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26/03/2009

Hadopi : ce que nous ne voulons pas voir sur Internet.

Internet n'est pas un monde uniforme, ni un support univoque : c'est avant tout un support technique et, dans le débat en cours, on l'oublie trop souvent, car nous sommes des militants d'un mode de vie conceptuellement attaché à ce support technique. Pour nous, c'est évident, ce qui compte, c'est l'usage gratuit, gratuit à la fois pour le destinataire et dans les motivations de l'émetteur de contenu. Mais il faut catégoriser les types d'usage des oeuvres de l'art et de l'esprit. Trois catégories dans cette première approche : une transmission gratuite et sans but lucratif, une transmission à but lucratif organisée par une PME, une transmission à but lucratif organisée par un mastodonte.

Que Google rémunère grassement les auteurs ne me choquerait pas, bien au contraire (il ne le fait pas pour le moment, parlez-en à Alain Absire, président de la Société des Gens de Lettres). Qu'une équipe entreprenante découvre une petite niche et s'y taille un revenu modeste (de préférence sous la forme d'une fondation ou assimilé), et qu'elle ait à coeur de veiller à la rémunération des auteurs ne me choque pas non plus.

Mais dès lors qu'il n'y a aucun but lucratif, on se trouve dans le nerf même de l'Internet : la philosophie d'Internet, plus encore que le partage (qui est une valeur morale), c'est la propagation. La circulation gratuite des oeuvres sur Internet est utile à leur commercialisation ailleurs, parce qu'elle les propage. Cette propagation a une part de mystère. J'en parlais hier soir lors de la République des Blogs avec Mathieu, et en définitive, il est apparu que la seule comparaison possible pour illustrer l'influence diffuse d'Internet, ce sont les "réunions tupper-ware" mises au point aux États-Unis dans les années 1950. La propagation à partir de ces petites réunions est exponentielle, par pure capillarité. Le caractère viral d'Internet est cette capillarité, imperceptible, non mesurable, mais réelle, qui a le pouvoir de contaminer le reste de la société au viral internétique.

Donc il n'y a pas d'opposition du gratuit au vénal, les deux se faisant mutuellement la courte échelle.

Et lorsque des profs s'organisent pour faire circuler des textes pédagogiques, lorsque des gamins se balancent des morceaux en MP3 qu'ils trouvent super, franchement, est-ce que ça vaut la peine de déranger la justice pour ça ? N'a-t-elle pas mieux à faire à s'occuper des trafiquants de drogue, par exemple ?

Ce que nous ne voulons pas voir, c'est ce qui risque de se produire : que l'introduction en mode aigu de la notion de droit d'auteur sur Internet y compris dans les échanges gratuits aboutisse à tarir ces échanges gratuits, qui cesseraient forcément de l'être. Et dès lors, les entités lucratives de petite taille, comme cela s'est produit pour les radios libres, seraient elles aussi mangées par les plus grosses, et finalement, on aboutirait au contrôle d'Internet par les géants de l'économie, les mêmes qui contrôlent le reste du monde. C'est cela que nous voulons éviter et c'est la gratuité que nous voulons protéger et favoriser.

Reste à savoir, d'une part, ce qui est rémunéré, d'autre part comment dégager une masse financière et affecter cette masse financière.

Sur la première question, comme le faisait justement remarquer Buildfreedom voici quelques instants sur le blog de Quitterie, pour consolider la gratuité sur Internet, il suffirait d'un régime légal prévoyant un droit commun de gratuité sur Internet, sauf dispositions contractuelles contraires. L'élaboration d'un cadre réglementaire pour éviter que ces contrats contraires ne soient soumis à des logiques léonines relèverait des acteurs traditionnels : par exemple la SGDL pour les oeuvres littéraires, la SACD pour les oeuvres dramatiques (et assimilées), la SACEM pour les oeuvres musicales, l'ADAGP pour les oeuvres picturales, etc., chacun de ces acteurs proposant des dispositions-type sans empiéter sur le pouvoir de contrôle réservé aux juridictions ordinaires des contrats civils.

Ces dispositions contractuelles dérogatoires concerneraient l'usage sur Internet à but vénal, qu'il propose ou non la gratuité pour les utilisateurs finaux. Il s'agirait de souligner le caractère de droit de l'homme de la propriété intellectuelle, et de donner un cadre à l'exercice de ce droit qui soit cloisonné en fonction du type d'usage.

Il est évident que ce principe n'aurait de valeur que s'il aboutissait à une convention de l'OMC ou de l'ONU, universelle en tout cas.

Une fois établi ce cadre, reste l'épineuse question de la perception des droits des auteurs, d'une part, et de la compensation pour les auteurs du principe de gratuité (financement et affectation).

La perception des droits des auteurs dans la partie lucrative de notre sujet est un problème complexe, parce qu'Internet est un phénomène global à l'état natif, qui ignore les frontières. La pratique actuelle n'est pas satisfaisante et les entités énormes qui s'en mettent plein les poches devront apprendre à partager, mais il semble que, là encore, seule une convention mondiale puisse aboutir à ce résultat.

La compensation du principe de gratuité pour les auteurs est un sujet infiniment plus complexe encore, puisqu'il s'étendra progressivement à tous les domaines de l'art et de l'esprit.

