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20/05/2008

Élus à vendre.

Quatre valeurs ont attiré des élus de gauche vers Nicolas Sarkozy l'an dernier : l'atlantisme (Kouchner par exemple), le communautarisme (qui draine un courant entier de la gauche), et puis deux qui se ressemblent un peu : le pouvoir et l'argent. J'entends par le pouvoir le fait de détenir l'autorité (même si on l'exerce mal) et de distribuer les largesses et les places.
 
En fait, ce qui est arrivé aux socialistes (et qui se reproduira certainement), c'est beaucoup cela, un phénomène bien connu de l'ancienne UDF : les élus, préoccupés uniquement de leur propre jardin, sans solidarité, vont au plus offrant. Quelques-uns abandonnent leur étiquette, beaucoup la gardent et la maquerellent.
 
C'est ainsi que l'on vit, lors de la campagne présidentielle de 1988, s'amenuiser la liste des soutiens réels de Raymond Barre. L'UDF soutenait celui-ci très officiellement, mais il y eut plusieurs catégories de tièdes et de de mous, voire de fuyants, voire pire.
 
Première catégorie : ceux qui, en fait, n'ont jamais soutenu Barre : Santini, par exemple. On pensait que c'était parce que les réseaux corses étaient assez fortement mobilisés autour de Chirac par Pasqua, mais ça allait probablement plus loin. Certains élus parisiens de l'UDF traînèrent beaucoup les pieds aussi, dont le président de l'UDF de Paris, le très corse Jacques Dominati. Il faut dire que l'élection municipale avait lieu l'année suivante et que ceux qui se sentaient fragiles jouaient la sécurité, ou bien au contraire, s'ils se trouvaient forts, ils se négociaient habilement.
 
Et puis il y eut d'autres catégories, comme ceux qui, en début de campagne, soutenaient Barre activement, puis se sont éloignés, et finalement, on a compris qu'ils avaient reçu bonnes promesses chez Chirac.
 
À leur décharge, Barre se souciait assez peu d'eux : il n'était adhérent d'aucun parti politique et considérait, assez gaullien, que si on l'élisait, c'était pour lui, parce qu'il pourrait se placer au-dessus des partis. Ce qui ne l'empêchait nullement de s'appuyer sur ceux qui avaient le relatif masochisme de le soutenir.
 
Pour motiver les quadras qui assumaient les responsabilités dans les partis en question, il disposait tout de même d'une sucette : le poste de premier ministre. Barrot, Méhaignerie, Léotard, tout le monde se voyait premier ministre. Et quand Charles Millon prit une importance prépondérante dans le dispositif de Barre, certains postulants y virent le signe qu'il deviendrait premier ministre. Ca changeait tout : si c'était simplement pour devenir ministre, autant valait négocier avec Chirac, ou tout au moins ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, ce qui tiédissait évidemment les ardeurs.
 
Et c'est ainsi : dans la mesure où la carrière personnelle seule est en jeu et où l'appareil partisan est incapable de réagir à des formes sournoises de trahison, toutes les négociations de l'ombre sont possibles.
 
Car n'oublions pas que de nombreux élus, même de gauche, sont, selon l'expression du sénateur Legrand "actionnés" par des lobbies économiques, qui comptent bien plus que leur étiquette partisane dans leur édifice politique personnel. désintéresser un lobby, c'est parfois une façon de neutraliser un pion politique, voire une tour.
 
C'est désormais le destin du PS.
 
Au Mouvement Démocrate, nous n'avons plus guère ce souci, sauf à la marge. C'est notre force. Notre force paradoxale. 

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11/05/2008

Chaque écolier devra parrainer un enfant esclave.

Sarkozy a des idées. Une par an.
 
Et quand on la lui refuse, il pique une énorme crise de nerfs.
 
Alors, puisqu'on ne veut pas du parrainage des enfants juifs, il faudra s'intéresser aux esclaves, na.
 
D'autant plus que ça lui permet d'acheter Christiane Taubira pour pas cher. Il ne s'est quand même pas fait chier pendant quinze heures d'avion aller-retour et une heure de silence (de silence !) devant le catafalque de Césaire pour rien ! Non, mais ! Il faut que ça rapporte.
 
Alors, va pour les esclaves.
 
Et dire qu'il s'est échiné durant toute sa campagne présidentielle à égrener une à une les lignes du "sanglot de l'homme blanc" de Pascal Bruckner, et dire qu'il a prétendu combattre l'obsession de la culpabilité qui a envahi la société occidentale... et dire qu'il voulait mettre fin à la litanie de la repentance...
 
Très bien.
 
L'esclavage, parlons-en. J'en parle d'autant plus à mon aise que je compte, parmi mes ancêtres, des esclavagistes et des esclaves. Et que mon roman traite en partie du scandale de l'esclavage français aux Antilles.
 
Si l'on doit traiter, pour de petits enfants, de l'esclavage, il faudra en traiter entièrement et énoncer en toute clarté que les esclaves que l'affreux (et honteux, et scandaleux) commerce triangulaire a transplantés d'Afrique aux Antilles (et aux États-Unis) n'ont pas été capturés de façon sauvage, en Afrique : ils y ont été achetés. Et si on les y a achetés, c'est qu'on les y a vendus. Et ce ne sont pas les vilains Français, ni les vilains Anglais, ni les vilains Espagnols, ni les vilains Portugais, ni les vilains Arabes (gros consommateurs) qui les ont vendus : ce sont d'autres Africains.
 
