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24/06/2007

L'Europe sans le peuple.

Le principal défaut de la construction européenne est devenu patent dans les années 1990 : tout l'édifice reposait sur un ensemble de décisions parlementaires. De tous les traités constitutifs de l'Union européenne, un seul avait été adopté par référendum (et quel référendum...) : celui de Maestricht.
 
L'abstention croissante lors des élections du parlement européen manifestait le désintérêt du peuple pour la chose bruxelloise.
 
À vrai dire, cette désaffection choquait surtout en France, car les autres pays de l'Europe ont peu la pratique du référendum et s'en remettent volontiers à des solutions parlementaires.
 
Pourtant, l'idée française du besoin d'enracinement de l'Europe dans le suffrage universel faisait son chemin avec celle de la supranationalité. De toute évidence, si l'on voulait progresser dans le regroupement des souverainetés, il faudrait bien y associer les peuples.
 
On s'engagea alors dans un processus lourd de plusieurs référendums ponctuant l'adoption de l'ambitieux traité constitutionnel européen (TCE) par les parlements de certains états. Le Royaume-Uni devait fermer le bal référendaire ; l'adoption par les vingt-quatre autres états se changeait alors en couteau sous la gorge des Britanniques, sommés de se soumettre ou de se démettre, c'est-à-dire d'approuver ou de se retirer de l'Europe.
 
Ce chantage n'effrayait personne. Il échoua : le référendum français et, dans la foulée, celui des Pays-Bas, se soldèrent par deux non sonores.
 
On pourra gloser longtemps sur les raisons de ce double refus mais on se souvient qu'à l'époque, les études d'opinion montraient que les référendums suivants seraient difficiles aussi, notamment en Pologne.
 
Seul le Luxembourg sauva l'honneur, mais de justesse. Le signe devenait accablant : si un pays aussi profondément européen que le Luxembourg renâclait à ce point à approuver le nouveau texte, c'est qu'il devait avoir tous les défauts.
 
Il les avait : trop long, trop obscur, trop ambigu, trop charabia, trop dispersé, il ne pouvait être approuvé que du bout des lèvres et les adversaires de la construction européenne avaient beau jeu de lui découvrir toutes les tares car, étant donné son obscurité, personne n'était vraiment à même de les contredire, pas même le coordinateur des travaux de sa rédaction, le Français Giscard d'Estaing, qui invoquait pour toute défense un "pourquoi voulez-vous que nous ayons fait un mauvais texte ?" qui résonnait comme un aveu de faiblesse.
 
Et pourtant non, le TCE n'avait pas tous les défauts.
 
Il avait une qualité, une qualité essentielle que l'on a oubliée : il reprenait l'ensemble des traités fondateurs et les soumettait d'un coup au référendum.
 
C'était toute la construction européenne que le peuple se voyait alors invité à valider d'un coup.
 
Or il l'a rejetée. En bloc. Il a dit non à tout.
 
C'était le risque.
 
Il n'a pas été assumé.
 
Qui pis est, il est aujourd'hui nié : on se félicite de voir repris, nous dit-on, dans le nouveau traité abrégé (le "best-of" du TCE) l'essentiel des dispositions institutionnelles contenues dans le défunt traité.
 
Pourquoi pas ? Il en est de bonnes.
 
Mais on entend aussi qu'il n'est plus question de référendum et que les mêmes choix que le peuple a rejetés, le parlement du peuple va les adopter contre lui.
 
Peut-on décrire plus grand scandale politique ?
 
Alors il faut le dire : je suis pour la construction européenne, à fond. Je suis pour que nous bâtissions une grande fédération d'États nations (comme dit Delors) qui jouera un très grand rôle dans l'édification des institutions mondiales et dans l'organisation d'un monde plus équitable et plus humain.
 
Mais il ne peut être question de continuer à échafauder sans se préoccuper des fondations. Or les fondations, c'est le peuple. Le peuple doit s'exprimer.
 
Je sais bien que la récente campagne présidentielle donne l'impression que la colère du peuple est matée, que le fleuve populaire est rentré dans son lit après vingt ans de crue, que la crétinisation des esprits faibles est de retour et que son efficacité touche au zénith.
 
Je sais bien tout cela.
 
Je sais aussi que l'hyperactivité du président donne l'impression que tout va aller mieux, que les gens vont avoir envie de recommencer à travailler, à s'activer pour lui ressembler. Que par conséquent l'économie va s'éveiller de sa léthargie, d'autant plus qu'on annonce une hausse du pouvoir d'achat pour 2007 (3,2%).
 
Mais tout cela est un trompe-l'oeil. Il n'y a pas de démocratie sans le peuple et les frustrations qu'il subit dans les périodes d'effervescence économique et d'opulence, il les fait lourdement payer dans les moments de stagnation.
 
Que l'on s'en souvienne aujourd'hui pour n'être pas surpris demain. 

23/06/2007

Difficile naissance du MoDem.

La vieille UDF meurt dans la peine.
 
L'argent y manque. La campagne présidentielle a coûté plus que le remboursement de l'État, les locaux se désertifient.
 
Jeudi après-midi, rue de l'Université, le silence régnait. C'est jeudi. J'y suis. Il y règne.
 
On murmure des chiffres sur le trou béant des finances du parti. On constate le départ de salariés, comme Okan, l'un des veilleurs du site Bayrou.fr. On dit que la compression de personnel sera forte.
 
On croise cependant, ce jeudi, la bonhommie penchée de Marie-Amélie Marcq, l'experte ès médias des bayrouistes depuis plus de dix ans ; non loin d'elle (et dans la cour quand le temps le permet), la silhouette caractéristique et le front plissé d'Ophélie Rota, attentive devant son écran d'ordinateur.
 
Plus loin, on ne peut serrer la main de Stéphane Thérou, un survivant comme moi de l'équipe des jeunes centristes d'Éric Azière à la fin des années 1980, parce qu'on l'a déjà fait dans la rue devant le conservatoire municipal : il sortait bavarder avec un ami.
 
On trouve cependant le profil concentré de Stéphane Nicolas, directeur de services devenus fantomatiques, un jeune, grand, réservé mais solide. Il lève les yeux de sa page et montre sa préoccupation dans son sourire.
 
À côté de lui, la brune Karine a l'air fatigué. Une autre qui devrait être là passe désormais son temps à bavarder dans le vestibule.
 
Un peu plus loin, Pierre-Emmanuel Portheret, ex-secrétaire du groupe UDF de l'Assemblée nationale, lit un journal devant un écran d'ordinateur. 
 
Tout au fond, affectant l'air serein tout en rangeant ses dossiers avec méthode, Éric Azière souffle : pour une fois dans l'année, il passe une après-midi sans que son téléphone sonne.
 
Il classe les fiches des candidats aux législatives et des résultats.
 
En quelques mots, il me donne quelques indications sur ce qu'il sait de la situation politique interne de l'UDF devenant MoDem.
 
Il me parle des Alsaciens, de Jacqueline Gourault. Il réfléchit. Je fais état de la réunion des sénateurs. On n'en connaît pas encore le résultat complet, mais on sait que quinze sur trente-deux ont voté une motion de synthèse exprimant leur identité de droite. Ces gens sont centristes depuis trente ans et, au bout de trente ans, découvrent qu'ils sont de droite.
 
Ah, pauvres Lecanuet, Poher, Abelin, Diligent et quelques autres, comme vous devez les plaindre, vos fils et vos frères perdus.
 
