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08/04/2009

Val tragique à France Inter : un mort.

À propos de l'éventualité de la désignation de l'ex-humoriste devenu tyranneau sectaire Philippe Val à la tête de France Inter, je vous laisse savourer la une de Siné Hebdo de cette semaine, référence à la célèbre une d'Hara Kiri lors de la mort de de Gaulle ("Bal tragique à Colombey : un mort"). Qui a trahi l'esprit de cette impertinence-là ? Pas Siné, en tout cas.

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"Nous resterons sur terre".

Ceux qui ne sont pas encore convaincus de devoir faire des efforts dans leur vie courante, si vous en connaissez, eh bien, c'est très simple, vous achetez un colt 45, du chatterton et une voiture électrique avec un grand coffre. Avec le colt 45, vous leur signifiez qu'ils n'ont pas le choix. Vous les faites taire en scotchant le chatterton sur leurs lèvres, puis vous les jetez dans le grand coffre de la voiture électrique. Ensuite, vous allez au cinéma, vous déposez votre paquet sur un siège, vous attendez 90 minutes, et c'est cuit : en sortant, plus besoin de chatterton, ni de colt 45, ces gens-là vont se précipiter pour acheter des éoliennes, des parts de champs de panneaux solaires, ils vont jeter leur chaudière à fuel, casser toutes leurs fenêtres pour les faire changer aux frais de l'assurance, et s'abonner à une AMAP où, pour dix ou quinze euros par semaine, ils vont avoir des légumes qui auront vu de la terre fraîche et des fruits qui n'auront pas tué les abeilles avec leurs pesticides. Bref, la révolution de leur vie sera en marche.

Oh, on peut faire la fine bouche sur le rousseauisme du film, sur quelques excès, mais fondamentalement, la réalité est là : chacun dans sa vie courante peut améliorer l'avenir de la planète et, en outre, les politiques et les ONG ont le devoir de travailler à modifier l'organisation de la société pour cesser les aberrations que le film souligne sans modération.

Et on peut dès à présent aller voir le site du film.

Mieux que le G20 : connaissez-vous le G29 ?

J'aurai sans doute l'occasion de donner un compte-rendu plus complet du débat du Social Media Club de France d'hier soir, mais il m'a paru utile d'en indiquer sans attendre ce que j'en retiens (outre des explications très complètes sur la licence Creative Commons), qui est le travail de la CNIL et les efforts faits en ce moment par la fédération des CNIL européennes, le G29, pour faire en sorte que le laisser-faire américain en matière de données personnelles ne s'étende pas aux traitements de données personnelles d'Européens recueillies par des sociétés de droit et de résidence américains (Google, Facebook, etc.).

10:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, cnil, informatique, liberté, europe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/04/2009

Bon anniversaire, Quitterie !

Aujourd'hui, 8 avril 2009, Quitterie a un an de plus, ce qui ne la rend pas moins jeune (c'est magique).

À l'occasion de son anniversaire, je reposte quatre vidéos, pour un petit sondage : en les numérotant dans leur ordre de présentation, laquelle préférez-vous ?

 




Hadopi : appel collectif de personnalités du cinéma contre une loi "démagogique" et "inapplicable".

Ces artistes adressent une "lettre ouverte aux spectateurs citoyens", dont voici un extrait significatif :

"Démagogique, techniquement inappli­cable, bêtement ignorante des nouveaux procédés de téléchargement et purement répressive, cette loi est aussi un rendez-vous manqué. Ne prévoyant aucune forme de rétribution nouvelle pour les ayants droit, la loi Création et Internet ne s’adresse ni au cinéma dans sa diversité, ni aux spectateurs. Ne constituant qu’une ultime et vaine tentative d’éradiquer le piratage par la sanction, sans se soucier de créer une offre de téléchargement légale, abordable et ouverte sur Internet, elle ne répond à aucun des défis aujourd’hui posés par les nouvelles technologies, alors même qu’une réaction créative et forte de l’industrie cinématographique et des autorités de tutelle dans leur ensemble s’imposait."

Le reste ici.

11:11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, politique, hadopi, deneuve, abril, écrans.fr | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La promesse.

Ma réflexion sur la prise de conscience qu'il m'a paru déceler chez beaucoup d'internautes de la nature d'Internet et de notre rôle, cette promesse que nous devons à notre avenir.

 

00:40 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : internet, hadopi, quitterie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

06/04/2009

"Droits et devoirs dans les social medias".

Le mardi 7 avril à 19h00 à La Cantine : conférence publique "droits et devoirs dans les social medias", à laquelle vous pouvez venir accompagné, et que vous pouvez d'ores et déjà relayer : http://www.facebook.com/home.php#/event.php?eid=74990544571

Après l’affaire de Filippis, c’est maintenant au tour de Nadine Morano d’attaquer Dailymotion. La loi HADOPI mobilise le web, mais semble mal comprise du public. Entre projets de lois et vide juridique, le web semble porteur tant de nouvelles interrogations que de développements concrets pour le droit français.
Nos intervenants vous proposeront un état des lieux pratique des responsabilités et droits inhérents à la pratique du web 2.0 :
1-Qu’est ce que l’identité numérique ? Evolue-t-on vers un pseudonymat ? Comment gérer sa web réputation ? Quelles solutions face au cybersquatting ?
2-A quelles obligations juridiques est tenue la création sur internet ? Comment doit-on gérer des logiciels libres ? Quelles valeurs pour les droits d’auteurs ?
3- La modération, devient-elle l’outil le plus essentiel sur un média social ? Nous reviendrons ensemble sur l’affaire Filippis ou l’actuelle affaire Dailymotion/Morano, en évoquant le délit de diffamation, mais nous étudierons aussi dans ce chapitre, la problématique de la protection des sources.
4- Une approche juridique de la portabilité des données : états des lieux et best practices.