Le principe de la licence globale a le mérite de la simplicité : il s'agit en fait d'une taxe forfaitaire, dont la répartition pose des problèmes techniques qui ne paraissent pas insurmontables. En amendement à cette proposition, il faut classer celle de Stallman et Muguet rapportée notamment par Quitterie, qui permettrait aux internautes d'affecter eux-mêmes une partie de l'enveloppe du produit de la taxe qu'ils subissent.

Mais la licence globale a un grave inconvénient : elle renforce la fracture numérique, et devrait être accompagnée d'un effort de baisse des prix des FAI, faute de quoi, on courrait au gouffre.

Enfin, il faut souligner que nombre d'internautes souhaiteraient aujourd'hui que soit expérimenté un autre modèle encore : celui qui autoriserait l'internaute à contribuer financièrement et directement soit auprès d'un artiste, soit auprès d'un label ou d'un lieu de spectacle, etc. Il me semble que la solution la plus simple serait en fait de décréter un moratoire de cinq ans à l'exercice des droits d'auteur sur Internet, et à aider techniquement à la mise en place de ces financements de type associatif, sur le mode du volontariat. On pourrait même imaginer (selon une partie du schéma Stallman-Muguet) une période d'expérimentation avec une option ouverte aux artistes : émarger au mécénat global ou préférer le financement direct par les internautes. Voilà une expérimentation qui aurait de la gueule et nous éviterait de succomber aux oukases du passé contre l'avenir.

En somme : oui à la formule licence/mécénat global(e) à condition que baissent les tarifs des FAI. La gratuité de l'usage des oeuvres sur Internet devrait être le principe et sa vénalité la dérogation soumise au droit ordinaire des contrats civils. Oui à une formule d'expérimentation permettant aux artistes d'opter soit pour la compensation de l'usage gratuit de leurs oeuvres par le fonds du mécénat global, soit pour le financement volontaire et libre par les internautes via un guichet individuel et selon un montant libre.

Hadopi : retour devant l'Assemblée dès lundi 30.

Les socialistes ont renoncé à se battre contre la "réforme" du travail parlementaire. Conséquence (inattendue ?) de leur renonciation : alors qu'en se battant, ils auraient pu faire gagner encore du temps contre le projet Hadopi, eh bien, puisque le débat sur le travail parlementaire est raccourci, celui sur la Hadopi est avancé, anticipé. Bravo, messieurs les politiques : encore une belle démonstration d'intelligence, qui prouve à quel point le jeu de l'opposition et de la majorité est purement formel et vide.

(Source via Authueil - in commentaires)

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24/03/2009

Hadopi : j-7, mobilisation et contre-proposition.

À huit jour du retour prévu du projet dit hadopi devant l'Assemblée Nationale, maintenons la pression et soyons attentifs aux contre-proposition, en particulier celle qu'a relayée Quitterie.

 

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23/03/2009

Hadopi : petite revue de blogs.

Autour du calamiteux Salon de l'Internet organisé par son frère, la sous-ministre du numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, a fait une offiensive médiatique pour faire savoir qu'elle ne disait rien à propos de la Hadopi, mais qu'elle n'en pensait pas moins. J'ai déjà relayé l'off d'une interview via Readwriteweb, on peut aussi aller sur France 4 voir le Belattar Show (où NKM succède à distance à Quitterie), et lire l'article de Sylvain Lapoix ou celui de Bluetouff.

Je vous recommande l'excellent article de Fred Galliné sur la réalité actuelle de la "consommation" de musique, qui révèle la totale inadéquation du projet de loi aux réalités.

Or le projet Hadopi ne peut pas sérieusement concerner autre chose que l'édition musicale, puisque le marché des ventes de places de cinéma est globalement stable depuis vingt ans au moins, et que les éditeurs de livres affichent de très bons résultats pour 2008 et le début 2009...

Dans un tout autre ordre d'idée, courez lire l'article d'Éric Mainville sur la nouvelle façon de débattre sur Internet, le microblogging et l'émergence de Twitter.

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22/03/2009

Hadopi : quelques liens à savourer (surtout la gouleyante cuvée Hadopi !!)

Jules de Diner's Room livre une réflexion très détaillée sur le téléchargement vu sous l'angle de la délinquance de masse.

Fabrice Epelboin, l'un des pirates au gouvernail, mais ici sur son blog readwriteweb, retranscrit la version off d'une interview de NKM (à ne pas confondre avec NTM...), ministre du numérique.

The Redge Blog fournit une désopilante vidéo qui pirate le film Brazil pour faire mieux comprendre l'absurdité du principe de la loi Hadopi.

Je trouve chez Korben un message de Bacchus (alias Bacchos Dionisiklès si ma mémoire hellénique est bonne), qui propose de lever le coude à la santé de la Quadrature du Net. Il y a un jeu-concours, bref, courez-y. J'espère que le vin est bio, ne fût-ce que pour faire plaisir à Quitterie.

En somme, je vous fournis un article de fond, une entrevue avec une jolie femme (moins que Quitterie d'ailleurs, mais tout de même), un film et une bonne bouteille. Elle est pas belle, la vie ?