Que sera l'avenir du groupe centriste du sénat autour de Michel Mercier ? Pas encore d'info.
 
En refluant vers la sortie, le crâne plissé et chauve de Didier Nicolas, le veilleur des fichiers, se présente à moi, moins souriant que d'ordinaire. L'un de mes livres est posé sur son bureau. Il me le signale amicalement.
 
Je ne monte pas au deuxième étage : depuis que Quitterie n'y est plus, je n'en fais plus l'effort.
 
En repartant, dans la cour, Dominique Le Pennec lâche pour une fois sa cigarette et son téléphone et nous échangeons une chaleureuse poignée de mains.
 
Et les autres ? Où sont-ils ?
 
Où est la ruche extraordinaire de l'élection présidentielle ? Que reste-t-il du rêve ? Où ont-ils tous disparu ?
 
Voilà ce que j'ai vu et pensé jeudi. Deux ou trois jours plus tôt, il y avait un peu plus de monde, ou plutôt quelques-uns qui n'y étaient plus jeudi quand ceux de jeudi ne s'y trouvaient pas tous à ce moment-là.
 
Ils ont mérité leurs vacances. Pour ceux qui en prennent et qui reviendront en septembre après les Assises de la Démocratie.
 
Pour les autres, bon vent. Ne vous éloignez pas trop. 

L'Europe engluée pour sept ans.

Pour son deuxième sommet institutionnel en quelques semaines (après celui du G8), la chancelière allemande Angela Merkel ne voulait pas d'échec. Il lui fallait couronner sa présidence tournante de l'Union europénne par un accord sur le mini-traité chargé de remplacer le défunt traité constitutionnel européen.
 
C'est fait.
 
Hélas.
 
De tout le dispositif, deux ou trois aspects seulement ont fait l'objet de longs commentaires, retenons-en deux : la répétition de la formule "concurrence loyale et non faussée" et la pondération des votes dans les instances intergouvernementales de l'Union.
 
Sur la "concurrence non faussée", j'avoue trouver le débat surréaliste. On trouve l'Europe trop libérale, alors qu'elle ne l'est pas assez. On fait reculer les formules qui prémunissent contre les favoritismes étatiques (donc contre la corruption) au motif qu'elles sont trop libérales, alors qu'elles ne le sont pas assez.
 
Il y a en effet deux problèmes en Europe, qui sont les deux extrémités du même bâton.
 
Le premier, c'est le libéralisme : il est érigé comme moteur de la construction. On ne l'oublie pas, pour l'inspirateur Monnet, les nations européennes ne se sont jamais fait la guerre pour autre chose que pour servir leurs intérêts ou ceux des castes économiques qui les dirigeaient.
 
Par conséquent, interpénétrer les marchés, les fusionner en un seul, faire des intérêts de plusieurs nations l'intérêt commun de plusieurs nations, tout cela était vertueux et prometteur de paix. Promesse tenue : l'ouverture du marché unique rend la paix inéluctable entre les Européens et il n'y aura pas de recul sur ce point.
 
Mais les mécanismes du libéralisme sont récupérés contre celui-ci par de grands groupes d'intérêts qui pèsent sur les institutions de l'Union comme sur celles des États membres ; détournement du lobbyisme à fin mercantile. Au lieu de combattre le libéralisme, il vaudrait donc mieux en réclamer plus, de façon à ce que les institutions de Bruxelles aient pour but prioritaire en ce domaine, une vraie "concurrence loyale et non faussée", c'est-à-dire où le petit ait autant de chance que le grand.
 
À l'autre extrémité du bâton, il y a en effet trop de libéralisme : il faut sauvegarder certaines activités monopolistiques comme services publics, c'est légitime.
 
Or sur ce point comme sur le premier, le mini-traité n'apporte pas grand chose.
 
En revanche, sur la pondération, il opère des modifications.
 
Seulement voilà : ces modifications ne seront opérationnelles qu'en 2012 et ... 2014, soit dans sept ans !
 
Depuis 2005 et l'échec des référendums, il aura donc fallu neuf ans pour sortir de l'impasse ! Neuf ans sans aucune intiative institutionnelle nouvelle.
 
Car on ne s'y trompe pas : en se fixant ce rythme de tortue asthmatique, l'Europe a pris acte d'une pause très profonde dans la dynamique de la construction européenne.
 
Dorénavant, tout est figé pour sept ans. 

22/06/2007

Une interview de Daniel Carton par Quitterie Delmas sur AgoraVox.

Quitterie Delmas a souhaité interroger le journaliste Daniel Carton sur son dernier livre, qui retrace la récente campagne présidentielle sous un angle inhabituel, dans la foule, parmi les électeurs, loin de l'atmosphère frelatée de la sphère politico-journalistique.
 

21/06/2007

L'Europe des fantômes.

La perspective d'adoption d'un traité dit "simplifié" pour sortir de l'impasse institutionnelle dans laquelle l'Europe végète depuis le printemps 2005 ne soulève guère de passion en France.
 
Depuis l'échec du traité constitutionnel européen (TCE), l'Europe est un fantôme, un squelette qui pourrit dans les oubliettes. Tout le monde s'en fiche.
 
Triste abandon de l'idéal d'union des peuples.
 
Il ne nous reste que nos égoïsmes. Égoïsmes de riches contents d'économiser sur les droits de succession, égoïsmes de pauvres heureux qu'on désigne des boucs émissaires encore plus pauvres qu'eux, coupables d'être, selon l'expression de Brassens reprise par Maxime Le Forestier, "nés quelque part".
 
Nous combattons les délocalisations avec la même ferveur que, voici vingt ans, nous exigions des transferts de technologie vers le Tiers-Monde pour permettre à celui-ci de se développer. Nous n'avons pas donné nos technologies, ils les ont conquises. Aujourd'hui, ils ne nous doivent rien et les emplois vont chez eux. Bel exemple de l'efficacité de l'égoïsme.
 
Et pour l'Europe, combien étions-nous à contempler, les yeux embués, les pioches qui, pan par pan, démolissaient le mur de Berlin ? Quel bonheur, alors, de savoir l'Europe orientale enfin libre.
 
Mais quant il a fallu passer à la caisse pour aider cette liberté retrouvée, oh, mais vous n'y pensez pas.
 
C'est Daniel Cohn-Bendit qui, avec sa netteté d'expression caractéristique, a alors glapi contre les États "radins". Car le non français à l'Europe, c'est aussi celui de l'enfant gâté de l'Europe, la France qui, pendant des décennies, a été la première à bénéficier de la manne européenne.
 
Nous étions bien contents, alors, de recevoir. Et la construction européenne était si populaire...
 
Mais quand le flux s'est inversé, quand notre pays est devenu contributeur net au budget de l'Europe, quand il s'est agi de faire pour eux ce que d'autres (l'Allemagne et les Pays-Bas surtout) avaient fait pour nous, fi donc ! Non, non et renon. Il n'y avait plus de France.
 
Non est alors devenu le nom de la France et nous le portons comme un stigmate.
 
Notre hyperprésident peut bien se promener avec son mini-traité à la main, nous n'en sommes que plus vils et plus ridicules.
 
Bien sûr, faute de mieux, il faudra bien l'approuver en attendant mieux ; mais encore faudrait-il que d'autres l'approuvent aussi.
 
