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23/09/2008

Le monde en quête d'un modèle global.

La France a eu un modèle : jacobin (c'est-à-dire centraliste), autoritaire, colbertiste. Ce modèle ne résiste pas à la construction européenne, qui chemine vers un hybride à base de modèle fédéral allemand. Aujourd'hui, cependant, cemodèle n'est pas mort : c'est la Chine qui l'incarne et qui le défend. J'entends d'ici les hurlements de mes lecteurs effarés : "Comment, la Chine !? cette odieuse tyrannie !" C'est que le modèle français n'est pas que démocratique.

Quoi qu'il en soit, le fait que ce soit la Chine qui défende cet aspect de la tradition française n'est pas étranger à la pénétration de ce grand pays sur les terres africaines : il y retrouve des références connues.

Plusieurs leaders historiques de la révolution chinoise de l'époque maoïste avaient fait leurs études en France, ou y avaient séjourné longtemps dans leur jeunesse. C'était le cas en particulier de Tchou-en-Laï, ministre des Affaires Étrangères de Mao. Leur imprégnation parisienne rejaillissait sur leur conception institutionnelle et quelque chose en survit qui fait que le modèle français (dont on connaît la capacité à procurer de la stabilité et de la paix civile) se prolonge paradoxalement dans le modèle chinois.

C'était d'ailleurs aussi le cas dans l'Union Soviétique. Que l'on ne croie pas que j'en sois nostalgique, puisqu'il s'agissait d'un régime authnetiquement liberticide, mais on doit reconnaître que certains principes éminemment français, tels que la laïcité, ont profondément régressé depuis la chute du Mur.

Face au modèle français, il y a toujours eu le modèle britannique. Aujourd'hui, c'est le modèle américain. Il sert de modèle global.

En effet ce monde de violence, de terrorisme endémique, de cruauté, d'inégalité croissante, de bigoterie vénale, c'est l'Amérique, ce sont les défauts de l'Amérique dilatés à l'échelle de l'espèce humaine.

Il a d'autres avantages, reconnaissons-le, notamment en matière de liberté individuelle, de liberté d'expression, mais ces avantages sont chaque jour battus en brêche par une idéologie sécuritaire de plus en plus dangereuse, qui se répand des États-Unis au reste du monde, même à l'Europe.

Entre ces deux modèles, emplis de défauts mais riches de qualités, d'autres émergent, qui peut-être permettront de trouver des synthèses de paix civile, de laïcité, d'équité. On peut rêver.

18/09/2008

L'Amérique se cherche-t-elle un nouveau modèle de croissance ?

François Bayrou le rappelait lors de l'Université de rentrée des Démocrates, les États-Unis ont opéré, dans les années 1970-80 un revirement profond de leur modèle de croissance : jusque-là, c'est par la classe moyenne que l'essor se nourrissait, par l'accession du grand nombre à une consommation abondante, et donc par un modèle fondé sur un enrichissement des modestes. Avec le reaganisme, l'inégalité est devenu le moteur de la croissance. Bayrou en concluait : "méfions-nous car, voyez-vous, ça marche ! ce système marche !"

Ah bon ?

Est-ce si sûr ?

La crise actuelle n'est-elle pas au contraire le fruit de l'accentuation des inégalités depuis 25 ans ? Le fait que l'on évoque sans cesse la crise de 1929 (et non pas celle de 1973) n'est-il pas significatif du fait qu'inconsciemment, nous savons que c'est parce que le pouvoir américain est revenu sur de nombreuses réformes du "new deal" de Roosevelt qu'aujourd'hui les États-Unis sont plus fragiles qu'hier ?

La croissance par l'inégalité s'est accompagnée d'un développement faramineux des nouvelles technologies de l'information. Le moteur de la croissance, dans le dernier quart de siècle, ce fut l'informatique, puis ce qu'on appelait au début en France (vers 1986-7) les "autoroutes de l'information", l'Internet. Or le modèle américain, comme Cendrars le montre très bien dans son roman "L'Or", est fondé sur la logique des filons, on trouve un filon, tout le monde se précipite, on exploite le filon, on l'use jusqu'à la corde, jusqu'au-delà de l'épuisement, puis on passe à un autre filon. Et le filon informatique est tari, il porte encore une croissance, certes, mais insuffisante pour devenir le moteur d'une économie. Il est en vitesse de croisière. Il faut donc trouver un autre filon.

