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14/11/2015

Ni peur, ni haine

Paris vient de subir l'attaque d'une organisation terroriste d'une ampleur inégalée, supposant un réseau et des moyens logistiques considérables et laissant plus de cent morts derrière elle, et près de deux cents blessés, dont on ne sait encore combien de mutilés à vie, ni combien de veuves ni d'orphelins. Ce crime immense nous laisse tous blessés et bouche bée.

Pourtant, l'organisation État Islamique, qui vient de revendiquer cet ignoble et lâche attentat, venait d'annoncer vouloir s'en prendre à Israël. Il faut croire que les cours de géographie des écoles de l'EI ne sont pas fameux. De quoi alimenter encore les folles rumeurs selon lesquelles l'EI est sous-mariné par des intérêts américains. Mais la surprise est d'autant plus grande pour nous et nous sommes comme foudroyés.

Il semble que certains auteurs des attentats courent encore, ainsi que de très nombreux complices et, bien entendu, hélas, les commanditaires, qui se croient à l'abri de leur armée de fantômes. Toute cette organisation criminelle ayant abouti au septuple attentat doit être identifiée, appréhendée, jugée, et les coupables doivent être condamnés et incarcérés.

Et les familles des victimes doivent être entourées et recevoir toute la fraternité dont la France est capable.

Mais nous ne devons en aucun cas laisser les terroristes l'emporter sur les principes qui nous tiennent debout : Fulbert de Chartres, Abailard, Thomas d'Aquin, Descartes, Voltaire, la raison scientifique est faite pour l'emporter sur le fanatisme aveugle et elle est consubstantielle à la construction de la France, autant que l'édification d'un État de droit dont chacun de nous est à la fois comptable et bénéficiaire, quelles que soient les menaces.

Telle est notre liberté dans l'égalité. Nous devons répondre à la haine par la fraternité et à la violence par la liberté.

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C'est pourquoi nous devons répéter, comme en janvier, que nous n'avons ni peur, ni haine.

10/06/2010

Notre république.

Le débat a été ouvert par Marianne reprenant un commentaire de François Bayrou sur un article de Jean-François Kahn sur son blog.

J'ai écrit moi-même que depuis bientôt trente ans que je vote, j'ai toujours voté le plus au centre possible. Il n'a jamais été question pour moi de voter pour la droite en tant que telle et la gauche ... m'a toujours donné envie de voter au centre, du moins le plus au centre possible, car il y avait toujours quelque chose qui me chagrinait dans la gauche, dans cette gauche dont beaucoup d'idéaux sont les miens.

En mars 1983, j'ai voté aux municipales à Combrit, mon port d'attache breton, un vote avec préférence et panachage, disons que ça ne compte pas. J'avais dix-huit ans et quatre mois.

Passons aux présidentielles de 1988 : au premier tour, j'ai voté pour Raymond Barre, l'État impartial et la sagesse budgétaire. Au deuxième tour, j'ai voté Mitterrand, Chirac restant engoncé dans les principes du tandem Pasqua-Madelin.

En 1995, j'ai fait la campagne de Jacques Chirac dès le premier tour. De toute évidence, il était plus autoritaire mais moins réactionnaire que Balladur, et Jospin était trop américanophile, ce qui s'est d'ailleurs vu dans sa politique à partir de 1997.

En 2002, Bayrou au premier et Chirac au deuxième.

En 2007, Bayrou au premier et Royal au deuxième.

Je fais partie de cet électorat qui n'a pas de parti pris, qui est capable de voter pour ce qui lui semble le plus proche de l'intérêt général, se résignant à un choix éventuel, qui reste en somme à convaincre pour la droite ou la gauche ou qui, mieux encore, espère ce que Kahn a nommé, d'un mot heureux, une politique qui soit devant.

Liberté, égalité, fraternité

Bayrou, dans son commentaire devenu article, évoque l'identité démocrate représentée par le Parti Démocrate américain (souvenir d'une stratégie élaborée avec Clinton et Prodi voici plus de quinze ans), son équivalent indien (je suppose qu'il s'agit du Parti du Congrès, les héritiers de Gandhi et de Nehru, mais je ne vois pas le mot démocrate) et son homologue japonais. Selon Bayrou, la référence française de ce courant mondiale est ... républicaine. Hum. Bon, disons que l'ancrage dans une vision mondiale est une idée constructive et laissons l'approfondissement de l'exégèse à ceux qu'elle intéressera.

Pour nous Français (il faut bien que nous fassions avec ce que nous sommes et nous manquerions à notre devoir dans le concert mondial si nous l'oubliions), la question remonte à Clovis. Lorsque Clovis devient le patron d'une partie des maîtres de la Gaule, l'essentiel des monarques européens pratique une sorte très anticipatrice de calvinisme qu'on appelle l'arianisme qui a l'avantage ou l'inconvénient de justifier le pouvoir monarchique au détriment de l'égalité des citoyens.

Clovis est soutenu par deux archevêques seulement : celui de Tours et celui de Reims, qui sont dans le camp de l'évêque de Rome qui deviendra le pape. Clovis élimine les Ariens (à ne pas confondre avec les Aryens) et installe la primauté de Rome en Occident, y compris un certain nombre de principes fondateurs de l'idéologie occidentale, dont le libre-arbitre. Pendant des siècles, y compris du temps de Charlemagne, la France sera liée à Rome par ces actes fondateurs.

Au passage, je signale à mes amis bretons qu'il est plus que vraisemblable que, du temps de Clovis, la Bretagne armoricaine n'y était pas, qu'elle s'épanouissait dans un autre monde chrétien avec les Gallois et les Corniques, et peut-être les Irlandais.

