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14/06/2007

Café politique de Quitterie Delmas autour de Ludovic Vigogne.

Ludovic Vigogne est journaliste au "Parisien". Chargé de l'UMP et de Matignon, il a cependant, dans le passé, eu à suivre l'actualité de l'UDF et estime en connaître les enjeux. Quitterie Delmas l'a invité pour examiner le premier tour des législatives.
 
Une bonne soixantaine de lecteurs du blog de Quitterie, pour la plupart blogueurs, sont venus écouter ses conclusions et débattre de la stratégie du MoDem.
 
À leur grande et heureuse surprise, Gaby Cohn-Bendit et Corinne Lepage se sont joints à l'assemblée.
 
Ludovic Vigogne dresse un tableau sombre de l'avenir du MoDem, qui lui paraît très brumeux. Il ajoute cependant aussitôt qu'il est de l'habitude des journalistes politiques de se tromper dans leurs pronostics. La preuve : il avait juré que jamais Sarkozy ne pourrait gagner la présidentielle.
 
Un débat s'engage alors à la fois sur le passé et l'avenir. Les blogueurs s'expriment de plusieurs façons différentes qui prouvent la diversité du MoDem et en même temps son unité. Car ils ont en point commun l'idée d'une modernité ouverte, d'une fraîcheur politique, d'une organisation innovante, qui rend leur démarche cohérente.
 
Gaby Cohn-Bendit annonce qu'il est venu proposer une passerelle commune aux gens de bonne volonté des appareils du MoDem, du Parti Socialiste et de divers autres courants de la gauche raisonnable, dans l'idée d'une alliance du centre droit et du centre gauche.
 
Cette initiative, que beaucoup (sinon tous) approuvent renvoie cependant le MoDem à son état embryonnaire : difficile de commencer à dialoguer avec ce qui n'est pas soi avant de savoir qui on est soi-même.
 
Et qui est le MoDem ? On ne le sait pas encore. Centre-centre ? Centre droit ? Centre gauche ? Vers quoi penche-t-il ou ne penche-t-il pas ? Vers quoi va-t-il ?
 
Au fond, répondre à ces questions était l'un des enjeux auxquels la soirée s'était donné mission de contribuer.
 
D'opinion commune, il faut que le nouveau parti se dote rapidement d'une doctrine et d'une organisation. L'existence de courants est souhaitée pour structurer la réflexion, bien que chacun sache le danger inhérent à ces courants qui tuent le PS et les Verts par leur trop grande rigidité et leur excessif antagonisme ; mais les courants sont souhaités.
 
Selon l'expression développée avec précision par Corinne Lepage, il faudra que la philosophie de l'ensemble soit "bottom-up" avec une remontée rapide des informations et une grande efficacité dans la circulation des idées.
 
Combiner horizontalité et verticalité, bottom-up et courants sont quelques-uns des enjeux de la rédaction des statuts et de leur application.
 
Quitterie Delmas prend la parole à son tour pour détailler les méthodes de travail du groupe que nous formons autour d'elle et demander que les bonnes volontés se dévouent pour assumer les tâches matérielles et informatiques : création du yahoo-groupe, du webzine, des wikis. Cette fois, les choses sont enclenchées et je repars avec mes devoirs à faire : une vaste feuille de papier kraft couverte de gribouillis par lesquels les Quitteriens ont indiqué leur domaine intellectuel et politique de prédilection. À moi d'en faire la synthèse, et vite !
 
Puis la soirée se poursuit. Gaby Cohn-Bendit reste avec nous, il vient s'asseoir à ma table, je commande un paris-beurre-cornichons et un Coca, lui un Coca light et, nantis de ces provisions roboratives, nous entamons une discussion à bâtons rompus.
 
Il m'explique plus en détail la démarche qu'il a conduite avec des MoDem ex-verts, des socialistes et d'autres gens d'ailleurs issus de la gauche, pour bâtir un principe de rencontres formelles, régionalisées, entre ces différents courants, l'idée étant qu'en 2012 puisse être élaborée une plateforme permettant un désistement du candidat le moins bien placé, dans la logique des idées déjà défendues par Daniel Cohn-Bendit et Michel Rocard lors de la récente élection présidentielle.
 
Cette démarche intéressante mérite attention et connaîtra un temps fort début juillet.
 
Elle est en partie compliquée par les dissensions internes du PS et je n'ose pas répéter les termes qu'il a employés pour décrire cette division.
 
La soirée avançant, le groupe se restreint autour de Quitterie, de Gaby et d'une demi-douzaine de blogueurs. L'atmosphère détendue permet à Quitterie de se confier sur son souhait de s'associer aux initiatives décloisonnantes, donc à celle qui vient d'être évoquée. Je promets d'aller répandre cette info dans les sphères pertinentes, de façon à éviter des malentendus.
 
Enfin, minuit approche, tous les carrosses menacent de se changer en citrouille, Quitterie vide sa bière, je quitte la place de la Bastille et rentre chez moi par la rue de Rivoli.
 
C'est bon, parfois, de parler de politique avec des gens libres. 
 

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13/06/2007

Don Quichotte.

Voici deux ans a été célébré le quatrième centenaire de Don Quichotte de la Manche.
 
Paru en 1605, le roman de Miguel de Cervantès a fixé pour des siècles (déjà quatre, donc) le profil d'un personnage intraitable, fantasque voire fou, en tout cas irréfléchi et gouverné par un mode de raisonnement dominé par l'absurde et l'emphase.
 
L'image du chevalier qui se jette contre les moulins qu'il assaille du haut de sa jument, un bidet famélique, au service d'une princesse de rêve ou de fantasme, est l'une des plus émouvantes, quoique ridicule et grinçante, de la littérature mondiale.
 