Pour certains, c'est la guerre. La logique de la guerre en Irak est en effet très keynésienne, du point de vue américain : par la dépense publique, on relance la croissance. La recherche militaire peut servir à toute l'économie, Internet est là pour le prouver, et donc non seulement la fabrication d'armes nourrit des ouvriers, mais la reherche des industries d'armement propose l'avenir. C'est la logique de Bush et celle de McCain. en fait, c'est un échec, car rien n'en est sorti de solide cette fois-ci.

L'autre hypothèse que l'on rencontre, c'est l'économie durable, l'économie écologique. Là, les gisements de croissance sont énormes et les industriels américains, paraît-il, déjà tout prêts, dans les starting-blocks.

Seulement, cette économie-là nécessite des revirements culturels profonds de l'Amérique. Elle est incompatible avec McCain, incompatible avec le tout-pétrole, avec en fait tout ce qui s'est dit et pensé dans les milieux américains depuis déjà de nombreuses années.

La croissance par l'écologie, si elle voit le jour, signifiera donc une nouvelle mutation en profondeur de l'éthique sociale, sans doute un retour vers l'idée d'égalité, de développement par le grand nombre. La crise actuelle solde peut-être la période précédente, ce n'est peut-être qu'une épouvantable purge avant un rebond qui sera salutaire dans tous les sens du terme, et que les Américains, ont le voit bien, identifient clairement avec Obama.

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16/09/2008

La troisième tour du World Trade Center s'est effondrée.

Lorsqu'un ouragan terrible dévasta la Bretagne, mi-octobre 1987, des forêts entières furent réduites à néant, les résineux tombèrent les premiers, et avec eux une myriade d'espèces forestières de toutes les natures et de toutes les tailles. Quelques mois plus tôt, en me promenant dans des bois que je connaissais bien, un spécialiste, qui s'y promenait avec moi, me montrait les signes d'un affaiblissement qui, peu à peu, gagnait le tronc de ces arbres et qui finirait par les tuer. Selon lui, l'origine du mal se situait dans la sécheresse de 1976 et dans le fait que, par la suite, rien n'avait été fait pour panser les plaies. L'ouragan s'abattit sur des végétaux qui lentement, imperceptiblement, périclitaient. Ce fut un carnage.

L'ouragan qui depuis un an dévaste la finance américaine est semblable à celui dont les Bretons se souviennent : il frappe des organismes qui, lentement, cuvaient la grande meurtrissure de l'effondrement des "tours jumelles" et de la paralysie du principal centre financier mondial. Il faut se souvenir des mois, longs mois, qu'il fallut à Wall Street pour retrouver un fonctionnement normal malgré le traumatisme et la cicatrice béante de "ground zero". De longs mois à retisser la toile financière, des efforts pour faire repousser des billets verts dans la poussière sale et amiantée des vestiges des tours.

La titrisation des créances douteuses que l'on englobe sous le vocable des "subprimes" relève de cette logique de reconstruction, de réinvention de la richesse à partir du néant.

Qu'on ne s'y trompe pas : la crise avait commencé dès avant le 11 septembre. C'était comme une perte de substance, une fuite de gaz, que le 11 septembre a transformée en déflagration, en implosion. Par la suite, les artifices et les efforts, conjugués aux effrayantes dépenses de guerre, ont permis aux États-Unis de retrouver une croissance apparente. Mais les artifices finissent toujours par se dévoiler, par se payer cash. C'est ce qui arrive avec la faillite de Lehman Brothers, celle masquée de Merryll Lynch, acteurs historiques de la finance américaine et mondiale, et le séisme qui ébranle de proche en proche tout l'édifice financier international. Cash. Ce qui se cache se paie cash, on ne peut pas indéfiniment jouer à cache-cash.

Nous devrions nous réjouir (un peu jaune tout de même) de ces faillites : ceux qui affirment que l'argent ne doit pas être le roi du monde y trouvent une approbation, mais plus encore, nous qui dénoncions la financiarisation de l'économie, nous avons là la preuve la plus flagrante que nous avions raison : la titrisation est le degré un de la financiarisation et l'effondrement du système des subprimes est la démonstration grandeur nature de la folie inhumaine de cette financiarisation qui, tôt ou tard, aboutit au drame, parce qu'elle tente de faire faire indéfiniment des petits au même petit tas de billets verts. La multiplication des pains, ça a peut-être existé, mais on n'en est pas sûr et, de toutes façons, on n'a pas vu ça depuis près de 2000 ans, alors il faut admettre qu'on est toujours rattrapé par la valeur réelle des choses et qu'on ne peut pas indéfiniment traire la même vache sans lui faire faire des veaux de temps à autre.