Pour débattre de ces sujets, en partenariat avec Stratégies, nous vous proposons, le 7 avril à 19h à La Cantine, un plateau composé de :

- Benjamin Jean (FNILL, Framasoft, Veni, Vidi, Libri http://venividilibri.org/index.php?title=Accueil )
- Jérôme Giusti, avocat au Barreau de Paris, spécialiste de la Propriété Intellectuelle (http://11-100-34.com/+-Jerome-Giusti-+.html )
- Franz Vasseur, avocat au Barreau de Paris (www.vasseur.eu )
- Guillaume Desgens-Pasanau, Chef du Service des affaires juridiques de la CNIL

Et voilà, j'ai transmis, à votre tour faites passer.

05/04/2009

Les réseaux sociaux vont-ils servir de Big Brother aux partis politiques ?

Je vous invite à lire ce compte-rendu d'une conférence faite par Howard Dean devant des cadres du Parti Socialiste il y a peu. Le passage qui fait frémir (l'auteure du compte-rendu en frémit elle-même) est celui où il est expliqué que le Parti Démocrate a "fiché" 220 millions d'Américains (soit plus de deux sur trois) avec des fiches comptant parfois plus de 600 renseignements... L'avantage des médias sociaux est que ce sont les interautes eux-mêmes qui y enfournent les info...

Brrr, enfin, lisez quand même : c'est du plus haut intérêt et merci à l'Internet et aux internautes qui permettent à ces info de traverser les cloisons partisanes. Le plus intéressant n'est pas l'article de Mediapart (qui est honnête), mais le CR qui suit, rédigé par une militante.

Les nouveaux prolos de la culture peuvent-ils se révolter ?

Je vous invite à lire cet article qui rend compte d'un livre sur les "nouveaux prolos de la culture", c'est édifiant :

Une enquête choc et alarmante

Les prolos de la culture

Par Aude Lancelin

Précaires du journalisme, de l'édition, de la recherche ou de l'enseignement, ils sont payés au lance-pierre, exclus de l'assurance-chômage et frappés par la crise. Un livre révèle leur désarroi et ce scandale.

«Tu te la coules douce, c'est un métier de feignant que le tien.» Une phrase de «Zazie dans le métro» qui pourrait résumer le fond de l'air idéologique concernant une population qu'un livre de 2001 avait identifiée sous l'étiquette devenue fameuse d'«intellos précaires».

Chercheurs sans poste, «indépendants» de l'édition, journalistes en quête de piges, enseignants bouche-trous, scénaristes anonymes et autres stagiaires perpétuels, ils ont parfois un lourd bagage mais ne pèsent rien, ou si peu, sur le marché de l'emploi. Hormis leurs camarades de galère, qui les écoute et les plaint? Fauchés sans doute, mais pas plus que les OS de Gandrange. Fils à papa, ou rejetons de classes populaires bernés par une usine à gaz universitaire bradant du diplôme à tout va, ils n'ont pas fait les grandes écoles, et voudraient néanmoins qu'on leur trouve un emploi normalement rémunéré. Circonstance aggravante, ils prétendent lire et avoir un avis. Ah, ces fameux doctorants devenus chômeurs de longue durée... Ils n'ont décidément pas la cote dans les dîners du faubourg Saint-Honoré.

A quiconque cultive ce genre de préjugés peu flatteurs, et nul n'en est tout à fait exempt, on conseillera la lecture de l'étude menée par Anne et Marine Rambach dans l'univers des nouveaux prolétaires du milieu culturel.

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F. Mantovani
Anne et Marine Rambach

Huit ans après leur première enquête, publiée chez Fayard, ces deux trentenaires gays formant un couple ne peuvent que le constater: la situation s'est encore dégradée. Quelques collectifs se sont certes entre-temps créés, Génération précaire du côté des stagiaires, ou Sauvons la recherche, aujourd'hui en pointe contre la réforme Pécresse. Mais syndicats et partis de gauche ne se sont toujours pas vraiment emparés du sujet. «En revanche, s'il y a quelqu'un qui n'est pas resté apathique, quelqu'un qui a décidé de prendre le sort des intellos précaires en main, écrivent les auteurs, c'est bien Nicolas Sarkozy.»

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Stéphane Sakutin

Réforme des universités, réforme de la recherche, réforme de l'audiovisuel, Etats généraux de la presse, le tout combiné à un dégraissage en règle des personnels de la fonction publique, «nous avons vu se dessiner un plan», écrivent-elles. Une offensive sans précédent concernant le monde de la culture, du savoir et de l'information dont la «modernisation» passerait étrangement par la paupérisation de ceux qui l'animent et leur mise sous tutelle directe ou indirecte. Telle est la thèse alarmante défendue dans ce livre fouillé, tout sauf misérabiliste, souvent même très drôle.