Bien sûr, on peut le trouver gratuit, risible, le prendre au premier degré, mais vaincre ses tabous, décider qu'il faut cesser d'accepter l'inacceptable et de tolérer l'intolérable, ce sont des pulsions de Don Quichotte que chacun de nous reconnaît en lui.
 
D'une manière générale, le rapport entre la pulsion, le désir, le caprice et notre relation à la réalité sont les moteurs de la fascination que Don Quichotte exerce sur chacun de nous.
 
S'il va contre les moulins, c'est pour des motifs théoriquement nobles et universels, mais la cause de l'acte qu'il commet n'existe pas ailleurs qu'en lui : de là vient que son geste n'est qu'une pulsion et non un véritable engagement. Don Quichotte est habité par des principes forts et incontestables qui ne rencontrent rien dans sa vie réelle.
 
Cette distance pourrait affaiblir les principes en question et les entraîner dans le ridicule ; c'est tout le contraire qui se produit.
 
Car le paradoxe de Don Quichotte est que sa quête absurde est profondément associée dans notre inconscient à tout ce qui a trait aux vérités douloureuses, aux "choses cachées" dont parle René Girard, à ces moteurs sombres et secrets qui font de la vie humaine un bouillon de culture fétide si l'on creuse un peu. Don Quichotte est l'homme qui veut arrêter la vague de l'océan avec ses doigts. Il n'y arrivera pas, bien sûr, mais s'il n'essaie pas, sera-t-il digne de vivre ?
 
Il est un inusable perdant, un looser indécrottable, mais il fait ce que chacun de nous voudrait oser faire dans sa réalité.
 
Répétons ici la phrase de Gandhi notée par notre blogueuse favorite Quitterie Delmas : "Si tu vois un problème et que tu ne fais rien, c'est que tu fais partie du problème". 

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12/06/2007

Le PS doit retirer ses candidats face à Bayrou et Lassalle.

L’UMP a retiré son candidat dans la circonscription dont François Bayrou est à la fois le député et le candidat. Cadeau empoisonné, on s’en doute, puisque ce candidat n’avait aucune chance d’être élu. En revanche, dans la circonscription voisine, Jean Lassalle est confronté au deuxième tour à un autre candidat de l’UMP. Bien sûr, celui-là, il n’est pas question de le retirer. Quelle générosité de donner ce qui ne coûte rien !

Quoique.

Et si l’UMP avait décidé d’appeler en sous-main ses électeurs à voter pour la gauche dans le seul but d’écraser enfin Bayrou, l’intraitable cavalier béarnais ? Et si la manœuvre consistait à s’effacer ici en échange du maintien du candidat socialiste nécessaire à la victoire de l’UMP contre Lassalle là ?

Devant ce soupçon, les socialistes se doivent de réagir. Ils n’ont d’autre choix que de retirer leurs deux candidats. Faute de quoi les électeurs centristes leur feraient payer cher à la fois la défaite prévisible de Lassalle et celle éventuelle de Bayrou.

S’ils ne le font pas, malgré toutes les promesses de Sarkozy, ils périront. Qu’ils voient donc comment le président traite ses alliés, hier Lagardère, aujourd’hui Dassault et demain les autres qui se croyaient forts et puissants et qu’il va remplacer par des hommes de paille à sa main.

Oui, socialistes, rappelez-vous ce que disait Churchill : « Pour dîner avec le diable, il faut une très longue cuiller ».

Histoire du général Pechkoff.

Comme je l'ai expliqué samedi, je suis retourné voir le spectacle sur la Brinvilliers déjà vu voici trois semaines. La petite salle était animée de têtes connues (les noms pas toujours autant : la jolie comédienne Alexia Stresi, Bernard Verley, Malka Riobvska, Coralie Seyrig) et, en retrait, l'ambassadeur de France Francis Huré.
 
Celui-ci, vétéran et quasi-nonagénaire, a publié dans les derniers mois une courte mais passionnante biographie de l'un des personnages français les plus énigmatiques du XXe siècle : le général Zinovi Pechkoff.
 
L'histoire commence au fond de la Russie tsariste, en 1884 à Nijni-Novgorod. Là naît dans la famille d'un graveur sur cuivre juif un fils prénommé Yeshua. Le père se nomme en russe Sverdlov. Il a un autre fils : Iakov.
 
Yeshua est turbulent, instable et secret. À l'âge de quatorze ans, il rompt avec sa famille et part à l'aventure, s'accrochant à un train ou à une diligence. Courant ainsi de ville en ville dans un pays hérissé de frontièrs intérieures où il faut sans cesse montrer patte blanche, il fait on ne sait quoi et voit on ne sait qui.
 
Un jour, il rencontre le grand poète révolutionnaire, Maxime Gorki.
 
Immédiatement, les deux se prennent d'amitié. Yeshua devient en quelque sorte le fils de Maxime, bien qu'il n'ait qu'une quinzaine d'années de moins que lui.
 
Entraîné dans les milieux politiques et artistiques, Yeshua se devine acteur de théâtre. Hélas, en Russie à cette époque (apartheid ou lois de Nuremberg avant l'heure), pour être comédien breveté (et il faut être breveté), il faut produire un acte de baptême orthodoxe. Or né de parents juifs et circoncis lui-même, Yeshua ne peut évidemment posséder un tel document.
 
Qu'à cela ne tienne : Gorki, qui ne met pourtant jamais les pieds dans une église, y entraîne son protégé et l'y fait baptiser. Il est lui-même son parrain. Yeshua Sverdlov devient ainsi Zinovi Pechkoff, Pechkoff étant le vrai nom de Gorki.
 