Oui, je voudrais qu'il soit fait justice et que si l'on condamne pour toute éternité l'esclavage de toutes les époques et de toutes les régions, sans nuance, je voudrais que l'on n'oublie pas qu'il n'existe qu'assez peu de sociétés africaines qui, avant l'arrivée des Européens, n'aient pas pratiqué l'esclavage de façon endémique.
 
Plus encore, je voudrais qu'au lieu de jeter les stigmates sur de pauvres gosses qui n'y sont pour rien, la même Taubira aille donc en Haïti, un pays que je connais un peu, et qu'elle y demande ce qu'est un "reste avec".
 
Un "reste avec", c'est un enfant d'une famille pauvre que ses parents "confient" à un protecteur riche. Les parents, sans rien, encombrés de huit ou dix enfants, se disent qu'au moins celui-là, chez ces gens aisés, aura le gîte et le couvert, on prendra soin de lui.
 
Mais il arrive que l'enfant devienne Cosette. Ou pire.
 
Que Mme Taubira aille donc s'occuper des esclaves d'aujourd'hui au lieu d'agiter des fantômes. Qu'elle sème le bien au lieu d'assouvir sa soif de haine.
 
Je préfère de loin le combat de Césaire qui disait juste lorsqu'il réclamait, tout simplement, tout nuement, l'égalité pour les siens. L'égalité. Aujourd'hui. 

22:07 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, sarkozy, esclavage, taubira, bruckner | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/04/2008

Un souvenir (de plus) en passant.

La scène se passe à Perpignan, sur le campus, lors de l'Université d'Été des Jeunes Démocrates, dans l'été 1997. J'étais à l'époque proche de Claude Goasguen en même temps que de Bayrou, et je me trouvais souvent à des conversations qu'ils avaient en marge de l'Université d'Été. J'ai par exemple raconté voici quelques mois la soirée de la mort de la princesse de Galles, fin août, que j'avais passée avec Bayrou, Goasguen (alors tout frais député), Jean-Pierre Frémont (alors très proche de Bayrou, et sa femme travaille toujours pour le groupe UC-UDF au Sénat), Henri Plagnol (passé à l'UMP en 1998 ou en 2002, je ne sais plus) et Hervé Marseille (maire de Meudon passé au Nouveau Centre), les cinq susdits jouant au poker et tentant de m'entraîner dans leur partie, mais je ne joue jamais d'argent...
 
Bref, un peu plus tôt dans l'une des sept journées de l'Université d'Été, Bayrou était venu s'asseoir à la table où Goasguen, quelques-uns de ses proches et moi sirotions des boissons diverses et peu alcoolisées.
 
Bayrou s'installe, chaleureux et, comme Goasguen est un juriste, s'engage une conversation libre sur les réformes institutionnelles. J'imagine que Bayrou méditait déjà sur son programme pour l'élection présidentielle de 2002.
 
Et Bayrou, avec énergie, défend le quinquennat. Goasguen acquiesce prudemment.
 
Mais je dis à Bayrou : si l'on fait le quinquennat et si l'on jumelle les élections présidentielle et législatives, ce sera pour supprimer l'hypothèse de la cohabitation (il faut se rappeler que, moins de six mois plus tôt, Jospin a été élu premier ministre de la troisième cohabitation). Or cela signifie supprimer en fait, sinon en droit, le droit de dissolution et, par contrecoup, la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée, puisque la dissolution est supposée résoudre les conflits entre l'exécutif et le législatif. Du moment qu'on fige le calendrier, on supprime tout instrument qui puisse bouleverser celui-ci.
 
Or cela ne peut qu'aboutir à un régime purement présidentiel qui, en l'abscence d'un contrepouvoir (puisque l'Assemblée Nationale est nécessairement élue sur la même dynamique que le président), est en fait un pouvoir absolu.
 
Pour éviter que le quinquennat n'aboutisse à cette impasse, il faut instaurer la séparation stricte des pouvoirs et restaurer le parlement en le faisant élire à la proportionnelle intégrale. Car un exécutif doté de prérogatives propres (le pouvoir réglementaire autonome, élargi par rapport à ses contours actuels) peut gouverner sans majorité stable, le parlement ayant pour fonction non de le soutenir pour diriger l'État, mais de le contrôler dans l'exercice des responsabilités publiques et de rédiger la loi.
 
Et comme corollaire, il faut un vrai pouvoir judiciaire capable de contrôler l'exécutif dans le cadre du pouvoir réglementaire autonome.
 
Revenir à la théorie de Montesquieu, en quelque sorte.
 
Bayrou, qui n'est pas technicien du droit, n'avait pas intégré l'ensemble de ce que je lui disais ; il y vient peu à peu.
 
Quant à Goasguen, et c'est l'objet de cette note, il vient de déclarer : "Le quinquennat a déséquilibré la Ve République. Il est urgent de réformer les institutions et de rétablir la souveraineté parlementaire". CQFD.
 
Je crois que j'aimerais que ce sujet soit traité lors d'un prochain café démocrate de notre Quitterie Delmas. 

14:52 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, udf, bayrou, goasguen, ump, sarkozy, parlement | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/04/2008

Dominique Paillé : tout un symbole.

J'ai connu Dominique Paillé voici une vingtaine d'années. Il était le collaborateur d'un député apparenté centriste, Albert Brochard. Lui-même se faisait désigner à des postes divers dans l'organigramme de feu le CDS. Il en fut je crois secrétaire général adjoint, chargé des fédérations, ce qui l'amenait à de nombreux déplacements dans les régions en compagnie de François Pauli (qui est aujourd'hui secrétaire général adjoint du groupe ADLE au parlement européen). Il fumait des cigarillos, petit modèle comme lui.
 