Le «tout-flexibilité»

La situation sociale type de l'«intello précaire» en fait un véritable mutant. Souvent tarifé moins qu'une femme de ménage lorsqu'il est pigiste ou postdoctorant au CNRS, il a parfois les fréquentations d'un artiste bobo et le prestige symbolique d'un avocat. Exclu de l'assurance-chômage quand il est vacataire dans l'Education nationale, il peut parfois cumuler trois emplois, à l'exemple des Rambach, éditrices bénévoles, auteurs de livres et scénaristes occasionnelles. Encore s'agit-il là d'une exception quasi luxueuse. Combien de bac +5 se retrouvent le soir à servir dans une crêperie, ou doivent emprunter l'identité d'un ami à grands coups de Photoshop pour se faire soigner? La chose est méconnue, mais 50% des RMIstes parisiens exercent ainsi une activité artistique ou intellectuelle. Les congés payés ou les RTT, autant d'acquis salariaux qui ne concernent pas l'intello à prix discount, rarement syndiqué. Rien de tel qu'une posture revendicative pour se «griller» auprès d'un donneur d'ordres dans la presse ou une boîte de production audiovisuelle. «Partir de rien pour arriver nulle part en revenant de tout», ainsi l'un des interviewés résume-t-il dans le livre la philosophie générale de cette nébuleuse.

La suite ici.

Après le vote de Hadopi, la question de la rémunération des auteurs intacte.

Le vote de la future loi Hadopi, cette semaine, suscite beaucoup d'amertume dans la blogosphère politique, où il est considéré comme une offensive délibérée contre l'esprit de liberté et de partage qui est natif sur Internet depuis sa création voici vingt ans tout juste. Mais le parlement européen a réitéré son opposition au principe de la coupure de l'accès à l'Internet sans l'intervention d'un juge ès qualités (rappelons que la commission de la Hadopi chargée de prononcer ou plutôt d'endosser les coupures sera certes composée de magistrats mais ne sera pas une juridiction) et il ne fait aucun doute que, lors de la seconde lecture du "paquet télécom" par le parlement européen, dans quelques jours ou semaines, l'amendement Bono sera de nouveau adopté, rendant de fait la loi Hadopi caduque.

Qui sera victime de catte bataille inutile et vaine ? Les artistes.

On leur a fait croire que la création de la Hadopi allait résoudre leurs problèmes, que le flicage intime des citoyens allait leur donner des flots de revenus, les artistes. Une fois la brume Hadopi dissipée, il leur faudra regarder la réalité en face : Internet ne les pille pas. Les études prouvent en général le contraire, la gratuité sur Internet, et la liberté, fonctionnent à peu près comme une promotion commerciale permanente, un accélérateur de buzz. L'année où la vente de DVD a démarré, en France, a été celle où l'on en a vendu des tonnes pour un Euro (soit presque rien) avec des journaux, et sur un Euro, les auteurs ne gagnaient rien, mais l'effet d'engouement de l'acquisition d'un DVD à si bas prix suscitait l'envie d'en avoir d'autres, même plus onéreux. Ainsi est le rôle joué par Internet dans la filière commerciale de la culture : un accélérateur de désir.

Il reste que la revendication des artistes à obtenir une compensation de la gratuité d'Internet n'est pas illégitime et il est vrai qu'avoir employé le produit de la taxe sur les pub sur Internet au financement de la télé est un scandale pur (comme cela a été dit lors des débats à l'Assemblée Nationale), car les artistes auraient pu et dû bénéficier de cette taxe. De la même façon, la renonciation au mécénat global (ou à la licence globale) est une erreur : j'ai été frappé, en me promenant sur les forums, de lire que nombre d'internautes paient déjà un montant forfaitaire pour télécharger à leur guise. Seulement, ils le versent à des entités qui ne répercutent pas toujours ces sommes sur les artistes... La licence/mécénat global(e) aurait été plus juste. Gageons qu'elle reviendra sur le tapis lorsqu'il faudra constater la mort du dispositif Hadopi.

Reste que d'autres problèmes se profilent, dans la littérature par exemple. La synthèse de ces autres problèmes, c'est l'avenir du dispositif de droits d'auteur tel que nous le pratiquons, et sa confrontation avec le copyright américain, d'une part, et d'autre part, la captation du marché numérique par des géants (tous américains) qui pratiqueraient une recette bien connue : d'abord on vend à perte (c'est la gratuité) pour casser les reins des concurrents, puis une fois que l'on n'a plus de concurrents, on renonce à la gratuité et on rançonne les consommateurs lecteurs. Face à cette menace réelle, nous devons rester vigilants et il serait grandement profitable que les acteurs de ce secteur prennent des dispotions avant qu'il ne soit trop tard.

10:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, médias, droits d'auteur, hadopi | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

04/04/2009

MoveOn.org

Une partie de mes lecteurs sait déjà ce qu'est moveon.org, mais il m'a paru utile, après la vidéo de Quitterie (qui a employé ces mots : "il n'y a pas d'organisation de type MoveOn en France"), d'indiquer à celles et ceux qui ne le sauraient pas que Moveon.org est un mouvement civique ancré à gauche aux États-Unis, s'appuyant grandement sur les possibilités d'Internet. Ses combats nous sont chers : l'environnement, la limitation du pouvoir de l'argent, et quelques autres essentiels.

Voici le début de la notice wikipedia :

 

 

MoveOn.org a été formée en 1998 par deux entrepreneurs dans l'informatique : Joan Blades et Wes Boyd, qui sont notamment les créateurs du système Berkeley Systems. Les deux militants pétitionnent le Congrès pour qu'il passe ("move on") la procédure d'impeachment contre le président Bill Clinton, proposant de censurer le président sans pour autant passer par l'impeachment. A leur grande surprise le bouche à oreille fonctionne et de fait la pétition est un grand succès avec un demi million de signatures.

Entre 1998 et 2002 le couple utilise la même méthode de campagne en s'engageant sur plusieurs autres sujets . Dans le domaine écologique : pour la diminution de la pollution à l'arsenicet au mercure. Dans le domaine démocratique : pour la réforme du mode de financement des campagnes électorales, qui fait appel selon eux à trop de fonds privés et venant d'entreprises.

Depuis les années 2000, l'association à commencé à drainer des fonds pour plusieurs candidats de l'aile gauche et syndicale du Parti démocrate. En 2003, MoveOn a publiquement condamné puis manifesté contre l'invasion de l'Irak par George Bush. En 2004 un soutien important est apporté au candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine John Kerry.

Positionnement progressiste [modifier]

A ses débuts le mouvement est un groupe transpartisan. Rapidement MoveOn devient une association qui fait pression sur le Parti démocrate pour qu'il adopte « un programme vigoureusement à gauche » qui aille « au delà de la simple opposition à l'Administration Bush » selon le journal le Washington Post2.

Le co-fondateur Wes Boyd rejette la stratégie des centristes de l'aile droite du Parti démocrate réunis au sein du Democratic Leadership Council (notamment les époux Clinton) « qui veulent que les démocrates droitisent leurs positions sur la guerre, la fiscalité, la couverture sociale... »

S'exprimant en juin 2003 devant la conférence "Take back America"3Wes Boyd a déclaré « la première manière de faire revenir la confiance, est de se battre ardemment pour ce dont les gens ont besoin ». Selon lui les américains seraient prêt à soutenir une politique de gauche et progressiste mais à la condition « que quelqu'un émerge pour prendre en main ces idées », « à chaque fois que nous l'avons fait, les citoyens américains se sont levés. »

La suite ici.

Mon imprimeur est en fait un déprimeur.

Voici plus de sept ans, j'ai commencé une publication de très longue haleine, celle d'un recensement qui a eu lieu en Bretagne autour de l'année 1426. À cette époque, sur le conseil d'un ami qui commandait l'impression de montagnes de documents pour un grand groupe de restauration industrielle français (un ami qui a depuis bifurqué et qui se trouve en ce moment à Sri Lanka pour la Croix Rouge), j'ai choisi un imprimeur qui travaillait très bien, qui était aussi souple que réactif et qui avait un très grand avantage : il n'était pas loin de Paris, dans l'Essonne.

Hélas, il coûtait cher, trop.

Au bout du deuxième tome de ma collection, constatant le rythme de vente de mes livres et l'équation économique qui en résultait, je me suis résolu à baisser mes coûts, ce qui signifiait changer d'imprimeur.

Décidant de ne plus me fier à l'opinion d'autrui, j'ouvris au hasard des livres dont la façon me paraissait soignée et inventive. Assez rapidement, j'en trouvai un qui me satisfaisait. J'ai appris depuis qu'il figurait parmi les acteurs historiques de l'imprimerie littéraire française, exerçant sa coupable activité depuis plus de cent cinquante ans au même endroit, un ancien couvent en brique en Picardie.

Tout semblait se passer bien, un libraire-éditeur de mes amis travaillait aussi avec cet imprimeur et en disait le plus grand bien. 

Évidemment, ce n'était plus la même atmosphère que dans l'Essonne, les prix étaient certes 30 % moins élevés ("ce sont les prix de la province", indiquait l'éditeur pour montrer sa satisfaction devant la mienne quand j'ai considéré son premier devis), mais la réactivité s'effondrait : mon imprimeur francilien a des stocks à lui de mon papier (le plus cher de sa catégorie : Rives Tradition, de la maison Navarre, que j'utilise dans un fort grammage - 170 g/m2), et il possède de très grosses presses Heidelberg (la Rolls de sa catégorie à ce moment-là et depuis longtemps), des bécanes qui doivent tourner vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour être rentables. Si je lui demande 2000 dépliants à 18 heures pour le lendemain à 9 heures, je les ai.

En Picardie, ce n'est pas du tout la même atmosphère : si je commande mes 2000 dépliants (une face quadri) le 11 mars, je les ai... trois semaines plus tard, le 2 avril. 30 % de frais en moins, mais 3000 % de temps perdu en plus.

