d'un fort taux de mortalité, notamment parmi les ministres et anciens ministres de l'entourage giscardien, à son époque, les gens sont si mauvaise langue), et on ne sait pas bien quoi dire concernant des personnalités du PS comme Gaston Defferre, si longtemps maire de Marseille, avec lequel Mendès avait eu la funeste idée de s'allier pour la présidentielle de 1969.

Que dire de Chirac aujourd'hui ?

Dans notre combat pour écarter les principes politiques incarnés par Sarkozy du pouvoir, nous avons pris l'habitude de considérer que le passé de Chirac comptait moins que la victoire contre notre adversaire commun. Il faut dire que si la vérité sur l'affaire Boulin se faisait jour, on serait plus facilement enclin à fermer les yeux sur une stratégie de conquête du pouvoir qui a, selon le mot juste de Barre, mis l'État en "coupe réglée" pendant des décennies.

Du temps de Chirac, dans les années 1980 et jusqu'au début des années 1990, la Ville de Paris présentait un budget excédentaire d'un milliard de Francs par an. Un milliard. C'était un milliard d'argent de poche pour le maire Chirac, et comme celui-ci est d'un naturel empathique, il n'hésitait pas à en faire profiter des quantités de gens : électeurs de Corrèze, journalistes, réseaux divers, barbouzes de tous échelons, communautés, fils de, cadres sportifs, trouvaient des emplois pas toujours douteux auprès de la Ville.

Le tas d'or de la taxe professionnelle permettait à la Ville de jeter l'argent par les fenêtres, mais au fond, en dehors des prébendes, la Ville n'était pas mal gérée, le ratio dépenses/actions était bon, grâce à l'ingéniosité de Juppé. On peut discuter en revanche de la multiplication effarante des programmes immobiliers et regretter le très mauvais goût (ou plutôt l'absence de goût) de Chirac dans ce domaine. Il y a d'autres points faibles dans la gestion chiraquienne (le retard d'équipements en crèches, par exemple), et évidemment l'étrangeté des relations de la Ville avec de très nombreux fournisseurs et maîtres d'œuvres ne peut que frapper. Qu'on se souvienne d'ailleurs des marchés truqués d'Île de France, dont l'Hôtel de Ville de Paris était l'épicentre et qui ont éclaboussé l'ensemble des partis politiques alors actifs.

Il faudrait en fait, pour examiner le cas Chirac, faire une balance des qualités de sa gestion et des moyens qu'il a employés pour conquérir et conserver ses responsabilités publiques. C'est ainsi que raisonne Victor Hugo dans sa dernière œuvre-clef, "Quatre-Vingt-Treize", lorsqu'il fait dire à Danton, en 1793 : "c'est vrai, j'ai vendu mon ventre, mais j'ai sauvé la France".

Chirac a-t-il sauvé la France ? Il a au moins sauvé notre honneur en 2003, en commanditant ou endossant le refus opposé par Villepin aux pressions anglo-américaines pour l'invasion de l'Irak.

Et pour le reste ? Le condamner lui sans condamner les autres fait-il de lui un bouc-émissaire ? C'est vrai, mais est-ce suffisant pour l'exempter de ses responsabilités propres ?

Disons les choses carrément : il est vrai que sa relaxe prouverait définitivement qu'en politique, tout est permis, seul le résultat compte, mais condamner un ancien président rejaillit forcément sur ceux qui l'ont élu. Nous l'avons élu et réélu. Sommes-nous donc moins coupables que lui, alors que nous savions ?

Se passer des politiques

La vraie solution est simple : pour n'avoir pas à douter des politiques, faire en sorte de ne pas lier son sort au leur, suivre son chemin, prendre soi-même sa vie en charge. C'est désormais la vraie façon de résister.

* EDIT : j'ajoute ici un lien pour approfondir la compréhension de l'affaire Boulin.

28/10/2009

Frais bancaires : tant va l'autruche à l'eau...

La bataille fait rage pour la présidence du conseil européen : l'étoile de Tony Blair pâlit quand celle de Jean-Claude Juncker s'allume. Bien sûr, voir écarter l'un des coupables de la faute irakienne (Blair) ne peut pas ne pas nous réjouir, mais tout de même, constatons-le : les deux impétrants sont des émanations du même lobby : celui de la banque. Voir Juncker monter en puissance alors même que la vraie affaire Clearstream a donné lieu à un procès dont le vrai sujet Clearstream était absent a quelque chose d'ironique. Franchement, un troisième larron ne serait pas mal venu.

Car sur les banques, la nausée de cesse de monter.

Un article de Sylvain Lapoix (j'en profite pour rectifier mea culpa une source précédente où j'ai attribué au site Marianne2.fr ce qui était l'article d'un blogueur associé de ce site, Laurent Pinsolle, fustigeant les conditions usuraires d'une nouvelle carte bancaire) détaille les méfaits de Dexia en particulier et de groupes bancaires en général, qui ont multiplié les toxicités à tous les échelons de leurs relations financières avec les collectivités locales. Certaines s'en sortent grâce au piston. D'autres, n'en doutons pas, plongeront. Écœurant.

Enfin, le numéro du "Canard Enchaîné" d'aujourd'hui indique la réponse des banquiers aux accusations d'usure qu'ils subissent : les frais d'incident de compte ne sont pas des majorations d'agios, mais correspondent à la rémunération d'un travail réel : celui de déterminer au cas par cas s'il faut ou non rejeter la dépense faite par carte.

Il fallait y penser.

Voyons donc les chiffres et mettons que la jeune femme en charge de mon compte dans cette banque dont je n'ai plus envie d'écrire le nom mais qui a motivé mes notes précédentes, mettons donc qu'elle gagne 3000 Euros par mois, disons pour 150 heures par mois, soit environ 20 Euros de l'heure. Eh bien, en me prélevant 23 Euros par jour en septembre, cette jeune femme (quelle fascination !) a consacré une heure entière de son temps de travail, chaque jour, rien que pour évaluer s'il fallait ou non rejeter ma carte bancaire pour une dépense de 5,90 Euros ou (quelle folie !) de 11,60 Euros. Allons, ce n'est pas sérieux.