Lorsque la monarchie espagnole devient cumularde au point de se lier avec les Habsbourg d'Autriche, vers 1500, la France, dont les relations avec le Saint-Siège n'ont pas toujours été de tout repos, mais qui a assumé la primauté aux Croisades, se retrouve reléguée au second rang, pour un peu plus d'un siècle.

Elle inaugure alors ses relations avec ce qu'on nomme la Sublime Porte, l'empire turc.

François Ier, qui invente cette politique, inaugure aussi la monarchie absolue et nationalise le clergé : il soumet l'état-civil aux lois de l'État, et s'il en confie la tenue aux gens d'Église, c'est par délégation de service public, les clercs d'Église sont agents de l'État, la majorité de leur chiffre d'affaires provient de jurislations étatiques. La théorie dite du gallicanisme (antérieure) trouverait son plein sens si les guerres de religion, peu après François Ier, ne la reléguaient pas au second plan jusqu'au XVIIe siècle.

Le rôle de France "fille aînée de l'Église" dure finalement, cahin-caha, jusqu'à la Révolution française.

Il faut être conscient que le rôle historique de la France pendant près de mille trois cents ans est intimement lié à cette notion de "fille aînée". La France est celle par qui l'Église de Rome est accouchée d'elle-même.

En y renonçant en 1789, la France a donc fait un acte historique d'importance millénaire, qui a d'ailleurs réjoui  notamment les protestants parce qu'il affaiblissait Rome.

Les principes refondateurs, liberté, égalité, propriété, sont devenus en 1848 liberté, égalité, fraternité. Ce sont les principes de notre république.

Des polémiques

C'est écrit dans la belle langue française du XVIIIe siècle : la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Tout, ce n'est pas rien. Tout, c'est ce qu'en termes classiques nous nommerions la licence. Dans une certaine sphère, la liberté est un absolu : tout. Sa seule limite, mais quelle limite, est "ce qui ne nuit pas à autrui". Or ce qui nuit à autrui est ce qu'on nomme en droit ce qui "fait grief" à autrui. Ce qui fait grief est ce qui engage la responsabilité juridique. La liberté a pour limite la responsabilité. La dialectique liberté/responsabilité est la première composante de notre identié républicaine.

L'égalité est une notion beaucoup plus ambiguë, dont la traduction textuelle est quasi-sybilline : égaux en droits. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. L'égalité juridique, le principe d'égalité de naissance, l'égalité de condition, c'est un principe d'émancipation, dont la limite est recherchée par d'autres conceptions répiublicaines. Liberté formelle ou liberté réelle est ainsi un thème central de la pensée marxiste au XXe siècle. Et plus récemment, l'idée de la discrimination positive comme moyen d'atteindre à une égalité moins formelle et plus réelle nous a prouvé que les conceptions américaine et soviétique étaient moins opposées qu'elles ne le prétendaient. En fait, le complément de la défintion du principe d'égalité se trouve dans un passage de la déclaration des droits de l'homme de 1789 : les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Voilà une source inépuisable de réflexion sur la dialectique qui unit et oppose l'individu à la Société.

Sans la fraternité, la liberté et l'égalité sont deux tyrannies symétriques. La liberté qu'on impose est une tyrannie ("on n'enseigne pas la liberté à la pointe des baïonnettes", écrivait quelqu'un sous la Révolution française, quelqu'un que Bush aurait dû lire). L'égalité qu'on impose, tovaritch, est une autre tyrannie. La fraternité est l'élan de conscience, basé sur la sincérité, sans lequel la liberté et l'égalité sont vouées l'une au néolibéralisme, l'autre au goulag.

Le lien de ces trois valeurs entre elles est le ciment de notre conception de la vie en Société.

Deux autres notions se sont agglomrées à la devise républicaine : la laïcité et l'unité.

La laïcité est devenue la valeur la plus polémique de toutes, pour la double raison que le modèle dominant anglo-saxon n'est pas laïque et que l'interprétation de la laïcité a longtemps été une hostilité viscérale à l'encontre de l'Église catholique romaine.

En fait, les choses sont moins simples qu'il n'y paraît. La laïcité est un principe plus général de neutralité de l'État, de distinction du public et du privé, qui a des conséquences sur la séparation des vies privée et publique de nos dirigeants, et sur la répartition des rôles entre Société civile et État. Si on l'exprime d'une façon contemporaine, nous dirons que la laïcité est l'indépendance des décisions politiques à l'endroit des lobbys, l'Église catholique, directement concernée, est ici un lobby comme un autre, une conception particulière qui voudrait imposer ses vues aux décisions publiques de même que les producteurs de maïs voudraient que l'État ne mange que du maïs.

En pratique, la laïcité française, organisée par la loi de 1905, a permis à l'Église de France de s'extraire du gallicanisme et d'éviter que le clergé ne soit nommé par le pouvoir politique au lieu de l'être par Rome, cependant que l'entretien et l'usage des édifices de cultes étaient garantis par l'État.

Aujourd'hui, la laöcité est encore plus polémique, parce qu'elle est vue par certains musulmans pratiquants comme un moyen de brimer leur culte.

L'unité ("La France est une république indivisible") est la dernière valeur polémique, mes amis bretons pourront en témoigner, et de fait, si j'admire et revendique l'esprit républicain comme étant le mien, je suis amené à reconnaître que la Bretagne a subi de nombreuses injustices qio n'ont pas encore été réparées.

La république est une construction éthique et humaine fondée sur le trio indissoluble de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Au fond, le reste est inutile bavardage.

08/04/2009

Mieux que le G20 : connaissez-vous le G29 ?