Les réactions en chaîne ne sont pas terminées : les entreprises en première ligne se battent pour ne pas avoir à inscrire trop de dépréciation d'actifs, mais une fois qu'elles ont atteint leur point de rupture, elles deviennent elles-mêmes des actifs à déprécier, dépréciation qui pèse dans les comptes d'autres entreprises qui, à leur tour, en sont fragilisées, et ainsi de suite.

700 milliards de dollars de dépréciation ont déjà été constatés, dit-on, et il y en a encore au moins autant à révéler.

L'État américain a pris, avec Fanny et Fred, plusieurs centaines de milliards à sa charge, qui s'ajoutent aux centaines de milliards de dollars du déficit déjà programmé. Viendra-t-il un temps où l'État américain lui-même ne pourra plus mettre au pot ? C'est possible. Et c'est ce genre d'engrenages qui, à la suite de la participation de la France à la guerre d'indépendance américaine, a produit la Révolution française.

Or étant donné les pratiques de plus en plus cruelles, inégalitaires, népotiques et corrompues du pouvoir américain, il y a de quoi s'interroger sur la santé de la démocratie américaine.

À suivre de près, donc.

11/09/2008

Une Amérique pour la paix.

Les démocrates français ont été troublés dans leur soutien affectueux à Barack Obama lorsqu'ils se sont aperçus que le président Sarkozèbre se targuait aussi de son amitié déjà éternelle pour ledit Obama.

Pour dire la vérité, ledit Obama, lorsqu'il vint à Paris dans le courant de sa tournée européenne, avait l'air plutôt perplexe en considérant notre présicule : d'un côté, il lui reconnaissait d'être bien informé, de l'autre... comment dire ? Il avait l'air un peu perplexe.

En vérité, le fantasme kennedyen, que j'ai déjà diagnostiqué en Sarkozy, trouve une évidente expression dans sa recherche de lien avec Obama et, par ailleurs, François Bayrou ayant une vocation naturelle à se rapprocher d'Obama, occuper le terrain a un sens pour notre adversaire. C'est au nom de la même logique que celui-ci a recruté Kouchner, Bockel, Jouyet et quelques autres dans son gouvernement.

Ne nous laissons donc pas troubler par un épiphénomène et considérons la situation américaine dans sa réalité entière : il y a des différences notables entre le tandem Obama-Biden et le duo McCain-Palin, contrairement à ce qu'on commence à entendre ou lire ici ou là. Ces différences sont au-delà du machinal débat républicains-démocrates.

En effet, sur les valeurs, l'arrivée de Sarah Palin dans l'équipe de campagne de McCain a matérialisé le choix de celui-ci de se référer aux idées les plus rétrogades et les plus aberrantes qui courent aux États-Unis, qui sont désormais le principal handicap de ce pays : Sarah Palin est favorable à la thèse créationniste, c'est tout dire...

Du reste, elle est également favorable à l'exploitation du sous-sol de l'Alaska, en particulier du pétrole, et si l'on peut accorder à elle et à son candidat-président un réel engagement contre les dépenses publiques inutiles et contre la corruption, il faut immédiatement tempérer ces bonnes notes en soulignant qu'ils sont tous deux soutenus ardemment par l'industrie pétrolière, dont l'ardeur corruptrice et manipulatrice est bien connue.

En vérité, le duo McCain-Palin est bien la continuité pure et simple de l'administration Bush : une coloration idéologique forte et dangereuse, l'obédience du lobby pétrolier, le parti de la guerre (on flingue d'abord et on discute après, la politique de l'inspecteur Harry en somme).

Face à cela, Obama est celui qui veut développer les énergies renouvelables, rétablir le pays, renoncer aux guerres inutiles. Faites votre choix.

En vérité, il n'est pas absolument certain qu'Obama puisse faire mieux que McCain, mais d'une part, on peut imaginer qu'il ne fera pas pire et, d'autre part, on peut avoir confiance qu'au moins il essaiera de faire mieux.

Personnellement, cela me suffit pour conserver ma préférence nette à Obama.

09:48 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : États-unis, usa, obama, mccain, palin, biden | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

12/08/2008

La boîte de Pandore.