Ce n'est d'ailleurs pas ce qu'a dit la cour de Cassation en février 2008. Je cite :

"Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la caisse d'épargne et de prévoyance des pays de la Loire (la banque) a accordé à M. X..., titulaire d'un compte de dépôt, une autorisation de découvert à concurrence d'un certain montant ; que M. X..., assigné en paiement du solde débiteur de son compte, a demandé reconventionnellement le remboursement des "frais de forçage" prélevés sur son compte à l'occasion de chaque opération effectuée au delà du découvert autorisé, au moyen de la carte bancaire dont il était titulaire et, à titre subsidiaire, a fait valoir qu'ils auraient dû être inclus dans le calcul du taux effectif global (TEG) ;

Attendu que pour rejeter les demandes de M. X..., l'arrêt, après avoir énoncé que sont exclus de l'assiette du TEG les frais divers qui n'ont pas la nature d'un complément d'intérêts déguisés et qui couvrent des frais d'enregistrement comptable des opérations qui rémunèrent un service, retient que ces "frais de forçage", qui sont exigibles lors de chaque incident, sont distincts de l'opération de crédit proprement dite que constitue le découvert, et qu'ils constituent la rémunération d'un service offert par la banque pour permettre d'honorer une transaction ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors que la rémunération d'une telle prestation n'est pas indépendante de l'opération de crédit complémentaire résultant de l'enregistrement comptable d'une transaction excédant le découvert autorisé, la cour d'appel a violé les textes susvisés"

Pour ceux qui ne maîtrisent pas le jargon juridique, disons que le client d'une banque a demandé le remboursement des "frais de forçage" (les 23 Euros pas jour dont j'ai parlé plus haut), que la cour d'appel lui a refusé ce remboursement en considérant que les frais de forçage sont distincts de l'opération de prêt que constitue le découvert en compte bancaire, et que la cour de Cassation a cassé la décision de la cour d'appel en stipulant explicitement que les frais de forçages et autres frais liés doivent faire partie du Taux Effectif Global (TEG) qui est celui qu'il faut examiner pour déterminer s'il y a ou non usure et donc obligation de remboursement (voire de sanction pénale).

Disons donc que, face à la décision de la cour de Cassation, les banques ont choisi la politique de l'autruche. Et que les pouvoirs publics ne se pressent pas de tuer l'autruche aux œufs d'or.

Pourtant, l'obstination des banques françaises est plusieurs fois contreproductive. Outre qu'elle tue à petit feu la poule aux œufs d'or que sont les clients, elle expose nos banques à l'agacement de leurs concurrentes européennes, ce qui ne serait rien, et surtout à l'accusation de concurrence déloyale, car en laissant les banques se vautrer dans les pratiques abusives, les autorités françaises leur accordent un net avantage commercial indirect, qui finira bien par être condamné à l'échelon européen, ce qui vaudra alors condamnation lourde aussi bien de l'État français que des banques, qui subiront de très lourdes amendes.

Mais je le répète : sans attendre que nos élites daignent s'intéresser à nous, chacun a lapossibilité de contribuer à son niveau à la justice, d'une part bien sûr en changeant de banque, et d'autre part en réclamant les "frais de forçage" à son banquier, dès lors que, joints aux agios, leur total dépasse le seuil de l'usure. N'attendons pas.

25/10/2009

Calculez vos agios et faites sauter la banque.

Dans mes deux articles précédents, je relatais comment ma banque, qui est pourtant supposée mutualiste, m'avait imposé des pénalités de dépassement de découvert en compte qui amenaient les intérêts perçus pour ces découverts jusqu'à plusieurs dizaines de fois le taux de l'usure, et j'évoquais une communication importante du magazine 60 sur ce sujet, réclamant la prise en compte d'une décision de la cour de Cassation de février 2008 qui indique que l'ensemble des frais relatifs aux découverts en compte doit être inclus dans ce qu'on nomme (depuis une directive européenne) le taux effectif global (TEG) du prêt personnel que constitue le découvert en compte courant.

Le groupe socialiste de l'Assemblée Nationale, à l'instigation de Didier Migaud (président de la commission des finances de l'Assemblée), a d'ailleurs tenté de faire passer une taxe sur le bénéfice des banques cette semaine, et l'on a vu deux députés de droite voter pour leur amendement, mais on a maintenant l'habitude de ces pseudo-coups de théâtre parlementaires destinés à noyer le poisson et à faire croire que les députés s'agitent vraiment pour notre intérêt. Voici comment chacun de nous peut, sans attendre les politiques, à son niveau, ramener les banques à la justice, et même peut-être, faire sauter la banque.

Le taux de l'usure, une protection du faible contestée, et donc contournée

Lorsqu'une personne prête de l'argent à une autre, elle peut pratiquer ce qu'on nomme un taux d'intérêt, qui est une majoration de la somme qu'on devra lui rendre, majoration en général proportionnelle au temps qui s'écoulera jusqu'au remboursement du prêt (il existe aussi des taux d'intérêt fixés d'avance et forfaitaires). La chose ne va d'ailleurs pas d'elle-même : au Moyen Âge, en Europe, le prêt à intérêt est interdit et il se crée des méthodes extrêmement complexes qui ont permis de contourner peu à peu cette interdiction. Dans le monde musulman, l'interdiction donne une raison d'être aux communautés juives, à qui l'interdiction ne s'applique pas.

Avec les siècles, cependant, les taux d'intérêt s'imposent en Europe, et le Code Napoléon, en 1804, n'a pas d'état d'âme à instituer un principe de "dommages et intérêts" qui les rend naturels, consubstantiels à toute somme due.

Et partout en Europe, selon des modalités diverses, l'emprunteur est protégé contre les abus du prêteur, soit qu'un taux de l'usure réglementaire soit fixé par une insitution publique, soit que la justice ait le pouvoir de corriger les excès. Le taux de l'usure est celui  à partir duquel on considère que le taux d'intérêt imposé à l'emprunteur est abusif, c'est une disposition qui entre dans le cadre des principes de protection du faible contre l'abus de position dominante du fort, protection du faible contre les pratiques léonines. En France, c'est la Banque de France qui fixe le taux de l'usure, une fois par trimestre, selon des modalités assez complexes.

Ce dispositif réglementaire est d'ailleurs contesté : pour les uns, il est trop complexe et ne protège pas assez les consommateurs. Pour les autres (les banquiers), c'est un gêneur d'emprunter en rond, il bride la croissance, et doit donc être écarté, il a d'ailleurs été supprimé pour les entreprises sans dommage apparent. Et un organisme privé (l'Adie) spécialisé dans le microcrédit fait valoir que dans son domaine d'activité, le seuil de l'usure est un frein considérable, car il rend les prêts trop peu rentables pour le prêteur. C'est ainsi que, sous couvert des meilleures intentions, on risque de mettre en péril un dispositif de protection du faible, un de plus. Car si l'on laisse le marché s'autoréguler sous le contrôle du juge, on oublie que les faibles et fauchés sont aussi ceux qui ont le moins de faculté de s'adresser à la justice pour se faire rembourser des sommes, peu élevées en elles-mêmes, mais qui mettent en danger leur solvabilité personnelle.