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20/03/2009

Quitterie : "se fédérer pour construire".

Dans cette autre vidéo du Social Média Club (merci Abricocotier) dont j'ai déjà commencé à rendre compte, dans un débat sur l'influence d'Internet, Quitterie "trouve sain que les gens se réapproprient la parole publique", ce qui nourrit le rôle d'Internet, et elle conclut sur la fonction fédératrice d'Internet pour des mobilisations de l'opinion : "Est-ce qu'on est capable d'aller plus loin ? de se fédérer pour construire ?"

 

Hadopi : quelques bonnes lectures.

À ceux qui prétendent que le téléchargement est nuisible à l'économie culturelle, un rapport officiiel, commandé par le gouvernement néerlandais, donne un démenti catégorique : le téléchargement illégal rapporte aux acteurs culturels.

Un site s'est créé pour inciter les internautes à un "download day" (journée du téléchargement), où échanger publiquement des fichiers dans les rues par tous les moyens possibles.

Jean-Bernard Magescas, dont j'avais parlé à propos de l'anniversaire d'une défunte et première télé sur le net, et qui quitte la présidence du réseau FON, donne une interview remarquée et alarmiste à écrans.fr.

C'est bien entendu l'occasion de relire la proposition de Francis Muguet et Richard Stallman et ce qu'en dit notre excellentissime Quitterie.

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19/03/2009

Vais-je arrêter l'expérience "Google Ads" ?

Depuis le début du mois, j'ai fait l'expérience de placer la pub Google sur mon blog. Idée saugrenue, me direz-vous. Peut-être.

Il y avait à cela trois raisons : la première, c'est que je suis comme tout le monde, j'ai besoin de faire rentrer des liquidités. La deuxième, c'est que plus on attire de pub sur Internet, plus on accélère le mouvement de transfert du lectorat des médias périmés vers Internet. La troisième, c'est qu'il n'est question partout que de recherche d'un modèle économique de la gratuité sur Internet, et que l'expérience me permettait de contribuer aux débats sur ce sujet, en connaissance de cause.

Côté argent, autant le dire tout de suite, c'est plus que décevant : 1,46 Euro comptabilisé en deux ou trois semaines, c'est quasi-négligeable, compte tenu du fait que l'espace occupé par la pub sur mon blog le serait mieux par des info plus intéressantes pour ma ligne éditoriale. C'est d'autant plus étonnant que j'ai entendu, au cours du Salon du Livre, prononcer le chiffre de 1 milliard d'Euros pour évaluer le montant global de la pub sur Internet (je pense que c'est en France), dont 70 % contrôlés par Google. Étant donné le peu d'intérêt de nombre de pub que j'ai vues passer, j'en reste perplexe. Et je dois dire que je reste perplexe aussi du mode de comptabilisation : au clic sur la pub, et seulement au clic, ce qui me paraît injuste, compte tenu, là encore, de la visibilité donnée par mon blog et les autres à Google, visibilité qui contribue à renforcer l'image de position dominante de Google. M. Jannet, responsable des plateformes du "Monde" sur Internet, expliquait qu'une grande partie du revenu de sa société provenait non pas d'une pub "au clic", mais d'une pub de démarche traditionnelle : Gallimard trouve estimable d'associer son image à celle de la plateforme numérique du "Monde" et paie donc un espace visuel pour cela. Autrement dit, ce type de fonctionnement classique est possible sur Internet, mais n'est encore pratiqué qu'à l'état marginal. Faut-il donc créer de nouvelles régies publicitaires qui bousculent le modèle Google ? est-ce là la façon de trouver enfin ce fameux "modèle économique" et serpent de mer d'Internet ?

Pour le transfert du lectorat, j'y ai visiblement peu contribué, en tout cas par mon apport au chiffre d'affaires de la pub.

Enfin, il y a deux autres raisons, plus profondes encore, pour lesquelles j'envisage sérieusement d'interrompre cette expérience.

La première, c'est le "flicage" de l'internaute. Jusqu'ici, Google annonçait vouloir calibrer ses pub en fonction du contenu de mon blog. De fait, quand j'ai parlé du Salon du Livre, j'ai vu apparaître de sympathiques pub liées au livre. Un peu auparavant, j'avais traité de la question du Proche-Orient, ce qui avait amené une vaste pub pour "rencontrer des femmes musulmanes" (sic, et c'est de loin la pub qui m'a été la plus rentable : un seul clic là a fait plus de 40 centimes..., mais le communautarisme m'a dérangé). Et dès que je parle de Quitterie, tout clignote pour des voyages interminables et féériques à Venise, ce qui prouve que Google n'est pas si mal conçu que ça. Or cette façon de procéder, qui n'était pas bête, ne suffit pas à Google, vu qu'elle donne des résultats très faibles. On m'a donc fait savoir que, dorénavant, on allait programmer sur mon blog des pub qui tiendraient compte du comportement antérieur des internautes qui passent chez moi. Cette façon est déjà choquante chez Facebook, mais n'y concerne que les info internes du mdia social. Avec Google, il s'agit d'un flicage universel à usage commercial, c'est Big Brother à l'état brut. Et c'est contre quoi on a créé la CNIL en 1978, soit dit en passant. Que fait donc la CNIL ? Pourquoi n'introduit-elle pas des actions contre Google ? Pourquoi n'informe-t-elle pas au moins les internautes ? En tout cas, me rendre complice de ce forfait ne me paraît guère acceptable.