J'aurai sans doute l'occasion de donner un compte-rendu plus complet du débat du Social Media Club de France d'hier soir, mais il m'a paru utile d'en indiquer sans attendre ce que j'en retiens (outre des explications très complètes sur la licence Creative Commons), qui est le travail de la CNIL et les efforts faits en ce moment par la fédération des CNIL européennes, le G29, pour faire en sorte que le laisser-faire américain en matière de données personnelles ne s'étende pas aux traitements de données personnelles d'Européens recueillies par des sociétés de droit et de résidence américains (Google, Facebook, etc.).

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28/11/2008

Hadopi : bras de fer entre le Conseil européen et le parlement européen.

Nouveau rebondissement dans l'affaire de la riposte graduée : alors qu'on apprenait que la Commission européenne avait écrit au gouvernement français pour lui signifier que le principe de privation totale de l'accès à Internet était contraire à une directive datant de 2002, information assortie d'une proposition de transaction (les téléchargeurs illégaux pourraient voir seulement le débit de leur connexion restreint, mais conserveraient les fonctionnalités de leur accès à l'Internet et aux services liés), on lit qu'hier même, sous la pression de la présidence française, le Conseil européen a décidé de supprimer l'amendement 138 du paquet télécom dont il discute. C'est cet amendement qui prohibe l'attribution de la compétence de la lutte contre les téléchargements illégaux à une instance administrative. Ses auteurs, Guy Bono (PS) et Daniel Cohn-Bendut (Verts) ont d'ores et déjà annoncé qu'ils déposeraient le même amendement en seconde lecture.

On voit qu'il y a un véritable bicaméralisme qui se développe dans la discussion législative européenne, le Parlement se comportant comme une chambre basse et le Conseil comme une chambre haute, représentante des États à la manière du Bundesrat allemand.

Il faut ici remercier aussi la Commission de Bruxelles qui a jusqu'ici défendu les droits des citoyens.

À suivre donc, mais avec la conscience que cette affaire est symptomatique de l'obsession liberticide qui s'est emparée des exécutifs occidentaux en général et français en particulier. De quoi se battre en conscience.

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20/06/2008

Blogosphère : plus dangereuse que GW Bush ?

Je vous invite à lire l'article de Courrier International en lien. À côté de ce que dénonce à juste titre Quitterie Delmas, on peut dire que vraiment, Internet les rend fous.
 
Non seulement les internautes sont les vampires qui siphonnent la sève des marchands de disques et de films, mais les blogs seraient une menace pour la liberté et la démocratie en raison de leur opacité, des règles de fonctionnement de la blogosphère et, surtout, de leur capacité de désinformation.
 
Décidément, la liberté est bien effrayante.
 
Et quand l'équipe de George W Bush a menti au monde entier et au peuple américain au sujet des armes de destruction massive prétendues en Irak, a-t-il eu besoin d'Internet pour sa désinformation et sa manipulation ? Bien sûr que non. Allons, c'est une farce, une mauvaise farce.
 
Il va falloir que les eurodéputés, les nôtres, présents et futurs, s'engagent pour la défense de la liberté d'expression, notamment sur Internet. 

10/05/2008

Indépendance de la presse : les journalistes entre eux.

Décidément, le site "Bakchich" dérange. est-ce la fait d'avoir gagné son procès en diffamation contre David Douillet ? Est-ce celui de révéler quelques affaires douteuses de la majorité actuelle (et pas seulement, d'ailleurs) ? Voici qu'on apprend qu'une journaliste de Bakchich s'est vue retirer son accréditation à l'Assemblée Nationale au motif qu'elle avait mis "mal à l'aise" la ministre des finances, Marie-Chantal Lagarde. Lagarde a des vapeurs, c'est la presse qui trinque. Ou bien est-ce le président de la République qui, ayant oublié Bakchich dans sa diatribe de l'Élysée, a trouvé moyen de réparer cet oubli coupable ?
 
Pour la peine, allez donc faire le quiz de "Bakchich" : sa conclusion est édifiante. 

09:27 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : information, presse, liberté, bakchich | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/04/2008

Solidarité avec les journalistes du "Monde".

Au moment où les journalistes du "Monde" se préparent à lutter contre une stratégie que beaucoup jugent suicidaire (je rappelle les propos de Patrick Roger que j'ai relatés dans une précédente note il n'y a pas si longtemps), contre des licenciements en nombre, je tiens à réaffirmer mon entier soutien à la presse en général, à la tradition journalistique que beaucoup de journalistes du "Monde" veillent à faire vivre.
 
Solidaire. 

19:19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : information, presse, liberté, journalistes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

18/01/2008

Niger : les deux journalistes en liberté sous caution.

On sait l'histoire de ces deux journalistes qui, au Niger, pour faire leur métier, ont triché avec une autorisation de déplacement pour aller dans une zone interdite par les autorités. Les deux hommes incarcérés viennent d'être libérés sous caution

12:04 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, liberté, niger | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

15/10/2007

Liberté de la presse : une pétition.

Ce n'est pas du corporatisme, mais la défense de l'une de nos libertés fondamentales : les journalistes, les cinq centrales syndicales de journalistes, les sociétés des journalistes aussi, tout le monde journalistique se lève pour réclamer des garanties. Outre une pétition, un rassemblement est prévu le 5 novembre. Pour plus d'info, le point rouge de la Télé Libre.
 
Oh, on peut dire que c'est leur faute, qu'ils n'ont qu'à produire une meilleure info et qu'alors leurs canards se vendront mieux, je ne crois plus que ce soit vrai. Bien sûr, ce cercle vicieux existe et il est soigneusement entretenu par les décideurs de la presse, possesseurs des journaux, financiers mouillés en politique, mais les journalistes sont ici victimes d'une logique économique pervertie et non complices, sauf exception de certains directeurs de rédaction et de certains journaleux encartés. La vérité est que les journaux sont des rouages d'une logique financière et politique, très "à la française", dans un état trop puissant, où tout émane de la cour du monarque pseudo-républicain. Détenus par les amis du pouvoir, ils ont pour mission d'obéir au pouvoir et de respecter les codes d'un système qui a choisi son organisation, y compris sa propre (et sage) contestation.
 
