18/09/2007
Rentrée parlementaire : les parlementaires compteront.
Les parlementaires seront de plus en plus actifs ; la rentrée parlementaire est l'occasion pour eux de faire valoir les réalités et ils le feront.
Bien sûr, comme tout ami de Bayrou, je déplore l'injustice du scrutin législatif. Mais j'ai la conviction qu'en cette période d'intense réflexion institutionnelle, ils auront à coeur de jouer leur rôle.
Il est question d'une assemblée constituante ; si elle voit le jour, combien y seront élus ? Ca se joue mai!ntenant.
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17/09/2007
Solution sans guerre
Par pitié, que l'on cesse de tromper notre marasme économique avec des diversions et que l'on cesse de céder à la facilité de la guerre. Oui à des sanctions renforcées contre l'Iran. Vive ceux qui agiront pour une solution sans guerre.
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16/09/2007
Matière grise ou matière orange ?
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15/09/2007
François Bayrou et les vieilles gloires de la télé.
Ce congrès devait tonner comme les trompettes de Jéricho aux oreilles du reste du paysage politique français et inscrire le nom de FD au fronton de tous les monuments. Hélas, au cœur même du week-end, Léon Zitrone mourut. De quoi parlèrent donc toutes les chaînes de télé et de radio, tous les journaux, en chœur, durant tout le week-end ? De Léon Zitrone. Et FD demeura dans les limbes de la confidentialité (il faut dire qu’Internet était encore au stade confidentiel en France).
Et voici que, au beau milieu des rencontres démocrates de Seignosses, Jacques Martin disparaît. Y a-t-il donc une malédiction ? Jacques Martin, certes, aurait eu des raisons de rejoindre Bayrou et restera dans l’Histoire comme l’homme qui a flanqué un énorme coquart à l’œil de Sarkozy. C’était le jour où il devint patent que le maire de Neuilly avait dérobé l’épouse de l’animateur télé. Sarkozy se promena pendant un certain temps orné d’épaisses lunettes noires qui dissimulaient son œil tuméfié. Mais Jacques Martin est mort au mauvais moment. Et dans les Pyrénées-Atlantiques…
Quoiqu’il en soit, devant ce mauvais sort qui poursuit Bayrou, je suggère que, d’ici le congrès fondateur du Mouvement Démocrate (MoDem), le 25 novembre (à la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine), toutes les anciennes gloires de la télé soient abattues, au fusil, au couteau, à la grenade, bref, par tout moyen adéquat, de façon à nous laisser travailler en paix.
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14/09/2007
Loin des landes oranges, mais près par l'esprit.
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12/09/2007
Café démocrate autour de Quitterie Delmas ; vu de Bretagne.
Tout d'abord un mot du feuilleton notarial que j'évoquais hier : un notaire a dit à l'autre que le problème était résolu. Comme on ignorait qu'il y eût problème, on a été surpris. Quoiqu'il en soit, cette solution n'a pas encore abouti à ce que le précieux papier soit remis à l'autre notaire, celui qui doit faire la vente de terrains dont il est question. Bref...
Les comptes-rendus du café démocrate n'ont pas encore été relayés par Quitterie Delmas et je ne les ai pas encore eux tous sous les yeux. Celui que j'ai lu suggère que les rencontres de Seignosses autour de Bayrou seront un grand moment.
Toujours pour la même raison, il est improbable que je puisse m'y rendre, à moins d'un miracle aboutissant à la vente avant dimanche.
À tous ceux qui lisent ces lignes et qui iront dans les landes oranges, je souhaite un bon séjour, fructueux et intello en diable, ainsi que d'éclatantes perspectives municipales.
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11/09/2007
Ce soir, café des démocrates autour de Quitterie Delmas.
Hélas, je ne pourrai me rendre à cette belle soirée que si coup de théâtre annonce qu’enfin un certain notaire a produit un certain papier et qu’une certaine vente de terrains est faite. Beaucoup de si pour une seule journée.
Mais il faut aller à la Bastille participer au travail des amis de Quitterie Delmas, entendre les analyses de Corinne Lepage, débattre, remuer la brume de la rêverie pour en faire la lueur du projet. La France a besoin d’invention et de réinventions.