La deuxième raison, c'est que, de nouveau, j'envisage de faire une pause dans la tenue de ce blog. Pourquoi ? Eh bien, tout simplement, parce que je n'ai pas grand chose à dire. Les affaires du MoDem, maintenant que Quitterie n'y est plus, ne me passionnent plus guère, l'actualité générale ne mérite même plus que je pisse sur le gouvernement, "que je pisse comme je pleure" (chantait Brel), et la raison principale pour laquelle je me suis pris au jeu de ce blog, c'était le soutien de l'action de Quitterie. Or le mode d'action choisi aujourd'hui par Quitterie (qui est son droit le plus entier et parfaitement légitime) n'est pas compatible avec la notion d'un soutien adressé à elle en particulier. Donc que dire ?

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Hadopi : contreproposition de deux papes du "Libre".

En préambule, je tiens à dire que les professionnels du spectacle qui fustigent et stigmatisent les internautes sont aussi ceux qui, d'une manière courante, consomment des quantités de produits prohibés, ce qui fait que leur plaidoyer pour la légalité est tout de même paeadoxal. Au-delà même, à travers cette consommation, ils engraissent l'industrie du crime, ce qui pèse lourdement sur notre société où le pouvoir des mafias ne cesse de s'accroître. Il me semble que l'influence des société criminelles est bien pire que le téléchargement organisé par des gamins qui ne peuvent pas se payer de disques. On est là dans une autre dimension.

Ce préliminaire posé, je relaie la proposition de Francis Muguet et Richard Stallman que nous a transmise Quitterie. C'est une solution souple, ouvrant des possibilités multiples. Je suis d'accord avec Quitterie.

18/03/2009

Internet est désormais bien implanté au Salon du Livre.

Les premières années de ma venue au Salon du Livre en tant qu'éditeur, je remarquais la relative grise mine d'un secteur qui se sentait assiégé par des logiques qui le dépassaient et qui, par ailleurs, souffrait de méventes croissantes. Il me semblait alors qu'Internet et le livre numérique étaient les deux turbos qui pourraient relancer la machine, mais quand je disais ça aux gens que je connaissais, ils faisaient encore plus grise mine : chez Grasset, on est aussi diffuseur, et la place des diffuseurs dans le nouveau dispositif organisé autour du numérique et d'Internet est incertaine, c'est en fait un nouveau métier auquel la culture du monde actuel de l'édition n'est pas préparée.

Or le fait qu'un site comme evene.fr (qui revendique 2,7 millions de visiteurs par mois) soit présent sur le Salon donne une indication sur ce qui va se passer : la joyeuse bande d'evene.fr, tous des jeunes qui s'y connaissent en livres (je donnerai très prochainement une vidéo sur eux), et dont les filles sont plutôt jolies (mais moins que Quitterie), va certainement essaimer dans le monde de l'édition qui, peu à peu, va se laisser gagner par la culture d'Internet, avec sa logique de gratuité et de réciprocité. La Société des Gens De Lettres (SGDL), elle, coorganisatrice d'une partie du salon, est en tout cas convaincue de l'irréversibilité du processus de gratuité sur Internet et l'a montré en manifestant son scepticisme sur le principe d'Hadopi, mais elle s'interroge sur de nouveaux modes de rémunération des auteurs.

Le cas du livre numérique est plus complexe. Je donnerai bientôt une vidéo sur Numilog qui complètera la filière du livre numérique : l'auteur, puis l'éditeur, puis l'encodeur (Immanens p ex, sur qui j'ai donné une vidéo, ce rôle correspond mutatis mutandis à celui des ateliers de composition), puis le diffuseur (en l'occurrence la plateforme Numilog), puis le choix entre deux résultats finaux : le livre numérique ou le livre papier à la demande.

Pour le livre numérique, Sony (très présent avec un vaste stand luxueux) ou l'historique Bookeen, en attendant le Kindle d'Amazon et les formules sur téléphone portable, en particulier sur Iphone (mais je n'ai vu ni Amazaon ni Apple encore sur le salon). Formules de téléchargement direct ou chez le libraire (via une clef USB et un code avec accès à des livres sous DRM). Deux formats possibles : un format Adobe à vocation universelle et interopérable, ou le format Amazon (qui va certainement exciter beaucoup les pirates).

Pour le livre papier, impression à la demande du libraire ou de l'éditeur (Books on Demand, une société allemande présente sur le salon, mais plus chère que Lulu.com, présent l'an dernier, et qui offre des prestations sensiblement semblables), ou du client (Lulu.com encore).

On voit fleurir aussi des sites de BD ou d'autres spécialités paralittéraires, et l'implantation sympathique de sites associatifs dont j'ai rendu compte (WebLettres et Sesamath).

Enfin, les institutionnels tiennent leur rang, comme Electre, Tite-Live, ou la BNF, dont le catalogue libre en ligne (Gallica) ne cesse de s'étoffer.

Pardon pour tous les liens qui manquent, mais le temps me manque, lui aussi, autant que Quitterie.