On a cru qu'Internet suffirait à compenser cette lacune. La dernière campagne présidentielle a prouvé que la pluralité des moyens d'info perdurerait et qu'Internet s'ajoute à la presse sans l'éliminer, qu'elle crée une nouvelle branche de presse.
 
Il est vrai que la presse payante est en très grave crise, que les gratuits et Internet n'y sont pas pour rien, ce qui crée une réalité irréversible et en partie réjouissante et prometteuse de perspectives nouvelles pour la profession, mais la télévision, elle, se porte bien et le scandale y est permanent. Soutenons donc les efforts des journalistes, une profession qui bouge.

30/07/2007

Présomption d’innocence : une régression de plus.


Le « Télégramme » est un journal parmi d’autres, une écharde de l’arbre des quotidiens du groupe Dassault après en avoir été une du groupe Hersant. La direction opérationnelle de cette publication ordinaire est assumée par les héritiers de ses fondateurs, les frères Coudurier.

Sur place, en Bretagne, Ouest-France a la réputation d’être lu par la gauche et cette forme de la gauche que constitue pour la vraie droite le centre droit et le centre. Les réac raffolent du « Télégramme » qui n’est pourtant qu’une publication un peu plus laïque qu’Ouest-France, avec une ligne éditoriale ondoyante, orientée vers Sarkozy comme presque toute la presse écrite depuis deux ans.

Ce journal ne mériterait aucun commentaire s’il ne venait de consacrer toute sa une, d’un coup, à la photo d’un tyran déchu, surchargé d’une formule sans appel : « La chute de “Néron“ ». Néron est, une phrase le signale un peu plus bas, le surnom donné, paraît-il, par Mme Chirac à Dominique de Villepin.

Voici donc Villepin tombé.

Quand ?

Jamais.

Eh non : il vient d’être mis en examen et, pour autant que l’on ait compris les événements récents, c’est en résultat de ses propres manœuvres qu’il l’a été : il avait refusé de s’exprimer avant d’avoir pris connaissance de son dossier ; or pour avoir cette connaissance, il fallait qu’il fût en examen. C’est une règle de procédure qui a conduit d’autres personnalités à la même solution dans le passé ; donc rien d’extrême.

D’ailleurs, même s’il avait subi cette inculpation, Villepin n’aurait pas été coupable pour autant ; voilà le principe de la présomption d’innocence : tant qu’un juge ne l’a pas déclaré coupable, cet homme est innocent.

Où donc est sa chute ?

À la une du « Télégramme ».

C’est un pur scandale. Une honte. Notre presse n’en finit pas de se vautrer dans sa propre boue.

Quant au fond de l’affaire, on doit remarquer que la petite affaire, celle de la dénonciation calomnieuse (une scène de mauvaise opérette, une guignolade pathétique), a complètement obéré la vraie, celle du rôle que pourrait effectivement jouer l’organisme Clearstream dans le blanchiment d’argent mafieux.

Reparlons de Denis Robert, n’oublions pas de nous étonner pour la millième fois de l’étrange acharnement qu’il subit de la part d’institutions de notre État français et interrogeons-nous sur la définition même d’une mafia : une collusion d’intérêts qui englobe des brigands « officiels » et toutes sortes d’infiltrés et de corrompus dans tous les rouages de l’État. Les acharnés contre Denis Robert seraient-ils aussi les infiltrés de la mafia dans l’État ?
Mais alors, se pourrait-il que fût vraie la rumeur qui court et qui affirme que, parmi les vrais mis en cause de la première affaire Clearstream (celle dont un jour Villepin ministre a été informé par un esprit attentif), il y ait eu de ces fameux hauts fonctionnaires qui entrent dans la définition même de l’organisation mafieuse ?

Et dès lors, la défense de Villepin, qui a indiscutablement mis en branle une mécanique d’enquête parallèle aux institutions normales de l’État, cette défense ne serait-elle pas justifiée et pertinente ?

Et si c’était vrai ?

Et s’il avait vraiment contourné les voies ordinaires pour éviter que son enquête ne passât par les mains de ceux qui avaient pour but évident de la combattre ?

Pourquoi cet aspect de l’affaire n’est-il jamais évoqué ?

Je n’ai pas d’actions chez Villepin, je n’aurais certainement pas voté pour lui s’il avait été candidat à la présidence, mais je trouve indigne de notre république, et tout à fait suspect, que l’on ne s’exprime qu’à charge contre lui.

La dénonciation calomnieuse de Sarkozy est l’une des anecdotes politiques les plus pitoyables que j’aie lues et entendues. La manie du « général » Rondot de garder des traces (authentiques ? - pourquoi pose-t-on si rarement cette question ?) de ses conversations officieuses, l’effervescence primesautière de M. Gergorin qui se proclame corbeau, puis accuse (sa parole…) Villepin d’avoir nourri sa correspondance, après avoir été l’un des rouages d’un prétendu complot aberrant et puéril, invraisemblable à ce point de ridicule, mais prétendument monté par le même Villepin, tout cela est digne d’un roman pour tout petits enfants tordus.

Et peut-on croire que Sarkozy n’ait rien su ? Bien sûr que si, il savait, dit-on par ailleurs. Alors, et si c’était lui qui avait tendu un piège à Villepin en lui soufflant (faisant souffler) l’idée de cette machination grotesque ? Et si c’était lui qui avait poussé la roue vers le précipice ?

Après tout, tout est possible.

C’est pourquoi, dans cette nébulosité persistante, la prudence devrait inspirer nos journalistes et si leurs employeurs n’étaient pas mus par la plus manifeste servilité et ne les incitaient à trahir leur mission de militants de l’info, ce serait un grand repos.