Je serai à coup sûr au prochain café démocrate et je lirai d’ici là les comptes qui seront rendus de celui de ce soir par ceux qui s’y joindront.
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08/09/2007
Laporte ne veut pas être ministre !
Évident, non ?
Plus sérieusement, Bernard Laporte est, avec Max Guazzini, la cheville ouvrière de la métamorphose vécue par le rugby français depuis une dizaine d’années, dont l’aspect – moins anecdotique qu’il n’y paraît - le plus notoire est le calendrier de rugbymen nus intitulé « Dieux du stade », qui est devenu un véritable succès commercial.
Bien entendu, on peut se gausser ou s’inquiéter de cette évolution vers une vision moins sportive et plus commerciale de l’image des sportifs. Et cependant, j’avoue que ces photos me rappellent les vases grecs antiques où les sportifs étaient représentés nus ; et d’ailleurs, ne dit-on pas qu’ils concouraient nus aussi ? Enfin, par goût personnel, j’ajoute que le corps de certaines athlètes est aussi de toute beauté, celui des sauteuses en longueur ou en hauteur par exemple, et je ne vois rien de choquant à ce que cette beauté soit révélée comme un témoignage d’une réalité digne et marquante, reflet de l’époque.
Ne nous voilons pas la face : il y a bien une dimension érotique dans l’attrait que nous éprouvons pour certains spectacles sportifs, comme pour tous les autres. Et beaucoup d’activités athlétiques dégagent une profonde sensualité. Là encore, en montrant les corps, on dit la vérité, rien de plus.
Pour en revenir à Laporte et Guazzini, ils sont ceux qui ont le mieux entraîné leurs troupes vers le professionnalisme, qui a été et reste une authentique révolution d’une discipline longtemps façonnée par l’éthique de l’amateurisme.
Au moment du bascule, les joueurs de rugby et leurs hommes d’affaires faisaient valoir que les matchs rapportaient de plus en plus de droits dérivés et que le statut d’amateur les empêchaient de prendre leur part de ce gâteau financier croissant. Ils avaient raison. Ils ont choisi le professionnalisme, ce n’est pas sans inconvénient mais, au final, on doit se souvenir de cette justice qu’il leur a rendue.
Guazzini est un entrepreneur, très lié à une certaine gauche, aimant peindre les maillots de ses joueurs en rose et siéger près de Delanoë ; il aime d’ailleurs fort les vases grecs évoqués plus haut. Il a fait fortune en participant à l’aventure de la radio NRJ, dont il possédait il y a peu encore 5% du capital, une somme très confortable, voisine du milliard de Francs en 2000 (soit 150 millions d’Euros en monnaie courante). En 1994, il a distrait une goutte d’eau de cet océan d’argent, quinze millions de Francs (2,3 millions d’Euros) pour renflouer une équipe de rugby en faillite, celle du CASG, un vieux club qui occupait le stade Jean Bouin, juste à côté du Parc des Princes à Paris. Il a adjoint le nom d’un autre vétéran du sport parisien, le Stade français, pour créer l’équipe du Stade français-CASG qui depuis lors a pu abandonner le vieux vocable CASG pour ne conserver que Stade français. L’équipe débuta en seconde division (ou l’équivalent) avec pour entraîneur Bernard Laporte.
Celui-ci eut l’inspiration de rappeler des joueurs plus ou moins retraités, l’ancien pack mythique de l’équipe de Bègles. Il y ajouta un buteur génial et argentin (déjà), le phénoménal Diego Dominguez.
En une saison, l’équipe retrouva l’élite, la saison suivante, elle disputait la seconde division européenne de l’époque, le “bouclier européen“, puis s’enchaînèrent les titres de champion de France.
Au bout de quelques années, Laporte fut appelé pour relever l’équipe de France, qui essuyait défaite sur défaite, en partie à cause des réglementations sur le dopage qui variaient entre les pays anglo-saxons et le nôtre. Laporte, patiemment, mais vite, rebâtit une équipe capable de gagner et emporta des tournois des Six Nations.