Réagir aux abus

Comme beaucoup l'ont noté, l'un des paradoxes de la crise financière récente, c'est qu'alors que les banques se financent à des taux extrêmement avantageux, le taux d'intérêt des prêts aux particuliers, lui, a eu plutôt tendance à augmenter, les banques consument la chandelle par les deux bouts, en somme.

Et on prend conscience que les taux d'intérêt ne sont pas eux-mêmes la seule définition possible du coût réel d'un prêt : une directive européenne de février 2008 a défini le Taux Effectif Global (TEG) et aussitôt, la cour de Cassation, dans un arrêt du 5 février 2008, a décidé que l'ensemble des frais relatifs aux découverts en compte devait être intégré au TEG, ce qui justifie l'intervention récente de l'organisation 60 que j'ai déjà citée. Dans une certaine mesure, l'intiative des socialistes (pour taxer les profits des banques) peut d'ailleurs être considérée comme une diversion destinée à étouffer le vrai scandale que constitue le niveau extravagant des frais pratiqués par les banquiers. (EDIT : Je vois d'ailleurs un article de Marianne2.fr sur un sujet très proche).

Il appartient donc à chacun d'entre nous de réagir à son niveau, avec ses propres moyens. Voici comment.

Le taux de l'usure est en général entre 20 et 25 % pour les découverts en compte courant des particuliers. Calculez votre niveau moyen de découvert. Faites-le, d'abord, "à la louche" sur le dernier trimestre. Si vous avez une autorisation de découvert de 500 Euros, voyez si vous dépassez souvent le seuil des 1000 Euros, et sinon, estimez que votre découvert moyen sera plus ou moins proche de son autorisation. Rappelons que les pénalités s'appliquent à la fois pour un dépassement du seuil et si vous n'avez pas ramené votre compte à l'équilibre au moins une fois dans le mois (selon le régime général, il existe des conventions de découvert qui créent des régimes particuliers, en principe favorables à l'emprunteur).

Mettons que vous ayez 700 ou 800 Euros de découvert moyen. Le taux de l'usure, sur un trimestre, sera d'un quart (un trimestre est le quart d'une année) de 20 %, soit 5 %. 5 % de 700 Euros font 35 Euros. Recensez ensuite l'ensemble des frais afférents à votre découvert : incidents de compte, lettres de rappel, pénalités, et bien sûr les agios. Si leur total dépasse les 40 Euros, vous avez une chance raisonnable de pouvoir considérer que votre banque pratique un TEG supérieur au taux de l'usure. Et vous pouvez réclamer le remboursement de ce qu'elle a trop perçu.

Comme le souligne l'un des articles que j'ai mis en lien, la banque peut même être condamnée à une amende de 45 000 Euros si ses taux sont particulièrement abusifs. La mienne, celle que je quitte (le Crédit Agricole) avec un taux de plusleurs dizaines de fois celui de l'usure, mériterait certainement cette condamnation.

Et maintenant, si vous voyez que les surfacturations sont consistantes cette année, faites le calcul pour les deux précédentes, car vous pouvez en principe réclamer sur les trois dernières années. Imaginez que dix millions de particuliers réclament chacun 100 Euros par an (ce qui n'est pas beaucoup : une dizaine ou une quinzaine d'incidents de compte par an), cela fait un milliard par an, trois milliards en trois ans. Imaginez que les mêmes 10 millions réclament 300 Euros pas an, ce sont 9 milliards pour les trois dernières années... Imaginez aussi que 22 000 comptes aient subi des excès pénalement répréhensibles (là encore, le chiffre est faible), ce sont encore 3 milliards, un par an. Or le Crédit Agricole a des centaines de milliers de comptes en portefeuille. Imaginez des centaines de milliers d'abus, la banque saute. Vous pleurerez ?

En tout cas, vous aurez pu récupérer votre argent, ce qui sera une façon de relancer la croissance mille fois plus saine que de laisser la bride sur le cou des banquiers dont chacun connaît désormais la profonde irresponsabilité.

24/10/2009

Les réactions du Crédit Agricole et d'autres lecteurs de mon blog.

Suis-je enfin devenu un vrai blogueur ?

Il y trente-trois mois que j'ai ouvert ce blog, c'était en janvier 2007, à l'image de Quitterie, dans une fièvre de découverte du poids de l'Internet dans le débat public et dans la circulation de l'information. Depuis sa création, mon blog m'a ressemblé : éclectique, inégal, éparpillé, mais en même temps dédié, parfois bavard, parfois elliptique, mélangeant les réminiscences et les commentaires, et découvrant peu à peu, étape par étape, ce qui pouvait devenir son vrai ton, son vrai sujet.

Brassens disait à un jeune chanteur : "Tu verras, au début, tu ne pourras parler que de toi, et puis ..."

Les événements récents me donnent à penser que la première phase est terminée, ce qui ne signifie d'ailleurs pas que je vais cesser de parler de moi, mais que la portée de mon blog va changer. C'est pourquoi je suis heureux d'être définitivement débarrassé de l'étiquette militante.

En fait, mon blog est désormais lu par ceux qu'il concerne.

Le Crédit Agricole demande une sorte de droit de réponse.

Dans mon article de mercredi soir, j'évoquais le véritable cas d'école que constituait l'amas de frais bancaires qui s'était abattu sur moi dans le dernier trimestre, et en particulier en septembre. Pour mémoire, je rappelle que j'ai subi, ce mois-là, pour des dépenses par carte bancaire de 1381 Euros le montant extravagant de 496 Euros de "frais d'opérations sur compte débiteur". Ces 500 Euros (ou presque) ont dû représenter au moins 60 % de la position débitrice moyenne du compte ce mois-là. Or 60 % en un mois, multplié par douze, ne font pas moins de 720 % de frais, un TEG (taux effectif global) de 720 % par an, plus de trente fois le taux dit de "l'usure" (pour mémoire, la définitiion de l'usure et de l'usurier par Wikipedia).

Il se trouve que le directeur de l'agence de Pont-l'Abbé, concernée, a lu cette note sur mon blog.