Il succéda à Albert Brochard comme député des Deux-Sèvres en 1993 et est resté en fonctions jusqu'au printemps dernier. Là, en pleine vague bleue, il a été battu. Incroyable !
 
Battu.
 
Comment ? Pourquoi ?
 
Sans doute parce qu'en 2004, il a été condamné pour abus de confiance dans une affaire privée.
 
Comme je l'ai déjà écrit, Sarkozy a débarrassé la France de ses racailles : il les a nommées au gouvernement et à l'Élysée. 

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10/04/2008

Fier d'être MoDem !

Il paraît que Sarkozy veut la peau du MoDem. Comme Quitterie Delmas nous y invite, je proclame donc que je suis fier d'être MoDem et qu'on ne me tuera pas non plus que ma famille politique. J'irai le dire le 16 avril (si quelqu'un sait comment on fait apparaître les images en grand, qu'il ait la gentillesse de me l'expliquer) :
 
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31/03/2008

La stratégie des centres.

Pour noyer le poisson MoDem, la nouvelle stratégie de l'Élysée a un nom : la pluralité des centres. Il y a plein de centres : les deux partis radicaux, le Nouveau Centre, les centristes de l'UMP (grand parti centriste devant l'Éternel, comme chacun sait), et divers groupuscules.
 
Cas d'école : l'UMP d'Ille et Vilaine. Non content d'avoir tenté de faire fusionner la liste du MoDem avec celle de l'UMP dès avant le premier tour pour les municipales de Rennes (on imagine le résultat que cela aurait donné), le sénateur "MoDem" local, Philippe Nogrix, pourtant pas le pire, a imposé un groupe commun avec l'UMP, dénommé "Union du Centre" et parrainé par le centriste repenti Pierre Méhaignerie, en son temps condamné mais amnistié pour abus de biens sociaux au détriment de son parti (le mien aussi), le CDS. En vérité, le poulain de Nogrix, le député Thierry Benoît, élu sous l'étiquette MoDem mais ayant refusé de prendre ensuite sa carte, est devenu le leader de la génération montante de la droite locale depuis que le "centriste" de l'UMP, Philippe Rouault, poulain de Méhaignerie, a été battu à sa mairie et aux législatives. Rien à voir donc avec le MoDem.
 
Dans une certain mesure (et comme le note l'élu MoDem pur et dur d'Ille et Vilaine Reboux dans l'article que j'ai mis en lien), cette façon de procéder aboutit à banaliser le MoDem, à l'engluer, comme au fond l'attitude des sénateurs du groupe UC-UDF qui veulent garder le contact avec le Nouveau Centre.
 
Dans une certaine mesure aussi, les propos récents du tout nouveau maire du XVIe, Claude Goasguen, peuvent dériver vers cette stratégie élyséenne s'il ne les précise pas. Vouloir doper l'aile centriste de l'UMP pour réduire l'espace politique du MoDem est une manoeuvre logique et l'ambiguïté n'est pas permise.
 
Cependant, cette stratégie du recentrage a déjà été tentée plusieurs fois, et elle a toujours échoué, tant l'UMP reste marquée par les travers intellectuels et culturels de la droite. Comme dirait Bayrou, le renard enfile les plumes du poulet, mais il reste le renard.
 
Personnellement, j'estime que la réalité est bien plus riche et complexe que la droite ne se l'imagine.
 
Tout d'abord, il est simple et commode (y compris pour Bayrou) de parler du centre : cela nous place de plain-pied avec la droite et la gauche, à égalité. Il y a la droite, le centre, la gauche, chacun pour un tiers et tout le monde est content.
 
Mais cette vision facile a longtemps rebuté François Bayrou qui ne la jugeait pas pertinente, au motif que le centre est une notion purement géométrique. Il parlait d'ailleurs plus volontiers d'espace central que de parti centriste.
 
Dans cet espace central, c'est évident, le MoDem se taille plus que la part du lion. Non pas parce qu'il est centriste, mais parce qu'il assume les convergences des énergies divergentes. Il est la solution des contraires et la synthèse des dirimants.
 
Pour parvenir à ce résultat, il agglomère des sensibilités très diverses : humanistes d'inspiration chrétienne comme Bayrou ou laïque comme beaucoup d'autres, altermondialistes, écologistes, libertaires, autogestionnaires, gaullistes, sociaux-démocrates, et divers autres, dans un projet qu'en d'autres temps on aurait sans doute dénommé social-démocrate et qui allie la générosité, l'efficacité, le durable et l'intègre, conjugués à un enthousiasme européen marqué, à une nette aspiration à la subsidiarité, à un vrai appétit de démocratie numérique, et à une grande fraîcheur d'inspiration.
 
Tout cela, on le voit, a peu de rapport avec la tambouille centriste et permettra sans le moindre doute de déjouer le piège des centres pour occuper l'espace central sans se perdre dans le centrisme, en somme développer un authentique projet démocrate.

27/03/2008

La désespérance n'a pas diminué.

Comme Quitterie Delmas l'a très justement dit a plusieurs reprises, l'abstention record des dernières élections municipales est le signe d'une crise politique majeure. D'un côté comme de l'autre, on a beau nous affirmer que "circulez, y'a rien à voir, ce sont juste les électeurs de droite qui sont restés chez eux pour protester contre l'attitude de Nicolas Sarkozy et contre la politique du gouvernement", chacun sait bien que ce n'est pas vrai, et que l'abstention est le signe que la crise a repris.
 