L'information entre Moyen Âge et Réforme.

Comme le Salon du Livre s'achève aujourd'hui, le temps des bilans commence, je vais faire quelques notes pour en tirer mes propres enseignements et organiser mon stock vidéo en quelques sujets.

Dès à présent, j'ai envie de donner mon opinion sur ce qui est à l'évidence la préoccupation centrale du monde économique et politique à propos de la circulation de l'info et de la connaissance sur Internet : le concept de "validation". Je l'ai entendu aussi bien au sujet des encyclopédies (la critique de Wikipedia) que des info en ligne (blogs et autres médias).

La "validation", c'est l'autre nom du "contrôle". Il s'agit d'une info dûment contrôlée, comme on contrôle les billets dans le train. Évidemment, parce que nous avons mauvais esprit, nous pensons que cette info "contrôlée" (dans le sens d'"évaluée") est aussi "contrôlée" (dans le sens d'"assujettie"). L'idée que les médias traditionnels sont soumis à des logiques de pouvoir qui ont plus de rapport avec la propagande qu'avec l'info est certainement à l'origine du succès qu'a connu Internet dans l'affaire du traité européen en 2005 : les gens étaient persuadés qu'on leur mentait et ont cherché sur Internet (dont personne ne se méfiait) la preuve de ce mensonge, les arguments qui le démontraient.

Si l'on doit chercher ce qui est entendu par les tenants de l'ordre actuel (qui défendent ce concept de "validation"), il faut y voir une évaluation de forme et de fond qui est supposée faire du professionnel (journaliste p ex) le garant de la fiabilité de l'info. L'incompréhension vient du fait que c'est ce statut de professionnel qui justifie la suspicion, parce qu'il contient, avec la dépendance matérielle, les compromissions subies par le journaliste sous la pression des logiques de pouvoir politiques et économiques.

Ce qui m'a frappé en écoutant les débats qui tournaient autour de ce sujet que l'on sent lancinant parce qu'il sape les fondements du système ancien, c'est qu'ils aboutissaient à un concept théologique : la "médiation".

La médiation, pour l'Église catholique, c'est le fondement même de l'Église. Le Christ assume une médiation vers la Père et l'Église assume une médiation vers le dieu trinitaire. Dans le concept catholique, on ne va vers Dieu qu'à travers la médiation de l'Église dont c'est la mission centrale. Et la Réforme, c'est l'accès direct du fidèle au divin, à travers en particulier l'accès à la bible.

Les médias, comme leur nom l'indique, sont des entités de médiation. Ils trouvent une pierre brute, en laquelle ils voient une info. Leur boulot est de ciseler cette pierre pour la proposer en produit fini au public. Cette transformation du brut en fini est leur médiation.

Mais de même que le rôle de l'Église n'était pas réellement tenable, le rôle de la médiation journalistique ne l'est pas non plus. Car la mission du journaliste n'est pas en fait de raffiner l'info : c'est que le citoyen l'ait. Dès lors que le citoyen est assez grand pour la comprendre par lui-même, le rôle médiateur du journaliste, qu'il le veuille ou non, s'efface, le besoin de raffinage est moindre. Cela ne signifie pas qu'il n'y aura plus de journalistes professionnels, mais que le champ de leur compétence se déplace, qu'il s'approfondit dans certains domaines et qu'il disparaît dans d'autres. Et on voit bien pourquoi les sites qui se bornent à débiter de la dépêche AFP (comme Orange.fr) ont un tel succès : ils fournissent l'info au plus près des faits. Si le citoyen conteste la sélection d'info, il va chercher autre chose, et c'est peut-être là, dans cette fonction d'aiguillage et d'interprétation, que, comme les blogs, les journalistes trouveront de nouveaux beaux jours en plus de ce qui devrait être le coeur de leur métier : l'enquête.

Selon la phrase de Victor Hugo que j'ai placée en exergue (et qui vaut aussi bien pour la connaissance que pour l'info), dès lors que "tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie". On comprend qu'il soit difficile aux journalistes d'admettre que, désormais ,"tous ont accès aux lumières du savoir", et que si les gens ne l'ont pas, cet accès, le monopole du décryptage n'est plus dans les spécialistes, mais qu'il se trouve dans la société civile incarnée notamment par les blogs, comme cela était difficile à l'Église d'admettre que les fidèles étaient assez grands pour lire la bible eux-mêmes. Une fois que ce fait sera intégré à leur mode de raisonnement, l'articulation entre les différents moyens de gestion de la connaissance et de l'info sera plus évidente.

Pour le moment, on en est à l'étape préliminaire, entre le modèle médiéval et celui de la Renaissance, entre Moyen Âge et Réforme.

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17/03/2009

Les "liens" des blogueurs rapportent 200 000 Euros par an à "lemonde.fr".

Aujourd'hui, entre autres conférences, un intéressant débat animé par Karine Papillaud sur l'économie et le contenu de l'info sur Internet, un peu le pendant de la conférence sur les encyclopédies en ligne. Je donnerai des extraits vidéo de ce débat un peu plus tard, mais j'ai du retard dans le traitement des vidéos et mon ordinateur déborde, il faut que je le vidange d'abord...