Dans le même temps, il venait souvent assister aux matchs de l’équipe du Stade français à Jean Bouin et je le rencontrais dans la modeste tribune présidentielle où j’étais en principe bienvenu comme adjoint aux sports de ce quartier parisien. On dit qu’il continuait et continue à donner plus que des conseils pour l’équipe de Guazzini.
Depuis dix ans, il a presque tout gagné. Il a été recruté avec pour objectif principal de faire remporter une première coupe du monde par nos joueurs. Rien n’est perdu. En vérité, le résultat médiocre obtenu hier soir entretient le suspens pour la suite de la compétition. À voir Zidane s’entraîner avec les All Blacks, on a fini par se demander si ces derniers n’étaient pas les vrais favoris du public français.
Allons, Sarkozy a fait de déplorables championnats du monde d’athlétisme, le voici pour une compétition rugbystique à qui perd gagne. En tout cas, qu’il ne vienne pas nous prétendre qu’il fait gagner la France : on ne le croira pas.
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06/09/2007
Municipales parisiennes : le temps d'un air plus frais.
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04/09/2007
Simplifier la politique ?
Peut-être est-ce finalement par aveu et par une honnêteté paradoxale que les dirigeants abdiquent peu à peu la fiction de la démocratie interne.
Il faut dire que les voix sont fragiles et les votes au scrutin indirect donnent lieu à des tractations de l’extérieur même des partis dont on mesure l’enjeu et l’impact.
De l’intérieur même, le cheptel des détenteurs de mandats donne lieu à une chasse farouche et je me souviens de la veille du congrès où François Bayrou fut pour la première fois élu président d’un parti centriste, fin 1994, et où le débat entre les deux hommes qui s’occupaient de draguer les votes pour lui portait sur le nombre de votes de délégués qu’il obtiendrait : l’un disait 667, l’autre 664. Ce fut 665. Et c’est pour remédier aux évidents inconvénients de cette pratique douteuse que Bayrou, une fois élu, instaura le principe “un homme, une voix“ qui conduisait en pratique au vote par correspondance, formule qui me semble la plus efficace, juste et transparente, le seul instrument à contrôler étant alors le fichier.
Il reste que les scrutins internes n’ont pas le vent en poupe s’ils ne relèvent pas du plébiscite. La désignation du candidat UMP à la mairie de Paris, par Internet, a laissé une grande amertume chez beaucoup de militants parisiens de ce parti. Quant à la sélection de la candidate socialiste à l’élection présidentielle, le vote des militants, discuté lui aussi – aussi bien dans ses motivations que dans ses modalités – a donné lieu à un feu d’artifice de division, de buts marqués contre son camp, de trahisons à tous les étages, bref, à un quasi-suicide d’une structure déjà amoindrie. Du coup, la principale candidate à la direction du Parti Socialiste se propose d’abolir les courants, ce qui reviendrait en pratique à éliminer les corps intermédiaires dans cette formation politique.
Les Verts eux-mêmes, longtemps obsédés par le formalisme le plus pointilleux, annoncent qu’ils renoncent à leur vice exquis de la démocratie sourcilleuse.
Tout cela mène à la fameuse structure “bottom-up“ dont il a été question lors du dernier Café des Démocrates, juste avant l’été. En vérité, cela signifie que les permanents s’emparent du pouvoir et que les adhérents sont invités à éventuellement s’exprimer (mais a minima), devenant simples clients consommateurs d’une couleur politique, ce qui fait d’ailleurs écho à la récente tendance au zapping politique que l’on a cru remarquer. Ils diront ce qu’ils veulent et ratifieront les décisions proposées par leur champion. La démocratie référendaire progresse donc, insinuant dans les partis politiques la présidentialisation promise par nos élites politiques pour revigorer notre république déclinante.
On ne s’y trompe pas : si les partis voulaient le parlementarisme, ils commenceraient par l’appliquer à eux-mêmes.
On pourrait donc dénoncer cette dérive et cependant, une telle critique n’est pas évidente : pour moi qui suis adhérent du parti centriste depuis plus de vingt-cinq ans (j’ai débuté très jeune, sis, si, je vous assure…), le formalisme des scrutins locaux, des petits comités théodule, des machiavélismes de couloirs, tout cela ne vaut guère mieux que pas de démocratie du tout.