Lorsque les États-Unis, sans l'aval de l'ONU, ont attaqué l'Irak conjointement avec une coalition de certains états occidentaux, nous avons analysé que cette stratégie folle ouvrait une boîte de Pandore. Voici que l'Ossétie est le premier maléfice sorti de cette boîte. Les Russes ont beau jeu de renvoyer les États-Unis dans leurs cordes lorsque ceux-ci leur reprochent de n'avoir pas respecté la légalité internationale.

Désormais, lorsqu'un État utilisera sa position dominante et préférera la force du fait à celle du droit, il pourra dire "l'exemple est venu d'en haut", des Étas-Unis, première puissance mondiale. C'est bien pourquoi j'ai écrit récemment à propos d'Obama et de la perspective de son élection à la présidence des USA, que, lorsqu'on est le plus fort, on doit aussi être le plus juste.

Voici donc ouverte la boîte de Pandore dans la poudrière du Caucase. J'emploie à dessein l'expression de "poudrière", qui renvoie à "la poudrière des Balkans" : il y a bien une deuxième poudrière, celle du Caucase. Le Nouvel Ordre Mondial dont l'établissement motivait l'intervention en Irak, n'est rien d'autre qu'un épouvantable chaos mondial.

Et comme on a détaché le Kosovo de la Serbie, la Russie réclame de détacher l'Ossétie du Sud de la Géorgie, non pas pour en faire un État indépendant (ce serait trop beau) mais pour la rattacher à l'autre Ossétie et, ainsi, à la fédération de Russie. Et qui va pouvoir refuser un référendum d'autodétermination aux Ossètes quand celui-ci a été accordé aux Kosovars ? Le Nouveau Chaos Mondial est une formidable puissance de désintégration. Il faudra bien que l'Europe joue à cet égard son rôle de stabilisation du monde par le recours systémtique à la légalité internationale. Pour ce faire, Tony Blair, l'un des auteurs de l'erreur irakienne, et candidat aujourd'hui au poste diplomatique européen, est le plus mal placé. Il faudra quelqu'un d'autre et que, pour le trouver, soient particulièrement vigilants nos futurs député européens, notamment ceux de la nouvelle génération.

05/06/2008

Obama - McCain : la politique étrangère américaine ne sera pas libre.

Chacun a vu à quel point la politique étrangère américaine était partiale, sous l'administration Bush, et cette partialité a beaucoup nui à la paix au Proche-Orient, à la justice, et l'influence des États-Unis, notamment.
 
En se rendant à l'invitation d'un lobby pro-israélien hier et en y exprimant son engagement pour que Jérusalem soit une ville entièrement israélienne, Barack Obama m'a déçu, car il a choisi l'efficacité contre la justice. C'était évidemment la condition mise pour le retrait de Billary Clinton, mais de fait, c'est la fin du rêve Obama en matière de politique étrangère.
 
Les États-Unis doivent savoir : quand on est le plus fort, il faut être aussi le plus juste.
 
Souhaitons quand même qu'Obama soit élu président, pour la promotion de l'égalité dans ce pays, mais avec tout de même un grand regret. 

23/03/2008

Amérique - Chine : la guerre financière au plus fort.

Le dollar a plongé, pourrait avoir touché le fond (mais pas à mon avis), le système financier américain suffoque et titube, secouant avec lui d'autres organisations bancaires, notamment en Europe.
 
Les bourses ont plongé aussi. Voici que la bourse de Changhaï, symbole du nouveau modèle chinois, a perdu un tiers de sa capitalisation. Un tiers, un tiers de son éventuelle liquidité carbonisé, atomisé, effacé, des milliards et des milliards, par dizaines, par centaines, cramés.
 
Et les observateurs s'interrogent : les Chinois vont-ils vendre ? Vont-ils vendre leurs bons du Trésor américain ? Les États-Unis vont-ils ainsi pouvoir racheter à vil prix ce qu'ils ont vendu au prix fort ? et ainsi alléger considérablement leur dette extérieure comme ils l'ont fait jadis avec les Japonais ?
 
Pas sûr.
 
Et d'ailleurs, si les Chinois vendaient aujourd'hui, qui serait le mieux à même de racheter leurs créances sur l'État américain ? Le système financier américain ? Peut-être. Les fonds souverains arabes ? Sûrement. Et, à la marge, les Européens et les Russes. Rien que des amis bienveillants.
 