Pechkoff débute au théâtre et y démontre du talent. Son amitié pour Gorki se poursuit, ainsi que le militantisme révolutionnaire.
 
Quelques années plus tard, Gorki et son épouse quittent la Russie et vont dans le sud de l'Italie. Pechkoff les suit. Mais au passage il s'attarde, s'évade, se disperse. Une fois de plus, on ne sait ni ce qu'il fait, ni où il va ni qui il voit.
 
Il passe par l'Amérique, les vastes États-Unis, nation encore jeune et pleine de sève.
 
Il s'y promène, noue des liens qu'il retrouvera plus tard. Il n'oublie rien.
 
Il revient chez Gorki, repart, s'éloigne, revient.
 
Arrive la guerre de 1914. Pechkoff a trente ans. Ses voyages ont fait de lui un apatride. C'est le passeport des apatrides qu'il présente donc au bureau de la Légion étrangère pour s'y engager pour le temps de la guerre. Il obtient le grade de caporal.
 
Au bout de quelques mois, un obus lui arrache presque le bras. Le membre pend. On ne le soigne pas. Pechkoff s'agrippe à un train. Il repart vers l'arrière, trouve un hôpital. Là, le chirurgien hoche la tête et, constatant l'état du patient et le commencement de gangrène, il lui donne peu de chance. Pechkoff le menace alors avec un pistolet. Le chirurgien, pourtant épuisé par une longue journée d'opérations, accepte de se remettre à l'ouvrage. Il sauve Pechkoff.
 
Démobilisé, celui-ci se retrouve, l'un des innombrables mutilés de la guerre. Que fait-il ?
 
L'armée s'aperçoit qu'elle peut avoir besoin de lui : il parle plusieurs langues et a séjourné aux États-Unis. Or on tente de convaincre ceux-ci d'entrer dans la guerre. On va donc envoyer Pechkoff y faire des conférences.
 
Il est réenrôlé avec la fonction d'interprète des armées. Comme on ne peut déléguer un simple caporal, il est promu subitement capitaine, trois galons pour conférer de la dignité à son propos.
 
Il passe ainsi deux ans aux États-Unis à faire de la propagande pour la guerre européenne.
 
Les Américains entrent dans le conflit presque au moment où les Russes en sortent.
 
La révolution a en effet éclaté en 1917. Dès novembre de cette même année 1917, Iakov Sverdlov, le frère de Pechkoff et proche collaborateur de Lénine, devient chef de l'État soviétique naissant.
 
Démobilisé à la fin de la guerre, Pechkoff repart pour la Russie, y retrouve sa famille et Gorki, il y passe deux ans encore. Puis Gorki vient s'installer en Italie et Pechkoff le suit.
 
Puis Pechkoff se marie une première fois, s'éloigne encore, revient vers Paris, retourne aux États-Unis, toujours en tous sens, toujours silencieux sur ses rencontres mais prolongeant longtemps ses liens personnels.
 
Et le manchot se demande ce qu'il peut faire. Il choisit de rempiler dans la Légion. On l'y admet avec le grade de colonel, qu'il va conserver durant près de vingt ans. Il sert au Liban et au Maroc. Au Liban, il se remarie et j'ai bien connu sa seconde épouse, puisqu'elle était la cousine germaine de mon grand-père.
 
Tous ceux qui connaissaient assez intimement Pechkoff pour l'appeler par son prénom le nommaient Zino, un diminutif. Elle, privilège suprême, avait inventé Zico.
 
Leur union ne dure que quelques années, mais elle sera sa légataire universelle.
 
Arrive le désastre de 1940 qui laisse tout le monde hébété.

Pechkoff est en Afrique, à Madagascar je crois. Il y reste.

Or de Gaulle a besoin d'officiers de haut rang et d'expérience. Il recrute Pechkoff pour sa France Libre. Le manchot vieillissant n'hésite pas : il rejoint le camp du général. Celui-ci le fait du reste vite lui-même général.

C'est ainsi que le fils du graveur juif de Nijni-Novogorod, frère du chef de l'État soviétique, devient général de la France Libre.

D'abord envoyé en Afrique du Sud en ambassade, il est désigné pour commander l'Afrique Équatoriale. Trois étoiles, puis quatre, puis peut-être même cinq, ornent son képi et ses manches.

Après la guerre, l'ancien apatride devient ambassadeur de France au Japon. Il meurt à Paris en 1966. Il m'a vu dans mon berceau.

Courez lire sa biographie par Francis Huré chez Bernard de Fallois. 

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Bayrou à Colombey ?

Le MoDem devrait racheter la Boisserie, on installerait Bayrou à Colombey, ce serait pratique, tout le monde comprendrait, il n'y aurait aucun mal à le trouver le jour où il faudrait le rappeler au pouvoir.
 
Bayrou et son ami Jean Lassalle seront peut-être les deux seuls députés du MoDem.
 
Le bilan des législatives est étrange. Le MoDem y est troisième et, si la participation avait atteint les 70%, il aurait été capable de se maintenir dans plusieurs dizaines de circonscriptions.
 
Faute de votants, la désertification est plus rapide et brutale que prévu. 
 
Bayrou avait certes promis cette traversée du désert au Zénith. Il a tenu sa promesse, comme toujours. Pour une fois, on l'aurait souhaité infidèle.
 
En vérité, deux constats connexes s'imposent : lors de la présidentielle, l'irruption de Bayrou a créé un suspense, elle a dopé les votes. Lors des législatives, pas de Bayrou, pas de suspense, pas de vote, juste un gigantesque concours de pêche à la ligne.
 
Dans le même esprit, les chiffres de l'abstention indiquent clairement la voie à suivre pour ramener les électeurs vers les urnes : la proportionnelle. En vingt-cinq ans, l'abstention n'a été qu'une fois inférieure à trente pour cent au premier tour des législatives : en 1986, lorsqu'elles se disputaient à la proportionnelle.
 