Alors ?
Voyons ce que nous pouvons imaginer pour notre MoDem, sans illusion, car il est probable que les jeux soient déjà faits et les dispositifs déjà mis en place sur le papier.
Parions donc que ces projets ne soient pas encore calcifiés. Parions, puisque rien n’est jamais joué d’avance et qu’il reste toujours un ressort secret de l'action des MoDem : l'éthique
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03/09/2007
L’école pour la conscience.
Je répète assez souvent sa phrase qui place le militantisme du savoir en exergue de tout idéal démocratique.
Aujourd’hui, et depuis plusieurs décennies, une proportion très forte des classes d’âge est conservée dans la filière scolaire jusqu’à sa majorité, voire au-delà.
Peut-on dire qu’Hugo avait raison ? Les grandes vertus ont-elles progressé avec la scolarisation ? Je le crois.
Voilà un bon sujet de réflexion à la veille de la rentrée…
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01/09/2007
En quête de boucs émissaires.
Dans la mentalité simple, tout événement a un auteur. Si l’événement est mauvais, il y a forcément un fautif. Ainsi, si la situation économique est inquiétante, si la croissance ne vient pas, il y a forcément un ou des coupable(s). On sourit alors parfois en prononçant les mots “que fait le gouvernement ?“ mais, pour un grand nombre, ces mots ont un sens : si l’économie va mal, c’est la faute du gouvernement, à moins que… à moins que celui-ci ne désigne un autre coupable.
C’est ainsi qu’à travers le temps furent désignés des boucs émissaires et on sait où (à quelles erreurs voire horreurs) ce procédé a conduit dans le passé.
Or toute l’idéologie développée par Sarkozy est fondée sur l’idée de la culpabilité (pas la sienne, bien entendu) et de la répression. En estimant qu’il faut imposer la perpétuité réelle à certains délinquants ou criminels, en menaçant toutes sortes de fauteurs de trouble, il fait certes œuvre de dirigeant politique et ses décisions et annonces méritent discussion, mais il impose aussi l’idée latente d’une culpabilité qui finit par devenir universelle à travers les radars routiers, signes visibles d’une répression qui se dit inflexible.
Or cette idée de faute a ses inconvénients et ses facilités : inconvénients car elle légitime la tendance instinctive des esprits simples à considérer que tout événement a un auteur donc un coupable ; ses facilités car, du moment que l’existence d’un coupable est une évidence pour tous, il suffit aux dirigeants de désigner un bouc émissaire pour s’exonérer de leur propre part de responsabilité, voire pour estomper leurs autres méfaits.
Je crois que ce que je dis est assez clair.
Et les fonctionnaires, sans doute trop nombreux, sont actuellement le plus évident des boucs émissaires. Il pourrait y en avoir d’autres. C’est tellement facile…
En revanche, s’interroger sur le fait que l’atmosphère répressive soit déprimante et qu’elle contribue au marasme économique et moral, ça, ça, c’est beaucoup trop difficile. C’est si agréable, de punir.
Et la gauche, avec ses Verts obsédés eux aussi par la faute, ne fait pas mieux, de ce point de vue, que la droite.
Qu’on nous laisse donc un peu vivre.
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29/08/2007
Des armes et du pétrole.
Disons tout de suite que le libellé de son avertissement ne suffira pas à le qualifier pour l’Académie française. Lorsqu’il y a dit que si l’Iran se dotait de la bombe atomique, cela signifierait des bombardements sur l’Iran, il a énoncé une contrevérité flagrante : si l’Iran se dote de la bombe, il est bien évident que personne ne bombardera l’Iran, il sera trop tard.
C’est dans le processus intermédiaire que se place la menace et là se trouve bien le problème mis en évidence par l’affaire irakienne : comment évaluer la réalité de l’armement condamné ? Comment éviter le mensonge d’un secrétaire d’État américain venant au Conseil de Sécurité des Nations unies avec des preuves évidemment (et grossièrement) fabriquées de toutes pièces ? Pas de réponse sur ce point.