Il m'a cependant paru judicieux de rendre compte sans tarder d'un fait : lemonde.fr et sa plateforme lepost.fr cumulent 4 millions de visiteurs uniques par mois. Le responsable qui chapeaute le tout (je retrouverai son nom en diffusant la vidéo) indique que cet ensemble (lemonde.fr, les blogs y affiliés et les pages lepost.fr) gagnent ensemble 3 millions d'Euros par an. Or comme il se vantait de n'être que très peu dépendant de Google (qui est pour lui le monstre et l'abomination réunis, mais dont les requêtes ne procurent que 12 % des entrées sur les sites en question), je lui ai demandé une autre statistique : un blog, avec son clic, ça ne pèse pas beaucoup, dans de telles statistiques. Mais l'ensemble des blogs, avait-il le chiffre ?

Oui, il l'avait : ce sont un peu plus de 6 % de visiteurs qui proviennent de blogs et assimilés (twits etc.). Disons un quinzième, ce qui, rapporté à 3 000 000 d'Euros, représente 200 000 Euros par an procurés par les liens des blogueurs au "Monde" sur Internet. Voilà qui permet de quantifier l'impact que pourrait avoir, par exemple, une grève des liens si elle était bien suivie...

Pierre Haski a précisé que, pour Rue89, les liens apportaient bien plus de visiteurs que Google. Dont acte. On ne lui en veut pas de la couverture faible de la dernière actualité de Quitterie (il paraît que la journaliste compétente n'était pas là).

Il est vrai qu'un site comme Rue89, militant pour le modèle gratuit (contrairement à celui du "Monde" qui cependant, à travers "lepost" a finalement mieux traité la décision de Quitterie), est bien plus proche des valeurs pour lesquelles nous nous engageons avec Quitterie.

13/03/2009

Hadopi : manif et récupération partisane.

Ayant vu sur Betapolitique ce matin qu'un socialiste avait lancé l'idée d'un rassemblement devant l'Assemblée Nationale contre le projet Hadopi, j'ai eu l'idée de m'y rendre après l'avoir annoncé sur mon blog (et noté que d'autres invitaient à s'y rendre aussi, notamment en twittant sur leur profil Facebook).

Le rendez-vous était pour 18 heures précises. À 18 heures précises, nous étions huit, sept plus moi. J'ai connu des foules plus denses.

L'un des autres (je n'en connaissais aucun) m'indiqua qu'il venait en fait d'apprendre que l'horaire avait été changé en cours de journée, et que le départ était pour 18 heures 30. Quelques minutes plus tard apparurent de jeunes militants socialistes avec des drapeaux. Je crus d'abord que c'était l'UNI (écrit en rouge sur blanc), mais évidemment, ça ne pouvait pas être l'UNI, c'était les MJS, un groupe.

D'autres gens venaient, d'un peu tous les côtés.

Pour ceux qui ne le savent pas, l'expression "devant l'Assemblée Nationale" est des plus ambiguës et peut concerner trois endroits : côté place de la Concorde (en fait devant la buvette), côté rue de Bourgogne (et donc devant l'entrée principale), ou... sur le côté. Et "devant l'Assemblée Nationale" veut dire "sur le côté", dans un triangle bordé vers l'Assemblée de barrières de fer de la préfecture. Une grosse masse de gens se joignit à nous qui étions là, lorsqu'on s'aperçut là-bas (devant la buvette) que le devant se trouvait sur le côté... Il faut excuser les internautes, ce ne sont pas des professionnels de la manif, ils n'ont pas l'habitude.

Enfin, sauf quelques-uns.

Car les MJS avaient préparé banderoles, masques, écriteaux, chansons, du travail de pro (à l'échelle modeste de vingt militants). Ils s'en donnaient à coeur joie sous l'oeil de la caméra de la Chaîne Parlementaire.

Mais cet activisme incommodait les autres, les geeks, les gens venus pour la cause, sans mot d'ordre, sans étendard. Nous aurions pu être reconnaissants au PS du travail qu'il fait à l'Assemblée (et nous le sommes), mais nous étions franchement dérangés par ce qui ressemblait trop à de la récupération. La volonté de la ligne rose de se joindre aux autres groupes pour donner à croire à la caméra que les vingt militants en étaient 150, alors qu'il y avait vingt militants et 130 personnes autres, était plus qu'agaçante et, à chaque fois, les autres se déplaçaient pour n'être pas amalgamés. Erreur de communication, donc, de la part des militants.

Ce sont les gens de la Quadrature du Net qui, les premiers, ont manifesté leur mécontentement de la récupération. Ils étaient venus à cinq (les fameux "cinq gus" sortis de leur garage) et commençaient à lancer d'autres slogans : "Des millions de gus dans un garage ! Télécharger c'est notre liberté !".

À vrai dire, le débat entre eux n'était pas que de territoire : le PS se mobilise pour la "licence globale", tandis que la Quadrature s'investit pour la liberté pure et simple. Débat sémantique ? Pas du tout !

En en discutant, je me suis rappelé que, il n'y a pas si longtemps, pendant la campagne présidentielle, nous aussi, nous dénoncions la "fracture numérique", nous aussi, nous voulions mettre Internet à la portée de tous, faire baisser les prix de l'accès à l'Internet (et pourquoi pas des formules gratuites ?)