Tout ceci, bien entendu, est remarques de sagesse. Mais nos sphères de pouvoir sont peuplées de gens de calcul. Dommage. 

11/06/2007

Les pleins pouvoirs.

Nicolas Sarkozy voulait les pleins pouvoirs. Il les a, ou plutôt, il les aura.
 
L'électorat de gauche, écoeuré, est allé à la pêche hier. Non seulement l'électorat de gauche, mais celui qui pouvait, en misant sur le centre, tenter d'infléchir la politique du nouveau président.
 
La victoire de l'UMP est totale, indiscutable, sauf... qu'il n'y a eu que soixante pour cent de participation.
 
Cette énorme abstention est la surprise, l'inattendu. Après la participation-fleuve de la présidentielle, voici l'abstention-fleuve des législatives.
 
Celle-ci est logique : comme je l'ai écrit ces derniers jours, le vote d'hier n'avait aucune utilité politique ni aucun autre enjeu qu'à la marge pour la gauche ; seul le MoDem y jouait une partie importante. Faute d'une stratégie suffisamment visible, il l'a perdue.
 
Je ne reviendrai pas sur la non investiture de Quitterie Delmas qui me paraît symptomatique des fautes politiques commises. À preuve, deux autres parachutages parisiens de personnalités, celui de Claire Gibault dans le quartier des Champs-Élysées et de l'Opéra (elle est chef d'orchestre) et celui de Christian Saint-Étienne au quartier Latin (16,1%). Là, c'est réussi. La cause ? L'exposition médiatique. Or Quitterie Delmas était justement la meilleure exposition médiatique bayrouiste parisienne durant la présidentielle. L'écarter était une erreur.
 
Erreur-boomerang d'ailleurs contre son auteure, Marielle de Sarnez. Comme le relevait Axel, de Page2007, cette nuit, sur le blog même de Quitterie, il manque cinquante-deux voix à Mme de Sarnez pour se maintenir. En acceptant une jeune pousse charismatique à ses côtés, dans la circonscription voisine de la sienne, elle aurait probablement créé la synergie capable de la porter jusqu'au second tour. Elle a préféré jouer perso, le résultat est là pour la faire méditer.
 
Je regrette énormément l'élimination d'Azouz Begag et d'Anne-Marie Comparini.
 
Le premier fait une percée réelle mais insuffisante ; la seconde, députée sortante, termine troisième et ne peut se maintenir. La stratégie municipale lyonnaise est périlleuse. Inévitable mais périlleuse.
 
En Bretagne, comme prévu, sont la majorité des deuxièmes tours du MoDem : deux.
 
Le premier concerne mon ami Michel Canévet dans la septième du Finistère. En 2002, quand le score national de Bayrou était 6,8%, celui de sa circonscription s'élevait à 18%. Cette fois, lors du scrutin législatif, il n'atteint pas le 24% de Bayrou de la présidentielle, mais il continue à progresser à 19,5%. Il a cependant annoncé qu'il se retirait sans consigne de vote.
 
L'autre bon résultat est Thierry Benoît qui pourrait enlever la circonscription de Fougères, dans l'Ille-et-Vilaine, à l'ancienne ministre  ex-centriste Marie-Thérèse Boisseau.
 
Dans sa propre circonscription, Bayrou fait un score confortable, mais il semble que Jean Lassalle ne puisse être réélu que si le candidat de gauche se retire. Les autres candidats centristes des Pyrénées-Atlantiques obtiennent un résultat sans commune mesure avec celui de leur chef lors du premier tour de l'élection présidentielle.
 
D'une manière générale, les candidats MoDem aux législatives voient se répercuter la chute de onze points connue par leur parti sur le score de son candidat à la présidentielle. Tout candidat perdant moins de ces onze points peut considérer qu'il a fait un bon score ; l'inverse est vrai.
 
Un candidat très insuffisant ou placé dans une conjoncture très difficile fait 2 à 6%. Un candidat passable 7 à 9%. Un bon candidat ou placé dans une conjoncture favorable, 10 à 12%. À partir de 13%, on peut parler de performance encourageante, voire brillante.
 
Maintenant, le plus difficile, pour Bayrou, est de devenir une pépinière de talents, de façon à arriver en 2012 avec une vague orange de personnalités très solides et créatives, une génération entière.
 
C'est possible.
 
Reste à traverser l'écueil des sénatoriales de septembre et surtout celui des municipales, qu'elles aient lieu à l'automne comme on en prête l'intention à Sarkozy ou au printemps prochain.
 
Et puis il faut construire le MoDem. Au travail.
 
C'est pour ce travail que je suis heureux de contribuer aux initiatives de Quitterie Delmas et que je participerai à son "café politique" mercredi 13 à 20h, le bar LES ASSOCIÉS, 50 boulevard de la Bastille, métro Bastille à Paris, consacré à la stratégie du MoDem et ouvert à tous.

09/06/2007

Demain, je préside un bureau de vote.

Je serai vissé toute la journée à la mairie du 16e arrondissement de Paris à crier "a voté", au bureau de vote numéro 6 du 16e arrondissement, dans la salle des fêtes. Parisiens, si vous lisez cette note, n'hésitez pas à me rendre visite. Vous ne pouvez pas me louper : je serai président du bureau de vote et je m'en absenterai peu de temps, sans doute en début d'après-midi, pour aller voter. Vous avez le droit de m'apporter une boisson fraîche non alcoolisée : il fait soif là-haut.
 
Il est improbable que j'aie des info intéressantes en cours de journée et encore plus que j'aie le temps d'alimenter mon blog, mais ce n'est pas entièrement impossible.
 