Le pire n'est pas là : pour le premier tome fait avec lui, en 2005, le dépliant (que j'envoie aux éventuels clients en marketing direct) a été complètement salopé, les couleurs qui doivent être fraîches pour les blasons (les couleurs médiévales cherchent toujours une lumière de vitrail, même sur le papier ou le parchemin) devenaient suifeuses, une véritable horreur, et je lui avais indiqué que cette qualité médiocre avait influé défavorablement sur l'impact commercial du dépliant. Je m'étais rendu dans son couvent de brique pour le calage des planches couleur du livre, de façon à veiller moi-même aux teintes finales, me réservant de signer le bon à tirer. De cette façon, le livre fut réussi et l'économie de coût fit que l'impact commercial suffit à améliorer la rentabilité de l'opération.

Pour le suivant, les choses tournèrent d'elles-mêmes, le dépliant fut impeccable et le livre parfait, sans que j'eusse besoin de me déplacer.

En commandant le dépliant du nouveau tome, voici un peu plus de trois semaines, je ne me méfiais donc pas. J'envoyai un chèque de banque à l'imprimeur pour lui signifier que je souhaitais qu'il achetât au plus vite le papier nécessaire au dépliant (du Rives Tradition 90 g/m2). Il fallut plus d'une semaine pour que je reçusse, non pas le dépliant, mais un coup de fil de l'imprimeur, m'expliquant qu'il venait d'acquérir une presse numérique et qu'il proposait de l'utiliser pour mon dépliant, mais que le rendu de l'impression serait moins bon sur mon papier habituel que sur du papier glacé.

J'explosai, je dois le dire, au téléphone : j'en suis au cinquième ouvrage du même type, je vous ai expressément demandé le même papier, etc.

Il insista et proposa de m'adresser des épreuves sorties de la nouvelle presse, l'une sur mon papier, l'autre sur papier glacé. C'était encore deux jours de perdus, mais j'acceptai, parce que je venais de modifier moi-même ma technique de transmission du document que j'avais jusque-là émis sous Quark Xpress et que je lui envoyais désormais sous pdf, ce qui pouvait affecter le rendu final.

Deux jours plus tard, je reçus les épreuves. J'indiquai aussitôt que je voulais mon papier na, et que nous avions, lui et moi, un problème de rendu des couleurs. Il me dit qu'il avait compris et qu'il connaissait mon bleu (qui correspond à la nuance pantone 2727), que si je lui adressais le document source, il modifierait son bleu pour l'amener vers le mien.

Confiant dans ses capacités et sa bonne volonté (il avait tout de même réussi deux livres et un dépliant sur deux jusque-là), je rongeai mon frein pendant plus de huit jours encore, lui ayant adressé sous colissimo un Cd contenant une copie du document source.

Hier, j'ai reçu les précieux dépliants.

Hélas.

Revoilà les horribles couleurs du premier dépliant, celui que je lui avais pourtant explicitement indiqué comme repoussoir absolu. Et voilà, c'est le drame où je suis, je l'ai appelé ce matin pendant une heure pour le couvrir d'insultes, et me voici grosjean comme devant, mais délesté d'une somme non négligeable avancée pour cet échec, et ayant perdu près d'un mois sur un calendrier qui est déjà serré.

C'est une catastrophe et les lecteurs de mon blog me pardonneront de ne pas m'être retenu de la leur raconter : subitement, mon imprimeur est devenu un déprimeur.

"Nulle part terre promise" : nulle part sans ailleurs.

Voici en quelques semaines le troisième film que je vois sur le même sujet : l'odyssée des clandestins venus d'Asie tenter leur chance en Europe. Le premier, volontairement décalé, était celui du vétéran Costa-Gavras, "Eden à l'ouest". Le deuxième, triste à mourir, et qui a fait heureusement couler de l'encre, était le remarquable "Welcome" de Philippe Lioret. Le troisième est plus discret, sorti dans quelques salles seulement : "Nulle part terre promise", d'Emmanuel Finkiel, avec en particulier Elsa Amiel qui sous certains angles a un faux air entêtant de Sandrine Kiberlain.

"Eden à l'ouest" voyait l'immigration clandestine sous l'angle des parasites et d'une société européenne réduite à ses propres apparences et à ses propres mensonges. "Welcome" s'attachait à ceux qui aident les fugitifs et à ceux qui les dénoncent. "Nulle part terre promise" est encore plus radical dans son approche cinématographique : peu de dialogue, un tournage en numérique s'attardant longuement sur des situations hyperréalistes, effrayantes. C'est notre humanité.

L'angle d'approche est à la fois plus large et plus serré encore, focalisée sur trois parcours : celui d'une étudiante (Elsa Amiel), celui d'un émigré accompagné de son fils, et celui d'un "col blanc" français envoyé par sa boîte, d'abord délocaliser son usine en France (quasi-émeute des ouvriers, très en écho de la réalité actuelle) puis la relocaliser en Hongrie, Hongrie où l'étudiante circule avec une caméra DV constamment allumée et braquée sur le visage des gens. Le père et son fils, eux, passent de soute en camion, traversent les frontières sans être vus, et finissent au bord de la Manche, là où se termine le film de Lioret, face à l'Angleterre.