Voilà, ç'aurait pu ne jamais arriver, ma note aurait pu glisser aux oubliettes, "vox clamans in deserto", mais l'impact a été presque rapide : cet après-midi, après que la position du compte est redevenue positive, un homme se présentant comme le directeur de l'agence m'a téléphoné sur mon portable. J'étais au cinéma, mais le film n'était pas fameux (je n'en parlerai donc pas), j'ai donc discuté avec M. le directeur.

Il me disait "c'est vrai, j'ai vérifié, vos chiffres sont exacts, mais je trouve qu'il aurait été plus honnête que vous précisiez que nous vous en avons rendu 190 Euros".

Mes chiffres sont exacts, pas les siens : ce sont 196,64 Euros qui m'ont été restitués. Je ne savais pas à quoi correspondait la ligne comptable "remboursement sur facturation" que j'avais trouvée en consultant mon compte sur Internet. J'ai cru que c'était un trop-perçu d'une note d'électricité. Rien ne m'avait informé de cette remise gracieuse bancaire, alors même que j'ai opté pour l'utilisation de la fonction Internet de mon compte, et que je sais que mon agence a mon adresse mail, la demoiselle SG qui surveillait mon compte récemment encore a eu l'amabilité de répondre à l'un des mails que je lui ai adressés et qui, de fait, nécessitait réponse, ce qui n'est pas toujours le cas.

Quoi qu'il en soit, on peut déplorer que M. le directeur n'ait pas noté qu'Internet est là, justement, pour permettre le débat public et les droits de réponse en direct : que n'a-t-il déposé un commentaire sur mon blog ?

Je reprends donc mon calcul en lui donnant acte des 196,64 Euros restitués. Il ne reste, si j'ose dire, en septembre, "que" 300 Euros de frais sur des dépenses de 1381 Euros, et sur une position débitrice moyenne qui doit tourner autour de 700 ou 800 Euros. Par rapport aux dépenses, les frais se montent encore à plus de 20 %. Par rapport à la dette, ils ne tournent plus "que" autour de 40 %, ce qui, rapporté à douze mois, atteint le niveau de "seulement" 480 %, guère plus d'une vingtaine de fois le taux de l'usure. Quel progrès !

M. le directeur me signalait aussi qu'il aurait été possible à la banque de rejeter les dépenses émises par ma carte bancaire. C'est vrai, mais avec un taux de vingt fois l'usure, pourquoi l'aurait-elle fait, puisqu'elle me savait solvable ? Si elle avait été de bonne foi, elle m'aurait proposé ce qu'on nomme une "convention de découvert" provisoire, plafonnant les frais.

Enfin, M. le directeur, en porte-parole zélé de son organisation, m'indiqua que ces frais figuraient en toutes lettres dans le règlement de la banque. Ah, le règlement ! Courteline, à moi ! le règlement...

Quand les règlements sont stupides ou illégaux, faut-il les appliquer ? Euh, ben oui, M'sieur, dit le simple ou le paresseux.

Mais non.

Il y a quelque part dans les lois de l'État français l'obligation pour les agents publics de désobéir à un ordre manifestement illégal. En vérité, cette obligation pèse sur tous les salariés, chacun étant un citoyen en plus d'un employé.

Or à 720 % de TEG, on a jugé à Pont-l'Abbé que le règlement devait être illégal, mais pas à 480 %. Dommage.

Allons, me direz-vous, ce règlement est-il si illégal que cela ? Eh bien, j'ai découvert avec amusement que, mercredi, les "grands esprits" s'étaient "rencontrés" comme on dit, on lit sur le site 20 minutes :

«Leurs taux frôle l'usure». Marie-Jeanne Husset, directrice de «60 millions de consommateurs» demande des comptes aux banques françaises.

Le même jour, le "Canard Enchaîné" expliquait à la une : "les banques gagnent plus en prêtant moins".

Hélas, l'affaire du fils à papa a tout effacé ce jour-là, et l'utile campagne contre les taux usuraires pratiqués par les banques est tombée aux oubliettes. Dommage.

Et maintenant, interrogez autour de vous : est-ce que votre banque n'aurait pas subitement été plus coulante sur les chèques et les cartes sans provision ? Ce micro-trottoir vous enseignera rapidement : bien sûr que oui, les banques ont laissé filer pour prélever plus de frais et, ainsi, rembourser plus vite l'État. Malin. Sauf que... et si les gens suivent la jurisprudence de la Cour de Cassation et réclament les frais trop perçus ? Crrrrrac. Imaginez que vous réclamiez tous les frais perçus par votre banque, qui dépassent le taux de l'usure, sur les trois dernières années. Eh bien, vous feriez un touché-coulé, bien pire que la crise financière de l'an dernier.

Voilà qui, sans doute, justifiait un contre-feu puissant et le désistement de Junior, fils du président de la République Bananière Française, de sa fumeuse candidature à la présidence de l'EPAD.

Le stade Jean Bouin vivra

Deuxième occasion qui m'a permis de toucher du doigt que mon blog avait changé de nature (en fait, chronologiquement, c'était avant, mais peu importe) : la matinée de dimanche où, au stade Jean Bouin, nous avons manifesté contre Ubu-Delanoë qui veut chasser les scolaires pour faire du fric.

Lorsque je suis arrivé au stade, l'adjoint au maire du 16e chargé des sports, Yves Hervouet des Forges, m'a prié de monter dans la tribune, parmi les élus et les invités d'honneur. "Merci de ce que tu as fait avec ton blog". Je trouvais un peu surréaliste d'être ainsi accueilli non pas par Yves que je connais depuis longtemps et que je tutoie chaleureusement, mais par l'UMP, puisque sur mon blog, je dénonce la collusion de la municipalité de gauche parisienne et d'hommes d'affaires proches du pouvoir sarkozyste.

La surprise fut encore plus grande quelques instants plus tard, lorsque je me fus assis : mon voisin de gauche se présenta à moi et, lorsque je commençai à répondre "je suis l'ancien adj...", je n'eus pas le temps de terminer ce mot : "C'est vous qui avez fait les vidéos !", et je vis que tout le monde avait vu mes vidéos, et lu mon blog. C'était étonnant : la droite affectait de n'y voir que les attaques contre Delanoë sans prendre la mesure de ce que j'accusais, mais c'était surtout la première fois que je mesurais en direct l'impact d'un blog, et surtout de mon blog. Je dois reconnaître que c'était excitant.