Je voudrais qu’ils s’intéressent un peu plus à la vraie affaire Clerstream et un peu moins à la pantalonnade qui déshonore notre classe politique depuis des mois.

22/06/2007

Liberté de l'intelligence.

Les dernières affaires relatives au contrôle des médias et le débat autour de l'entretien accordé par Daniel Carton à Quitterie Delmas renvoient à la même question : un commentateur peut-il être libre et impartial ?
 
Il doit l'être. C'est son obligation, sauf dans ce qu'on nomme la presse d'opinion.
 
Mais cette impartialité n'est-elle pas un leurre ?
 
Voilà un sujet de bac philo par excellence.
 
Rappelons-nous les termes juridiques qui peuvent nous guider dans ce domaine. Parmi les textes juridiques relatifs à l'expression de la volonté qui est la manifestation de la liberté de l'individu en société, on parle volontiers, depuis le code Napoléon, de "consentement libre et éclairé".
 
Ce consentement libre suppose par exemple que le jour d'un mariage, le fiancé ne porte aucune arme qui puisse suggérer qu'il exerce une contrainte sur la fiancée.
 
Ce consentement éclairé renvoie à deux miroirs : celui qui reçoit et celui qui émet.
 
Éclairé suppose que l'on soit d'abord éclairable. C'est au nom de cette notion que les incapables mentaux sont écartés des actes juridiques parfois les plus élémentaires (sauf d'ailleurs du vote), c'est aussi au nom de cette notion qu'une personne qui n'a pas toute sa tête au moment de commettre un forfait doit en être jugée innocente. Un amoureux passionné qui tue un rival, on le sait, a longtemps obtenu l'indulgence des jurys, même si aujourd'hui le caractère français est devenu plus prosaïque et moins perméable aux exaltations du romantisme, comme beaucoup d'illusions se sont enfuies sur l'état amoureux et ses stades.
 
Éclairé suppose aussi que l'on ait reçu la formation ou l'information nécessaire à la balance du jugement. Un marchand de voitures qui ne signalerait pas que le véhicule qu'il vend est une occasion et non une première main n'éclairerait pas son client. On note au passage que, dans les années 1990, le devoir d'informer a beaucoup augmenté pour les médecins (et surtout les chirurgiens) et les avocats, dont le rôle expose particulièrement les clients et patients.
 
Pour en revenir à nos journalistes, on voit bien que leur mission est donc d'éclairer ce qui est obscur. Ils doivent donner aux citoyens les info qui permettent à ceux-ci d'évaluer hommes et situations en connaissance de cause, les info que, d'où ils sont, les citoyens ne sont pas en mesure d'obtenir seuls, même grâce à l'outil qu'est désormais Internet.
 
Or pour donner ces info, il faut qu'ils les recueillent et pour qu'ils les recueillent, il faut qu'ils en aient l'envie et la liberté.
 
S'ils sont liés par des connivences d'intérêts au pouvoir politique, par exemple, auront-ils envie de dénicher les bonnes info ?
 
Et s'ils sont soumis au pouvoir politique ou économique, en auront-ils la liberté ?
 
Ceux qui défendent le système actuel d'endogamie entre les différents milieux de pouvoir le font presque toujours avec un argument qu'ils jugent imparable : l'impartialité, ça n'existe pas ; tout journaliste est forcément partisan, il pense et son opinion influe sur ce qu'il rapporte.
 
On a beau rétorquer que, si partisan soit-il, un bon journaliste peut s'effacer devant son sujet car le seul critère qui le guide est, lui, parfaitement objectif : qu'est-ce qui est une info et qu'est-ce qui n'en est pas ?
 
Une info, ce n'est pas discutable. Il y a des info plus ou moins importantes, plus ou moins éclairantes, mais une info, ce n'est pas subjectif, ça correspond à des critères intangibles que toutes les écoles de presse enseignent et auxquels les journalistes devraient pouvoir être toujours fidèles.
 
Dès lors, la question de l'impartialité du journaliste ne se poserait pas et il serait absurde et injuste d'avoir écarté Alain Duhamel des émissions politiques de la chaîne France 2 s'il est un bon journaliste : sa matière n'est pas subjective.
 
Malheureusement, et c'est l'enjeu du livre de Daniel Carton, la conception objectiviste de l'info a peu cours en France dans le domaine politique, on l'a d'ailleurs bien vu lors de la récente campagne présidentielle.
 
Et ce qui est intéressant dans les critiques que les internautes ont adressées à l'interview sur AgoraVox, c'est que Quitterie Delmas était mal placée pour critiquer ce système puisqu'elle en fait partie et qu'elle y est active, l'existence même de l'interview étant invoquée comme preuve de cette activité.
 
On mesure alors le vertige que donne cette mise en abîme de la critique contestée au nom de son auteure.
 
Et cependant, ce qui reste, c'est bien le résultat : la presse a peu fait écho au livre de Daniel Carton et, en le faisant connaître, Quitterie Delmas a bien accompli son devoir de citoyenne, à la fois comme actrice de la politique et comme électrice. Elle a prouvé qu'elle n'était pas prisonnière de la branche sur laquelle on l'accusait d'être assise et qu'elle désignait aux dents de la tronçonneuse.
 
Elle a donc bien joué un rôle de journaliste. Elle a même réinventé l'origine et la substance de cette notion : comme le dit Daniel Carton dans l'interview, "le journaliste a pour mission d'instruire". C'est son rôle social. Sa fonction dans la démocratie.
 
C'est l'occasion pour moi de citer une fois de plus Victor Hugo lorsqu'il dit que "quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors est venu le temps de la démocratie".
 