J'avais envie de vous raconter mon second passage au spectacle sur la Brinvilliers, mais le temps me manque. Ce sera donc pour lundi, occasion de vous parler aussi de l'une des personnalités françaises les plus énigmatiques du XXe siècle : le général Pechkoff, ambassadeur de France, général cinq étoiles après avoir perdu un bras sous le grade de caporal, fils adoptif de Gorki et frère par le sang de Iakov Sverdlov qui fut l'un des tout premiers chefs de l'État soviétique, bref, une curiosité. Le lien entre lui et la Brinvilliers vous surprend ? Lisez-moi lundi. Ce sera une récréation dans un océan de politique.
 
D'ici là, ayez la gentillesse, si vous laissez un commentaire sur mon blog, de n'y pas glisser d'éléments illégaux.
 
Bon vote à tous ! Buvez beaucoup de jus d'orange ! 

08/06/2007

Le MoDem et la gauche.

On a vu se dessiner ces derniers jours un paysage où la proximité des vues du MoDem et du Parti Socialiste augmentait. Et pourtant, on jure au MoDem qu'il n'y aura pas d'accord avec le PS. C'est donc que, si désistements il doit y avoir, ce sera en catimini, ou bien sporadiquement.
 
À vrai dire, la question de l'avenir reste entière. Faut-il envisager de ne bâtir demain de majorités municipales qu'avec le PS ? Mais alors, l'ensemble des maires actuels, ou presque, va quitter le bateau. Ou bien, au contraire, faut-il tenter d'imposer l'idée révolutionnaire qu'un parti centriste peut édifier des majorités d'un bord et de l'autre ? Cette seconde démarche ressemble plus au discours tenu par Bayrou pendant la présidentielle. Mais est-elle viable ?
 
Quitterie Delmas me confiait hier soir chercher la bonne façon d'exprimer son goût des alliances progressistes. Nous en sommes tous là. Tous devant la quadrature du centre. 

Quitterie Delmas à Maisons-Laffitte.

Il est urgent que Quitterie soit invitée à Lyon : mes lecteurs l'y réclament pour avoir le plaisir de me lire sur leur ville.
 
En attendant, l'effet de la proximité aidant, c'est encore une fois en Île de France que je me suis déplacé pour écouter l'égérie des blogueurs bayrouistes, chaleureusement surnommée "Miss Buzz".
 
Maisons-Laffitte n'est ni près ni loin de Paris. La Seine est un petit fleuve paresseux qui s'attarde en longs méandres après avoir traversé la capitale. Il faut donc franchir deux ou trois fois son cours pour atteindre Maisons-Laffitte, ce qui donne une impression d'éloignement.
 
La ville est dominée par une réalité, son champ de course, et un vestige, son château.
 
J'en sais beaucoup moins sur le champ de course (pour une fois) que sur le château. Celui-ci donne l'occasion d'évoquer la figure de Jacques Laffitte, non pas le coureur automobile mais l'inventeur de la banque française moderne.
 
On dit qu'il fit sa fortune à partir du jour où il ramassa une épingle dans la rue. Il bâtit un empire sur un océan de minuscules économies et grapillages. C'est la légende.
 
Il était par ailleurs impliqué en politique, proche des bonapartistes, et maria sa fille au fils du maréchal Ney. Elle devint ainsi princesse de la Moskowa, tout un programme.
 
Il fut enfin l'un des artisans des grands mouvements immobiliers qui rebâtirent Paris au XIXe siècle, notamment autour de la Madeleine (Balzac évoque cette affaire dans l'un de ses romans) et bien sûr dans ce qu'on a longtemps appelé le quartier de la banque, autour de la rue ... Laffitte.
 
Il acquit le château de Maisons et lui donna son nom.
 
Le maire local, Jacques Myard, UMP, est une forte personnalité, on le décrit autoritaire et peu enclin aux formes démocratiques.
 
Il ne mâche pas ses mots : dans l'été 2006, au moment des opérations israéliennes au Sud-Liban, il fut l'un de ceux qui réclamèrent que le président Chirac usât de la force militaire contre Israël pour protéger le Liban. 
 
La candidate rejointe par Quitterie est une femme déjà mûre, très souriante, habituée aux relations humaines et aux réalités de la politique, puisqu'elle a fait du lobbyisme à Bruxelles ; entendons-nous bien : elle s'y est employée à décortiquer les mécanismes des décisions européennes pour ses commettants et non pas à envahir l'administration de l'Union avec ses pressions et suggestions.
 
Cette précision posée, ajoutons qu'elle se trouve dans l'opposition à M. Myard et que, toute rompue aux réalités politiques qu'elle soit, elle montre une grande fraîcheur devant le débat d'idées.
 
Sa circonscription englobe la ville voisine, Sartrouville, qui est séparée d'elle par le cours de la Seine. Cette dernière ville est turbulente et s'est illustrée à l'automne 2005. Maisons-Laffitte la bourgeoise a alors regardé avec anxiété Sartrouville la populaire.
 
Mais à Sartrouville, le maire UMP (qui a très bonne réputation) a des UDF-MoDem dans son équipe. Du reste, c'est l'un d'eux, Antoine de Lacoste-Lareymondie, qui a été choisi comme suppléant de Mme Boisnel, candidate du MoDem.
 
Les amis locaux des Nouveaux centristes (ex-bayrouistes) ont profité de ce choix pour tenter de troubler la soirée électorale en rappelant que M. de Lacoste-Lareymondie avait appelé à voter contre le traité constitutionnel européen.
 
- Et contre celui de Maestricht, précise M. de Lacoste-Lareymondie sans mollir.
 
UDF de longue date, il est pourtant opposé aux caractères actuels de la construction européenne.
 