Souvenons-nous de ce que François Bayrou disait pendant la présidentielle : une crise morale et politique sans précédent. La participation record de la présidentielle a paru démentir ensuite ce diagnostic, mais elle résultait seulement de la contestation du duopole par Bayrou ; dès les législatives suivantes, comme les démocrates n'incarnaient plus le même espoir de changement, la participation a commencé à s'affaisser de nouveau. Et voilà, avec les municipales, elle est au plus bas.
 
Il y a certes des gens qui ont cru dans les promesses de Nicolas Sarkozy. Quelle déception ! Bayrou le leur avait pourtant annoncé : les déceptions seront à la hauteur des promesses : énormes, folles, dangereuses.
 
Quelle déception. Moi-même (qui ai voté contre Sarkozy au second tour de la présidentielle), je suis surpris qu'il ne soit que ... ça.
 
Il vit dans un fantasme. Comme continueront à le répéter tous les psy qui se succèdent dans les colonnes des journaux et de "Marianne" en particulier, il ne cesse de nous parler de son enfance. 
 
Or son enfance... il avait huit ans quand Kennedy a été assassiné. Il a été ébloui, lui, le petit Nicolas, immensément, par l'émotion qui a envahi le monde entier à l'annonce de l'assassinat de Kennedy. Et ce qu'il admire dans Kennedy, c'est ça : cette émotion-là, cette mort-là. Il fait partie des gens qui font carrière pour l'éloge funèbre que l'on prononcera sur leur tombe, rien de plus.
 
Et c'est à la recherche de cette émotion-là, de cette mort-là, qu'il est parti à l'assaut des corps constitués et des intérêts établis en France : pour se mettre en danger, pour connaître la même fin que Kennedy, pour susciter la même émotion dans les tabloïdes, pour que son nom reste éclairé des mêmes lettres de néon. Il veut qu'on l'assassine.
 
Dans son fantasme, bien sûr, il y a Jackie Kennedy. Peut-être s'est-il paluché devant sa photo quand il avait treize ans. En tout cas, de la même façon qu'on demande à une pute de s'habiller en boniche ou en pompier, Sarkozy demande à sa femme, quelle qu'elle soit, de s'habiller en Jackie Kennedy. "Oh oui ! oh oui ! fais-moi Jackie Kennedy !"
 
Mais là où son obsession confine au délire, c'est qu'il peut se rêver en John F. Kennedy, sa politique, elle, n'est en rien ni novatrice, ni moderne, ni rien de tout cela : c'est la même que celle de Juppé en 1995, de Jospin en 1997, de Raffarin en 2002 et de Villepin en 2005 : le déclin, le démantèlement des droits sociaux, la dérégulation irréfléchie, le repli de l'État mais non des réseaux qui profitent de l'État, l'affaissement.
 
Or c'est cette même politique conduite à tour de rôle par les partis du duopole qui enfonce les Français dans la désespérance. Sarkozy, tout à son fantsame, peut ne pas le voir, nous, nous le savons. Les Français le savent.
 
Ce qu'ils attendent, c'est qu'on leur dise qu'il est possible de s'en sortir, qu'il existe de vraies solutions, sans mensonge, sans langue de bois. C'est à quoi nous, démocrates, autour notamment de Quitterie Delmas et de François Bayrou, nous nous emploierons.

23/03/2008

Contre le déploiement de 1000 hommes supplémentaires en Afghanistan.

Les Américains ont à peu près échoué en Afghanistan, et l'OTAN avec eux. L'envoir de troupes supplémentaires dans ce pays relève de la fuite en avant, de type "guerre du Viêtnam". C'est à peu près comme l'injection perpétuelle de liquidités dans le gouffre actuel de l'économie américaine : un emplâtre sur une jambe de bois.
 
La solution du problème afghan n'est pas militaire.
 
Quant à l'idée de siéger de nouveau au commandement intégré de l'OTAN, elle est inadmissible sans le préalable d'une défense européenne mieux structurée, plus indépendante, et dont le financement soit donc entièrement repensé et réévalué. 

03/03/2008

On se fout de nous

Un (un peu) meilleur sondage pour Sarkozy qui paraîtra comme par hasard trois jours avant le premier tour des municipales. Ca me rappelle le dernier sondage sur Bayrou paru le vendredi soir avant le premier tour de la présidentielle. De qui se moque-t-on ?
 
Pauvres cons. 

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02/03/2008

Quelle est la différence entre Sarkozy et Poutine ?

Réponse : presque aucune : pour l'un, la vie est Starmania. Pour l'autre, c'est Tsarmania...
 
Une autre : Avec Sarkozy, on ne dit plus "de quoi s'agit-il ?" mais "de quoi s'agite-t-il ?"
 
Cette note zaz a pour but d'illustrer un excellent article du "blog connectique" betapolitique. 

00:43 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, poutine, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

28/02/2008

Sarkozy a débarrassé la banlieue de sa racaille...

Sarkozy a débarrassé la banlieue de sa racaille : il l'a nommée au gouvernement.
 
(C'est ma journée pamphlétaire : si vous en avez comme ça à proposer, postez-les en commentaire, je les intégrerai à cette note ou à la suivante).

12:34 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, banlieue, pamphlet | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/02/2008

Que faire de la fonction présidentielle ?

Interrogé sur le motif de sa baisse de popularité, Nicolas Sarkozy a indiqué qu'elle était, selon lui, due à des événements personnels qu'il n'avait pas prévus et auxquels il avait dû faire face. Pas un mot ni de son activité politique ni des résultats produits par les décisions qu'il a prises. Pour lui, tout réside dans le rapport entre l'égo et la foule. C'est le néant de la politique.
 