L'Amérique est donc à la croisée des chemins : son indépendance budgétaire, financière, fiscale et monétaire est devenue un leurre. Elle l'a perdue comme tous les autres pays.
 
Quand s'en apercevra-t-elle ? 

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25/02/2008

Les oscars et la France des cartes postales.

En couronnant "La môme" à travers l'extraordinaire interprétation de Piaf par Marion Cotillard et "Ratatouille", l'un des meilleurs dessins animés des studios Pixar (avec à mon avis "Les indestructibles" et "L'âge de glace"), l'académie américaine du cinéma a couronné la France (et surtout le Paris) des cartes postales.
 
Montmartre, les bons petits plats... 
 
À l'heure du rapprochement spectaculaire entre la France et les États-Unis, ce choix peut paraître un peu "politiquement correct". Il aurait eu plus de force à l'époque de la guerre en Irak. Mais ne boudons pas notre plaisir : Cotillard est une grande actrice et Ratatouille donne envie, comme dirait Quitterie Delmas", de "manger un bon plat français".
 
Il reste que si l'objectif est d'inciter les touristes américains à revenir en France, ces deux oscars n'auront servi à rien : le dollar est trop bas, d'une part et les touristes américains ont commencé à se faire moins nombreux dès 2001, avant la guerre d'Irak et avant même le 11 septembre.
 
C'est que l'Amérique est un pays en difficulté. Difficulté certes relative, puisqu'il s'agit toujours de la première puissance économique et militaire mondiale. Mais difficulté réelle : jusqu'ici, l'Amérique, se plongeant dans la panade, entraînait le monde avec elle et forçait la planète entière à son chevet à résoudre ses problèmes à sa place ; or cette fois-ci, les dommages collatéraux de la crise des subprimes sont certes réels aussi bien pour les systèmes financiers d'extrême orient que poour la croissance européenne déjà faible, mais on entend les observateurs économiques signaler que ce n'est plus comme avant, l'impact n'est plus le même, l'Amérique n'alourdit plus autant le monde de ses crises.
 
La même remarque, en un certain sens, a été faite récemment par Edelstenne, le patron des avions Dassault, qui notait qu'alors que les États-Unis, il n' a pas si longtemps, représentaient 90% du marché des avions privés Falcon, ils n'en absorbent plus que 27%, le reste allant vers les économies émergentes.
 
Les États-Unis connaissent cette faiblesse, ils l'ont notée eux aussi. C'est certainement pourquoi ils ont choisi ce moment précis pour détruire un de leurs propres satellites sous les yeux du monde : il fallait prouver que si le lion a des rhumatismes, il possède encore toutes ses dents.
 
Cependant, cette preuve de force est en fait un aveu de faiblesse : les vrais forts n'ont pas besoin de prouver leur force, tout le monde la connaît.
 
Merci donc à l'Amérique de se souvenir de Lafayette et de Rochambeau. Il y aura certainement des temps futurs où l'Europe et es États-Unis devront travailler de nouveau ensemble. À égalité.

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21/01/2008

Bourses : la fièvre monte à El Mago.

L'occident plonge. La forte poussée des économies d'Extrême Orient, conjuguée à de graves erreurs de gestion et de politique internationale, ont fragilisé tout l'édifice euro-américain. Il faut donc remonter dans le temps pour voir quand, comment et pourquoi les économies occidentales ont pris de mauvais chemins aux embranchements et ainsi décider ce qu'il faut  faire pour aller mieux.
 
Les années 1990 ont été une grande époque d'expansion économique pour l'occident. L'effondrement du bloc d'Europe orientale fut le premier ingrédient de ce succès. Il y eut aussi l'éclatante santé de l'économie américaine. Celle-ci eut trois facteurs.
 
Le premier tint à la première guerre punitive contre l'Irak en 1991 : à l'époque, l'emploi des armes américaines fut très largement financé par les États du Golfe, sorte de retour sur investissement pétrolier. Pour plusieurs années, la renouvellement des équipements de l'armée américaine était financé par l'argent du pétrole. Une véritable aubaine pour l'économie US qui ne s'est pas reproduite en 2003 ni depuis, puisque les Américains financent presque seuls leur présence en Irak.
 