Mme Boisnel, tout au contraire, est une enthousiaste de l'Europe. Il faut de tout pour faire un MoDem.
 
Comme mardi, c'est Quitterie Delmas qui ouvre le ban et s'exprime avec liberté et fougue. Elle a vécu à Maisons-Laffitte et peut décocher des flèches tourbillonnantes et incandescentes contre M. Myard. Elle n'hésite pas à dénoncer ses travers.
 
Mme Boisnel n'hésite pas à qualifier le bilan du député (qui termine tout de même son troisième mandat) de "nul".
 
M. de Lacoste-Reymondie parle peu : il est plus concerné par la partie sartrouvillaise de la circonscription.
 
La salle contient un certain nombre de militants, des professeurs et un public attentif. Les questions émanent de chacune des trois catégories. Les échanges sont denses, Mme Boisnel annonce que si elle est absente du second tour, elle ne donnera aucune consigne de vote, développe quelques-uns des aspects législatifs sur lesquels elle souhaite s'investir et en profite pour souligner qu'elle n'a pas l'intention d'être un député élu local : un député est fait pour siéger à l'Assemblée Nationale et pour rédiger la loi.
 
Utile et saine précision, mais aussitôt une question la rappelle à certaines réalités en lui demandant en quoi elle pense que sa fonction de député pourrait permettre à Maisons d'obtenir enfin le lycée que M. Myard promet depuis des lustres sans l'ombre d'un résultat. Mme Boisnel promet d'être une élue médiatrice.
 
D'autres débats s'enchaînent, puis on sort de l'ancienne et médiévale église transformée en salle de spectacle, on boit le verre de l'amitié (rien d'alcoolisé, Quitterie avale un Coca sans sucre ni caféine), on discute, des jeunes parlent du blog, un professeur évoque sa thèse sur Marc Sangnier, la nuit est déjà noire, il faut rentrer.
 
Dans le train régional RER, je bavarde avec Quitterie et son alter-ego Virginie, débriefing de la soirée, et Quitterie qui se reconstruit lentement après la déconvenue de sa non investiture.
 
C'est bien le MoDem qui y a perdu : elle a été brillante ce soir comme toujours.
 
J'abandonne les filles au milieu de Paris et je rentre chez moi en longeant la Seine. Décidément, ces élections me font marcher.

06/06/2007

Une soirée électorale dans les Hauts-de-Seine.

Je suis né dans les Hauts-de-Seine et même (ça ne s'invente pas) à Neuilly-sur-Seine, la ville de Nicolas Sarkozy. Pourtant, je vais rarement dans ce département. Comme tous les Parisiens, le franchissement du boulevard périphérique est pour moi une étrangeté rare.
 
Et voilà que la perspective d'aller écouter à la fois Quitterie Delmas, le sénateur Denis Badré et deux candidats, dont celui de la circonscription qui englobe Suresnes et Nanterre, là même où François Bayrou a donné une conférence de presse dans l'après-midi, tout cela, donc, m'a fait franchir le pas.
 
J'y suis allé à pied. C'est une trotte d'une heure et demi : traverser le bois de Boulogne, le pont de Suresnes qui enjambe la Seine, la ville de Suresnes même, gravir la pente raide du mont Valérien en pensant aux résistants de toutes les époques, puis, du sommet, redescendre vers Nanterre à travers un quartier de maisons posées sans ordre ni logique, d'un peu toutes les formes et tailles, ce qu'on nomme des pavillons, qui résistent provisoirement à l'appétit des promoteurs immobiliers.
 
La longue rue Paul Vaillant-Couturier (je raconterai un jour comment mon grand-oncle a battu cet élu communiste lors d'une législative dans l'Oise en 1932, victoire à la Pyrrhus d'ailleurs) conduit à un rond-point ; de là, la rue Gambetta mène à celle des Anciennes Mairies, certainement la partie la plus agréable de Nanterre, où nous étions attendus dans un cinéma, le Cinéart.
 
Quitterie Delmas a parlé la première. Très à l'aise comme toujours, enthousiaste, précise, elle a rappelé comme Internet avait été le catalyseur d'un engagement de toute une vague de volontés nouvelles, souvent jeunes, dans la présidentielle. Avec un large sourire, elle a répété son message sur l'âge moyen des députés (57 ans), en s'excusant auprès de Denis Badré, il est vrai sénateur, mais âgé lui-même de 64 ans. Il a ri, la salle aussi, c'était bon enfant et Quitterie a pu faire passer avec intelligence et grâce son message d'inciter les jeunes à se lancer dans les batailles électorales sans complexe.
 
La candidate de la circonscription voisine, Leila Leghmara, une enseignante conseillère régionale, a expliqué avec beaucoup de clarté sa volonté de lutter pour l'égalité des chances et pour que l'école soit un vecteur majeur de cet objectif.
 
Puis le sénateur Badré (un polytechicien, malin comme un ancien élève des jésuites -l'est-il ?) est monté au lutrin et, très en verve, a détaillé les différents aspects de la philosophie générale de la campagne législative des MoDem (il a plutôt parlé d'UDF, d'ailleurs,  en réaffirmant son entière confiance à Bayrou - il a même confié qu'il n'avait "jamais été question" pour lui de rejoindre l'UMP malgré les sollicitations de Sarkozy).
 
Vice-président de la commission des finances du Sénat, il s'en est pris à l'alourdissement du déficit budgétaire qu'annoncent les premières décisions du gouvernement Fillon. Fervent européen, il a ajouté que ces dix milliards de déficit supplémentaire éloignent la France des engagements qu'elle a pris envers ses partenaires européens.
 