Je cite ce texte en général pour dire qu'il n'y a pas de démocratie sans militantisme du savoir ; il n'y en a pas non plus sans militantisme de l'information qui est l'autre face du savoir.
 
C'est cette même et juste vision militante que défend Daniel Carton et c'est également cette même vision que Quitterie Delmas a servie par son interview sur AgoraVox qui mérite bien son titre de "média citoyen", locution qui devrait être redondante et qui, hélas, ne l'est pas. 

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16/02/2007

Journalistes en péril ?

La profession de journaliste est sur la corde raide. Le développement d'Internet, la multiplication des sources gratuites et collaboratives d'information font planer un malaise sur ce métier déjà très concurrentiel.

Et la campagne présidentielle actuelle a ajouté un degré à ce malaise, car elle a montré et montre à quel point leur fragilité les rendait friables aux pressions politiques et économiques. On a rarement vu autant de médias assujettis à l'expression d'une ligne politique qui prend des allures staliniennes.

Voici le dernier avatar du lot : Alain Duhamel, visage bien connu dans la catégorie haribo du journalisme télé, d'ailleurs plutôt sympathique, mais qui a le fâcheux travers d'être une boussole qui indique le sud (en 1988, il soutenait Barre, en 1995 Balladur, en 2002 Jospin), a été privé d'antenne, pan ! juste le soir où il devait recevoir François Bayrou sur le plateau d'Arlette Chabot sur France 2. Motif ? Il soutient Bayrou.

En vérité, en novembre, Alain Duhamel, dans une conférence devant des étudiants bayrouistes à Sciences-Po, avait laissé entendre qu'il voterait sans doute Bayrou. Les amis de ce dernier s'en étaient alarmés, étant donné la réputation de scoumouniste inlassable dudit Duhamel, puis celui-ci avait eu la bonne idée de pondre des éditos de plus en plus favorables à ... Sarko.

Voici donc un haribo hésitant, écartelé entre Sarko et Bayrou, congédié de la télé de Sarko par Sarko parce qu'il soutient fort et ferme Bayrou.

Ce pourrait être le comble de l'incroyable de la pression politique si, en fait, l'opération n'avait été une diversion pour masquer les critiques adressées par Bayrou à TF1 au sujet de l'organisation d'une émission de télé autour de Sarko. Bref, Sarko cède un pion qui ne lui coûte rien pour éviter de perdre une tour.

Très engagée sans doute dans la démocratie, RTL a emboîté le pas à TF1.

Et pendant ce temps-là, les deux quotidiens dits nationaux jusqu'ici réputés les plus honorables sont aux mains de marchands de canons et ils font campagne pour la bipolarisation, prélude sans doute de guerres juteuses.

Et on continue à tenter de nous crétiniser à grands coups d'états d'âmes de filles de magazines érigées en stars interplanétaires et de politicards ravalés au rang de staracadémiciens.

On veut nous vendre, en somme, un monde peoplaire et bipolaire et on nous prend pour des oies qu'il suffit de gaver.

J'avoue être las d'être pris pour un imbécile.

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12/02/2007

Politique du matin, chagrin.

Le passage de Santini chez Sarko donne au département des Hauts-de-Seine une singulière allure "bleu horizon". Il prouve l'intention totalitaire de Sarko, qui ne peut pas laisser d'existence à l'autre. Il ne sait que l'étouffer.

Sarko, les puissants ; Ségo, l'impuissance. Décidément, la France a besoin d'autre chose pour sortir du marasme.

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10/02/2007

La crétinisation repentante.

Après des mois de crétinisation militante, voici les puissants repentants.

On découvre soudain que les Français ont soif de parler, soif d'être écoutés. On découvre qu'il ne suffit pas de faire la couverture glacée des magazines populaires pour devenir populaire.

Et on se convertit à la va-vite au débat participatif (le mot est la mode) et à la prise de tête.

Ce serait rafraîchissant si cette prise de conscience n'aboutissait à de nouveaux mensonges. Car on n'a nullement l'intention de changer les méthodes en vigueur depuis le quart d'un siècle. On tente seulement de les présenter autrement. On fait amende honorable et on promet, on promet tout, comme un enfant qui veut à tout prix éviter la punition. La punition qui menace.

Relisons le texte de Victor Hugo que j'ai posté cette nuit, tiré de "L'année terrible". Il nous guidera pour répondre aux bonimenteurs.

Mais pour la littérature, il est trop tard : elle s'est déjà compromise. Elle a déjà vendu son âme pour un plat de lentilles. Elle gît, poupée de latex égarée dans la fange qui s'échappe d'elle.

Oh, je ne parle pas de tout le monde, je rappelle que j'ai des quantités de bons noms en tête. Mais je pense à ceux qui devront endosser le choix d'une infantilisation crapoteuse et d'une lénification complaisante. Ils ont choisi leur chemin et nous y ont entraînés avec eux. Aujourd'hui, devant le retour des réalités, ils sont désarmés : voilà que, dans les derniers chiffres publiés, certes deux romans de Dan Brown occupent les deux premières places des ventes, mais que s'il faut aller chercher, où déjà ? à la septième ou huitième place ? le premier roman français, lequel est-il, celui-ci ? Celui de Rufin. Celui qui parle du monde tel qu'il est.

La réalité en tête... On lui croyait le peuple engourdi si indifférent... Il faisait donc semblant ?

Attendons de voir si Dugain ne suivra pas le même chemin. Et d'autres...

Ah, si seulement on pouvait espérer la renaissance... Libre.

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À propos de Google.

Il m'a fallu quelque temps pour synthétiser mon opinion sur les projets de Google.

On sait que le Microsoft d'Internet numérise à marche forcée tout ce qui lui passe sous la main pour s'emparer d'une position inattaquable sur le futur marché du livre numérique.