Plus serré, donc, sur ces échantillons humains souvent muets, très mobilisés par un but chacun à la fois. Plus large, l'angle, aussi, parce que le sujet réel du film est la mondialisation : des ouvriers d'Asie Mineure viennent clandestinement travailler en Europe de l'ouest pendant que les entreprises françaises transfèrent le travail en Europe de l'est. L'étudiante est en Hongrie et son voyage doit se poursuivre à Londres, où elle pourra se rendre facilement bien qu'on lui vole son sac, cependant que les clandestins vont tenter d'y aller en parcourant le tunnel sous la Manche à pied.

C'est notre époque, celle en tout cas d'avant la crise. Sur quoi va-t-elle déboucher ?

Sur rien. Sur la même chose qu'avant, sur des gens qui cherchent ailleurs ce qu'ils ne trouvent pas chez eux et qui, pour la plupart, ne finissent nulle part, un nulle part sans ailleurs.

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03/04/2009

Quitterie : "les institutions voient dans Internet le danger de l'émergence d'une société nouvelle".

En marge de la table ronde à laquelle elle a participé le mois dernier à La Cantine dans le cadre du Social Media Club de France, Quitterie donne sa vision prospective d'Internet et de la politique.

 

Les jolies femmes sont toujours mal mariées.

J'ai l'habitude de dire que les jolies femmes sont toujours mal mariées. Il est vrai que je ne suis pas, moi, marié... Pauvre Keira Knightley, en tout cas, dans ce clip britannique qui dénonce les violences conjugales...

 

Violences conjugales : le spot choc de Keira Knightley - Nouvel Obs
L'association britannique Women's Aid vient de mettre en ligne ce spot particulièrement réaliste dans lequel l'héroïne de "Pirates des Caraïbes" joue le rôle d'une actrice battue par son compagnon.

Connaissiez-vous Wikia search ?

Je vous invite à prendre connaissance de cet intéressant article sur la fermeture du moteur de recherche communautaire lance par un cofondateur de Wikipedia :

Wikia search ferme ses portes après un an

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Jimmy Wales, co-fondateur de l’encyclopédie mondiale wikipedia, a annoncé mardi dernier que Wikia Search, le projet du moteur de recherche communautaire va fermer ses portes après un an de fonctionnement.

Porteur de tant d’espoir pour la recherche en ligne,  Wikia Search n’a pas été à la hauteur des éspérances avec seulement 10 000 visiteurs par mois qui ne permettent pas de rentabiliser ce projet.

La suite ici.

Hadopi : cinq députés sur une voie de garage.

Et voilà, par dix voix contre quatre, hein ?

Je relis : PAR DIX VOIX CONTRE QUATRE.

Faut-il relire la note de Quitterie du mois de décembre ?

Où étaient-ils, nos députés ? Comment se fait-il que l'opposition, sur un projet qui entame si fort nos libertés publiques, n'ait pas éprouvé le besoin de se mobiliser ?

Par dix voix contre quatre, le projet Hadopi est devenu la loi Hadopi, sous réserve de la décision du Conseil Constitutionnel.

"J'ai beaucoup de travail", me disait Quitterie l'autre jour. On comprend son écoeurement.

Quel est maintenant le scénario ?

Jeudi 9, la commission mixte paritaire du parlement (composée de députés et de sénateurs) va réécrire la loi tel que la majorité la veut. Ensuite, les parlementaires de l'opposition ont un délai assez court pour déférer le texte au conseil constitutionnel. Celui-ci statuera sans doute avant la fin du mois d'avril, après l'adoption du paquet télécom par le parlement européen, fait à signaler.

La loi n'est pas applicable immédiatement : selon Mme Albanel, il faudra dix-huit mois pour qu'elle le soit. Ca tombe bien : ce délai devrait être suffisant pour que le paquet télécom soit applicable et qu'il vide la loi Hadopi de sa substance, le psychodrame n'aura servi à rien, ce n'est qu'une mascarade.

L'étape suivante de la mascarade est un ensemble de décrets. D'après ce que j'ai entendu des débats, il y aura au moins un décret en conseil d'État (procédure longue et très formelle) et un décret simple. Antérieurement à l'adoption de ces décrets, la CNIL au moins sera consultée pour avis. Bref, le traintrain.

Et tout ça, tout ce temps perdu, tout cet argent gaspillé, pour rien, pour le caprice d'un président nul.

Demain, je donnerai un article sur le réel enjeu que la loi n'a en rien traité, ni même effleuré : l'avenir des droits d'auteur et de la rémunération des oeuvres et des artistes.

02/04/2009

Hadopi : suppression de l'obligation de payer son abonnement par l'Assemblée.

La séance de l'Assemblée Nationale ce matin (36 députés présents...), a adopté à l'unanimité et contre l'avis du gouvernement la suppression de la disposition du projet de loi Hadopi faisant obligation à l'internaute dont l'abonnement est suspendu de continuer à payer son abonnement à son FAI. C'est une mesure de justice, mais à propos de laquelle est posée une question supplémentaire, qui n'est pas sans intérêt.