Plus encore : le président de la république est celui dont l'égo devrait être le moins important. Car l'être humain, à un certain degré de respnsabilité, doit se mettre tout entier au service de la fonction qu'il exerce. Et chacun sait que pour prendre les décisions cruciales, il faut une distance entre soi et l'objet de la décision ; si l'égo s'en mêle, la décision entre dans l'affect, elle est corrompue par nature et ne peut atteindre le succès que par hasard. Le vrai drame de Sarkozy est là : il est gouverné par son affect. Ce qui fait de lui certes un affectueux, mais aussi un affectif, tout dans l'instant et dans l'épiderme.
 
En fait, un président est comme un maire, mutatis mutandis : il doit être à l'aise aussi bien avec les faibles qu'avec les puissants, mais jamais complaisant. Il doit être capable d'une grande synthèse pour évaluer vite les enjeux d'une décision. Il doit être équitable pour répartir comme il faut les charges et les aides. Il doit... mais que fait-on du gouvernement ?
 
Car le maire est à la fois le président et son gouvernement.
 
Le gouvernement gouverne. Les mots ont un sens : il définit et conduit la politique de la nation. C'est quoi, la politique de la nation ? Ce sont les orientations de l'action de l'État dans les fonctions que le peuple lui assigne au nom de la nation.
 
Ces fonctions varient d'une époque à l'autre. On distingue les fonctions régaliennes : justice, sécurité intérieure et extérieure, et les fonctions sociales : enseignement, solidarité, culture, auxquelles se joint, fait plus moderne, l'optimisation et la régulation de l'économie. Sur tous ces sujets, legouvernement a pour mission de définir et conduire la politique de la nation, donc de commander aux administrations de l'État.
 
Mais alors, le président de la république ?
 
Le président de la république, selon la constitution, est un garant : garant de l'indépendance nationale, du fonctionnement régulier des pouvoirs publics et de la continuité de l'État. Il exerce donc, au nom de la permanence de la France qu'on nomme la nation, une fonction de contrôle sur l'action des pouvoirs publics et en particulier du gouvernement.
 
On voit bien qu'il y a là une faille : c'est lui qui nomme le premier ministre qu'il est chargé, ensuite, de contrôler. Certes, le premier ministre peut ensuite être investi par l'assemblée (c'est l'usage), mais il tient son autorité du président qui le nomme.
 
Cette contradicition intime du texte constitutionnel avait échappé aux rédacteurs de la constitution de la Ve république, tant il était ancré dans les habitudes que le président se trouvât dans une situation passive et spectatrice pour nommer le premier ministre. On avait voulu renforcer les pouvoirs du président, jugés trop faibles dans le système antérieur (et en partie responsables de la défaite de 1940, faute d'une autorité qui veillât à l'unité et à la continuité de l'action publique), mais en fait, on lui conférait tous les pouvoirs : ses prérogatives de contrôle font du gouvernement l'instrument de son action, au lieu que lui-même en soit le contrôleur attentif.
 
En d'autres termes, le gouvernement (et avec lui l'administration de l'État) devait se retrouver pris en sandwich entre le peuple et le président, mais sous cette pression, le gouvernement n'a pas résisté, le président est seul face au peuple et c'est en fait l'administration qui gouverne (et même légifère). 
 
La fonction présidentielle s'est développée sur ce malentendu, renforcé par la décision de faire élire le président de la république au suffrage universel direct en 1962.
 
Dès lors, le président se retrouve dans la position du maire, d'autant plus que, grâce à la télévision, tout le monde croit le connaître, on le voit tous les jours, on sait chacun de ses faits et gestes publics. Et on projette sur lui l'image que l'on se fait de la fonction qu'il exerce.
 
Image psychanalytique s'il en est : le président est le père commun.
 
Image royale : le président continue la fonction du roi, il a le droit de grâce, il incarne le pays.
 
Image médiatique : le président est une star.
 
À travers les époques, l'imaginaire des Français a composé une sorte de profil-type du président de la république : l'élu doit être fort (Chirac était plus fort que Jospin, Mitterrand que Chirac et que Giscard II, Giscard I que Mitterrand, la règle antérieure étant différente, puisque la télévision ne filtrait pas les choses comme depuis). L'élu doit être un peu déluré (Mitterrand, Chirac).
 
Fort, l'élu doit avoir de la poigne pour résister à la pression des autre nations et se faire bon négociateur au service des intérêts du pays. Il ne doit pas avoir froid aux yeux et être capable d'affronter l'impopularité d'une décision qu'il sait impopulaire mais que les dossiers qu'il a sur son bureau lui réèlent hautement nécessaire. Il doit se montrer capable de calcul pour déjouer les pièges qu'on lui tend et, le cas échéant, en tendre aussi. Il doit avoir su sang-froid.
 
Déluré, l'élu a le droit de s'envoyer en l'air à tire-l'arigot. Il y est même invité et on est flatté de la réputation qu'il répand sur tous les mâles du pays.
 
Pour être élu, hélas, il doit aussi promettre n'importe quoi.
 
Une fois élu, les qualités qu'on lui demande sont autres : déluré toujours, mais sachant se tenir. Ayant de l'aisance, de la prestance, des qualités de danseur mondain, de la faconde si possible (de Gaulle, Pompidou, Mitterrand un peu), de la malice, et de la capacité à faire de l'argent. Il est désormais le reflet de chaque homme du pays. Chacun se voit en lui. Il doit être capable de rassembler le pays et d'en trouver le fil conducteur.
 
Il doit donc se modeler dans une forme de perfection de force et de justice.
 