En vérité, il semble que l’ardeur que le présidentourloupe a consacrée à vilipender l’Iran soit surtout destinée à adoucir l’oreille des Irakiens froissés par les immixtions kouchnériennes dans leurs affaires intérieures.
Que ne ferait-on pas pour vendre des armes et acheter du pétrole…
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28/08/2007
Breizh atao … sans Sarko !
Quelquefois, je me demande si l’insistance récente de la chaîne de télévision TF1 à faire élire Sarkozy n’était pas une pièce avancée sur l’échiquier de l’indépendance de la Bretagne. On peut se gausser de cette idée et cependant, Patrick Le Lay a déclaré sans rire à un magazine local qu’il se sentait à peine français. Alors…
L’homme d’ailleurs n’est pas aussi antipathique que ses caricatures et sa stratégie commerciale le suggèrent. J’ai eu l’occasion de le rencontrer début 2002 quai du Point du Jour, à Boulogne-Billancourt, au quatorzième étage de la grande tour vitrée de TF1 : il m’achetait trois exemplaires du premier de mes livres et m’avait très poliment demandé si j’aurais l’obligeance de faire le détour par cet endroit. Venant du quartier voisin, le seizième arrondissement de Paris, je n’y voyais guère d’effort et plutôt l’amusement de découvrir le tout-puissant patron de la première chaîne.
Je n’apportai qu’un exemplaire. Mes livres pèsent deux kilos et demi chacun et mesurent un quart de raisin sur dix centimètres d’épaisseur ; on les voit de loin. À l’entrée du siège de TF1, le vigile vit mon livre. Il me dit :
- Ah, c’est vous.
J’étais attendu.
Je pénétrai dans le hall que je trouvai empli de verre et de tout ce qui peut luire, d’une dalle de pierre polie à un écran de télévision, en passant par des ampoules électriques et du chrome. Une très jolie femme bondit de son siège dès qu’elle m’aperçut et vint à moi avec un sourire et des prévenances qui en disaient long sur l’impact des info données sur moi par le secrétariat du président.
Je franchis un portillon et montai seul dans un ascenseur. Au quatorzième, je découvris une moquette épaisse comme la savane.
La secrétaire principale de Le Lay m’accueillit et me pria de l’attendre dans une pièce qui ouvrait sur la Seine, sur la tour Eiffel et sur les cimenteries. Je m’assis devant un bureau en loupe orangée et vernie, derrière lequel quelques cassettes de films produits par TF1 meublaient vaguement une étagère.
Je posai avec soin mon livre sur le bureau. On me proposa du café (il était trois heures de l’après-midi) et j’acceptai du thé : je ne bois jamais de café.
Faisant le tour de la pièce du regard, je finis par remarquer une très petite caméra dans le coin, juste sous le plafond, à laquelle j’adressai un sourire. L’instant d’après, Le Lay entra.
Il fut très affable et délicat. Il me parla un certain de temps de sa collection de livres sur la Bretagne. Il possédait trois exemplaires de l’Histoire de Bretagne de Bertrand d’Argentré, l’édition de 1582, celle que je viens de rééditer et qui, à plus d’un égard, est un brûlot antifrançais. Il avait tout. Il connaissait tout. Un seul joyau manquait à sa collection : un incunable (pour ceux qui l’ignorent, un incunable est un livre imprimé avant 1500).
Il faut dire qu’il n’y a qu’une dizaine d’incunables bretons, qu’il s’en vend très rarement, et qu’ils sont toujours préemptés par des bibliothèques publiques.
Bref, le pauvre Le Lay en était réduit à collectionner les manuscrits enluminés italiens du XIVe siècle. Un véritable drame.
L’entretien dura tant que je vis apparaître les visages étonnés de Mougeotte et de Bataille et Fontaine qui grimpaient de l’étage inférieur par un colimaçon étroit. J’appris plus tard que Le Lay avait retardé impromptu une réunion au sommet pour me recevoir avec mon précieux ouvrage qui constituait l’une des rares pièces contemporaines de sa collection. Que ne ferait-on pas par vice. Il en est de pires.