Mme Albanel a indiqué qu'il fallait scinder le prix de l'abonnement entre les différents usages : télé et Internet en particulier. Or c'est faux : pour les FAI, l'option télévision est gratuite... La preuve en est que lorsque j'ai acheté un décodeur numérique, je n'ai pas payé un centime d'abonnement en plus. Par conséquent, que l'on soit en zone non dégroupée ou non, la totalité de ce qu'on paie est relative au seul Internet, si bien que, que l'on coupe seulement l'Internet ou pas, de toutes façons, il faudra cesser entièrement de payer.

Gageons que cette situation, tellement avantageuse pour l'internaute, sera modifiée par la Commission Mixte Paritaire, qui fera ce que le gouvernement lui dira et rétablira ce que l'Assemblée vient de supprimer. Hélas, on se demande à quoi sert le parlement.

Accessoirement (si j'ose dire), le principe des logiciels "mouchards" a été entériné par les députés. Et il a même été indiqué par Mme Billard, se fiant sur un Tchat d'un membre du cabinet de Mma Albanel, que, dans l'avenir, ces logiciels "mouchards" seraient installés à l'état natif dans les box de connexion.

Du coup, je sais ce qui me reste à faire : si mon FAI parle de changer ma box, je m'abonnerai auprès d'un opérateur résidant à l'étranger.

Hadopi : premier bilan des débats.

J'ai écouté ce soir, tout en travaillant, le match ouais !!!! la séance de l'Assemblée Nationale. L'impréparation du texte est flagrante. C'est une preuve éclatante du vieil adage : "il ne faut pas confondre vitesse et précipitation". La majorité se vautre dans la précipitation.

Et on mesure l'utilité des débats parlementaires : c'est en soutenant leurs amendements que les députés de l'opposition mettent en valeur les failles du texte, pas à pas. De ce fait, en limitant le droit d'amendement et la faculté de soutenir les amendements en séance, l'actuelle réforme institutionnelle en cours fait à la France une promesse de nombreux textes baclés futurs.

Cet après-midi, un intervenant autorisé, à la question de l'effet suspensif du recours en appel contre les décisions de la Hadopi (je mets un h aspiré à Hadopi parce qu'il y en a un à Haute), répondait que, bien entendu, le recours était suspensif. Or pas du tout. Et de ce fait, le délai de sept jours imparti au puni pour réagir est devenu proprement liberticide et, dans son immense magnanimité, la majorité (maladroitement aidée sur ce point par le député communiste Brard bien mieux inspiré en de nombreux moments ce soir) a consenti à prolonger le délai de recours jusqu'à un mois, soit la moitié du délai de droit commun en matière administrative. Hélas pour la majorité, quoiqu'il arrive, le délai du recours pour excès de pouvoir (distinct de l'appel proprement dit) est, lui, de deux mois. On va donc vers des imbroglios juridiques et judiciaires (ou juridictionnels) car, si l'on a bien compris (mais les réponses ont été confuses sur ce point et Mme Albanel ne connaît pas son texte), l'appel se fera devant euh... finalement, je n'ai pas bien compris si ce sera le juge judiciaire ou la juridiction administrative.

Mais reprenons les choses dans leur ordre : d'abord, l'applicabilité du texte.

Une fois voté, ce texte sera charcuté à sa guise par un comité théodule (la commission mixte paritaire, article 45 de la constitution, j'ai eu 15/20 en première année de droit sur la navette parlementaire, bref...).

Puis il sera applicable ? Oh non : il faudra un décret en conseil d'État. Pour ceux qui ne le savent pas, le décret en conseil d'État est le sommet de la hiérarchie des textes de nature réglementaire (on oppose réglementaire à législatif, il s'agit du droit produit par l'exécutif sans contrôle législatif). Un décret en conseil d'État est une chose lente. Il y a un délai incompressible, même si Louis XIV se dressait de sa tombe pour fulminer "nous voulons". On va donc gagner encore au moins deux ou trois semaines, sans doute plus, car il y a de telles failles de rédaction dans le projet de loi que le Conseil va certanement s'arracher les cheveux. On est début avril, il ne serait pas absurde d'imaginer que la loi Hadopi ne soit pas appliquée avant la rentrée de septembre malgré les aboiements du président de la république.

Ensuite, j'ai entendu dire par la gauche qu'en fait, pour des raisons pratiques et techniques, il ne serait en fait pas applicable avant janvier 2011, ce que je veux bien croire, car il y a des procédures lourdes à mettre en place, à expérimenter, des marchés publics (certains sont déjà en cours), des organisations matérielles. Or avant le 1er janvier 2011, si ma mémoire est bonne, le "paquet télécom" sera, lui, applicable. Et comme il est incompatible avec le dispositif Hadopi sur lequel il prime, ouste ! exit Hadopi, on discute pour rien.

C'est d'ailleurs pourquoi la gauche ne s'est pas associée à l'amendement de Dionis du Séjour qui visait à substituer l'amende à la coupure : plus le texte est dans son propre esprit, moins il sera appliqué et, à tout prendre, il vaut mieux ne pas faire courir le risque aux internautes d'une amende qu'ils devraient effectivement payer alors que la coupure, elle, sera forcément abandonnée...