La fonction présidentielle est désormais juchée sur un piédestal.
 
Sans doute trop. Sans doute y a-t-il, dans l'inconscient collectif plus encore que dans les institutions et dans les dérives des acteurs politiques, une résurgence de notre conception monarchique.
 
C'est peut-être pourquoi, voici quelques mois, lorsqu'elle sortit un volume de mémoires, la veuve de François Mitterrand (sphinx parmi les sphinx) a veillé à signaler que, pour celui-ci, la présidence de la république n'était pas une antre magique, mais un bureau, un bureau comme celui de tout un chacun, où il faisait un travail de bureau. Désacralisation.
 
Cette désacralisation connaît une accélération brutale, c'est le moins que l'on puisse dire, avec les images très destroy données par Nicolas Sarkozy ce week-end.
 
Alors ? que faut-il en penser ? est-ce une bonne chose de se rappeler que le président n'est pas un roi thaumaturge, mais un être de chair et de sang ? Ca le serait s'il ne s'agissait que de cela.
 
Mais le drame va plus loin et vient de plus loin. L'erreur de casting est profonde. Et elle n'est pas due seulement (contrairement à ce qu'il croit) à la personnalité de l'intéressé, elle est le fruit d'un système bloqué et sans doute épuisé.
 
Pour s'en sortir, le pays doit choisir l'électrochoc. 
 
Dans sa brillante note d'hier soir, Quitterie Delmas estime que le président de la république devrait dissoudre l'assemblée nationale pour composer une nouvelle majorité autour d'un nouveau projet. Elle ajoute qu'en fait, comme je viens de le souligner, c'est notre système institutionnel qui est à bout de forces. Et on sent bien que l'assemblée qu'elle voudrait voir convoquer est encore plus une assemblée constituante que législative.
 
Elle a raison. Et c'est pourquoi, comme elle, je souhaite qu'une initiative soit prise pour demander au président de la république de dissoudre l'assemblée nationale. 

Chirac, au Salon de l'Agriculture, s'oppose à Sarkozy.

En conclusion de sa visite au Salon de l'Agriculture, Jacques Chirac (très vieilli) a lancé : "Et surtout, il ne faut pas modifier la PAC avant 2014 comme prévu", contredisant explicitement la principale annonce faite par Sarkozy avant sa "connerie" superlative, puisque Sarkozy veut modifier la PAC dès 2008.

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25/02/2008

Internet 1 - Sarkozy 0

Comme le note très justement Thierry Crouzet, force est de constater que c'est Internet qui a imposé la vidéo prise par le site du Parisien comme information notable. La chronologie que j'ai établie hier matin l'établit sans équivoque.
 
Difficile de décider cependant que cette mobilisation subite d'Internet (plus d'un million de visites en 36 heures) est dirigée spécifiquement contre le présipathe. L'événement existe en soi, il y a dans le fait de venir le voir comme un réflexe de badaud. Force est d'ailleurs de constater aussi que la capacité de Sarkotrash à mobiliser le buzz semble en baisse, puisque la vidéo belge qui l'avait montré un peu "flottant" au sommet du G8 avait été bien plus regardée encore.
 
Donc pas de précipitation dans l'interprétation.
 
Et cependant, il est permis de se demander s'il n'y a pas eu, de la part des internautes, une forme de joie et de revanche après les inquiétudes suscitées par le rapport Olivennes, la multiplication des pressions sur les blogueurs, la négociation très dure sur la taxation des supports de stockage au nom de l'encadrement de la copie privée, bref, il y aurait eu matière à énervement des internautes.
 
Dès lors, j'ai bien envie d'ôter le point d'interrogation et d'écrire : Internet 1 - Sarkozy 0. 

24/02/2008

Stratégie de la polémique ? L'anti-système ne fait plus recette.

La multiplication des polémiques par Sarkozy et son entourage traduit-elle une stratégie ? S'agit-il, comme l'an dernier, d'invoquer les esprits frondeurs contre la frilosité des conservatismes ?
 
Dommage : ce qui s'est vu, c'est que Sarkozy n'a utilisé cette tactique que pour mieux prolonger le système, pas pour le bousculer, encore moins pour l'améliorer.
 
Résultat : ça ne marche plus. Le système, c'est lui, il est le président, mais avec ses crottes de nez qui pendent, il n'est qu'un présitrash.

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136 000 visiteurs en moins de 14 heures !

Sur le site du "Parisien", la vidéo montrant Sarkozy traiter un pauvre gars de "pauvre con", que je signalais dès hier soir vers 21 heures sur le blog de Quitterie Delmas (l'ayant vue sur le site du Nouvel Obs), en est à plus de 136 000 visiteurs en moins de 14 heures. On l'enferme quand ?
 
Le Parisien a publié sa vidéo à 19 H 33. NouvelObs.com l'a reprise assez vite, puis Reuters, puis l'Associated Press en a fait une dépêche à 22 heures. L'AFP n'a sorti sa propre dépêche qu'à 23 h 48. Lexpress.fr l'a signalée tard. Ce matin, à 9 h 25, lepoint.fr ne la donne toujours pas. Aucune télé n'en a parlé hier soir, je vais regarder les nouvelles sur Itélé dans un instant.
 
À 9 h 29, plus de 164 000 visites.
 
À 9 h 34 (mais ce n'est peut-être pas la première fois), Itélé donne l'info.
 
 9 H 35, plus de 169 000 vues. 
 
10 H 59 plus de 263 000 vues.
 
13 H 25 plus de 413 000 vues. 
 
Pour l'anecdote : j'ajoute une histoire qui met en relief le style des uns et des autres.
 