Il m’adressa à TV-Breizh en m’expliquant qu’il avait lui-même une ligne très patriotique et bretonne, qui faisait écho au profil de mon livre. Je précise que celui-ci traite d’une époque où le maître de la Bretagne se faisait qualifier de “souverain seigneur, duc par la grâce de Dieu“, ce qui laissait peu de place à la souveraineté royale. De là ce que disait Le Lay. Et après tout, cette lecture n’est pas absurde. Mais j’avoue n’être absolument pas nationaliste, ni pour la Bretagne, ni pour la France, ni pour l’Europe, ni pour quelque nation que ce fût. Je n’aime pas ce genre d’égoïsmes.
En revanche, si l’on songe que le patron de la principale chaîne était un ennemi du pays dans lequel celle-ci était diffusée, le fait qu’il en ait tellement crétinisé la population prend un sens tout différent, non ? Et alors, s’il a fait élire Sarkozy, ce n’est pas bon signe pour la France, mais au contraire l’indice tangible qu’il veut la mort de ce pays.
Et le fait que la Bretagne soit ennemie de Sarkozy serait une motivation que le machiavélique plan lui donnerait pour réclamer son indépendance…
Bon, il faut bien se consoler en rigolant un peu.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, je précise que Yasmina Reza rapporte dans son nouveau livre que Sarkozy n’a “rien à foutre des Bretons“.
C’est réciproque.
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26/08/2007
Raymond Barre : l’honnête homme.
Tout d’abord, le tenant de l’école économique libérale française. L’économie, selon Raymond Barre, nécessite rigueur et effort. Les règles de la bonne gestion sont celles de la croissance. On ne doit pas jouer avec l’outil monétaire. Le moteur de la croissance est la production.
Fondée sur des principes taillés dans le granit, sa doctrine économique a fait de lui une référence mondiale après avoir conduit des générations d’élèves de Sciences Po à étudier les dures lois de l’économie dans le manuel qu’il avait rédigé.
Écouté, reconnu, il fut appelé en politique par l’un des Jeanneney (le deuxième). Giscard le nomma premier ministre parce que, dit-on, Barre se taisait beaucoup lors des conseils des ministres et laissait les autres parler.
Premier ministre, Barre appliqua ses théories, trancha dans les systèmes prébendiers installés par les gaullistes (ou se disant tels ; Barre lui-même ne cachait pas sa fascination pour de Gaulle), lutta en même temps contre les chocs pétroliers, bref, entreprit de reconstruire en profondeur l’économie française en vraie économie libérale (éloignée de ce qu’on nomme ainsi en général, car dépourvue des instruments léonins qui font de nos économies des pouvoirs féodaux). Il prônait la vertu et, fait rare, respectait la seconde vertu de tout homme d’État (juste après la première : l’efficacité) : l’honnêteté. Ce brevet d’honnêteté lui a été décerné ce samedi par Michel Rocard, un expert en la matière et c’est tout dire.
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24/08/2007
Guéant président ?
Guéant mangera-t-il Sarkozy ?
On avait déjà vu Chirac devenir le fusible de son premier ministre Juppé, on voit maintenant le président devenir le secrétaire général de l'Élysée, recevant petits et grands interlocuteurs avec une disponibilité de maire de commune rurale, cependant que les tâches du gouvernement sont assumées par le secrétaire général devenu président.
On est dès lors à peine surpris que l'épouse du président, promue négociatrice -officielle mais muette - de l'État français destinée à remettre sur les rails le train-train de la diplomatie française depuis Pompidou : ventes d'armes, achat de pétrole, soit interdite de reddition de compte devant les députés et sénateurs : le président, qui reçoit tout le monde et ne gère rien viendra s'exprimer devant la représentation nationale, mais ceux qui ne reçoivent personne et font tout n'y viendront pas. Est-on décidément surpris de cette régression de la démocratie ? Bien sûr que non.
Ah, vivement le MoDem !
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16/08/2007
France/USA : je t’aime, moi non plus ?