Car la réalité que nous connaissons aujourd'hui est la même que celle à laquelle auraient dû réfléchir ceux qui ont voté non au TCE : l'Europe, on ne peut pas la faire seul. Il faut être six, neuf, dix, douze, quinze, vingt-cinq, vingt-sept, bref, il faut que tous les Européens veuillent la faire aussi.
 
Et quand on leur claque la porte sur les doigts avec un "non" sonore, il faut s'attendre à ce qu'ils nous fassent ensuite un peu la sourde oreille.
 
Il n'y a pas si longtemps, dans une grande indifférence de la campagne présidentielle française, fut célébré le cinquantième anniversaire du traité de Rome qui a enclenché la mutation institutionnelle de l'Europe.
 
Je pense aujourd'hui à tous ceux qui sont morts, aux millions de morts de toutes les guerres qui, peut-être, lorsqu'on a enfin parlé de paix et de travail commun, ont pu croire leur sacrifice utile à la sagesse des nations.
 
Je pense aux fondateurs, à Gasperi, à Adenauer, à Monnet, à Schuman, à Deniau, rédacteur du traité de Rome mort si peu de temps avant l'anniversaire.
 
Je pense au cortège des fantômes.
 
Le drapeau de l'Europe est tombé. Il gît dans la poussière.
 
Il faut le relever : l'Europe a un grand rôle à jouer pour un monde plus équitable, plus humain et plus libre.

19/06/2007

MoDem : être, vivre, compter, exister.

Être : le MoDem, on ne s'en étonnera pas, émerge progressivement de son oeuf électronique et virtuel. Il a besoin de s'incarner, de se constituer, de se définir, de se connaître.
 
Et ce, à une vitesse accélérée.
 
Au galop, diraient les cavaliers de Bayrou. La casaque orange du MoDem tient la corde de la modernité et n'entend pas la céder.
 
Vivre : les assises de la démocratie, fin août, seront la deuxième phase de la vie du MoDem ; de là découlera le calendrier de l'organisation du nouveau mouvement, de la définition de ses structures internes, de sa démocratie, de son horizon idéologique, de ses penchants intellectuels.
 
Le bouillonnement commencera. Le MoDem doit devenir vite un bouillon de culture.
 
Il doit découvrir ce qui lui permettra de n'être pas un parti comme les autres (notamment les passerelles à jeter vers ses voisins), mais aussi ce qui lui sera autorisé d'une vie ordinaire de parti, notamment les courants.
 
Compter : le MoDem obtient un score très encourageant de 13% en moyenne dans les centres-villes. Or aux élections municipales, il suffit de 10% des suffrages exprimés au premier tour pour se maintenir au second.
 
Aucun doute : le MoDem comptera dans la constitution de nombreuses majorités nouvelles, de tous horizons. En investissant des candidats jeunes, nouveaux, volontaires, le MoDem investira pour l'avenir.
 
Jamais peut-être les mots investitures et investissements n'auront été si proches.
 
Exister : après avoir écrasé tous les autres imposé le respect aux autres partis politiques, le MoDem pourra commencer à incarner dans nos villes, sur le terrain, les projets développés par François Bayrou et chacun de nous devra décider s'il le fait mieux en tentant de devenir un clone de Bayrou ou en étant lui-même. Libre.

18/06/2007

Le MoDem fusille cent députés UMP.

Nicolas Sarkozy a dérobé vingt-deux députés à François Bayrou. Le MoDem, par des reports massifs sur les candidats de gauche, a fait tomber quarante-deux sortants UMP, presque le double. Plus donc que la loi du talion, à moins que l'on ne considère que les vingt-deux constituaient les trois quarts de nos effectifs et que, donc, une proportionnalité stricte n'eût pas été équitable.
 
C'est pourquoi les électeurs du MoDem, dans leur élan, ont aussi emporté à gauche ou ... au MoDem, une soixantaine de circonscriptions promises à un gain de droite le dimanche précédent.
 
Cent députés au tapis. Au bowling, on crierait "strike !"
 
Pourquoi l'électorat du MoDem a-t-il si vivement marqué son opposition au gouvernement et sans doute au président ?
 
D'abord, en raison des appels de François Bayrou au pluralisme. La promesse d'une assemblée monochrome, caporalisée, ouvrant au parti dominant tous les pouvoirs, y compris celui de modifier à lui seul la constitution, tout cela a fini par donner le vertige aux électeurs, a fortiori aux MoDem.
 
Ensuite, en raison d'une faute.
 
En politique, il existe des erreurs, des bévues, des boulettes, des gaffes. Tout cela peut s'effacer plus ou moins vite et facilement. Rien ne rachète une faute.
 
La faute politique, l'inexcusable, celle qui a touché au plus profond d'eux-mêmes les électeurs MoDem déjà blessés par leur score plutôt moyen du premier tour, c'est celle d'avoir retiré le candidat de droite de la triangulaire de Bayrou. C'était humiliant. Ce fut vécu comme le coup de pied de l'âne.
 
Les MoDem ont fait payer très cher le crachat qu'ils ont reçu en pleine face. Désormais, Sarkozy sait ce qu'il en coûte de s'attaquer à Bayrou.
 
Pour démontrer ces reports du MoDem, on peut réfléchir à l'élimination d'Arno Klarsfeld dans une circonscription ancrée à droite et où le MoDem atteint les douze pour cent au premier tour. L'écart frôle les dix pour cent en faveur de la candidate socialiste au second tour.
 
Regardons aussi le cas d'un ancien ministre, Renaud Donnedieu de Vabres. Au premier tour, il a plus de huit points d'avance. Le total droite et extrême droite dépasse quarante-six pour cent (38,13 + 5,92 (MPF) + 2,64 (FN) = 46,69). En face, le total gauche-verts ne dépasse pas 38 (31,89 + 3,61 (verts) + 2,34 (PCF) = 37,84). Or le MoDem fait 9,62%. On voit bien d'où vient que le sortant est battu par la gauche : un report massif des MoDem.
 
Ce cas n'est pas rare.
 
Un excellent report vers le MoDem permet aussi à la candidate orange de frôler l'élection à Château-Gontier, patrie de Jean Arthuis, alors qu'elle avait un handicap (comme disent les turfistes) de plus de vingt points au premier tour.
 
Et c'est cette configuration qui donne la circonscription de Fougères, en Ille-et-Vilaine, à Thierry Benoît, qui, me dit-on, se précisait bien MoDem hier soir à l'antenne de France 3 régional malgré les rumeurs.
 
Il faut donc saluer ceux qui ont su traduire la pensée de François Bayrou et je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée ce soir pour Quitterie Delmas qui a été l'une des pionnières à annoncer son vote pour Ségolène Royal au second tour de la présidentielle.
 
L'efficacité du courroux des MoDem, hier, lui a donné raison. 

15/06/2007

Jean Lassalle : le Haut Béarn.

Rarement, les députés ont autant défrayé la chronique que Jean Lassalle.
 
Qui a entonné un chant occitan dans les travées de l'Assemblée nationale ? Jean Lassalle.
 
Qui a fait une épuisante grève de la faim pour lutter contre une décision industrielle aussi absurde qu'injuste ? Jean Lassalle.
 
À chaque fois, il s'agissait de défendre ses électeurs. À chaque fois, les moyens employés semblaient disproportionnés, déconnectés ; or en fait ils démontraient par la violence de leur absurdité l'écrasante et inhumaine logique qui gouverne la France depuis des lustres.
 