L'anecdote se passe en 1815 : le roi Louis XVIII rentre d'exil, il parade dans Paris dans un fiacre. Sur son passage, la foule l'acclame. Pas tout le monde : un passant crie :
 
- Mort au gros cochon !
 
Aussitôt Sarkozy le préfet de police fait arrêter le malpoli.
 
Arrivé au palais de Tuileries, Louis XVIII convoque le préfet qu'il avait nommé peu de temps auparavant. Il lui donne l'ordre de libérer le malpoli et, aussitôt, révoque le préfet. Pour quelle raison ? Pour avoir cru (osé croire), lui préfet, que l'insulte du passant avait pu s'adresser à lui roi Louis XVIII...
 
Autre monarchie, autre style.
 
Vive la république. 

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22/02/2008

Le silence.

"Écoutez !
 
- Quoi ?
 
- Le silence".
 
Cette citation de Talleyrand qui a été utilisée pour la pièce de théâtre devenue film, "Le souper", illustre parfaitement une expression que chacun connaît : "il y a des silences éloquents".
 
La puissance d'évocation du silence est bien connue des compositeurs de musique qui, depuis longtemps, savent allonger la note, la dilater. C'est aussi l'énergie d'un moment musical spectaculaire : le point d'orgue, dont le principe est l'immobilité en contraste du mouvement, voire le silence en contraste du son, en quelque sorte la résonance dans l'absence de son.
 
Le silence est devenu un instrument politique en France à partir au moins de la présidence Giscard d'Estaing, sous la férule de Jacques Pilhan, son conseiller. François Mitterrand conserva le conseiller et la doctrine, qui lui réussit plutôt bien. Selon cette doctrine, le président garde en général le silence et fait de ses interventions des événements rares et notables. En cela, il se donne de la hauteur et laisse ses subordonnés s'user dans la tâche gouvernementale à sa place.
 
Le présibruyant Sarkozy a choisi l'attitude inverse, qui ne semble pas lui réussir. C'est qu'il y a quelque chose de frénétique dans son obsession d'occuper constamment l'espace sonore et médiatique. Et la frénésie est une faiblesse. Or pour un président de la république, la faiblesse est un très vilain défaut.
 
Il ne fait pas de la musique, mais du tapage.
 
Quand un homme politique se tait, soit on l'oublie vraiment, ce qui n'est pas probable dans le cas d'un président, soit on croit l'entendre partout. On imagine qu'il trame. On le devine derrière chaque coup bas, dans chaque manoeuvre, dans chaque conjuration. Il est tout, il voit tout, on ne pense qu'à lui. Son silence est obsédant.
 
Heureusement, Sarkozy est incapable de la maîtrise de soi nécessaire à cette tactique.
 
Pour terminer, je rappelle à ceux qui passent ces jours-ci sur ma page quelques règles du discours politique pour exprimer ses convictions et les progrès qu'on peut faire encore pour faire passer sa très grande sincérité.
 
Parmi les instruments du discours, sur la palette de l'orateur (-trice), il y a deux notes sur lesquelles il est très éloquent de pianoter : la première, ce sont les intonations. Une élocution monocorde appartient plutôt à l'univers journalistique. Faire de la musicalité de sa phrase une parabole en mettant l'accent sur des syllabes plus porteuses de sens que les autres, c'est gagner en receptivité de l'auditoire. La deuxième, c'est le silence. Écoutez Bayrou, la lenteur de son élocution n'est pas seulement due au fait qu'il est un bègue guéri, c'est une façon de travailler sur la résonance, d'amplifier son discours, de lui conférer une solennité pleine de carrure, une gravité. La sincérité, dans le cas de Bayrou, passe parfois par cette gravité. À d'autres moments, c'est parce qu'il se met en pétard sur un sujet qu'il trouve viscéralement important.
 
Viscéralement. N'oubliez pas que le viscéral est autorisé et qu'il fait tinter la corde sensible de l'auditoire sans cependant ne jouer que sur l'émotion. C'est le mélange de l'intelligence et de l'émotion.
 
En somme, il est souvent pertinent de ralentir le débit, d'appuyer sur certaines syllabes-force (comme des idées-force) et, par le jeu avec le silence, de laisser de la place dans son propre discours à ceux qui l'écoutent.

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21/02/2008

Quitterie Delmas, sur BFM radio, appelle les Hauts-de-Seine au sursaut démocratique.

Quitterie Delmas était invitée ce soir de 19 heures à 20 heures du "Grand Journal" sur BFM radio.
 
Sur les sectes, sur la laïcité, où tant de polémiques naissent, ce serait grave s'il s'agissait d'une "tactique de diversion" des "vraies questions" qui préoccupent les Français, notamment "le pouvoir d'achat".
 
"Je condamne les propos d'Emmanuelle Mignon" qui remettent en cause tout le travail de ceux qui se penchent sur le dossier des sectes. D'autant plus qu'elle n'a aucune légitimité : "faire de la politique, ... il faut passer par le suffrage universel, Nicolas Sarkozy se trompe lorsqu'il met ses collaborateurs en avant".
 
"Hier soir, j'étais à Neuilly et je suis allée défendre Alexandre Harmand, candidat du MoDem". À Neuilly, il y a une vraie alternative : "le Mouvement Démocrate, une équipe solide ... Alexandre Harmand est un jeune chef d'entreprise... Il y a des élus sur la liste ... Eux au moins, ils s'occupent uniquement des habitants de Neuilly".
 