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Français sont partagés entre un réflexe d’ingratitude et une admiration envieuse quand ils pensent à l’Amérique. Sardou chante « Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie » cependant qu’on entend partout décrier l’arrogance et l’hégémonisme américains. On chante Lafayette, on déplore qu’il n’ait pas accepté l’offre qui lui était faite de l’adoption du français comme langue officielle des Etats-Unis naissants, et pourtant on regrette que Napoléon ait vendu la Louisiane. On s’inquiète de l’invasion de nos anciennes colonies africaines par les intérêts américains, cependant qu’on trouve plus chic de jargonner dans un sabir d’anglais qui n’est même pas le langage bizarre qu’utilisent les institutions internationales en guise de langue de Shakespeare. Bref, la France marche à côté de ses chaussures dès qu’il est question de l’Amérique, à peu près de la même façon qu’autrefois de l’Angleterre.
Au milieu de ces contradictions, quelques moments se détachent. Parmi ceux-ci, la séance du Conseil de Sécurité des Nations-Unies où, en 2003, la France opposa son véto à l’emploi de la force internationale pour achever le régime moribond du vieux dictateur Saddam Hussein.
Ce fut l’heure de gloire de Dominique de Villepin, son quart d’heure de célébrité. Et la France quasi-unanime approuva le choix qu’il exprima alors au nom du président Chirac : nous savions que les arguments employés par l’administration Bush pour justifier l’intervention en Irak n’étaient que des mensonges, comme cela fut avoué depuis lors par plusieurs des intéressés américains eux-mêmes.
J’ai moi-même approuvé la décision de refuser la collaboration au mensonge.
Pourtant, une erreur capitale a été commise par notre ministre des Affaires étrangères ce jour-là : il n’a pas tenté de s’adresser au peuple américain, ou plutôt, il a donné l’impression que le peuple français était désormais hostile au peuple américain, en n’employant aucune des nuances indispensables pour dissocier la nation américaine de ses dirigeants.
Cette faute n’est pas apparue à beaucoup. Pourtant, dans les conversations privées, on entendait presque toujours ce distinguo.
Or c’est cette erreur qui a occasionné les réflexes anti-français aux Etats-Unis à l’époque.
On voit bien que c’est pour remédier à cet inconvénient la stratégie du président Sarkozy, ces derniers jours, a plus visé l’opinion publique américaine que les autorités actuelles des Etats-Unis. Bien sûr, il a aussi remercié ses commanditaires, mais il a véritablement fait un effort pour rappeler en France les supposées hordes de touristes américains capables de consommer nos illustres produits de toutes natures ; et, outre-Atlantique même, d’encourager le retour aux produits français. En somme, le but est de contribuer pour quelques fractions de point supplémentaires à la croissance du PIB français.
Pourquoi pas, après tout ? Peut-on critiquer un effort qui semble louable ?
Oui.
Oui, car il a trente ans de retard. Encourager la consommation américaine de productions françaises comme si l’affaire de 2003 était seule cause de son ralentissement est une erreur : dès avant le 11 septembre 2001, les Américains venaient moins nombreux en France et notre part de marché en Amérique même se comprimait. Pour une cause politique ? Pas du tout : parce que l’Amérique évolue, que ses priorités changent, certes (ce qui pourrait se corriger), mais aussi et surtout parce que les Etats-Unis, tout puissants qu’ils demeurent, ne sont pas un pays en bonne santé. La croissance économique y est, depuis près d’une décennie, artificielle.
Par conséquent, jouer les VRP de luxe en Nouvelle-Angleterre est une erreur d’analyse. Certes, il n’est pas mauvais de rappeler que les Français n’ont jamais détesté collectivement les citoyens américains, mais outre que c’est au prix du rapprochement avec une administration discréditée dans sa propre population, c’est surtout un formidable coup d’épée dans l’eau : ce n’est pas comme ça que l’on pourra relancer la production française.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. On croyait que jamais le nom de Sarkozy ne pourrait rejoindre le nombre de celles-ci. Eh bien, tout arrive…
Voici donc que s’éloigne la perspective d’un point supplémentaire de croissance pour notre pays. Le chiffre très faible annoncé mardi pour la croissance du PIB au deuxième trimestre fait douter qu’il y ait jamais eu d’effet Sarkozy sur le moral des ménages et sur le dynamisme de l’économie. Demain, à cet égard, ressemblera fort à hier. Avis de tempête pour l’UMP et ses valets.