Je me faisais la remarque que, avec la victoire de Sarkozy, c'est comme si tous nos projets s'étaient dissipés en même temps, comme si nous avions perdu nos cerveaux, nos bras, nos rêves, comme si une chappe de plomb s'était abattue sur nous, une fatalité insurmontable donnant le surnom d'impossible à tout ce que nous avions voulu jusque-là.

Et si, parmi les projets concrets que Quitterie souhaite tant nous voir échafauder, il y avait cela : des FAI alternatifs capables de proposer l'accès à l'Internet à prix coûtant, voire gratuit ?

Et c'est en songeant à cette idée que m'est venu à l'esprit le problème de la licence globale : elle ajoute 5 Euros par mois au coût supporté par les abonnés. Autrement dit, elle renforce la fracture numérique, c'est une mesure élitiste. Nous qui voulions proposer la connexion à 5 Euros maximum pour les fauchés, nous nous retrouvions avec une connexion à 35 Euros pour nourrir les milliardaires du showbiz sarkozyste, ce qui est le paradoxe de la propostion socialiste (qui leur a échappé, c'est évident).

La Quadrature est tellement plus dans l'esprit du net. D'ailleurs, ils n'étaient pas venus nombreux, mais spontanément, beaucoup d'autres se sont rapprochés d'eux parmi les manifestants (silencieux).

Bref, après les MJS et les joyeux gus de la Quadrature, j'avisai un troisième pôle : deux jeunes tenaient un grand rectangle noir, sous lequel ils avaient inscrit en gros une IP, sous-titrée : "C'est mon IP, j'ai téléchargé".

Je supposai que c'étaient des signataires du Pacte du Réseau des Pirates.

J'avais raison. Je commençai à parler avec eux et, comme j'expliquais, d'autres "pirates" signataires sortaient des rangs anonymes pour se grouper avec nous, et je voyais que nous nous ressemblions (enfin, j'étais de loin le plus vieux...).

Voilà, que dire d'autre ? Je ne suis pas resté très tard : un peu après 19 heures, je suis parti vers un cinéma. Entre-temps, j'avais salué Valerio Motta (vu la veille à la Cantine), Samuel Authueil sorti tout souriant de l'Assemblée pour distribuer des invitations à la séance pour ceux des manifestants qui souhaitaient y assister, j'ai aperçu Ronald aussi.

Ce que j'ai trouvé ridicule, ce sont les gardes mobiles qui se sont déployés avec leur boucliers de plexi et un air plus que martial, comme si on avait eu une tête à transporter des cocktails molotov entre deux micro-ordinateurs.

Mais comme l'a fait remarquer quelqu'un, les gendarmes sont sous linux, alors total respect.

C'est vrai.

Voilà, je suis revenu du cinéma (dont je parlerai un peu plus tard), et il me reste cette idée : est-il absolument impossible de créer des FAI pour le hyperfauchés ? des accès entre 0 et 5 Euros ?

Il faudra que j'en parle à Quitterie.

12/03/2009

Quitterie sur le pouvoir d'Internet et le monde nouveau (hier soir).

J'ai l'impression d'avoir raté mon accroche pour cette vidéo, je la signale donc de nouveau : elle se trouve dans la note précédente. v

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Social média et démocratie.

La conférence de presse d'hier a précédé une conférence prévue de plus longue date du Media Social Club France, où plusieurs des pirates s'exprimaient, dont Quitterie. Voici les images :

 

19/02/2009

Téléchargement illégal : vers une commission d'enquête parlementaire ?

Va-t-on s'orienter vers une commission d'enquête parlementaire ciblée sur l'exploitation illégale de films en streaming ? C'est en tout cas l'idée de Frédéric Lefebvre (que peut-il bien avoir derrière la tête ?) soutenue par des acteurs corporatifs majeurs du secteur (source).

09:57 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : médias, téléchargement, piratage, hadopi | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/02/2009

Et si nous étions les journalistes de demain ?

Comme promis, voici mes réflexions à propos de la note d'Éric Mainville d'hier : il soulignait la vulnérabilité croissante qu'éprouvent les journalistes devant des méthodes et des moyens de communication des "grands" acteurs politiques et économiques, ce qui renvoyait d'ailleurs à la note de Quitterie sur l'instrumentalisation des médias lors d'opérations de police ou de justice.

Éric, d'une façon quasi-provocante (ce qui ne lui ressemble guère), s'interrogeait : et si les journalistes disparaissaient ? La presse traditionnelle est dans une santé très fragile partout, les gratuits français, qui pouvaient la régénérer, sont des gouffres, les payants ont vu leur tirage baisser en 2008, parfois très fortement, et même aux États-Unis, longtemps pays de cocagne de la presse rentable, les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient, loin de là. Il faut dire, ai-je envie de commenter, que cette presse, longtemps modèle d'indépendance et de fiabilité, a reçu un coup très grave, une véritable torpille dans sa crédibilité, à l'époque de la guerre d'Irak en 2003, ce qui renvoie d'ailleurs à ce qui était dit plus haut sur la vulnérabilité des moyens de presse.