Si l'on décide de supprimer une gendarmerie à l'entrée du tunnel du Somport pour des motifs dont la pertinence n'apparaît guère, quel moyen les citoyens ont-ils de se défendre ? Le recours à leur parlementaire. Mais si celui-ci est mal en cour, il n'obtiendra rien et ils seront impuissants, le bien public sera victime de la logique léonine.
 
Quel moyen reste-t-il alors contre la brutale logique du pouvoir ? La force des faibles : le nombre ou l'indéracinable résolution.
 
Voici pourquoi, pour éviter une relocalisation de quelques kilomètres (juste la frontière d'une circonscription législative) dont le but n'était que de tambouille politique locale, il a fallu que Jean Lassalle mette sa vie en danger par une grève de la faim.
 
Chacun se souvient des images du député allongé toute la journée sur une banquette cramoisie près de la salle des Quatre Colonnes de l'Assemblée Nationale, absorbant seulement un peu d'eau pyrénéenne pour prolonger son mouvement aussi longtemps que possible. Pas un quignon de pain, pas un gramme de nourriture pendant des semaines.
 
Ces images-là restent gravées.
 
Et chaque fois que l'on voit la haute silhouette rugbystique du député, on les revoit. Chaque fois, elles reviennent.
 
Il est resté fragile. Il a ébranlé sa santé. À la cinquantaine, on ne récupère pas comme à la trentaine et, tout athlète qu'il soit, il demeure marqué.
 
C'est peut-être pourquoi son premier tour ne l'a pas placé en tête.
 
Et j'avoue que je suis scandalisé que l'appel de la gauche au pluralisme, dont la gauche entend bien profiter pour récupérer nombre de voix MoDem, ne soit pas allé pour elle jusqu'au retrait du candidat de gauche dont le maintien menace Jean Lassalle.
 
Je souhaite donc que, à côté de François Bayrou, Lassalle soit élu, qu'il ne soit pas demain Lassalle des pas perdus.
 
Les pas vers le pluralisme, bien entendu. 

14/06/2007

Polémique sur la TVA sociale.

L'idée est simple et peut être lue de plusieurs façons et sous plusieurs angles : il est mauvais de faire financer la protection sociale par le travail, ça pénalise la production.
 
L'idée est ancienne. Déjà, dans les années 1980, autour de Raymond Barre, on parlait d'une fiscalisation de la protection sociale. L'idée reposait en partie aussi sur le fait que le budget des organismes sociaux, contrôlé en principe par les seuls partenaires sociaux, échappait au contrôle démocratique alors qu'il représentait une mase financière au moins équivalente au budget de l'État.
 
L'efficacité économique rejoignait donc la nécessité démocratique. 
 
Les mauvaises langues glissaient au passage que cette indépendance déplaisait à la toute puissance du ministère des finances.
 
Quoi qu'il en soit, l'adoption annuelle du budget social de la nation a répondu aux critiques d'esprit démocratique. La fiscalisation a débuté par la création de la Contribution sociale généralisée (CSG), puis de la Contribution au Remboursement de la Dette sociale (CRDS). Gouvernements de droite comme de gauche se sont conjugués pour cette dynamique qui, avec la TVA sociale, va connaître une étape supplémentaire.
 
Pour l'économiste centriste Christian Saint-Étienne, qui défend le projet, il s'agit d'extraire des comptes sociaux les dépenses qui relèvent de la solidarité et non pas de l'assurance sociale (la CMU par exemple) pour les rattacher aux comptes de la nation. Ce serait donc d'abord une mesure de clarté comptable et financière. Le mécanisme serait transparent du point de vue des finances de l'État, car il rapporterait autant à l'arrivée qu'il coûterait au départ. Il serait évidemment jumelé avec une baisse des charges sociales des entreprises (ou du travail, si l'on préfère) et avec un transfert au budget de l'État de dépenses de solidarité assumées par les partenaires sociaux (donc un peu plus de contrôle pour les autorités du ministère des finances).
 
Mais la logique profonde qui sous-tend la TVA dite sociale va beaucoup plus loin : c'est toute la logique d'une ponction sur le travail qui est en cause, car elle aboutit à pénaliser la compétitivité des entreprises françaises.
 
Dès lors, la création d'une masse conséquente de TVA sociale, jointe à une baisse tout aussi importante des charges des entreprises permettrait à celles-ci de se découvrir une plus grande concurrentialité. Elle aboutirait aussi à faire financer une part non négligeable de la protection sociale française par le travail des étrangers à l'étranger, à travers la taxation des produits importés. Dans une certaine mesure, c'est une réintroduction de droits de douane contrairement aux principes de nos accords de libre-échange.
 
On envisage donc de monter à 25% voire 30% le taux de TVA, tout en diminuant d'autant les prélèvements sociaux. Ce transfert massif pourrait alors jouer plus qu'à la marge pour le rétablissement desdits comptes.
 
On voudrait avoir lu sous la plume de la gauche que cette mesure aboutirait à faire financer notre protection sociale de pays riche en partie par le travail de pays pauvres qui n'en ont pas, mais on ne l'a pas lu.
 
Les critiques de la gauche sont d'un autre ordre et l'on se rappelle que l'une des premières mesures de relance économique prises par Dominique Strauss-Kahn lorsqu'il était devenu ministre des finances en 1997 fut de baisser la TVA qu'Alain Juppé avait augmentée deux ans plus tôt.
 
Cette réduction de la taxe permit à la consommation de redémarrer.
 
Car le grand inconvénient d'une hausse de la TVA est connu : elle pèse sur la consommation. Or celle-ci est en berne, en raison notamment d'une crise de pouvoir d'achat que notre pays traverse.
 
C'est en raison de cette difficulté qu'il faut se montrer prudent sur la TVA sociale et que Christian Saint-Étienne est bien avisé d'en avoir limité l'impact à la compensation de la part des comptes sociaux affectés à la solidarité. 

12/06/2007

Le PS doit retirer ses candidats face à Bayrou et Lassalle.

L’UMP a retiré son candidat dans la circonscription dont François Bayrou est à la fois le député et le candidat. Cadeau empoisonné, on s’en doute, puisque ce candidat n’avait aucune chance d’être élu. En revanche, dans la circonscription voisine, Jean Lassalle est confronté au deuxième tour à un autre candidat de l’UMP. Bien sûr, celui-là, il n’est pas question de le retirer. Quelle générosité de donner ce qui ne coûte rien !

Quoique.

Et si l’UMP avait décidé d’appeler en sous-main ses électeurs à voter pour la gauche dans le seul but d’écraser enfin Bayrou, l’intraitable cavalier béarnais ? Et si la manœuvre consistait à s’effacer ici en échange du maintien du candidat socialiste nécessaire à la victoire de l’UMP contre Lassalle là ?

Devant ce soupçon, les socialistes se doivent de réagir. Ils n’ont d’autre choix que de retirer leurs deux candidats. Faute de quoi les électeurs centristes leur feraient payer cher à la fois la défaite prévisible de Lassalle et celle éventuelle de Bayrou.

S’ils ne le font pas, malgré toutes les promesses de Sarkozy, ils périront. Qu’ils voient donc comment le président traite ses alliés, hier Lagardère, aujourd’hui Dassault et demain les autres qui se croyaient forts et puissants et qu’il va remplacer par des hommes de paille à sa main.