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11/08/2007
La faune contre l’humain ?
Du reste, depuis que l’on nous avait annoncé que la femelle avait atteint l’âge de dix-sept ans au lieu des sept précédemment officiels, on savait que sa fonction reproductrice était amoindrie, que le rapport qualité/prix de la livraison slovène devenait mauvais. Le tableau était sale, il fallait le laver.
Quant à l’opportunité de la réintroduction de l’ourse dans les Pyrénées, je me rappelle d’abord ce que Bayrou en a justement dit : on ne fait pas ce genre d’opérations lourdes sans l’assentiment, voire l’adhésion, de la population. De ce côté-là, c’était raté. Au-delà même, l’explication donnée par la jolie Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État qui assume l’environnement auprès du ministre Borloo (on mesure au passage le changement de statut de l’écologie résultant du départ de Juppé du gouvernement), ne convainc personne : réintroduire l’ours pour ne pas avoir l’air d’on ne sait quoi auprès des Africains à qui l’on demande de protéger le dévastateur éléphant. C’est absurde : l’ours slovène n’est pas l’ours des Pyrénées ; c’est en Slovénie qu’il faut le protéger.
On sait cependant pourquoi l’ours était slovène : pour qu’on ne le confonde pas avec une fraise des bois.
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05/08/2007
Diplomatie des ornières
Si l’on imaginait que ces contrats, tels ceux des frégates de Taiwan, donnassent lieu à de juteuses rétrocommissions, l’on trouverait la boucle bouclée et la réelle philosophie du personnage devenue explicite. Mais de toute évidence, il n’y a eu aucune rétrocommission et seul le très mauvais esprit peut en faire supposer.
La ferveur avec laquelle Kouchner a défendu le président à cette occasion donne à supposer que, si le ministre des Affaires étrangères n’a pas été à la peine, il a du moins été à l’honneur. Quant à la référence qu’il a faite aux missions discrètes qu’il a effectuées en son temps avec Mme Mitterrand, il a oublié de préciser que celles-ci étaient restées, justement, discrètes et n’avaient donné lieu à aucune mise en scène théâtrale. La diplomatie peut avoir besoin de bas-côtés, mais elle daigne rarement mélanger la route et le fossé.
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31/07/2007
Spirale de la dette : l’abîme ?
Ce qui devait donc arriver est arrivé et on a vu le gouvernement renvoyer le désendettement aux calendes d’une improbable croissance, cependant que les mesures coûteuses s’ajoutaient les unes aux autres.
Pourtant, l’argument n’est pas en lui-même absurde : en vérité, la dette publique est supportable tant que son service croît moins vite que le Produit intérieur brut (PIB) du pays. On peut vivre bien avec une dette forte pourvu que l’économie soit dynamique.
À long terme, la dette peut finir par s’amortir et, par des jeux financiers habiles, être transformée d’une masse très onéreuse en une masse moins lourde pourvu que l’on arrive à échanger des crédits à fort taux contractés pendant les périodes de taux d’intérêt élevés contre des effets à moindre taux lorsque les taux de base sont moins haut. Cette tactique a permis aux Etats-Unis de faire un habile et juteux yoyo avec des capitaux japonais voici quelques années.
Donc la dette en soi n’est pas un mal ou du moins peut n’en être pas un.
Mais la dette extérieure publique de la France est devenue intolérable. La croissance de l’économie ne parvient pas à y faire face depuis bien des années maintenant et il faut désormais parler d’une spirale : la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) engendre une hausse du service de la dette (en termes de milliards) ; elle grève nos exportations et par là même réduit les rentrées de liquidités de l’État ; elle encourage la faiblesse du dollar et si, demain, ce dernier remontait, nos exportations seraient certes plus concurrentielles mais notre dette extérieure augmenterait d’autant et, par ailleurs, il faudrait relever encore les taux d’intérêt, ce qui contribuerait à faire s’envoler purement et simplement notre dette.
Bref de tous côtés, la dette augmente.
Ah, si seulement, les sages mesures d’économie et d’amélioration du pouvoir d’achat préconisées par Bayrou avaient été acceptées par les Français…
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