Mais peu importe, nous explique-t-on : le but, c'est la pé-da-go-gie. Envoyer les mails et les recommandés aux internautes pour leur faire comprendre que le téléchargement, c'est mal, hou, c'est pas bien, panpan tutu, pan sur la menotte, il ne faut pas recommencer, donc comme ces recouvreurs de créances qui envoient des lettres comminatoires et menaçantes aux petits vieux, le gouvernement veut pouvoir écrire ON VA VOUS COUPER VOTRE INTERNET SI VOUS CONTINUEZ !!!!!! Na.

Sauf que le texte organise tout sauf la pédagogie.

Et tout à l'avenant, la labellisation des "bons sites", etc.

Et c'est écrit dans un tel charabia qu'on ne peut pas parler d'autre chose que d'un gloubiboulga juridique.

Je tiens à féliciter Patrick Bloche (j'ai cru entendre François Rollin à certaines de ses intonations), Martine Billard (précise comme un rasoir), Jean-Pierre Brard (je connaissais son humour pince-sans-rire et caustique depuis le temps où j'ai été essistant parlementaire, il s'est bonifié de ce point de vue avec le temps), Maryse Lebranchu, en particulier, Dionis du Séjour est tombé dans la soupière assez vite, peut-être sur injonction gouvernementale, car la flibusterie de l'opposition a été efficace et, au bout d'un moment, pour ne plus conribuer au gain contre la montre réalisé par l'opposition, la ministre et le rapporteur adhoc ont cessé de répondre aux questions qui leur étaient posées, ce qui reste choquant, car ces questions ne portaient pas sur de minces détails.

Je félicite moins le président de séance Laffineur, dont l'élocution piquait nettement du nez à partir de minuit.

Le bilan de tout ça : la majorité semble en mesure de faire passer son texte dans la rédaction cahoteuse qu'elle a choisie, mais de réels motifs d'inconstitutionnalité sont apparus, notamment du fait de certains amendements adoptés par la majorité en cours de séance, voire de ceux adoptés à l'unanimité, comme celui qui concernait les oeuvres des artistes ou ayant-droits résidant à l'étranger, qui sera certainement retoqué par le Conseil Constitutionnel s'il n'est pas évacué discrètement par la CMP. La question des oeuvres non disponibles au téléchargement légal sur Internet a été finalement laissée à l'appréciation de la Hadopi et c'est dommage, car au fond, l'internaure n'a aucune garantie et cette précision du fait que les oeuvres non disponibles autrement ne pouvaient être illégales aurait été une bouffée d'air pur.

Rien n'est dit sur la preuve, rien non plus sur les chevauchements effrayants de contentieux, mais c'est que, dans l'idée pédagogique mise en avant, l'internaute se verra proposer l'exemption de peine s'il promet de ne plus recommencer, et pour cette formule de transaction organisée par le texte, on ne parle plus de contentieux. Tant mieux, sauf que... s'il y a des milliers de gens concernés, croit-on sérieusement que les quelques membres de la Hadopi et les quelques agents publics (fonctionnaires ?) chargés de les assister prendront le temps de cette procédure amiable ? C'est risible. Donc il s'agira soit de la sanction, soit de remplir un formulaire.

Finalement, sur ce point, c'est l'opposition qui a trouvé la formule juste : ce qui est proposé à l'internaute, c'est la méthode catholique de la confession. L'internaute prend conscience de sa faute, il la confesse, et de ce fait, il est pardonné.

Ouarf ! comme si, depuis des sièlces, la confession avait empêché quiconque de récidiver aussi sec ! Et avec deux fois plus de plaisir !

Si l'on parle de contentieux, ouvrons quelques failles du texte : comment faire si un avertissement a concerné une oeuvre dont le téléchargement est ensuite reconnu légal ? Comment annuler le courrier premier ? Et quid des coupures qui seraient faites sur la base d'une illégalité qu'une juridiction aurait ensuite démontrée inexistante ? Et en plus, l'illégalité peut être reconnue en première instance, annulée en appel, rétablie en cassation, réannulée en cour de renvoi, le tout avec une navette de dix ans pendant lequel l'écheveau judiciaire peut se refermer sur l'internaute et l'étouffer. Car si l'appel n'est pas suspensif, gageons que le fait que l'instance soit pendante sera un obstacle au rétablissement de la connexion, ou à la radiation de la "liste noire"...

Pour conclure, IL FAUT LIRE CE DERNIER PARAGRAPHE MÊME SI VOUS N'AVEZ PAS LU LES AUTRES, l'un des motifs les plus forts de rejeter ce texte, c'est, comme l'a souligné Bloche, la double, triple, quadruple peine : suspension de l'abonnement, maintien du coût de l'abonnement, éventualité (dans des hypothèses d'ailleurs imprécises) d'être traîné en justice et en geôle pour contrefaçon, ET, cerise tout en haut du gâteau, d'être condamné même si l'on est innocent. Car dans l'hypothèse pas si improbable où l'on serait coupé à tort, si la procédure judiciaire prouvait que l'on a été sanctionné à tort et privé à tort de la jouissance de son abonnement Internet pendant un an, eh bien, il faudrait encore s'adresser à une instance spécialisée pour obtenir réparation du fait de l'erreur hadopique, nouvelle procédure, nouveau délai, nouveaux frais sans doute, le tout pour 360 Euros d'abonnement par an.

Bref, n'importe quoi, des millions claqués pour du vent. Rideau !