Je vis d'ailleurs monter dans la tribune Serge Federbusch, animateur du site Delanopolis, et désormais proche de la Gauche Moderne, donc du pouvoir sarkozyste, qui était lui aussi très chaleureux. Sa note que je mets en lien me réconcilierait plutôt avec Delanoë en me brouillant avec Delanopolis, et rend encore moins compréhensible l'attitude de la municipalité à Jean Bouin, car en définitive, il s'agit là de favoriser la promotion privée (ailleurs brimée par Delanoë si l'on en croit Federbusch) au détriment des scolaires de l'enseignement public.

Quoi qu'il en soit, il y a eu un déclic dans cet océan de louanges et d'affection : c'est quand j'ai sorti ma caméra vidéo de ma poche et commencé à filmer ce que je voyais autour de moi. Par réflexe, j'étais redevenu blogueur. Il fallut un petit moment pour que ma caméra fût remarquée, mais dès qu'elle le fut, il y eut subitement une effervescence, on repoussa des gens dans la tribune, il fallait faire de la place pour les gens portant des écharpes, bref, j'étais moins bienvenu (c'est si effrayant, une caméra d'Internet...).

Alors, sagement, j'ai offert de quitter la tribune et je suis redescendu sur la piste, avec les autres caméras et les autres appareils de photo, dans mon camp.

Blogueur ? Journaliste ?

Encore quelque temps avant la matinée de Jean Bouin, j'étais allé à Bayeux pour le prix Bayeux - Calvados du correspondant de guerre. Il se trouve que le président était cette année un de mes cousins, Patrick Chauvel, vétéran de ce métier dangereux qu'il exerce depuis quarante ans, depuis le Viêtnam.

Patrick est une légende dans son métier, originellement celui de photographe de guerre, il a obtenu le prix américain qui est juste en deçà du Pulitzer, voici déjà une trentaine d'années. Je me souviens de ses retours du Liban, au début de la guerre, en 1975-76, il racontait cette guerre folle où les gens, rentrant du bureau, sortaient une kalachnikoff d'un placard et entreprenaient de se tirer dessus entre voisins de palier, puis d'un immeuble à l'autre. Le nom magique de cette époque était l'hôtel Commodore où étaient rassemblés les correspondants de guerre, et lorsque quinze ans plus tard, j'ai été raccompagné du mariage du Libanais Antoine Basbous par le journaliste Olivier Mazerolle, celui-ci parlait encore de cet hôtel Commodore, avec une étrange nostalgie. Entre-temps, j'étais moi-même allé au Liban dans une année dangereuse, en 1986.

Patrick, donc, présidait cette année le festival, un festival malin, puisque Bayeux est un théâtre de guerre (le Débarquement en 1944), et puisqu'y est conservé l'un des tout premiers reportages de guerre : la Tapisserie de Bayeux, qui relate la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Jean-Léonce Dupont, sénateur (Nouveau Centre) du Calvados et ancien maire de Bayeux, créateur du prix, est d'ailleurs, paraît-il, un ancien prof.

Il y a déjà longtemps que j'entends Patrick et ses collègues se plaindre à juste titre que leur métier n'est pas considéré, qu'une photo de guerre, si exceptionnelle soit-elle, n'atteindra jamais le millième de la valeur de celle du cul d'une starlette du moment attrapée par un paparazzi. Mais après des décennies de difficultés, la crise est forcément à un paroxysme, en raison de la crise qui frappe la presse et les médias.

Je l'interroge donc (en pestant de n'avoir pas ma caméra avec moi et en regrettant de n'avoir pas l'excellent Éric pour surenchérir sur mes questions) sur l'émergence de l'Internet, sur l'effondrement de la presse dite traditionnelle. Et Patrick, qui à vrai dire a croisé des dangers bien plus épouvantables que la chute de la presse dans sa vie (blessé plusieurs fois, notamment au Cambodge en 1973 et laissé pour mort à Panama en 1989), me répond que les nouvelles technologies ne changent pas le fond du métier. "Bien sûr, la presse a un tournant serré à négocier, certains ne s'en relèveront pas, mais..." mais l'info continuera, parce que les journalistes sont là pour témoigner.

Je n'ai pas encore lu, à ce moment-là, l'article signalé par le même Éric aujourd'hui sur l'évolution de la nature des blogueurs aux États-Unis, paradoxal contre-point de la note d'Éric aujourd'hui sur le surclassement des blogueurs par les twitters (j'ai un autre cousin twitter en vue, mais sous pseudo, chhttt).

Au passage, avec les journalistes de guerre, on voit pourquoi l'occident ne peut pas gagner la guerre en Afghanistan : il y faudrait au moins un million d'hommes sur le terrain, et encore : le soldat américain, avec ses trente kilos de barda, auxquels s'ajoutent son casque et divers accessoires, ne peut pas rivaliser avec les bergers afghans, tireurs d'élite, connaissant le terrain mieux encore que leur poche, et bénéficiant partout de caches. Ces bergers tuent un homme à 400 mètres avec un vieux fusil (sans lunette) qu'ils enfouissent aussitôt dans le sable, avant de s'éloigner au milieu du bêlement de leur troupeau. Pendant ce temps, les compagnons du soldat tué avisent la hiérarchie qui, plusieurs heures plus tard, envoie mille hommes sur le terrain, des hélicoptères, parfois bombarde à tort et à travers, cependant que le berger est déjà loin, au calme, insaisissable, innombrable.

Et aujourd'hui, puisque je suis peu à peu gagné par la logique et les réflexes du blogueur, je dois avouer que ces témoignages de journalistes, ces réflexions sur l'évolution de l'information, sur la place des blogueurs dont certains, à force d'en vivre, peuvent être qualifiés de journalistes, me semblent prendre un poids et un sens plus grands.

C'est vrai, au fond, qu'un blog est un média, un vrai. Et je commence seulement à découvrir la perspective du mien.

22/10/2009

Comment je paie 420 % d'agios par an.

J'ai un compte personnel au Crédit Agricole de Pont-l'Abbé, dans le Finistère, en Bretagne. Il m'arrive d'être là-bas à découvert et je veille à peu près à ce que ce découvert ne s'éternise pas, mais il est arrivé que je dépasse le délai de 30 jours avant de combler le découvert, c'est arrivé le mois dernier, et je n'ai pas encore terminé de le faire (il me manque encore 208 Euros et quelques centimes). Quand le délai est dépassé, toute dépense, même dans le cadre du découvert habituellement autorisé, est considérée comme irrégulière.

En septembre, j'ai remis 2600 Euros sur ce compte, j'ai une vie modeste (et je ne suis pas salarié), et j'ai dépensé 1381,92 Euros avec ma carte bancaire Eurocard.