Le deuxième fut suscité par le grand effort de paix fourni par l'administration Clinton. Retrait de Somalie (certes peu glorieux) et choix pacifique en toute occasion, l'économie bénéficia pleinement de la bonne image d'un président qui, agissant notamment pour une paix équilibrée au Proche Orient, se donnait la carrure d'un grand patron pour le monde, capable de prendre en compte les points de vue de parties invariablement opposées l'une à l'autre. La mort d'Itzhak Rabin, assassiné par un petit connard de facho israélien fit échouer ce qui reste et restera sans doute la tentative de règlement la plus juste du conflit israélo-palestinien. On est au passage navré que la ligne d'Hillary Clinton soit moins équilibrée que celle de son époux (dont les conseillers sont plutôt chez Obama).
 
Le troisième fut la naissance de l'OMC. Oh je sais que parmi nos amis considèrent l'OMC comme l'ennemi absolu, mais il faut considérer ce qu'il y a de progrès dans cette institution, notamment dans une gestion multilatérale des conflits commerciaux qui prend peu à peu la place d'une gestion bilatérale sans cesse dominée par la loi du plus fort. Libérée, désentravée, l'économie occidentale (et avec elle l'économie mondiale) connut un essor régulier et exceptionnel.
 
Puis arriva Bush, l'ennemi personnel des belliqueux arabes, le 11 septembre, l'inévitable campagne d'Afghanistan (un fiasco de long terme dit-on en fin de compte), et surtout l'inutile guerre d'Irak qui a mis l'économie américaine sur le flanc pour un certain temps.
 
Il faut lire l'excellente analyse publiée dans le dernier numéro de la revue "France Forum" (proche du MoDem, elle pourrait l'être encore plus) par Jean-Marie Daillet, qui ne peut être soupçonné d'américanophobie primaire, pour comprendre où en est le premier pays de la planète, un État ruiné, des pauvres appauvris, un système bancaire implosif, bref, tout à refaire, et 1% du PIB de déficit budgétaire supplémentaire selon la décision suicidaire récemment annoncée par Bush aux abois. En vérité, on sait bien comment cela risque de finir : démantèlement de programmes sociaux, c'est le credo des néoconservateurs, alors même qu'Obama, lui, propose la seule mesure immédiatement nécessaire pour éviter un drame humain d'ampleur inégalée depuis 1929 : la création d'un système public de retraites.
 
Quoiqu'il en soit, la chute des bourses mondiales est le test ultime de la solidité des réseaux financiers. Lors de l'une de ces purges, la bulle financière japonaise est apparue crument et il a fallu des années à l'économie du Japon pour s'en remettre, non sans dégâts importants.
 
Aujourd'hui, c'est la Chine qui se trouve en ligne de mire, avec sans doute une bulle pire encore.
 
Mais c'est surtout le moment de songer aux pauvres gens qui, aux États-Unis, sont menacés de la plus affreuse ruine à cause de l'affaire scandaleuse des subprimes. Des petites gens, des ménages presque sans rien, qui risquent bien plus qu'ils n'ont en vérité.
 
Et c'est avec un peu d'angoisse que je vois arriver sur le marché les "maisons Borloo" à 15 Euros par mois, car elles me font furieusement penser à ce système qui a fait croire à des millions d'impécunieux américains qu'ils pouvaient devenir ... propriétaires.
 
Au-delà encore, la crise mondiale qui s'annonce doit nous rappeler que le krach de 1987 fut le prélude de la Chute du Mur et que d'un mal sort parfois un bien, et enfin que c'est de toutes façons l'occasion de réévaluer nos critères de croissance économique car l'élan des années 1990 en occident a produit celui des années 2000 en orient et ce dernier a révélé de graves pénuries de produits du secteur primaire (minier, pétrolier, agricole) qui ne sont pas réversibles et qui imposent un effort massif dans le sens du développement durable et, pour l'avenir, de la Haute Qualité.

16/08/2007

France/USA : je t’aime, moi non plus ?