Oui, socialistes, rappelez-vous ce que disait Churchill : « Pour dîner avec le diable, il faut une très longue cuiller ».

Bayrou à Colombey ?

Le MoDem devrait racheter la Boisserie, on installerait Bayrou à Colombey, ce serait pratique, tout le monde comprendrait, il n'y aurait aucun mal à le trouver le jour où il faudrait le rappeler au pouvoir.
 
Bayrou et son ami Jean Lassalle seront peut-être les deux seuls députés du MoDem.
 
Le bilan des législatives est étrange. Le MoDem y est troisième et, si la participation avait atteint les 70%, il aurait été capable de se maintenir dans plusieurs dizaines de circonscriptions.
 
Faute de votants, la désertification est plus rapide et brutale que prévu. 
 
Bayrou avait certes promis cette traversée du désert au Zénith. Il a tenu sa promesse, comme toujours. Pour une fois, on l'aurait souhaité infidèle.
 
En vérité, deux constats connexes s'imposent : lors de la présidentielle, l'irruption de Bayrou a créé un suspense, elle a dopé les votes. Lors des législatives, pas de Bayrou, pas de suspense, pas de vote, juste un gigantesque concours de pêche à la ligne.
 
Dans le même esprit, les chiffres de l'abstention indiquent clairement la voie à suivre pour ramener les électeurs vers les urnes : la proportionnelle. En vingt-cinq ans, l'abstention n'a été qu'une fois inférieure à trente pour cent au premier tour des législatives : en 1986, lorsqu'elles se disputaient à la proportionnelle.
 
Tout ceci, bien entendu, est remarques de sagesse. Mais nos sphères de pouvoir sont peuplées de gens de calcul. Dommage. 

11/06/2007

Les pleins pouvoirs.

Nicolas Sarkozy voulait les pleins pouvoirs. Il les a, ou plutôt, il les aura.
 
L'électorat de gauche, écoeuré, est allé à la pêche hier. Non seulement l'électorat de gauche, mais celui qui pouvait, en misant sur le centre, tenter d'infléchir la politique du nouveau président.
 
La victoire de l'UMP est totale, indiscutable, sauf... qu'il n'y a eu que soixante pour cent de participation.
 
Cette énorme abstention est la surprise, l'inattendu. Après la participation-fleuve de la présidentielle, voici l'abstention-fleuve des législatives.
 
Celle-ci est logique : comme je l'ai écrit ces derniers jours, le vote d'hier n'avait aucune utilité politique ni aucun autre enjeu qu'à la marge pour la gauche ; seul le MoDem y jouait une partie importante. Faute d'une stratégie suffisamment visible, il l'a perdue.
 
Je ne reviendrai pas sur la non investiture de Quitterie Delmas qui me paraît symptomatique des fautes politiques commises. À preuve, deux autres parachutages parisiens de personnalités, celui de Claire Gibault dans le quartier des Champs-Élysées et de l'Opéra (elle est chef d'orchestre) et celui de Christian Saint-Étienne au quartier Latin (16,1%). Là, c'est réussi. La cause ? L'exposition médiatique. Or Quitterie Delmas était justement la meilleure exposition médiatique bayrouiste parisienne durant la présidentielle. L'écarter était une erreur.
 
Erreur-boomerang d'ailleurs contre son auteure, Marielle de Sarnez. Comme le relevait Axel, de Page2007, cette nuit, sur le blog même de Quitterie, il manque cinquante-deux voix à Mme de Sarnez pour se maintenir. En acceptant une jeune pousse charismatique à ses côtés, dans la circonscription voisine de la sienne, elle aurait probablement créé la synergie capable de la porter jusqu'au second tour. Elle a préféré jouer perso, le résultat est là pour la faire méditer.
 
Je regrette énormément l'élimination d'Azouz Begag et d'Anne-Marie Comparini.
 
Le premier fait une percée réelle mais insuffisante ; la seconde, députée sortante, termine troisième et ne peut se maintenir. La stratégie municipale lyonnaise est périlleuse. Inévitable mais périlleuse.
 
En Bretagne, comme prévu, sont la majorité des deuxièmes tours du MoDem : deux.
 
Le premier concerne mon ami Michel Canévet dans la septième du Finistère. En 2002, quand le score national de Bayrou était 6,8%, celui de sa circonscription s'élevait à 18%. Cette fois, lors du scrutin législatif, il n'atteint pas le 24% de Bayrou de la présidentielle, mais il continue à progresser à 19,5%. Il a cependant annoncé qu'il se retirait sans consigne de vote.
 
L'autre bon résultat est Thierry Benoît qui pourrait enlever la circonscription de Fougères, dans l'Ille-et-Vilaine, à l'ancienne ministre  ex-centriste Marie-Thérèse Boisseau.
 
Dans sa propre circonscription, Bayrou fait un score confortable, mais il semble que Jean Lassalle ne puisse être réélu que si le candidat de gauche se retire. Les autres candidats centristes des Pyrénées-Atlantiques obtiennent un résultat sans commune mesure avec celui de leur chef lors du premier tour de l'élection présidentielle.
 
D'une manière générale, les candidats MoDem aux législatives voient se répercuter la chute de onze points connue par leur parti sur le score de son candidat à la présidentielle. Tout candidat perdant moins de ces onze points peut considérer qu'il a fait un bon score ; l'inverse est vrai.
 
Un candidat très insuffisant ou placé dans une conjoncture très difficile fait 2 à 6%. Un candidat passable 7 à 9%. Un bon candidat ou placé dans une conjoncture favorable, 10 à 12%. À partir de 13%, on peut parler de performance encourageante, voire brillante.
 
Maintenant, le plus difficile, pour Bayrou, est de devenir une pépinière de talents, de façon à arriver en 2012 avec une vague orange de personnalités très solides et créatives, une génération entière.
 
C'est possible.
 
Reste à traverser l'écueil des sénatoriales de septembre et surtout celui des municipales, qu'elles aient lieu à l'automne comme on en prête l'intention à Sarkozy ou au printemps prochain.
 
Et puis il faut construire le MoDem. Au travail.
 
C'est pour ce travail que je suis heureux de contribuer aux initiatives de Quitterie Delmas et que je participerai à son "café politique" mercredi 13 à 20h, le bar LES ASSOCIÉS, 50 boulevard de la Bastille, métro Bastille à Paris, consacré à la stratégie du MoDem et ouvert à tous.

09/06/2007

Demain, je préside un bureau de vote.

Je serai vissé toute la journée à la mairie du 16e arrondissement de Paris à crier "a voté", au bureau de vote numéro 6 du 16e arrondissement, dans la salle des fêtes. Parisiens, si vous lisez cette note, n'hésitez pas à me rendre visite. Vous ne pouvez pas me louper : je serai président du bureau de vote et je m'en absenterai peu de temps, sans doute en début d'après-midi, pour aller voter. Vous avez le droit de m'apporter une boisson fraîche non alcoolisée : il fait soif là-haut.
 
Il est improbable que j'aie des info intéressantes en cours de journée et encore plus que j'aie le temps d'alimenter mon blog, mais ce n'est pas entièrement impossible.
 