Chaque jour, ou presque, on m'a prélevé des pénalités pour l'usage de cette carte, alors même que le solde était constamment croissant (ou le découvert constamment réduit). Voici la liste de ces prélèvements opérés par la banque :

01/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
02/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
03/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
04/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
07/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
08/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
09/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
10/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
11/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
14/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
15/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
16/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
17/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
18/09 **2 Frais Ope S/compte Debiteur   - 15,52
21/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
22/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
23/09 **2 Frais Ope S/compte Debiteur   - 15,52
24/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
25/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
28/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
29/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
30/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28

Le total de ces frais, pour septembre, et pour des dépenses inférieures à 1400 Euros, s'élève à 496,64 Euros, près de 500. Autrement dit, en un seul mois, par le fait des pénalités, on m'a prélevé plus de 35 % de mes dépenses, ces prélèvements concernent lesdites dépenses, puisque sanctionnent l'usage de la carte. C'est faramineux.

Dans le même temps, j'ai déposé des chèques et reçu des virements sur le même compte, à hauteur de 2600 Euros. Dépensant à peine plus de la moitié de ce que je reçois, je me considère plutôt honnête avec ma banque, et d'ailleurs, le découvert est pratiquement éteint aujourd'hui, et j'ai décidé de fermer ce compte pour en ouvrir un autre ailleurs (au Crédit Coopératif où est le compte de ma société, qui, lui, n'est pas à découvert).

Certaines séquences sont édifiantes :

28/08 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
28/08 Carte Ratp 27/08/09                      - 11,60
28/08 Carte Gaumont Marigna 27/08/09   - 10,20
27/08 Carte Bo-Zinc 26/08/09                  - 16,00

J'ai trois opérations jugées irrégulières sur le compte (on est là fin août). Le total des dépenses est de 37,80 Euros, on me prélève 23,28 Euros de frais pour ces trois cartes (un film au cinéma, un carnet de tickets de métro et un déjeuner de prix raisonnable). Les frais sont donc de 61 % des dépenses, c'est ahurissant.

Parfois, on me prélève 7,76 Euros pour une dépense par carte de 5,90 Euros, le mot "usure" est encore trop faible.

Et finalement, les agios du trimestre tombent : 21 Euros. J'ai 21 Euros d'agios, et... 775,88 Euros de pénalités pour usage de la carte aux mauvais moments, soit plus de trente fois les agios. Sans les pénalités de septembre, le compte serait (légèrement) à flot depuis longtemps.

Bon, je vois les rieurs qui vont s'amuser, mais en vérité, le nombre des dépenses qu'on ne peut régler que par carte ou par virement automatique ne cesse d'augmenter : essayez de payer votre téléphone, votre Internet, votre gaz, votre électricité, en espèces. Où irez-vous ? Eh bien, ces dépenses sont prises en otages par les pénalités des banquiers.

EDIT : ayant eu un contact téléphonique avec le directeur de mon agence bancaire, j'en rendrai compte dans une note ce vendredi soir.

21/10/2009

Quitterie, la génération 2.0 et l'entreprise.

J'ai eu l'occasion de donner une réaction à chaud (puis une réminiscence) à une table ronde à laquelle Quitterie a participé le 25 septembre dernier dans le cadre de l'opération Paris 2.0. J'avais lu depuis que les vidéos de cette opération seraient en ligne début novembre (pour mon anniversaire...), mais je vois que l'appel a été devancé, et voici la vidéo de cet excellent échange d'idées sur la façon dont la nouvelle génération et les précédentes analysent et vivent leur collaboration dans l'entreprise, et donc dans la vie :

 


[Aller voir le site]

18/10/2009

Paris - Jean Bouin : forte mobilisation.

Plus de 6000 personnes sont venues ce matin au stade Jean Bouin, à Paris 16e, affirmer leur volonté de voir épargnées les installations actuelles du stade Jean Bouin et leur souhait que soit limitée l'extension du terrain de rugby à une rénovation déjà lourde, puisque chiffrée à 40 millions d'Euros. EDIT : article et photos (dont une de moi) par le site Paris 16 info.

Je devrais donner dans les prochaines semaines une vidéo plus détaillée, un parent d'élève disposant d'une caméra et d'une expérience meilleures que les miennes m'a accompagné et nous avons pu interviewer déjà le représentant des Verts Sylvain Garel, le maire de Boulogne-Billancourt Pierre-Christophe Baguet, le président des associations sportives du XVIe (EDIT : l'intéressé m'a demandé de rectifier son titre ce que je fais bien volontiers, vu ses éminentes fonctions municipales où je l'ai précédé : il est adjoint au maire du XVIe chargé des sports) Yves Hervouet des Forges, la présidente du MoDem de Boulogne Jeanne Defranoux (j'ai aussi pu rencontrer le blogueur Sylvain Canet, ex-tête de liste MoDem de Boulogne), et rendez-vous a été pris avec Claude Goasguen pour une interview plus au calme.

Sur le fond, la détermination de la municipalité de Boulogne à invoquer l'interdiction de commerce faite par le texte de Napoléon III détachant ce quartier du Bois de Boulogne m'a rassuré : la juridiction administrative a déjà consacré cette disposition dans le droit positif, les 7500 m2 de commerces devraient donc être rendus impossibles. De ce fait, à mon avis, le projet tombera. Affaire à suivre. Avec un certain culot, la municipalité parisienne présente les commerces comme le moyen de financer ce projet faramineux. Étant donné que leur construction représente à elle seule 50 millions d'Euros, on voit que l'aplomb sarkozyste fait des émules (ah, les fils à papa !).

Par ailleurs, on m'a signalé que le PCF du 14e arrondissement demandait (bien que l'adjoint au maire de Paris en charge du dossier soit lui aussi communiste) à ce que Charléty devienne le stade officiel du rugby parisien. Voici un excellent article du site La Voix du 14e, et la position officielle du PCF local. La majorité se lézarde donc de plus en plus sur ce sujet où l'entêtement de la municipalité parisienne est invraisemblable.

Enfin, à propos du MoDem encore, on m'a signalé qu'on ne comprenait pas bien comment Marielle de Sarnez, lors du vote de la motion présentée par les Verts parisiens, n'avait pas trouvé le moyen de donner un pouvoir, si elle ne pouvait être présente elle-même.

En attendant la vidéo en préparation, voici queques images d'ambiance :

 


PS : J'apprends par Générations engagées le décès de Francis Muguet qui, contre Hadopi, avait proposé un "mécénat global" sur lequel Quitterie avait attiré notre attention. Il disait d'ailleurs grand bien de Quitterie.