Une note du 29 janvier dernier sur le blog de Livres Hebdo rend un compte précis du projet du mastodonte. Étant donné que Google a été invité au récent sommet de Davos, honneur réservé aux grands de ce monde, on peut décidément s'inquiéter pour le pluralisme culturel sur notre pauvre planète.

Voici donc le commentaire que j'ai déposé sur le blog :

"La question n'est pas que Google commercialise des livres électroniques. La question des droits patrimoniaux et moraux est bien sûr essentielle, mais ce qui est en cause est surtout la brutalité et l'absence de vergogne du puissant qui méprise tous les autres. Il y a là des pratiques qui ne relèvent plus de la loi du marché mais de celle de la jungle. "Pousse-toi de là que j'm'y mette".

"On retrouve là le même mécanisme que chez Microsoft qui incarne un véritable monopole dans ses secteurs, qui sont cruciaux, et ce monopole prouve l'insuffisance des seules règles du marché qui n'est pas capable de susciter le pluralisme dans le domaine de l'informatique.

"Qu'on me cite un seul cas où le monopole de la culture a produit de la démocratie et j'applaudirai.

"Or je n'applaudis pas.

"Il faut donc d'urgence des règles pour protéger le pluralisme. Et si c'était un enjeu de la prochaine présidentielle ?"

Les commentaires de ce blog sont filtrés. J'ignore s'ils publieront le mien. Mes lecteurs l'auront en tout cas lu. Restons vigilants. Pour la liberté.

Et si les lois ne viennent pas, il faudra bien que nous répondions à un état de fait par un autre état de fait.

02:20 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : liberté, internet, entreprises | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Encore un peu de Victor Hugo pour les insomniaques.

De "L'année terrible" :

Rois, larrons ! vous avez des poches assez grandes
Pour y mettre tout l'or du pays, les offrandes
Des pauvres, le budget, tous nos millions, mais
Pour y mettre nos droits et notre honneur, jamais !
Jamais vous n'y mettrez la grande République.
D'un côté tout un peuple ; et de l'autre une clique !
Qu'est votre droit divin devant le droit humain ?
Nous votons aujourd'hui, nous voterons demain.
Le souverain, c'est nous ; nous voulons, tous ensemble,
Régner comme il nous plaît, choisir qui bon nous semble,
Nommer qui nous convient dans notre bulletin.
Gare à qui met la griffe aux boîtes du scrutin !
Gare à ceux d'entre vous qui fausseraient le vote !
Nous leur ferions danser une telle gavotte,
Avec des violons si bien faits tout exprès,
Qu'ils en seraient encor pâles dix ans après !

Toute ressemblance avec des événements actuels est-elle fortuite ?

Qui sait ?

01:35 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

09/02/2007

Charlie Hebdo.

Je m'aperçois que j'ai oublié de dire que je soutiens aussi Charlie Hebdo. Leur intention n'est pas contre l'Islam, mais pour la liberté, me semble-t-il, liberté de caricaturer même les religions. Et c'est en ce sens que je les appuie.

13:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté, presse | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/02/2007

Le bien public.

Le règne de Louis XV a duré trop longtemps.

Les dernières années sont calamiteuses : perte de toutes les colonies continentales asiatiques et américaines en 1763, révolte des parlements l'année suivante, puis suspension desdits parlements... La France s'enfonce dans l'obscurité comme le roi dans la vieillesse.

Louis XVI veut trancher, c'est la rupture, il faut tout changer. Il ne va pas être déçu : tout va tomber, jusqu'à sa tête. Pour trancher, ça va trancher.

On commence par rétablir les parlements puis, comme il faut prendre sa revanche, on s'attaque à l'Angleterre à travers la guerre d'Indépendance américaine. C'est l'une des deux fois de l'Histoire où la France possède la première flotte militaire du monde. L'autre, c'est en 1939.

En cinq ans, les Anglais perdent le contact avec leurs colonies américaines. C'est la victoire. Pour les Américains, surtout.

Car l'État français sort du conflit tout ruiné. Comme toujours, la guerre n'a produit que de la misère.

Or un incident climatique grave dérange les récoltes suivantes. Le grain manque. À court de liquidités, la puissance publique ne peut intervenir sur le marché des blés, dont les cours s'envolent. Il s'ensuit une spirale d'inflation, de misère et de crise de liquidités.

De là est née la révolution.

Pour renflouer l'État, autant que pour des raisons idéologiques d'ailleurs recevables, on nationalise les biens du clergé. On pourrait croire que le Trésor public va s'en trouver plein. Pas du tout ! Les troubles civils nécessitent de coûteuses opérations de maintien de l'ordre et l'inventaire des biens, long et fastidieux, occasionne lui aussi d'abord des dépenses.

Enfin, quand on peut vendre, comme il n'y a déjà pas assez d'argent dans l'économie et comme on a déjà commencé à en placer à l'étranger par sécurité, la mise sur le marché des biens de l'Église assèche les dernières liquidités disponibles, la spirale d'inflation et de misère se change en tourbillon, en tornade, en ouragan.

On connaît la suite. Les transformations irréversibles, heureusement, mais aussi la guerre, inévitable.

Or nous y voici. Voici le stade où l'État chancelant ne peut plus faire face. Voici le stade où tout l'argent pris aux riches et aux moins riches ne parvient plus à parer à la plus élémentaire pauvreté. Le stade où tout ne sert plus qu'à l'immobilité.

C'est pourquoi chacun, en conscience, doit se demander s'il faut alourdir encore la barque de l'État : elle pourrait finir par couler.

Et ce seront forcément les pauvres qui trinqueront les premiers. C'est vraiment une question de conscience.

Pourquoi je dis ça, ici, au milieu de mes exposés littéraires ?