« Le voyage de M. Perrichont » semble fournir une explication toute prête à la difficulté des relations qu’entretiennent la France et les Etats-Unis d’Amérique depuis plus de deux cents ans : nous adorons toujours les gens à qui nous avons rendu service, parce que nous y trouvons occasion de vanité et d’autosatisfaction, tandis que nous ne pardonnons jamais à ceux qui nous ont aidé et dont la simple idée réveille la détresse que l’on a subie avant leur secours et l’humiliation que représente la situation de secouru.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Français sont partagés entre un réflexe d’ingratitude et une admiration envieuse quand ils pensent à l’Amérique. Sardou chante « Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie » cependant qu’on entend partout décrier l’arrogance et l’hégémonisme américains. On chante Lafayette, on déplore qu’il n’ait pas accepté l’offre qui lui était faite de l’adoption du français comme langue officielle des Etats-Unis naissants, et pourtant on regrette que Napoléon ait vendu la Louisiane. On s’inquiète de l’invasion de nos anciennes colonies africaines par les intérêts américains, cependant qu’on trouve plus chic de jargonner dans un sabir d’anglais qui n’est même pas le langage bizarre qu’utilisent les institutions internationales en guise de langue de Shakespeare. Bref, la France marche à côté de ses chaussures dès qu’il est question de l’Amérique, à peu près de la même façon qu’autrefois de l’Angleterre.

Au milieu de ces contradictions, quelques moments se détachent. Parmi ceux-ci, la séance du Conseil de Sécurité des Nations-Unies où, en 2003, la France opposa son véto à l’emploi de la force internationale pour achever le régime moribond du vieux dictateur Saddam Hussein.

Ce fut l’heure de gloire de Dominique de Villepin, son quart d’heure de célébrité. Et la France quasi-unanime approuva le choix qu’il exprima alors au nom du président Chirac : nous savions que les arguments employés par l’administration Bush pour justifier l’intervention en Irak n’étaient que des mensonges, comme cela fut avoué depuis lors par plusieurs des intéressés américains eux-mêmes.

J’ai moi-même approuvé la décision de refuser la collaboration au mensonge.

Pourtant, une erreur capitale a été commise par notre ministre des Affaires étrangères ce jour-là : il n’a pas tenté de s’adresser au peuple américain, ou plutôt, il a donné l’impression que le peuple français était désormais hostile au peuple américain, en n’employant aucune des nuances indispensables pour dissocier la nation américaine de ses dirigeants.

Cette faute n’est pas apparue à beaucoup. Pourtant, dans les conversations privées, on entendait presque toujours ce distinguo.

Or c’est cette erreur qui a occasionné les réflexes anti-français aux Etats-Unis à l’époque.

On voit bien que c’est pour remédier à cet inconvénient la stratégie du président Sarkozy, ces derniers jours, a plus visé l’opinion publique américaine que les autorités actuelles des Etats-Unis. Bien sûr, il a aussi remercié ses commanditaires, mais il a véritablement fait un effort pour rappeler en France les supposées hordes de touristes américains capables de consommer nos illustres produits de toutes natures ; et, outre-Atlantique même, d’encourager le retour aux produits français. En somme, le but est de contribuer pour quelques fractions de point supplémentaires à la croissance du PIB français.

Pourquoi pas, après tout ? Peut-on critiquer un effort qui semble louable ?

Oui.

Oui, car il a trente ans de retard. Encourager la consommation américaine de productions françaises comme si l’affaire de 2003 était seule cause de son ralentissement est une erreur : dès avant le 11 septembre 2001, les Américains venaient moins nombreux en France et notre part de marché en Amérique même se comprimait. Pour une cause politique ? Pas du tout : parce que l’Amérique évolue, que ses priorités changent, certes (ce qui pourrait se corriger), mais aussi et surtout parce que les Etats-Unis, tout puissants qu’ils demeurent, ne sont pas un pays en bonne santé. La croissance économique y est, depuis près d’une décennie, artificielle.

Par conséquent, jouer les VRP de luxe en Nouvelle-Angleterre est une erreur d’analyse. Certes, il n’est pas mauvais de rappeler que les Français n’ont jamais détesté collectivement les citoyens américains, mais outre que c’est au prix du rapprochement avec une administration discréditée dans sa propre population, c’est surtout un formidable coup d’épée dans l’eau : ce n’est pas comme ça que l’on pourra relancer la production française.

L’enfer est pavé de bonnes intentions. On croyait que jamais le nom de Sarkozy ne pourrait rejoindre le nombre de celles-ci. Eh bien, tout arrive…

Voici donc que s’éloigne la perspective d’un point supplémentaire de croissance pour notre pays. Le chiffre très faible annoncé mardi pour la croissance du PIB au deuxième trimestre fait douter qu’il y ait jamais eu d’effet Sarkozy sur le moral des ménages et sur le dynamisme de l’économie. Demain, à cet égard, ressemblera fort à hier. Avis de tempête pour l’UMP et ses valets.