16/10/2009

Paris - Jean Bouin : Sébastien Bazin proche de Sarkozy.

C'est Bakchich Hebdo qui relance les info sur l'avenir du stade Jean Bouin : dans son dernier numéro, l'hebdomadaire explique que Sébastien Bazin, patron du PSG, veut faire des alentours du parc des Princes une vaste galerie commerciale. Dès lors, pour le stade Jean Bouin, tout le (funeste) projet s'éclaire.

Un scénario catastrophe évident

En effet, les 7500 m2 de commerces, qui n'ont aucun sens dans le stade de rugby voulu par Guazzini, en ont un vrai dans la galerie commerciale rêvée par Bazin.

Rappelons que le projet défendu par l'adjoint (pourtant communiste) au maire (pourtant socialiste) de Paris chargé des Sports consiste dans la démolition des installations actuelles du Stade Jean Bouin pour les remplacer par un stade de 20000 places, des courts de tennis supplémentaires (le stade n'en manque déjà pas), un gymnase sipplémentaire (où les scolaires, c'est la bonté qu'on croyait pouvoir nous octroyer avec suffisance, seraient tolérés), 1000 m2 de bureaux, une vaste brasserie, 7500 m2 de commerces (ce qui, à une moyenne de 100 m2 par commerce, n'en ferait pas moins de 75, une véritable galerie marchande à deux pas de Roland Garros !), et 500 places de parking dont 100 pour les riverains et 400 non pas pour les matchs, mais bien évidemment pour la galerie marchande.

Les travaux devraient coûter au moins 150 millions d'euros, peut-être 200 (ces chantiers font toujours l'objet de dépassement, et l'estimation du projet par la Ville a déjà plus que doublé en deux ans).

Rappelons aussi que les constructions du stade Jean Bouin sont organisées autour d'une tribune d'honneur datant de l'année 1925, exceptionnelle, qui mériterait d'être classée monument historique si nous avions un tant soit peu de respect pour autre chose que pour les monuments liés à la guerre et à l'argent.

Rappelons enfin que le stade Jean Bouin et son environnement immédiat, tant du côté parisien que de celui de Boulogne, forment un ensemble cohérent échelonné sur les années 1920 et 1930, en grande partie inspiré par les principes de l'utopie urbaine chère à l'après-guerre de 14, où l'on pensait pouvoir améliorer le monde par l'architecture et par l'urbanisme. De ce point de vue, les bâtiments administratifs mêmes du stade Jean Bouin actuel mériteraient protection publique.

Le statut actuel de Jean Bouin est flou : la concession a été renouvelée en 2004 à la structure associative qui la détient depuis l'origine du stade et qui lui est même antérieure, et qui, après s'être longtemps dénommée Club Athlétique des Sports Généraux (CASG), a fini par s'appeler Paris - Jean Bouin. Deux sous-concessionnaires figuraient dans la concession : le club d'arts martiaux Athéon qui occupe l'ancien gymnase (et dont personne ne conteste pour le moment la place), et l'équipe de rugby du Stade Français dont l'âme vigoureuse est Max Guazzini, avec de surcroît Lagardère comme invité, mais celui-ci semble désormais en retrait.

Ce renouvellement de 2004 n'a apparemment pas fait l'objet d'un appel d'offres et, voyant que la juridiction administrative s'apprêtait à l'annuler (et peut-être aussi pour réduire les résistances à ses projets immobiliers), la municipalité parisienne a cassé unilatéralement la concession à l'automne 2008, si bien qu'à première vue, le stade Jean Bouin se trouve depuis cette époque en gestion de fait, ce qui est assez grave au regard du droit administratif et pénal.

Le permis de démolir a été délivré et entériné par la justice administrative. Le permis de construire, lui, est encore soumis au débat et à l'enquête publique (désormais close) sur l'avenir du stade.

La démolition devrait être faite en pleine année scolaire, et à deux mois des élections régionales, en janvier prochain. Rappelons que 6000 élèves de l'enseignement public fréquentent le stade sans alternative possible.

L'UMP, le Nouveau Centre, le MoDem et les Verts ont exprimé leur rejet de ce projet à la fois coûteux, déséquilibré (que viennent faire les commerces dans un stade, et qui plus est dans un espace vert ?), inutile, faramineux en temps de crise, et finalement suspect.

Suspect ? Oui, car les appétits du voisin encombrant, le PSG, sont désormais patents. C'est là qu'il faut parler de Sébastien Bazin et de ses liens avec le pouvoir.

Sébastien Bazin et Nicolas Sarkozy.

Tout commence en mai 1993 : un inconnu prend en otage une école maternelle de Neuilly-sur-Seine. Parmi les enfants otages, la fille de Sébastien Bazin. Le ministre du Budget est aussi le maire de Neuilly, c'est Nicolas Sarkozy, il est sur place pendant toute l'opération de police (d'ailleurs diiscutée dans ses modalités). Depuis cette époque, les deux hommes sont amis et le président ne dédaigne pas de venir s'asseoir dans la tribune d'honneur du Parc des Princes où joue le club désormais présidé par son ami, le PSG.

Or Sébastien Bazin est avant tout un financier qui dirige l'antenne européenne d'un fonds d'investissement de droit américain, Colony Capital, dont le métier est l'immobilier. Sa vision du quartier est conforme à son métier : il a de forts intérêts dans le groupe hôtelier Accor, donc un hôtel dans la piscine Molitor ; il en a dans le groupe Carrefour (qui par ailleurs ne va pas fort), donc des commerces partout.

Tout ceci est cohérent, de son point de vue. Ce qu'on ne comprend pas bien, c'est pourquoii la Ville de Paris, dirigée par une municipalité qui se dit de gauche, sert à ce point les intérêts d'un personnage si proche du pouvoir gouvernemental (et présidentiel) de droite, au mépris du domaine public et de milliers d'élèves de l'enseignement public.

Car les 7500 m2 de commerces prévus dans le projet n'ont aucun rapport avec l'édification d'un stade entièrement dédié au rugby. On aurait pu à la rigueur comprendre l'utilité de ce stade, quoique Charléty ait été lui-même conçu pour ce même sport, mais les commerces y sont une sorte de "cavalier" (au sens d'un cavalier législatif), un grumeau sans cohérence, dont le but ne peut être que de rejoindre le projet de Colony Capital.

C'est alors que l'entrée de Bernard Laporte au gouvernement, puis à l'UMP, depuis l'automne 2007, prend tout son sens : Laporte est un proche de Max Guazzini, patron de l'équipe de rugby du Stade Français, en principe bénéficiaire de la construction du nouveau stade, et lui-même très très proche de Bertrand Delanoë, maire de Paris.