Il a donc souligné que, bien qu'ayant eu un a priori favorable sur le programme économique présenté par Sarkozy à la fin de la campagne présidentielle, il était désormais très réticent à son endroit.
 
Puis il a parlé de la campagne, de la politique, des parlementaires, de l'importance d'avoir des députés qui pensent par eux-mêmes et n'obéissent à aucune consigne comme c'est le cas à l'UMP.
 
Après lui, c'est la suppléante, Isabelle Florennes, fille du sénateur-maire d'Arras, Jean-Marie Vanlerenberghe, qui a fait un vibrant appel au vote, très éloquent, tourné aussi vers la jeunesse.
 
Et enfin, le candidat, Pierre Creuzet.
 
Tout le monde se souvient de lui : après la tuerie du conseil municipal de Nanterre, en 2002, c'est lui qu'on avait vu, le bras en écharpe, blessé, répondre à la presse ; il était même venu témoigner devant le conseil national de l'UDF.
 
Son épreuve et le récent score de Bayrou à Suresnes et Nanterre (22% et 19%) ont contribué à lui donner de l'étoffe. C'est un vrai candidat, vivant, énergique, articulant sa pensée sur des axes forts, reprenant les arguments de Bayrou, les adaptant à son terrain, bref, du bon travail.
 
Il faut dire que la conjoncture lui est favorable : la circonscription est tenue par le PCF depuis longtemps, mais l'élue est usée et l'électorat n'a guère plébiscité Marie-Georges Buffet. Qui plus est, sur les seize candidats en lice, douze (!) sont de gauche.
 
De toute évidence, si le MoDem devance l'UMP et se retrouve au second tour face à la candidate communiste, il l'emportera.
 
Creuzet y pense certainement tous les matins en se rasant. Son ardeur a tout pour convaincre ses électeurs et, d'ailleurs, la salle était bondée une première fois pour la venue de Bayrou dans l'après-midi, elle l'a presque autant été le soir pour notre réunion.
 
Pour ceux qui ne savent pas où est Nanterre, regardez La Défense, à l'ouest de Paris. Vous y êtes.
 
Je suis rentré à pied (sans traverser le bois, cette fois) avec l'espoir d'un député MoDem dans les Hauts-de-Seine.

04/06/2007

"Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur".

J'ai déjà eu l'occasion de faire sur ce même blog la citation intégrale du passage du Mariage de Figaro, de Beaumarchais, dont est extraite cette phrase longtemps mise en exergue par la une du quotidien Le Figaro.
 
Pourquoi y revenir aujourd'hui ?
 
Voici quelques semaines, deux ou trois mois je crois, je l'invoquais au sujet de la presse muselée (je pourrais recommencer) mais c'est à propos du parlement qu'elle me revient ce soir.
 
Je repense aux députés ex-bayrouistes qui ont rejoint Sarkozy après l'avoir tant vilipendé. Aujourd'hui, ils se sont enchaînés, ils se sont engagés à voter toujours l'investiture et le budget. Ils étaient libres, les voici esclaves.
 
À quoi servent-ils ?
 
À rien.
 
Ils ne sont qu'une vingtaine de godillots perdus dans le troupeau.
 
Alors j'ai envie d'interpeller les puissants, ou plutôt le puissant, celui de l'Élysée, celui qui détient toutes les manettes : souviens-toi que sur la plupart des sujets où Villepin a échoué, la libre parole des centristes avait indiqué la meilleure voie, le moyen de corriger le tir maladroit.
 
Souviens-t'en, toi, Nicolas, toi qui viens de faire un strike géant à la présidentielle : tu as besoin de la libre critique des centristes bayrouistes.
 
La flagornerie enchaînée de ceux que tu as achetés ne vaut plus rien, l'obéissance courtisane de tes propres amis deviendra bientôt le théâtre florentin que tu t'exerceras à diviser pour y mieux régner, la critique systématique de la gauche ne sera utile qu'à meubler les colonnes des journaux que tes amis possèdent, mais la libre parole et l'attention portée au contenu des dossiers, il n'y a que la libre vigilance des bayrouistes qui te la donnera.
 
Ils te sont un peu hostiles ? Tant pis. Ou plutôt tant mieux : ils seront plus francs.
 
Or ce dont tu as désormais besoin, Nicolas Sarkozy, toi, juché sur ton Olympe, c'est de ce qui manque le plus aux puissants : la franchise.
 
Comme la France, elle, a besoin de vérité. 

03/06/2007

À quoi ressemble la France ?

François Bayrou, ce soir, parlait à la télé. N'ayant plus de télé, je n'ai pu le regarder. On me dit qu'il a invoqué la nécessité de préserver la diversité de la France dans sa représentation législative.
 
Belle idée.
 
La France, notre France, notre "cher et vieux pays" selon l'expression de de Gaulle, est diverse de plusieurs façons : par ses terroirs, d'abord, les régions, les pays, les fromages, les vins, les races bovines et chevalines, tout cela compose un tableau vivant, empli de traditions, de sagesses, mais aussi parfois de conservatismes, donc un paysage contrasté ; par ses modes de vie : rural, périurbain, urbain, citadin, banlieusard, et tant d'autres formes de vie en communauté ; par ses origines : immigrés d'ancienne souche ou de provenance récente, colonisés acculturés, descendants d'esclaves ou de rois détrônés ; par ses références : Napoléon, Clémenceau, Louise Michel, Marc Sangnier, Loyola ou Cervantès, Victor Hugo ou Barrès, Hemingway ou Dostoïevski, bref, diverse comme la vie elle-même.
 
Notre Assemblée, d'une façon chronique, est composée d'hommes déjà mûrs, blancs, de niveau social homogène.
 
il faut donc qu'y entrent des femmes, des jeunes, de la diversité ethnique et culturelle, du fédéraliste, du jacobin renfrogné (espèce devenant rare), de tout ce qui y manque en somme.
 