Ce qui se passe à Neuilly est significatif des "méthodes de Nicolas Sarkozy, des Hauts-de-Seine, à Puteaux, Asnières, Levallois..." "Peut-être que c'est là que (en réaction) va redémarrer la démocratie... Peut-être que c'est une fin de règne".
 
"Beaucoup de jeunes entrepreneurs viennent me voir", déçus de Nicolas Sarkozy : "on s'est gravement trompés, sur les promesses de réformes... (etc)" "C'est ce public-là qu'il va falloir convaincre de rester en France... C'est aussi notre richesse à nous".
 
Sur le pouvoir d'achat, "arrêter de faire des promesses qui ne sont pas tenables"... "Responsabiliser les Français". Ainsi, leur moral sera meilleur et ils sauront que les choses ne dépendent que d'eux-mêmes. "François Bayrou l'a dit pendant sa campagne : il faut dire la vérité aux Français".
 
À propos de la censure partielle de la loi sur la rétention de sûreté, "j'aurais préféré que ce soit une censure totale"... "on essaye de ne pas désavouer totalement Rachida Dati" mais "on rend la loi inapplicable"... "J'ai l'impression d'avoir déjà vu ça plusieurs fois".
 
"La crise que nous avons à affronter est très grave : économique, morale et politique"...

Quelque chose en lui de Britney Spears.

Juste un titre pour signaler un article à la fois affligeant, désopilant et humiliant sur Betapolitique et sur le président Sarkopathe, en qui un journal anglo-saxon voit même "quelque chose de Britney Spears", la pauvre.

20/02/2008

La franc-maçonnerie, la laïcité, la France en elle-même.

L'affaire Clearstream se loge décidément partout. Lorsqu'en lisant la notice d'Alain Bauer sur wikipedia, on apprend que les locaux de Bauer ont été perquisitionnés par les services de Sarkozy police dans le cadre de l'affaire Clearstream 2 en 2006 en raison d'info que ledit Bauer aurait détenues, on finit par se demander ce qui a ensuite poussé ledit Bauer à devenir le conseiller spécial du président Sarkozy.
 
Car Alain Bauer est à l'origine un rocardien, on parlait de lui en bien voici près d'une vingtaine d'années chez les jeunes du CDS. Il était, avec déjà Manual Valls si ma mémoire est bonne, l'un des plus prometteurs de l'entourage de Rocard.
 
Le voici chez Sarkozy.
 
Et, apprend-on par l'Express, c'est lui qui a organisé en janvier la rencontre d'une "troika" de grands-maîtres du Grand Orient avec le président Sarkodieusard.
 
Je précise que je ne suis pas moi-même enrôlé dans l'une des obédiences maçoniques (dont je ne sais que des choses superficielles) et qu'on ne doit pas voir dans mon texte un brûlot revanchard de maçon enragé.
 
Car le Grand Orient bruisse, les compas cliquettent, les tabiiers crissent, les maillets s'entrechoquent : un ex-grand-maître du Grand Orient est proche conseiller du président qui se montre décidé à froisser le parchemin inviolable de la loi de 1905 !
 
Il faut comprendre que la laïcité est une pierre angulaire de la plupart des obédiences maçonniques. Pour le Grand Orient, c'est plus que ça, c'est le pilier de l'édifice : enlevez-le et il ne reste plus grand chose. Car la personnalité du Grand Orient français, qui en fait une forme aiguë d'"exception française", est d'avoir rageusement biffé de ses statuts toute référence à ce que les autres maçons nomment l'"Être Suprème", dont le nom dit peut-être quelque chose à ceux qui se souviennent de la Révolution française et du culte de l'Être Suprême, quand on voulut remplacer Dieu par sa version 2.0, celle justement des maçons.
 
Le Grand Orient a voulu la laïcité dans sa forme la plus intransigeante. Il a veillé à la loi de 1905.
 
Or c'est aujourd'hui l'obédience maçonnique la plus nombreuse (et de loin) en France, même si elle ne regroupe pas à elle seule la majorité des maçons français.
 
Pourquoi faire cette note, moi que ces initiés ne concernent que de loin ? J'aurais pu me contenter de reparler de la laïcité en général.
 
C'est que, d'abord, le débat qui a opposé Bayrou à Xavier Bertrand dans le cadre de l'émission d'Arlette Chabot prend un autre sens si l'on songe que ledit Xavier Bertrand, surpris par un "coming-out" organisé par "L'Express", a depuis lors admis qu'il était lui-même engagé dans le Grand Orient. Voir un catholique pratiquant donner des leçons de laïcité à un frère du Grand Orient est une surprise à laquelle sans doute le petit père Combes ne se serait pas attendu (quoiqu'après tout, l'Église a souscrit au compromis de 1905 qui n'avait pas que des inconvénients pour elle).
 
Mais aussi parce qu'après tout, quand on pense la même chose sur un sujet, il est bon de le dire.
 
La remise en cause des principes laïcs ouvrirait une phase de trouble profond dont personne en France ne sortirait gagnant.
 
Le succès de l'appel de Marianne est tonitruant : le numéro de l'hebdomadaire est épuisé, l'article sur le net en est à plus de 100 000 visites pour sa première mouture et 30 000 pour la seconde. Même si Maurice (dit Momo) Leroy en a retiré sa signature avec lâcheté, cet appel se joint aux presque 100 000 signatures déjà de la pétition de l'appel laïque.
 
En somme, on a réveillé le dragon endormi.
 
Faudra-t-il faire encore monter la pression sur Sarkonoît XVI ?
 
Soyons-y prêts. Il en va de notre conception du pouvoir, de l'être humain et de la liberté.