On a donc en direct ce qui ressemble à s'y méprendre à la collusion d'une bande de malfrats qui va empocher des millions sur le dos du domaine public.

Même du point de vue fiscal, le projet d'implantation des commerces n'a aucun sens : depuis la suppression de la taxe professionnelle, l'implantation d'entreprises et de commerces ne rapporte plus rien aux villes (écoutez ce qu'en dit Santini quand il explique qu'à Issy-les-Moules, la taxe pro représente 72 % de ses rentrées budgétaires) et, tout au contraire, pour une bonne santé financière, les villes ont intérêt à dorloter leurs habitants pour que les taxes immobilières rapportent, donc à mettre l'accent sur les infrastructures, l'environnement et le cadre de vie, plus de proximité, moins de béton.

Un projet alternatif

Le projet alternatif consisterait à intégrer une partie des installations existantes (dont la tribune 1925) dans un stade de rugby rénové, en harmonie avec l'atmosphère 1920-1930, ne privant pas les enfants des écoles de leur terrain de plein air, ni l'espace vert de sa végétation. L'ensemble coûterait sans doute 40 millions d'Euros, guère plus, ce qui permettrait de réserver le reste des fonds mobilisés par la Ville de Paris à de réels investissements collectifs (on parle notamment de tramway dans l'est parisien).

C'est sur cette base que le Comité Jean Bouin appelle à une manifestation sur place dimanche matin, de 11 h 30 à 13 h. J'irai.

13/10/2009

Ballets roses, ballets bleus, Mr Bean en tutu.

Dans le film "Le président", le personnage interprété par Jean Gabin explique que, pour ses besoins hum affectifs, il s'est toujours tourné vers les "théâtres subventionnés". C'est qu'à cette époque encore, les actrices et les danseuses avaient la réputation d'être "protégées" par des politiques puissants ou des hommes d'affaires fortunés. De là est venue l'expression "avoir une danseuse", qui signifie que l'on a un passe-temps onéreux, une lubie à entretenir. Il arrivait aussi que ces "danseuses" se regroupassent en ballets intimes pour des soirées un peu chaudes. De là est venue l'expression "ballets roses", dont l'équivalent en "danseurs" était "ballets bleus".

Il arrivait qu'elles fussent mineures, les danseuses, mais d'après ce que j'ai lu, les ballets roses recrutaient dans la classe 17-18 ans, et un homme politique qui aurait une maîtresse âgée de 17 ou 18 ans ferait aujourd'hui plus de jaloux que d'indignés. Mais à l'époque, la majorité était à 21 ans, on risquait l'incrimination d'"incitation de mineure à la débauche", bien plus grave encore que celle de "détournement de mineure".

Il y eut des affaires de ballets roses à diverses époques, la dernière à avoir marqué l'actualité politique fut, dit-on, celle qui empêcha le président Pinay de se présenter à la présidentielle de 1965. Je ne compte pas les activités débridées de l'ère pompidolienne, ni les accidents de laitiers, ni les villas Caroline, qui ne semblent pas avoir puisé dans le même élixir de jouvence.

Depuis que j'ai adhéré à un parti politique, voici presque trente ans, j'ai entendu dire de plusieurs hommes politiques, de droite, du centre ou de gauche, qu'ils pratiquaient, sinon les ballets bleus, du moins les très jeunes garçons. Certains de ces politiciens sont encore en activité, je ne livrerai aucun indice, n'ayant aucune preuve autre que les on-dit du milieu politique.

D'une manière générale, on n'a pas utilisé ces arguments contre les intéressés, du moins pas publiquement, mais il est évident qu'un politicien contre lequel on aurait ce genre de casserole à faire tinter s'en trouverait rapidement prisonnier, sauf à avoir d'autres casseroles à faire tinter dans sa propre quincaillerie, c'est ce qu'on nomme le politique de la barbichette : "Je te tiens, tu me tiens..."

Il ne serait jamais venu à l'idée de Giscard de s'en prendre à la double vie sentimentale de Mitterrand, et c'est seulement le "Canard" qui a pu se gausser de l'accident de laitier de Giscard dans la voiture d'un couturier parisien, ni Mitterrand ni même Chirac ne l'auraient fait. Et pour les cas plus graves d'enfants exploités, il faut se rendre à l'évidence : soit ils n'existent pas, soit la classe politique s'en accommode. Je ne serais d'ailleurs pas surpris qu'on s'aperçoive un jour qu'il existe un véritable lobby de la pédophilie dans le monde politique, mais ceci est une autre histoire.

Car Frédéric Mitterrand (c'est à son propos qu'on fait ici ce memo) a commis l'imprudence d'écrire sur cette activité coupable. D'après ce qu'en retrace Stéphane Guillon, il l'a fait d'une façon plutôt univoque, qui conduit évidemment à le traiter de tartuffe quand il se défend - mal - d'avoir failli.

Voici quelques années, en 2002, il y eut une polémique très violente à propos d'une œuvre de fiction assez peu ragoûtante, "Rose Bonbon". Le ministre de l'Intérieur de l'époque fut parmi ceux qui réclamèrent le plus l'interdiction du livre en relais des associations. Ce ministre de l'Intérieur se nommait Nicolas Sarkozzy. Le voici, désormais président, avec pour ministre de la Culture quelqu'un qui ne peut guère cacher qu'il a pratiqué la gymnastique juvénile.

J'ai relevé cette blague qui circule sur Facebook : "Frédéric Mitterrand, c'est son premier ministère, mais ce n'est pas son premier Marocain". Je pense que c'est son dernier ministère, et peut-être aussi son dernier Marocain.

Des attaques parfois maladroites se sont portées contre lui, il me semble que l'attitude la plus juste a été celle que j'ai vue attribuée à un syndicat de police : il faudrait ouvrir une enquête sur les activités de Frédéric Mitterrand en Thaïlande et ailleurs. Curieusement, cette mesure de bon sens, qui aurait pu agiter fortement le buzz, n'a pas été reprise. Dommage.

Reste que Mr Bean - Mitterrand, c'est Stéphane Guillon qui en parle le mieux (merci Sarkozynews) :


12/10/2009

Paris Jean Bouin : manif le 18 et vidéo des prof d'EPS.

Après L'Hérétique, je relaie à mon tour l'appel à la manifestation dimanche 18 matin au stade Jean Bouin, et la vidéo réalisée par les prof d'EPS.