J'avais envie de vous raconter mon second passage au spectacle sur la Brinvilliers, mais le temps me manque. Ce sera donc pour lundi, occasion de vous parler aussi de l'une des personnalités françaises les plus énigmatiques du XXe siècle : le général Pechkoff, ambassadeur de France, général cinq étoiles après avoir perdu un bras sous le grade de caporal, fils adoptif de Gorki et frère par le sang de Iakov Sverdlov qui fut l'un des tout premiers chefs de l'État soviétique, bref, une curiosité. Le lien entre lui et la Brinvilliers vous surprend ? Lisez-moi lundi. Ce sera une récréation dans un océan de politique.
 
D'ici là, ayez la gentillesse, si vous laissez un commentaire sur mon blog, de n'y pas glisser d'éléments illégaux.
 
Bon vote à tous ! Buvez beaucoup de jus d'orange ! 

08/06/2007

Le MoDem et la gauche.

On a vu se dessiner ces derniers jours un paysage où la proximité des vues du MoDem et du Parti Socialiste augmentait. Et pourtant, on jure au MoDem qu'il n'y aura pas d'accord avec le PS. C'est donc que, si désistements il doit y avoir, ce sera en catimini, ou bien sporadiquement.
 
À vrai dire, la question de l'avenir reste entière. Faut-il envisager de ne bâtir demain de majorités municipales qu'avec le PS ? Mais alors, l'ensemble des maires actuels, ou presque, va quitter le bateau. Ou bien, au contraire, faut-il tenter d'imposer l'idée révolutionnaire qu'un parti centriste peut édifier des majorités d'un bord et de l'autre ? Cette seconde démarche ressemble plus au discours tenu par Bayrou pendant la présidentielle. Mais est-elle viable ?
 
Quitterie Delmas me confiait hier soir chercher la bonne façon d'exprimer son goût des alliances progressistes. Nous en sommes tous là. Tous devant la quadrature du centre. 

Quitterie Delmas à Maisons-Laffitte.

Il est urgent que Quitterie soit invitée à Lyon : mes lecteurs l'y réclament pour avoir le plaisir de me lire sur leur ville.
 
En attendant, l'effet de la proximité aidant, c'est encore une fois en Île de France que je me suis déplacé pour écouter l'égérie des blogueurs bayrouistes, chaleureusement surnommée "Miss Buzz".
 
Maisons-Laffitte n'est ni près ni loin de Paris. La Seine est un petit fleuve paresseux qui s'attarde en longs méandres après avoir traversé la capitale. Il faut donc franchir deux ou trois fois son cours pour atteindre Maisons-Laffitte, ce qui donne une impression d'éloignement.
 
La ville est dominée par une réalité, son champ de course, et un vestige, son château.
 
J'en sais beaucoup moins sur le champ de course (pour une fois) que sur le château. Celui-ci donne l'occasion d'évoquer la figure de Jacques Laffitte, non pas le coureur automobile mais l'inventeur de la banque française moderne.
 
On dit qu'il fit sa fortune à partir du jour où il ramassa une épingle dans la rue. Il bâtit un empire sur un océan de minuscules économies et grapillages. C'est la légende.
 
Il était par ailleurs impliqué en politique, proche des bonapartistes, et maria sa fille au fils du maréchal Ney. Elle devint ainsi princesse de la Moskowa, tout un programme.
 
Il fut enfin l'un des artisans des grands mouvements immobiliers qui rebâtirent Paris au XIXe siècle, notamment autour de la Madeleine (Balzac évoque cette affaire dans l'un de ses romans) et bien sûr dans ce qu'on a longtemps appelé le quartier de la banque, autour de la rue ... Laffitte.
 
Il acquit le château de Maisons et lui donna son nom.
 
Le maire local, Jacques Myard, UMP, est une forte personnalité, on le décrit autoritaire et peu enclin aux formes démocratiques.
 
Il ne mâche pas ses mots : dans l'été 2006, au moment des opérations israéliennes au Sud-Liban, il fut l'un de ceux qui réclamèrent que le président Chirac usât de la force militaire contre Israël pour protéger le Liban. 
 
La candidate rejointe par Quitterie est une femme déjà mûre, très souriante, habituée aux relations humaines et aux réalités de la politique, puisqu'elle a fait du lobbyisme à Bruxelles ; entendons-nous bien : elle s'y est employée à décortiquer les mécanismes des décisions européennes pour ses commettants et non pas à envahir l'administration de l'Union avec ses pressions et suggestions.
 
Cette précision posée, ajoutons qu'elle se trouve dans l'opposition à M. Myard et que, toute rompue aux réalités politiques qu'elle soit, elle montre une grande fraîcheur devant le débat d'idées.
 
Sa circonscription englobe la ville voisine, Sartrouville, qui est séparée d'elle par le cours de la Seine. Cette dernière ville est turbulente et s'est illustrée à l'automne 2005. Maisons-Laffitte la bourgeoise a alors regardé avec anxiété Sartrouville la populaire.
 
Mais à Sartrouville, le maire UMP (qui a très bonne réputation) a des UDF-MoDem dans son équipe. Du reste, c'est l'un d'eux, Antoine de Lacoste-Lareymondie, qui a été choisi comme suppléant de Mme Boisnel, candidate du MoDem.
 
Les amis locaux des Nouveaux centristes (ex-bayrouistes) ont profité de ce choix pour tenter de troubler la soirée électorale en rappelant que M. de Lacoste-Lareymondie avait appelé à voter contre le traité constitutionnel européen.
 
- Et contre celui de Maestricht, précise M. de Lacoste-Lareymondie sans mollir.
 
UDF de longue date, il est pourtant opposé aux caractères actuels de la construction européenne.
 
Mme Boisnel, tout au contraire, est une enthousiaste de l'Europe. Il faut de tout pour faire un MoDem.
 
Comme mardi, c'est Quitterie Delmas qui ouvre le ban et s'exprime avec liberté et fougue. Elle a vécu à Maisons-Laffitte et peut décocher des flèches tourbillonnantes et incandescentes contre M. Myard. Elle n'hésite pas à dénoncer ses travers.
 
Mme Boisnel n'hésite pas à qualifier le bilan du député (qui termine tout de même son troisième mandat) de "nul".
 
M. de Lacoste-Reymondie parle peu : il est plus concerné par la partie sartrouvillaise de la circonscription.
 
La salle contient un certain nombre de militants, des professeurs et un public attentif. Les questions émanent de chacune des trois catégories. Les échanges sont denses, Mme Boisnel annonce que si elle est absente du second tour, elle ne donnera aucune consigne de vote, développe quelques-uns des aspects législatifs sur lesquels elle souhaite s'investir et en profite pour souligner qu'elle n'a pas l'intention d'être un député élu local : un député est fait pour siéger à l'Assemblée Nationale et pour rédiger la loi.
 
Utile et saine précision, mais aussitôt une question la rappelle à certaines réalités en lui demandant en quoi elle pense que sa fonction de député pourrait permettre à Maisons d'obtenir enfin le lycée que M. Myard promet depuis des lustres sans l'ombre d'un résultat. Mme Boisnel promet d'être une élue médiatrice.
 
D'autres débats s'enchaînent, puis on sort de l'ancienne et médiévale église transformée en salle de spectacle, on boit le verre de l'amitié (rien d'alcoolisé, Quitterie avale un Coca sans sucre ni caféine), on discute, des jeunes parlent du blog, un professeur évoque sa thèse sur Marc Sangnier, la nuit est déjà noire, il faut rentrer.
 