Pour prendre un exemple tout proche, on disait L'Express en difficulté financière lorsqu'on a vu y apparaître ces jours derniers un traitement quasi-figaresque de l'actualité sarkozyste, qui donne à penser qu'une forme de subvention fraîche est venue ragaillardir les caisses de l'hebdomadaire.

Quoi qu'il en soit, éliminons ces journalistes friables et dépourvus de gilets pare-balle, que restera-t-il ? D'un côté la propagande, de l'autre la force critique des citoyens, et cette force critique, ce sont nos blogs...

Voilà, au milieu d'un scénario catastrophe, nous pourrions devenir la presse et les médias d'info critique et investigatrice de demain.

Oh, je vois d'ici Éric lever les bras au ciel et mon lecteur sourire avec condescendance devant son ordinateur. Pfff. Fi donc !

Soit.

Mais même si la (très relative) catastrophe est évitée, il faut que nous soyons conscients que nos blogs sont des médias à part entière, que leur impact global peut valoir celui d'un grand média actuel, que si nous savons demeurer dans l'excellence, nous pouvons être appelés à jouer ce rôle qui, de toutes façons, semble devoir devenir crucial.

Et c'est l'occasion de rappeler quelques éléments de déontologie, notamment (mais pas seulement) à l'attention de blogueurs de la modémosphère qui me lisent : c'est un peu atterrant de consulter la widget, un lendemain de conférence nationale, et de retrouver des titres plus dignes de la propagande que de médias. Pendant la campagne présidentielle, nous avons veillé, avec Quitterie, à respecter les principes d'une minimale objectivité, à ne pas nous contenter d'un point de vue, mais à toujours rappeler qu'il en existe d'autres, à les citer, à ouvrir des liens : Internet est un lieu de partage, pas d'endoctrinement. Un blogueur colleur d'affiches n'est utile à personne.

Donc 1 objectivité minimale : un blogueur, même encarté, est d'abord un témoin, comme un journaliste. Ce qui compte, ce n'est pas qu'il relaie une pravda quelconque, mais qu'il donne son opinion ou qu'il relate des faits dont il a été témoin ou pour lesquels il a des sources fiables.

2 un blogueur sera d'autant plus lu que son blog aura de la personnalité, voire une spécialité. Crise dans les médias est un blog d'analyse de la presse écrite, on y vient pour le regard de son auteur sur cette presse. D'autres blogs auront un contenu techno, même en politique, d'autres seront utiles à la connaissance par des gens éloignées de ce qui se passe dans une région, dans un coin d'Auvergne ou d'Andalousie. Un blog qui débite des communiqués de presse et des articles de journaux n'est pas un blog, ou ne devrait pas en être un.

3 qu'il ait ou non une spécialité, un blog, comme n'importe quel média, doit avoir une ligne éditoriale, comme un fil conducteur. De cette façon, le lecteur s'y retrouve et, de mon point de vue, il prend assez vite l'habitude d'évaluer ce qui, dans le contenu du blog, relève de la subjectivité, et ce qui peut être considéré comme factuel.

4 plus un blog fournit d'info, plus il est utile et lu. Un texte qui commente en organisant mal l'exposé des faits aura du mal à faire percuter son commentaire. Et personnellement, je préfère lire les blogs qui donnent beaucoup d'info plutôt que beaucoup de commentaires, même s'il arrive souvent qu'au détour d'un commentaire, une remarque me fasse prendre conscience d'un détail qui ne m'avait pas frappé jusque-là.

5 l'organisation en réseau est permise, cette toile de blogs, une sorte de toile dans la toile, peut faire des blogs pris globalement un média à part entière, capable de contrecarrer les tentatives de falsification ou d'endoctrinement qui deviennent sans cesse plus courantes.

Et donc soyons prêts au scénario de toutes les catastrophes : et si nous étions les (seuls) journalistes de demain ? Une prise de responsabilité qui suppose une prise de conscience.

12/02/2009

Et si les journalistes disparaissaient ?

Je signale une très intéressante note d'Éric Mainville à propos d'une interview de Télérame, ici. Le temps d'y réfléchir et je donnerai mes idées sur la question.

09/12/2008

Le traitement de l'information.

Pourquoi les médias se laissent-ils faire ?

Quitterie Delmas dénonce ce soir à juste titre l'esprit moutonnier et la soumission des médias au point de vue unique énoncé par les autorités politiques. Pourquoi tant de conformismes ? Pourquoi si peu d'investigations ? Pourquoi accepter d'être les jouets, les instruments, du pouvoir ?

C'est un autre aspect sous lequel la question de France Télévisions et de son indépendance mérite d'être vu, quoiqu'il ne concerne pas que la télévision, mais l'ensemble des médias, publics et privés confondus, ce qui est donc en partie un autre sujet que ma note de ce matin.

Addendum sur la télé.

Juste un détail, qui n'en est pas un : dans ma note sur la télévision publique, j'avais prévu un paragraphe pour rappeler la proposition de Quitterie Delmas sur l'élection de son président par le public, à laquelle j'adhère quoi qu'il arrive. Emporté par le mouvement, cette étape n'y figure pas et c'est dommage, car c'est une évidente clef.