Et de l'orange.
 
Ah tout de même : de l'orange.
 
À vot'bon coeur !

02/06/2007

Bayrou : s'appuyer sur Quitterie Delmas ?

J'ai beau tenter de m'intéresser aux législatives du MoDem, je n'y arrive pas.
 
Bien sûr, la non investiture de Quitterie Delmas n'est pas pour rien dans ce relatif désintérêt. Bien sûr aussi, il s'y mêle ce que j'écrivais hier sur le fait que le jumelage des élections présidentielle et législatives vide de facto l'assemblée nationale de toute substance parlementaire, puisqu'elle n'est plus élue pour désobéir, mais tout au contraire pour obéir. Un parlement dont la fonction est d'obéir n'est plus un parlement. Sous l'Ancien Régime au moins, les parlements disposaient d'un droit de remontrance ; aujourd'hui, ils n'ont que le droit de se taire.
 
Mais mon absence d'enthousiasme vient d'ailleurs : je sais comment tout ça c'est préparé.
 
Au mois d'octobre dernier, l'UDF a précipitamment contacté tous ses responsables locaux pour faire émerger au plus vite 577 candidatures pour les élections législtatives du printemps. Le bureau politique fut réuni en novembre et on promit qu'avant Noël, tout serait réglé.
 
Certains candidats piaffaient dans les paddocks, d'autres commençaient leur campagne sans attendre.
 
Les plus fragiles attendirent. En vain.
 
En janvier, les sondages restaient bas. Que faire de 577 candidatures si la présidentielle est un échec ? En février, les sondages décollaient. Que faire de 577 candidatures UDF si l'on gagne et si l'on doit estampiller en vitesse tant de candidats ralliés de tous bords  à la nouvelle majorité présidentielle ?
 
Bref, les candidatures restèrent dans les cartons.
 
C'est seulement courant mars, quand on eut la conviction qu'on ne gagnerait pas mais qu'on ferait un score élevé, que l'on se remit à examiner les candidats.
 
Or entre-temps, une partie d'entre eux, découragés de ne rien voir venir, avaient baissé les bras et renoncé à leur candidature. Il fallut donc les remplacer.
 
Pire : en avril, et début mai, on constata que des candidats frileux se repliaient sur le centre droit et que de nouvelles et larges brèches s'étaient creusées dans les rangs des 577.
 
On improvisa alors encore plus, on s'appuya sur les instances locales, et il sortit de ce processus une galerie improbable de candidats de toutes les tailles, de toutes les formes, et surtout de toutes les qualités, même la pire.
 
Le plus sombre fut quelques départements comme l'Oise. Là, les instances nationales et la fédération ont joué un jeu étrange et, finalement, les investitures n'ont pas été nombreuses. Sans commentaire.
 
Ailleurs, là où les instances locales étaient en phase avec la démarche de Bayrou, les choses se passèrent plutôt bien. Plutôt.
 
Sans entrer dans trop de détails dont quelques-uns ont été cités dans ces mêmes pages, je rappellerai le cas de Quitterie Delmas, auquel je pourrais ajouter d'autres semblables.
 
Pourquoi sont-ils si importants, au delà même de l'attachement que l'on peut avoir pour Quitterie ?
 
C'est qu'ils représentent la promesse de changement que Bayrou a faite au pays.
 
Alors, François, de grâce, sauve tes législatives qui sont aussi les nôtres : téléphone à Quitterie et associe-la à tes derniers jours de campagne, que l'on puisse enfin se dire que le MoDem tiendra les promesses du candidat Bayrou. 

01/06/2007

La France n'a plus de parlement.

La campagne législative ne sert à rien. Pire : elle est absurde. Depuis le 6 mai, l'intention de l'électorat est connue. Et tout le monde sait que le peuple va donner au président la majorité que celui-ci réclame. Bayrou serait mal placé pour dire le contraire : il a affirmé durant toute la campagne que c'était la logique du vote. Une fois de plus, il a eu raison et tous le constatent.

Dès lors, si les législatives ne sont qu'une prolongation de la présidentielle, à laquelle elles sont jumelées depuis plusieurs années, pourquoi ne pas les tenir le même jour ? En les organisant un mois plus tard, on souligne la sujétion du parlement à l'exécutif. Au lieu de le revaloriser, on l'abaisse.

À quoi sert-il, alors ? À nourrir un millier de parlementaires et quelques milliers de fonctionnaires ?

Non, en vérité, la solution est ailleurs.

À partir du moment où l'on jumelle les deux élections, il faut que les législatives soient tenues à la proportionnelle, le même jour que la présidentielle. C'est la seule façon de revaloriser le parlement et de le rétablir dans sa fonction de contrôle. Sinon, il est condamné à un rôle d'enregistrement qui le vide de sa substance, il n'est qu'un fantôme.

C'est ce dont j'avais déjà tenté de persuader Bayrou lors d'une université d'Été près de Perpignan en 1997. Il a progressé vers mon analyse. La dure réalité qu'il rencontre aiguisera peut-être encore sa réflexion.

Et peut-être considérera-t-on aussi d'autres vérités : il aurait bien fallu investir Quitterie Delmas et tant d'autres profils qui ressemblaient au sien et qui incarnaient le vrai visage que les électeurs attendent du MoDem. 

Mon quatrième mois.

La fin de la campagne électorale et les péripéties du mois de mai ont conduit à une accélération nette (en termes de proportion) de la fréquentation de mon blog. 

Il y a donc plus de 4800 connections, près de 2800 connectés différents, plus de 14000 pages lues.

Et de plus en plus de politique.

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