Dans le train régional RER, je bavarde avec Quitterie et son alter-ego Virginie, débriefing de la soirée, et Quitterie qui se reconstruit lentement après la déconvenue de sa non investiture.
 
C'est bien le MoDem qui y a perdu : elle a été brillante ce soir comme toujours.
 
J'abandonne les filles au milieu de Paris et je rentre chez moi en longeant la Seine. Décidément, ces élections me font marcher.

06/06/2007

Une soirée électorale dans les Hauts-de-Seine.

Je suis né dans les Hauts-de-Seine et même (ça ne s'invente pas) à Neuilly-sur-Seine, la ville de Nicolas Sarkozy. Pourtant, je vais rarement dans ce département. Comme tous les Parisiens, le franchissement du boulevard périphérique est pour moi une étrangeté rare.
 
Et voilà que la perspective d'aller écouter à la fois Quitterie Delmas, le sénateur Denis Badré et deux candidats, dont celui de la circonscription qui englobe Suresnes et Nanterre, là même où François Bayrou a donné une conférence de presse dans l'après-midi, tout cela, donc, m'a fait franchir le pas.
 
J'y suis allé à pied. C'est une trotte d'une heure et demi : traverser le bois de Boulogne, le pont de Suresnes qui enjambe la Seine, la ville de Suresnes même, gravir la pente raide du mont Valérien en pensant aux résistants de toutes les époques, puis, du sommet, redescendre vers Nanterre à travers un quartier de maisons posées sans ordre ni logique, d'un peu toutes les formes et tailles, ce qu'on nomme des pavillons, qui résistent provisoirement à l'appétit des promoteurs immobiliers.
 
La longue rue Paul Vaillant-Couturier (je raconterai un jour comment mon grand-oncle a battu cet élu communiste lors d'une législative dans l'Oise en 1932, victoire à la Pyrrhus d'ailleurs) conduit à un rond-point ; de là, la rue Gambetta mène à celle des Anciennes Mairies, certainement la partie la plus agréable de Nanterre, où nous étions attendus dans un cinéma, le Cinéart.
 
Quitterie Delmas a parlé la première. Très à l'aise comme toujours, enthousiaste, précise, elle a rappelé comme Internet avait été le catalyseur d'un engagement de toute une vague de volontés nouvelles, souvent jeunes, dans la présidentielle. Avec un large sourire, elle a répété son message sur l'âge moyen des députés (57 ans), en s'excusant auprès de Denis Badré, il est vrai sénateur, mais âgé lui-même de 64 ans. Il a ri, la salle aussi, c'était bon enfant et Quitterie a pu faire passer avec intelligence et grâce son message d'inciter les jeunes à se lancer dans les batailles électorales sans complexe.
 
La candidate de la circonscription voisine, Leila Leghmara, une enseignante conseillère régionale, a expliqué avec beaucoup de clarté sa volonté de lutter pour l'égalité des chances et pour que l'école soit un vecteur majeur de cet objectif.
 
Puis le sénateur Badré (un polytechicien, malin comme un ancien élève des jésuites -l'est-il ?) est monté au lutrin et, très en verve, a détaillé les différents aspects de la philosophie générale de la campagne législative des MoDem (il a plutôt parlé d'UDF, d'ailleurs,  en réaffirmant son entière confiance à Bayrou - il a même confié qu'il n'avait "jamais été question" pour lui de rejoindre l'UMP malgré les sollicitations de Sarkozy).
 
Vice-président de la commission des finances du Sénat, il s'en est pris à l'alourdissement du déficit budgétaire qu'annoncent les premières décisions du gouvernement Fillon. Fervent européen, il a ajouté que ces dix milliards de déficit supplémentaire éloignent la France des engagements qu'elle a pris envers ses partenaires européens.
 
Il a donc souligné que, bien qu'ayant eu un a priori favorable sur le programme économique présenté par Sarkozy à la fin de la campagne présidentielle, il était désormais très réticent à son endroit.
 
Puis il a parlé de la campagne, de la politique, des parlementaires, de l'importance d'avoir des députés qui pensent par eux-mêmes et n'obéissent à aucune consigne comme c'est le cas à l'UMP.
 
Après lui, c'est la suppléante, Isabelle Florennes, fille du sénateur-maire d'Arras, Jean-Marie Vanlerenberghe, qui a fait un vibrant appel au vote, très éloquent, tourné aussi vers la jeunesse.
 
Et enfin, le candidat, Pierre Creuzet.
 
Tout le monde se souvient de lui : après la tuerie du conseil municipal de Nanterre, en 2002, c'est lui qu'on avait vu, le bras en écharpe, blessé, répondre à la presse ; il était même venu témoigner devant le conseil national de l'UDF.
 
Son épreuve et le récent score de Bayrou à Suresnes et Nanterre (22% et 19%) ont contribué à lui donner de l'étoffe. C'est un vrai candidat, vivant, énergique, articulant sa pensée sur des axes forts, reprenant les arguments de Bayrou, les adaptant à son terrain, bref, du bon travail.
 
Il faut dire que la conjoncture lui est favorable : la circonscription est tenue par le PCF depuis longtemps, mais l'élue est usée et l'électorat n'a guère plébiscité Marie-Georges Buffet. Qui plus est, sur les seize candidats en lice, douze (!) sont de gauche.
 
De toute évidence, si le MoDem devance l'UMP et se retrouve au second tour face à la candidate communiste, il l'emportera.
 
Creuzet y pense certainement tous les matins en se rasant. Son ardeur a tout pour convaincre ses électeurs et, d'ailleurs, la salle était bondée une première fois pour la venue de Bayrou dans l'après-midi, elle l'a presque autant été le soir pour notre réunion.
 
Pour ceux qui ne savent pas où est Nanterre, regardez La Défense, à l'ouest de Paris. Vous y êtes.
 
Je suis rentré à pied (sans traverser le bois, cette fois) avec l'espoir d'un député MoDem dans les Hauts-de-Seine.

04/06/2007

"Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur".

J'ai déjà eu l'occasion de faire sur ce même blog la citation intégrale du passage du Mariage de Figaro, de Beaumarchais, dont est extraite cette phrase longtemps mise en exergue par la une du quotidien Le Figaro.
 
Pourquoi y revenir aujourd'hui ?
 
Voici quelques semaines, deux ou trois mois je crois, je l'invoquais au sujet de la presse muselée (je pourrais recommencer) mais c'est à propos du parlement qu'elle me revient ce soir.
 
Je repense aux députés ex-bayrouistes qui ont rejoint Sarkozy après l'avoir tant vilipendé. Aujourd'hui, ils se sont enchaînés, ils se sont engagés à voter toujours l'investiture et le budget. Ils étaient libres, les voici esclaves.
 
À quoi servent-ils ?
 
À rien.
 
Ils ne sont qu'une vingtaine de godillots perdus dans le troupeau.
 
Alors j'ai envie d'interpeller les puissants, ou plutôt le puissant, celui de l'Élysée, celui qui détient toutes les manettes : souviens-toi que sur la plupart des sujets où Villepin a échoué, la libre parole des centristes avait indiqué la meilleure voie, le moyen de corriger le tir maladroit.
 
Souviens-t'en, toi, Nicolas, toi qui viens de faire un strike géant à la présidentielle : tu as besoin de la libre critique des centristes bayrouistes.
 
La flagornerie enchaînée de ceux que tu as achetés ne vaut plus rien, l'obéissance courtisane de tes propres amis deviendra bientôt le théâtre florentin que tu t'exerceras à diviser pour y mieux régner, la critique systématique de la gauche ne sera utile qu'à meubler les colonnes des journaux que tes amis possèdent, mais la libre parole et l'attention portée au contenu des dossiers, il n'y a que la libre vigilance des bayrouistes qui te la donnera.
 
Ils te sont un peu hostiles ? Tant pis. Ou plutôt tant mieux : ils seront plus francs.
 
Or ce dont tu as désormais besoin, Nicolas Sarkozy, toi, juché sur ton Olympe, c'est de ce qui manque le plus aux puissants : la franchise.
 
Comme la France, elle, a besoin de vérité. 

03/06/2007

À quoi ressemble la France ?

François Bayrou, ce soir, parlait à la télé. N'ayant plus de télé, je n'ai pu le regarder. On me dit qu'il a invoqué la nécessité de préserver la diversité de la France dans sa représentation législative.
 
Belle idée.
 
La France, notre France, notre "cher et vieux pays" selon l'expression de de Gaulle, est diverse de plusieurs façons : par ses terroirs, d'abord, les régions, les pays, les fromages, les vins, les races bovines et chevalines, tout cela compose un tableau vivant, empli de traditions, de sagesses, mais aussi parfois de conservatismes, donc un paysage contrasté ; par ses modes de vie : rural, périurbain, urbain, citadin, banlieusard, et tant d'autres formes de vie en communauté ; par ses origines : immigrés d'ancienne souche ou de provenance récente, colonisés acculturés, descendants d'esclaves ou de rois détrônés ; par ses références : Napoléon, Clémenceau, Louise Michel, Marc Sangnier, Loyola ou Cervantès, Victor Hugo ou Barrès, Hemingway ou Dostoïevski, bref, diverse comme la vie elle-même.
 
Notre Assemblée, d'une façon chronique, est composée d'hommes déjà mûrs, blancs, de niveau social homogène.
 
il faut donc qu'y entrent des femmes, des jeunes, de la diversité ethnique et culturelle, du fédéraliste, du jacobin renfrogné (espèce devenant rare), de tout ce qui y manque en somme.
 
Et de l'orange.
 
Ah tout de même : de l'orange.
 
À vot'bon coeur !

02/06/2007

Bayrou : s'appuyer sur Quitterie Delmas ?

J'ai beau tenter de m'intéresser aux législatives du MoDem, je n'y arrive pas.
 
Bien sûr, la non investiture de Quitterie Delmas n'est pas pour rien dans ce relatif désintérêt. Bien sûr aussi, il s'y mêle ce que j'écrivais hier sur le fait que le jumelage des élections présidentielle et législatives vide de facto l'assemblée nationale de toute substance parlementaire, puisqu'elle n'est plus élue pour désobéir, mais tout au contraire pour obéir. Un parlement dont la fonction est d'obéir n'est plus un parlement. Sous l'Ancien Régime au moins, les parlements disposaient d'un droit de remontrance ; aujourd'hui, ils n'ont que le droit de se taire.
 
Mais mon absence d'enthousiasme vient d'ailleurs : je sais comment tout ça c'est préparé.
 
Au mois d'octobre dernier, l'UDF a précipitamment contacté tous ses responsables locaux pour faire émerger au plus vite 577 candidatures pour les élections législtatives du printemps. Le bureau politique fut réuni en novembre et on promit qu'avant Noël, tout serait réglé.
 
Certains candidats piaffaient dans les paddocks, d'autres commençaient leur campagne sans attendre.
 
Les plus fragiles attendirent. En vain.
 
En janvier, les sondages restaient bas. Que faire de 577 candidatures si la présidentielle est un échec ? En février, les sondages décollaient. Que faire de 577 candidatures UDF si l'on gagne et si l'on doit estampiller en vitesse tant de candidats ralliés de tous bords  à la nouvelle majorité présidentielle ?
 
Bref, les candidatures restèrent dans les cartons.
 
C'est seulement courant mars, quand on eut la conviction qu'on ne gagnerait pas mais qu'on ferait un score élevé, que l'on se remit à examiner les candidats.
 
Or entre-temps, une partie d'entre eux, découragés de ne rien voir venir, avaient baissé les bras et renoncé à leur candidature. Il fallut donc les remplacer.
 
Pire : en avril, et début mai, on constata que des candidats frileux se repliaient sur le centre droit et que de nouvelles et larges brèches s'étaient creusées dans les rangs des 577.
 
On improvisa alors encore plus, on s'appuya sur les instances locales, et il sortit de ce processus une galerie improbable de candidats de toutes les tailles, de toutes les formes, et surtout de toutes les qualités, même la pire.
 
Le plus sombre fut quelques départements comme l'Oise. Là, les instances nationales et la fédération ont joué un jeu étrange et, finalement, les investitures n'ont pas été nombreuses. Sans commentaire.
 
Ailleurs, là où les instances locales étaient en phase avec la démarche de Bayrou, les choses se passèrent plutôt bien. Plutôt.
 
Sans entrer dans trop de détails dont quelques-uns ont été cités dans ces mêmes pages, je rappellerai le cas de Quitterie Delmas, auquel je pourrais ajouter d'autres semblables.
 
Pourquoi sont-ils si importants, au delà même de l'attachement que l'on peut avoir pour Quitterie ?
 
C'est qu'ils représentent la promesse de changement que Bayrou a faite au pays.
 
Alors, François, de grâce, sauve tes législatives qui sont aussi les nôtres : téléphone à Quitterie et associe-la à tes derniers jours de campagne, que l'on puisse enfin se dire que le MoDem tiendra les promesses du candidat Bayrou. 

01/06/2007

La France n'a plus de parlement.

La campagne législative ne sert à rien. Pire : elle est absurde. Depuis le 6 mai, l'intention de l'électorat est connue. Et tout le monde sait que le peuple va donner au président la majorité que celui-ci réclame. Bayrou serait mal placé pour dire le contraire : il a affirmé durant toute la campagne que c'était la logique du vote. Une fois de plus, il a eu raison et tous le constatent.

Dès lors, si les législatives ne sont qu'une prolongation de la présidentielle, à laquelle elles sont jumelées depuis plusieurs années, pourquoi ne pas les tenir le même jour ? En les organisant un mois plus tard, on souligne la sujétion du parlement à l'exécutif. Au lieu de le revaloriser, on l'abaisse.

À quoi sert-il, alors ? À nourrir un millier de parlementaires et quelques milliers de fonctionnaires ?

Non, en vérité, la solution est ailleurs.

À partir du moment où l'on jumelle les deux élections, il faut que les législatives soient tenues à la proportionnelle, le même jour que la présidentielle. C'est la seule façon de revaloriser le parlement et de le rétablir dans sa fonction de contrôle. Sinon, il est condamné à un rôle d'enregistrement qui le vide de sa substance, il n'est qu'un fantôme.

C'est ce dont j'avais déjà tenté de persuader Bayrou lors d'une université d'Été près de Perpignan en 1997. Il a progressé vers mon analyse. La dure réalité qu'il rencontre aiguisera peut-être encore sa réflexion.

Et peut-être considérera-t-on aussi d'autres vérités : il aurait bien fallu investir Quitterie Delmas et tant d'autres profils qui ressemblaient au sien et qui incarnaient le vrai visage que les électeurs attendent du MoDem.