À cause de Lamartine, de nouveau, le fondateur du Bien Public. C'est lui, l'homme de la révolution de 1848. Lui le témoin des ateliers nationaux, des désordres budgétaires les plus absurdes, lui qui, enfin sorti (croit-il) de sa gangue d'intellectuel, dirige le pays durant plusieurs mois.

Hélas, il a outrepassé ses limites. Il ne comprend rien à la gestion. C'est bien, de savoir faire de beaux discours. Encore faut-il ne pas perdre le sens des réalités.

Et ses erreurs, toutes ses bonnes intentions, toute sa barque de l'État qu'il croit pouvoir charger, tout cela n'aboutit qu'à la victoire des ennemis de tous les principes qu'il a cru défendre : Cavaignac, puis Napoléon III, c'est-à-dire la réaction puis la tyrannie. Beau résultat pour l'homme du Bien Public.

Lamartine, abattu, puis ruiné, meurt seul, vingt longues années plus tard, un an avant la chute du Second Empire. Il n'aura pas vu le rétablissement de la République.

Y a-t-il de l'écho ? À chacun son idée. Libre.

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06/02/2007

Mozilla, linux, wiki, la liberté ?

La majorité des navigateurs qui mènent au port de mon blog sont des Mozillas (59,17%).

Il paraît que ce sont des navigateurs libres. Friand de liberté, je me suis enquis du mien, Safari : il paraît qu'il est libre aussi.

Tout ceci est plutôt réjouissant.

On a vu récemment le linux tenir salon. J'ai interrogé pour savoir ce qu'était le linux. Je n'y connais vraiment rien. On m'a dit : c'est une communauté de scientifiques qui s'emploie à fournir des logiciels gratuits pour permettre de desserrer l'étreinte financière de l'informatique, étant donné que les outils et la communication électroniques deviennent de plus en plus cruciaux, voire vitaux.

Décidément, voilà de bonnes nouvelles.

Le wiki m'était mieux connu, que l'on parle de collaboratif, de participatif, ou d'autre qualificatif, il s'agit de fournir, là encore, des outils permettant de déverrouiller le savoir, comme des bibliothèques publiques en ligne. Je pense que tout le monde connaît Beaubourg (le centre Pompidou pour les amateurs de noms officiels) ; c'est donc un peu comme si Beaubourg se mettait en ligne (avec d'ailleurs une prudence à conserver sur les info, comme toujours).

Il s'agit là d'un instrument de démocratie (au sens où Hugo l'entendait) autant que de progrès.

Il m'arrive de contribuer à Wikipedia, l'encyclopédie en ligne. Or j'ai lu, à la fin de la semaine dernière, sur le blog de fuligineuse, qui me visite de temps à autre et me donne ses commentaires, qu'un journaliste d'un "quotidien du soir" comme on dit à Paris, avait récemment égratigné cette initiative en la personne de la présidente de la fondation Wikipedia, une Française.

Ca m'a donné envie de contribuer désormais à Wikipedia sous mon identité civile, celle que mes lecteurs connaissent. C'est à visage découvert que l'on se bat pour la liberté.

09:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : liberté, internet | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/02/2007

Albert Cohen et les identités collectives.

L'histoire de Solal, personnage central d'Albert Cohen, s'étale sur plusieurs oeuvres ; on pense en particulier à "Mangeclous" et aux "Valeureux".

Tout commence au soleil des îles grecques, au Levant. Il y a là une communauté juive insulaire, bon enfant et fiévreuse, désordonnée et rêveuse. Tendrement ridicule.

Ces Juifs ont des liens avec la France, traces de l'Histoire. Ils en rêvent, ils en parlent avec de grands mots et force courbettes sincères. Ils finissent par y venir. Et c'est là que tout se gâte : Solal, l'enfant chéri de leur communauté, l'homme plus intelligent que les autres, le malin, doué pour la belle parole et la finance, le cerveau, le dandy aussi, va se diviser entre son appétit mondain et ses racines sans cesse surgissantes, cette famille encombrante et baroque qui horrifie la "bonne société" européenne, qu'elle soit d'ailleurs française ou suisse.

Solal, cyclothymique, dépressif, mais brillant et chanceux, beau aussi, gravit sans cesse les échelons de la fortune, puis reperd tout, s'enfuit dès qu'il voit reparaître ses racines, qu'il a pourtant cherché à enfouir toujours (fût-ce physiquement) dans le sous-sol de sa maison ou dans l'arrière-fond de son cerveau. Avec ses racines, il fuit aussi la femme qu'il aime, qui en est à la fois l'opposé et le miroir.

Finalement, il est question du retour vers la Terre Promise. Libération illusoire ?

Avec Solal, toujours, l'individu qui croit avoir atteint lui-même, et seul, son accomplissement, se retrouve hanté par la pression de sa communauté. Peut-il vivre sans elle ? Mais comment vivre avec elle ? Comment vivre, surtout, à la fois avec elle et avec les autres, ceux qui n'en sont pas ?

Cette question n'est pas que pour les Juifs. Elle concerne tout le monde. L'émancipation de la personne, l'harmonie de sa vie avec ses proches et avec de plus lointains, le malaise identitaire, la pression du groupe sur l'individu, la solidarité aussi, tout cela résonne en chacun de nous.

Et puis, Albert Cohen écrit parfois si joliment. Et "Belle du Seigneur". Et "Le livre de ma mère"...

Pour le soleil, on lira Solal, une plongée dans les eaux turquoise de la Méditerranée qui, de ce point de vue-là, ne peut être comparée qu'avec le "Graziella" de Lamartine. C'est un livre tout simplement délicieux.

Une fois qu'on a goûté à "Solal", on ne peut plus se passer de lire les autres ni de se demander comment on peut espérer vivre libre.

15:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auteurs, histoire, liberté | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook