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11/02/2007

Blogosphère : la liberté des formes poétiques.

La poésie est l'art majeur de la littérature.

Un grand poème vaut plusieurs grands romans. Un seul vers d'Hugo dit parfois plus de réalités que dix enquêtes documentaires.

Or la poésie est devenue (ou redevenue ?) un art confidentiel, réservé aux arrière-salles, aux petits comités militants, à l'admiration facile, au relativisme égaré.

La forme poétique a suivi la loi des autres arts. Elle a évolué vers l'abstraction, vers toutes les formes de bizarrerie et d'hypertrophie de l'originalité à tout prix, ou bien elle s'est enfoncée dans le marais de la préciosité volontiers passéiste où elle ressasse des images timides.

Les recueils poétiques n'ont qu'un public très restreint. Quelques écrivains reconnus publient parfois des textes, mais ils demeurent très minoritaires et le marché ne suit guère.

Les connaisseurs véritables, les initiés (il en reste) se taisent et réservent leur savoir à des cénacles.

Devant ce triple mur de silence, la blogosphère joue une fois de plus le rôle de déverrouillage.

Déverrouillage de la forme : pas de crainte de verdicts définitifs de critiques venimeux.

Déverrouillage de l'argent : publier sur une page de blog ne coûte pratiquement rien et peut atteindre en un instant un public plus large que six mois d'efforts auprès des médias spécialisés.

C'est pourquoi on voit refleurir les poèmes. La construction libre y domine. On ne versifie pas beaucoup sur la blogosphère : la peur du jugement commun et la hantise de l'expression "vers de mirlitons" qui sonne comme l'humiliation suprême. On prend moins de risque dans des haikus ou dans de jolis paragraphes de prose.

Alors tant pis, s'il faut provoquer, moi, j'ose l'alexandrin. Et j'aime l'acrostiche. Jeu futile ? Peut-être. Mais si le poème parle plusieurs langues en une seule, la futilité ne masquera pas longtemps sa profondeur. L'apparent humour révélera sa vérité.

Je me lance donc, sans la moindre prétention, juste pour éveiller le jeu, en ce dimanche. Voici un acrostiche, n'hésitez pas à m'envoyer les vôtres :

O mondes enroulés aux spirales lointaines,
Echarpes étoilées des lampes souveraines,
Dignes monceaux de nuit déployant des lueurs,
Inavouables cercueils des juteuses candeurs,
Pieux mensonges offerts aux coeurs nouveaux à prendre,
Effacez le tourment des enfances trop tendres !

Ca vous donne envie d'en faire ? Chic alors : c'est dimanche ! Libre.

11:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : blogosphère, poésie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/02/2007

La crétinisation repentante.

Après des mois de crétinisation militante, voici les puissants repentants.

On découvre soudain que les Français ont soif de parler, soif d'être écoutés. On découvre qu'il ne suffit pas de faire la couverture glacée des magazines populaires pour devenir populaire.

Et on se convertit à la va-vite au débat participatif (le mot est la mode) et à la prise de tête.

Ce serait rafraîchissant si cette prise de conscience n'aboutissait à de nouveaux mensonges. Car on n'a nullement l'intention de changer les méthodes en vigueur depuis le quart d'un siècle. On tente seulement de les présenter autrement. On fait amende honorable et on promet, on promet tout, comme un enfant qui veut à tout prix éviter la punition. La punition qui menace.

Relisons le texte de Victor Hugo que j'ai posté cette nuit, tiré de "L'année terrible". Il nous guidera pour répondre aux bonimenteurs.

Mais pour la littérature, il est trop tard : elle s'est déjà compromise. Elle a déjà vendu son âme pour un plat de lentilles. Elle gît, poupée de latex égarée dans la fange qui s'échappe d'elle.

Oh, je ne parle pas de tout le monde, je rappelle que j'ai des quantités de bons noms en tête. Mais je pense à ceux qui devront endosser le choix d'une infantilisation crapoteuse et d'une lénification complaisante. Ils ont choisi leur chemin et nous y ont entraînés avec eux. Aujourd'hui, devant le retour des réalités, ils sont désarmés : voilà que, dans les derniers chiffres publiés, certes deux romans de Dan Brown occupent les deux premières places des ventes, mais que s'il faut aller chercher, où déjà ? à la septième ou huitième place ? le premier roman français, lequel est-il, celui-ci ? Celui de Rufin. Celui qui parle du monde tel qu'il est.

La réalité en tête... On lui croyait le peuple engourdi si indifférent... Il faisait donc semblant ?

Attendons de voir si Dugain ne suivra pas le même chemin. Et d'autres...

Ah, si seulement on pouvait espérer la renaissance... Libre.

21:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Des lois pour être à la noce ?

Il y a des jours où je voudrais qu'on interdise aux jolies femmes d'épouser quelqu'un d'autre que moi. Pas vous ?

Et si on en faisait une plateforme pour la présidentielle : "Candidat Untel, on votera pour vous si vous faites passer dans une loi qu'il est interdit aux jolies femmes d'épouser quelqu'un d'autre que moi" ?

Bon, c'est le week-end, on a des pensées importantes le matin. Une bonne façon d'être libre ?

12:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humeur | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

À propos de Google.

Il m'a fallu quelque temps pour synthétiser mon opinion sur les projets de Google.

On sait que le Microsoft d'Internet numérise à marche forcée tout ce qui lui passe sous la main pour s'emparer d'une position inattaquable sur le futur marché du livre numérique.

Une note du 29 janvier dernier sur le blog de Livres Hebdo rend un compte précis du projet du mastodonte. Étant donné que Google a été invité au récent sommet de Davos, honneur réservé aux grands de ce monde, on peut décidément s'inquiéter pour le pluralisme culturel sur notre pauvre planète.

Voici donc le commentaire que j'ai déposé sur le blog :

"La question n'est pas que Google commercialise des livres électroniques. La question des droits patrimoniaux et moraux est bien sûr essentielle, mais ce qui est en cause est surtout la brutalité et l'absence de vergogne du puissant qui méprise tous les autres. Il y a là des pratiques qui ne relèvent plus de la loi du marché mais de celle de la jungle. "Pousse-toi de là que j'm'y mette".

"On retrouve là le même mécanisme que chez Microsoft qui incarne un véritable monopole dans ses secteurs, qui sont cruciaux, et ce monopole prouve l'insuffisance des seules règles du marché qui n'est pas capable de susciter le pluralisme dans le domaine de l'informatique.

"Qu'on me cite un seul cas où le monopole de la culture a produit de la démocratie et j'applaudirai.

"Or je n'applaudis pas.

"Il faut donc d'urgence des règles pour protéger le pluralisme. Et si c'était un enjeu de la prochaine présidentielle ?"

Les commentaires de ce blog sont filtrés. J'ignore s'ils publieront le mien. Mes lecteurs l'auront en tout cas lu. Restons vigilants. Pour la liberté.

Et si les lois ne viennent pas, il faudra bien que nous répondions à un état de fait par un autre état de fait.

02:20 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : liberté, internet, entreprises | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Encore un peu de Victor Hugo pour les insomniaques.

De "L'année terrible" :

Rois, larrons ! vous avez des poches assez grandes
Pour y mettre tout l'or du pays, les offrandes
Des pauvres, le budget, tous nos millions, mais
Pour y mettre nos droits et notre honneur, jamais !
Jamais vous n'y mettrez la grande République.
D'un côté tout un peuple ; et de l'autre une clique !
Qu'est votre droit divin devant le droit humain ?
Nous votons aujourd'hui, nous voterons demain.
Le souverain, c'est nous ; nous voulons, tous ensemble,
Régner comme il nous plaît, choisir qui bon nous semble,
Nommer qui nous convient dans notre bulletin.
Gare à qui met la griffe aux boîtes du scrutin !
Gare à ceux d'entre vous qui fausseraient le vote !
Nous leur ferions danser une telle gavotte,
Avec des violons si bien faits tout exprès,
Qu'ils en seraient encor pâles dix ans après !

Toute ressemblance avec des événements actuels est-elle fortuite ?

Qui sait ?

01:35 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

09/02/2007

Libres, vous ?

Vous êtes moins nombreux à vous exprimer ici qu'à me lire.

Il faut donc que je sois modeste. Sans doute, sans doute, je parle trop. Il ne me reste qu'à m'abriter derrière l'autorité de Jules Renard, qui a écrit l'une de ces phrases qui font tellement rêver quand on a quatorze ans : "Écrire, c'est la seule façon de parler sans être interrompu".

Voici donc la particularité du blog : c'est supposé devenir un dialogue, ou plutôt un polylogue. On écrit pour être parfois interrompu. Jules Renard doit se retourner dans sa tombe.

Or pour le reste, j'en suis encore presque au monologue.

Pourquoi lisez-vous des blogs ? Pourquoi venez-vous ici ?

J'imagine que tout blogueur pose à un moment où l'autre cette question. Je n'ai encore qu'un mois, je suis tout nourrisson et on peut me pardonner mes ingénuités.

Lisez-vous pour le contact ? Pour le plaisir ? Par curiosité ?

S'il y a une forme littéraire du blog, c'est en tout cas dans cette recherche de (comment dit-on ? participativité, collaborativité ?) construction d'une forme à plusieurs.

Cela étant, en tant qu'oeuvre, si j'en juge par ce que j'ai potassé en bondissant de lien en lien, le monologue reste la règle.

En fait, on n'entre dans la sphère propre du procédé blog qu'à partir du moment où l'on rencontre des opinions. Le polylogue se cristallise sur des avis et sur des déclarations.

La blogosphère, dans une certaine mesure, est un espace militant, militant d'un peu tout.

Et vous ? Vous militez pour quoi ?

Libre ?

22:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : blogosphère | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Charlie Hebdo.

Je m'aperçois que j'ai oublié de dire que je soutiens aussi Charlie Hebdo. Leur intention n'est pas contre l'Islam, mais pour la liberté, me semble-t-il, liberté de caricaturer même les religions. Et c'est en ce sens que je les appuie.

13:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté, presse | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Terrains neutres.

Baudelaire avait donné à son salon une allure très altière : dépouillement, pas un livre, rien que l'exception et le vide. Victor Hugo, on s'en rend compte place des Vosges, possédait des meubles très spectaculaires, ressemblant à ses dessins fantastiques et à ce qu'il aimait du clair-obscur de Rembrandt. Balzac se vêtait voyant, un peu tape-à-l'oeil, et son goût du boulle, en avance sur le Second Empire qui l'a beaucoup cultivé, pouvait pencher aussi du côté du clinquant, comme d'ailleurs le décor d'opérette qu'il assembla pour sa nouvelle épouse juste avant de mourir.

Les écrivains, au XXe siècle, se sont plutôt présentés sous un amas de livres, comme Colette (chats en plus) ou Marguerite Duras. Le vernis intellectuel l'a progressivement emporté sur l'intention mondaine. Il est vrai qu'on n'est plus mondain après la guerre de 14 comme avant.

Le bureau, couvert de papiers, est ce qu'on montre le plus volontiers. On l'accompagne de photos de proches, de fétiches de grands auteurs, de quelques accessoires aussi. Quand on possède sa maison, dans une banlieue ou une campagne, on travaille souvent sous les toits, au calme. On a en général un petit lit, un divan, où peut-être viennent s'étendre des admiratrices pâmées, mais où l'on prétend seulement méditer quand on passe la journée à buller et à dormir.

Les résidences des écrivains ne sont pas des terrains neutres, non plus que l'image qu'ils en donnent. Ramener l'oeil sur soi chez soi est comme y ramener une femme (chacun ses goûts).

Personnellement, j'ai toujours du mal à conduire les femmes qui m'acceptent jusque chez moi : c'est un antre et il n'y a rien de confortable pour méditer. Je préfère les terrains neutres. Neutres et gratuits, pas les hôtels trop glauques, ni pour écrire ni pour "méditer". Un terrain neutre, c'est plus libre.

10:40 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/02/2007

Libres, les banlieues ?

Les trois quarts des gens, en France, vivent dans une banlieue.

Or quels sont les grands écrivains de la banlieue ? Il y a eu, hélas, Céline, mais depuis ?

Les écrivains de la ville sont en général les plus difficiles, comme si leur sujet les forçait à écrire au marteau-piqueur. Il leur manque ce qui fait qu’on ne peut pas opposer entièrement nature à culture : la part organique de l’humanité de l’artifice urbain.

Zola a eu son « Ventre de Paris ». On ne s’amuse guère à le lire, mais il a permis de comprendre des réalités surprenantes. On pense par exemple aux poulets élevés en batterie dans les caves, qui ressemblent trait pour trait à ceux de notre époque. Aujourd’hui, ils sont la norme ; alors, seulement l’exception : par cette pratique, les éleveurs contournaient l’ « octroi », une taxe perçue à l’entrée des fortifications qui fermaient Paris (d’où l’expression intra-muros, d’ailleurs) : ils y gagnaient un peu de marge.

Dans ce roman comme dans plusieurs de Zola, la ville est le vrai sujet.

La banlieue, elle, est alors encore bucolique ou faubourienne. Les faubouriens ont eu leur littérature, pas les banlieusards. Pourquoi ? Mystère.

Le mouvement s'amorce à peine, comme s'il se cachait, et les bons écrivains tardent à venir au grand jour. Et ils ne cherchent pas encore à fouiller dans les profondeurs de la banlieue, pas assez dans les tripes.

Avons-nous désormais peur de la réalité ? Ne sommes-nous plus assez libres ?

16:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réalité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Mon premier moisiversaire.

Déjà un mois que je tiens ce blog-notes.

Près d'un millier de connexions. Ca monte de jour en jour. Deux mille cinq cents pages lues. Ce que j'écris est-il intéressant ? Le nombre d'habitués augmente avec celui des connexions. Peut-être ma voix n'est-elle pas inutile...

Tout à l'heure, l'histoire de la semaine sera consacrée à Victor Hugo et "Notre-Dame de Paris".

12:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/02/2007

Finir un livre.

L'imprimeur annonce à mon éditeur que mon nouveau livre entre dans la filière préparant l'impression.

C'est un moment d'émotion. On n'imagine pas la difficulté que représente la fin d'un livre, cette bagarre contre tout et rien, contre soi-même pour commencer.

C'est encore pire que de le commencer. Et pourtant, débuter, c'est souvent un calvaire : "Oh, j'ai bien le temps" ou "Oh, il faut que ça se décante" ou "Ah, non, vraiment, je n'ai pas le temps" ou encore "Il faut d'abord que je me concentre". Bref, toutes les mauvaises raisons sont bonnes.

Au milieu, ça va à peu près.

En fait, j'ai l'impression que les joueurs de tennis professionnels traversent les mêmes phases lors d'un match. Mais pour eux, ça dure deux ou trois heures. Un livre, pour moi, ce sont des mois, souvent deux ans. Après, il faut en sortir.

J'en suis là : le fantôme du livre s'extraira de moi en même temps que l'objet livre me sera livré. Et je serai enfin libre ?

22:00 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : livres | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le bien public.

Le règne de Louis XV a duré trop longtemps.

Les dernières années sont calamiteuses : perte de toutes les colonies continentales asiatiques et américaines en 1763, révolte des parlements l'année suivante, puis suspension desdits parlements... La France s'enfonce dans l'obscurité comme le roi dans la vieillesse.

Louis XVI veut trancher, c'est la rupture, il faut tout changer. Il ne va pas être déçu : tout va tomber, jusqu'à sa tête. Pour trancher, ça va trancher.

On commence par rétablir les parlements puis, comme il faut prendre sa revanche, on s'attaque à l'Angleterre à travers la guerre d'Indépendance américaine. C'est l'une des deux fois de l'Histoire où la France possède la première flotte militaire du monde. L'autre, c'est en 1939.

En cinq ans, les Anglais perdent le contact avec leurs colonies américaines. C'est la victoire. Pour les Américains, surtout.

Car l'État français sort du conflit tout ruiné. Comme toujours, la guerre n'a produit que de la misère.

Or un incident climatique grave dérange les récoltes suivantes. Le grain manque. À court de liquidités, la puissance publique ne peut intervenir sur le marché des blés, dont les cours s'envolent. Il s'ensuit une spirale d'inflation, de misère et de crise de liquidités.

De là est née la révolution.

Pour renflouer l'État, autant que pour des raisons idéologiques d'ailleurs recevables, on nationalise les biens du clergé. On pourrait croire que le Trésor public va s'en trouver plein. Pas du tout ! Les troubles civils nécessitent de coûteuses opérations de maintien de l'ordre et l'inventaire des biens, long et fastidieux, occasionne lui aussi d'abord des dépenses.

Enfin, quand on peut vendre, comme il n'y a déjà pas assez d'argent dans l'économie et comme on a déjà commencé à en placer à l'étranger par sécurité, la mise sur le marché des biens de l'Église assèche les dernières liquidités disponibles, la spirale d'inflation et de misère se change en tourbillon, en tornade, en ouragan.

On connaît la suite. Les transformations irréversibles, heureusement, mais aussi la guerre, inévitable.

Or nous y voici. Voici le stade où l'État chancelant ne peut plus faire face. Voici le stade où tout l'argent pris aux riches et aux moins riches ne parvient plus à parer à la plus élémentaire pauvreté. Le stade où tout ne sert plus qu'à l'immobilité.

C'est pourquoi chacun, en conscience, doit se demander s'il faut alourdir encore la barque de l'État : elle pourrait finir par couler.

Et ce seront forcément les pauvres qui trinqueront les premiers. C'est vraiment une question de conscience.

Pourquoi je dis ça, ici, au milieu de mes exposés littéraires ?

À cause de Lamartine, de nouveau, le fondateur du Bien Public. C'est lui, l'homme de la révolution de 1848. Lui le témoin des ateliers nationaux, des désordres budgétaires les plus absurdes, lui qui, enfin sorti (croit-il) de sa gangue d'intellectuel, dirige le pays durant plusieurs mois.

Hélas, il a outrepassé ses limites. Il ne comprend rien à la gestion. C'est bien, de savoir faire de beaux discours. Encore faut-il ne pas perdre le sens des réalités.

Et ses erreurs, toutes ses bonnes intentions, toute sa barque de l'État qu'il croit pouvoir charger, tout cela n'aboutit qu'à la victoire des ennemis de tous les principes qu'il a cru défendre : Cavaignac, puis Napoléon III, c'est-à-dire la réaction puis la tyrannie. Beau résultat pour l'homme du Bien Public.

Lamartine, abattu, puis ruiné, meurt seul, vingt longues années plus tard, un an avant la chute du Second Empire. Il n'aura pas vu le rétablissement de la République.

Y a-t-il de l'écho ? À chacun son idée. Libre.

18:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, liberté, conscience | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

06/02/2007

Internet et la pauvreté.

Lorsque je suis allé pour la dernière fois en Haïti, l'été 2002, j'ai retrouvé un pays en plein chaos.

Vingt ans plus tôt, exactement, en 1982, je m'y étais rendu pour la première fois. Je venais de perdre mon père et de passer mon bac.

Le pays, en 1982, était d'une pauvreté indicible, digne, souriante. On me disait "Ne parle jamais de politique" (je n'avais pas entendu parler des macoutes, mais je ne voyais de toutes façons aucune raison de parler de politique à tous ces inconnus (sauf à ceux qui m'accueillaient, c'est naturel)). On me disait aussi "Si par malheur on écrase un chien sur la route, on ne s'arrête pas, car les villageois seraient furieux". Bon, me disais-je, ça se comprend. J'avais dix-sept ans. On me disait aussi "Si en entrant en ville, on est contrôlé, on s'en sort avec un billet d'un dollar" (ou peut-être cinq). Triste police, songeais-je.

Le paysage était magnifique, on a peu idée de la beauté de ce pays. Les montagnes cultivées en escalier sur la terre rouge rappellent certaines aquarelles chinoises, d'une poésie illimitée. La végétation, quand il en reste, foisonne avec grâce.

Nous sommes montés jusqu'à la citadelle Laferrière, dont Césaire parle dans sa "Tragédie du roi Christophe", un site prodigieux, escarpé, où des canons de Napoléon, énormes, tout en bronze, pesant onze tonnes chacun, attendent l'improbable retour du colonisateur français.

Vingt ans après, y retournant, je lisais le bilan annuel du "Monde", pays par pays, dans l'avion qui me conduisait là-bas via Pointe-à-Pitre. L'article "Haïti" commençait par cette phrase : "L'insécurité est devenue telle que même les cartels colombiens s'en sont retirés". C'était le pays vers lequel je volais. Il n'y a pas de signal d'alarme, dans un avion. Pas moyen de sauter en vol, ni de faire demi-tour. Je crois que j'ai demandé un double cognac. je n'avais plus dix-sept ans.

J'ai donc retrouvé Haïti. Ou plutôt, je ne l'ai pas retrouvé.

J'ai découvert presque dès les premiers tours de roues ce que signifiait pour un pays de n'avoir plus du tout d'état, plus d'administration, plus rien.

Deux articles se vendaient bien, cette année-là : le 4x4 (il n'y a plus de routes) et le fusil à pompe (il n'y a plus de police).

Imaginez ce que peut représenter d'aller chez votre Franprix (ou Super U) du coin et d'y être accueilli par deux hommes un peu assoupis, appuyés sur de menaçants fusils à pompe. Imaginez de ne rencontrer que des gens furtifs, pressés de quitter la rue pour rentrer chez eux.

Oh bien sûr, ceux qui n'ont pas grand chose se tiennent placides le long des murs. Il y a là en particulier une myriade de marchandes de toutes les sortes et de toutes les tailles de fruits et légumes disponibles dans le pays. Des enfants qui vendent des cigarettes. Des marchands d'on ne sait pas bien quoi.

Dans certains endroits, ils urinent devant eux, dans le caniveau.

Les chaussées n'ont plus de forme, les trottoirs s'enfoncent dans la boue séchée qui monte, inexorable. Les ordures s'entassent. Lorsqu'un orage apporte l'une des pluies énormes que ce pays redoute, des flots descendent des parois montagneuses, un mètre, deux mètres d'eau, emportant les monceaux de détritus qui dévalent les pentes et viennent au mieux polluer l'estran, au pire s'accumuler dans la plaine côtière, à Port-au-Prince, ville qui n'a plus de nom.

On va de cloaque en cloaque, sauf à remonter les pentes jusqu'aux quartiers bourgeois, à moins que l'on ne trouve le moyen de filer vers le sud, l'ancienne république de Pétion, qui parvient cahin-caha à conserver sa paix et son harmonie.

Or dans ces immondices, dans ces ruelles bosselées et fangeuses, il arrive que l'on voie une (et une seule) enseigne au néon. C'est toujours un cybercafé, ou du moins une borne internet.

Car ce pays de 8 millions d'habitants compte peut-être trois ou quatre millions d'expatriés et certains experts estiment que l'économie d'Haïti tourne, pour environ 25% de son PIB, sur les rentrées d'invisibles provenant de cette diaspora (États-Unis, Saint-Domingue, France). Et pour faire rentrer cet argent si précieux, si vital, il faut venir là, attendre son tour, payer quelques centimes et se connecter à Internet.

Voici pourquoi ils méritent que l'on les défende, Internet bien sûr, mais aussi les logiciels libres.

20:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Mozilla, linux, wiki, la liberté ?

La majorité des navigateurs qui mènent au port de mon blog sont des Mozillas (59,17%).

Il paraît que ce sont des navigateurs libres. Friand de liberté, je me suis enquis du mien, Safari : il paraît qu'il est libre aussi.

Tout ceci est plutôt réjouissant.

On a vu récemment le linux tenir salon. J'ai interrogé pour savoir ce qu'était le linux. Je n'y connais vraiment rien. On m'a dit : c'est une communauté de scientifiques qui s'emploie à fournir des logiciels gratuits pour permettre de desserrer l'étreinte financière de l'informatique, étant donné que les outils et la communication électroniques deviennent de plus en plus cruciaux, voire vitaux.

Décidément, voilà de bonnes nouvelles.

Le wiki m'était mieux connu, que l'on parle de collaboratif, de participatif, ou d'autre qualificatif, il s'agit de fournir, là encore, des outils permettant de déverrouiller le savoir, comme des bibliothèques publiques en ligne. Je pense que tout le monde connaît Beaubourg (le centre Pompidou pour les amateurs de noms officiels) ; c'est donc un peu comme si Beaubourg se mettait en ligne (avec d'ailleurs une prudence à conserver sur les info, comme toujours).

Il s'agit là d'un instrument de démocratie (au sens où Hugo l'entendait) autant que de progrès.

Il m'arrive de contribuer à Wikipedia, l'encyclopédie en ligne. Or j'ai lu, à la fin de la semaine dernière, sur le blog de fuligineuse, qui me visite de temps à autre et me donne ses commentaires, qu'un journaliste d'un "quotidien du soir" comme on dit à Paris, avait récemment égratigné cette initiative en la personne de la présidente de la fondation Wikipedia, une Française.

Ca m'a donné envie de contribuer désormais à Wikipedia sous mon identité civile, celle que mes lecteurs connaissent. C'est à visage découvert que l'on se bat pour la liberté.

09:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : liberté, internet | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/02/2007

Et revoir "Rabbi Jacob".

Après avoir terminé ma note sur Albert Cohen, l'envie me prend de revoir le désopilant film "Les aventures de Rabbi Jacob", de Gérard Oury.

À l'heure où l'on voit certains proches du maître du burlesque français (mort l'été dernier) s'afficher dans le comité de soutien du boutefeu Sarko, on a envie de revoir l'oeuvre du cinéaste où s'exprimait si drôlement, si humainement et si fortement, l'espoir de réconciliation des trois religions du Livre.

"Salomon, Slimane, vous ne seriez pas un peu cousins ?
- Éloignés, répond l'Arabe."

Et aussitôt, l'Arabe serre la main du Juif qui vient de lui sauver la vie et le chrétien pose la sienne sur les deux autres. Irremplaçable film.

16:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Albert Cohen et les identités collectives.

L'histoire de Solal, personnage central d'Albert Cohen, s'étale sur plusieurs oeuvres ; on pense en particulier à "Mangeclous" et aux "Valeureux".

Tout commence au soleil des îles grecques, au Levant. Il y a là une communauté juive insulaire, bon enfant et fiévreuse, désordonnée et rêveuse. Tendrement ridicule.

Ces Juifs ont des liens avec la France, traces de l'Histoire. Ils en rêvent, ils en parlent avec de grands mots et force courbettes sincères. Ils finissent par y venir. Et c'est là que tout se gâte : Solal, l'enfant chéri de leur communauté, l'homme plus intelligent que les autres, le malin, doué pour la belle parole et la finance, le cerveau, le dandy aussi, va se diviser entre son appétit mondain et ses racines sans cesse surgissantes, cette famille encombrante et baroque qui horrifie la "bonne société" européenne, qu'elle soit d'ailleurs française ou suisse.

Solal, cyclothymique, dépressif, mais brillant et chanceux, beau aussi, gravit sans cesse les échelons de la fortune, puis reperd tout, s'enfuit dès qu'il voit reparaître ses racines, qu'il a pourtant cherché à enfouir toujours (fût-ce physiquement) dans le sous-sol de sa maison ou dans l'arrière-fond de son cerveau. Avec ses racines, il fuit aussi la femme qu'il aime, qui en est à la fois l'opposé et le miroir.

Finalement, il est question du retour vers la Terre Promise. Libération illusoire ?

Avec Solal, toujours, l'individu qui croit avoir atteint lui-même, et seul, son accomplissement, se retrouve hanté par la pression de sa communauté. Peut-il vivre sans elle ? Mais comment vivre avec elle ? Comment vivre, surtout, à la fois avec elle et avec les autres, ceux qui n'en sont pas ?

Cette question n'est pas que pour les Juifs. Elle concerne tout le monde. L'émancipation de la personne, l'harmonie de sa vie avec ses proches et avec de plus lointains, le malaise identitaire, la pression du groupe sur l'individu, la solidarité aussi, tout cela résonne en chacun de nous.

Et puis, Albert Cohen écrit parfois si joliment. Et "Belle du Seigneur". Et "Le livre de ma mère"...

Pour le soleil, on lira Solal, une plongée dans les eaux turquoise de la Méditerranée qui, de ce point de vue-là, ne peut être comparée qu'avec le "Graziella" de Lamartine. C'est un livre tout simplement délicieux.

Une fois qu'on a goûté à "Solal", on ne peut plus se passer de lire les autres ni de se demander comment on peut espérer vivre libre.

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04/02/2007

Libres, sans la paix ?

Quelle sale guerre nous mitonne-t-on encore ?

Quelle vilaine tambouille de chair humaine bouillonne sous le couvercle clinquant de la marmite des puissants ?

Quand on voit qu'en France un marchand de canons, et non le moindre, possède le principal groupe de production de livres, qu'il a acquis des parts encombrantes dans des journaux jusque-là honorablement connus, qu'il soutient de toutes ses nombreuses forces un candidat à l'élection présidentielle du chef de l'un des cinq États membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU, on est en droit de s'inquiéter. Ca ne peut pas être pour la beauté du geste.

On ne s'étonne guère, en revanche, de n'entendre aucune voix s'élever contre le péril qui monte : quand ils vivent de la main qui tient l'obus, les écrivains se taisent.

On voit donc bien que les investissements des marchands de mort n'ont eu d'autre but que d'offrir à leur terrible marchandise un emballage de papier journal rehaussé de paillettes, pour faire passer la sauce.

Pourtant, dans une guerre, il n'y a jamais de vainqueurs, il n'y a que des victimes.

Sept cents ans de guerres franco-anglaises ont abouti à l'émergence de l'Allemagne comme première puissance européenne et sans doute mondiale ; ni la France, ni l'Angleterre n'en sont vraiment sorties victorieuses. Sept décennies de guerres franco-allemandes ont ensuite fait surgir l'Amérique qui grandissait en silence.

Et combien de millions, de dizaines de millions, de victimes, pour que tourne la roue sanglante ?

Napoléon, devant sa Grande Armée, disait, grisé : "J'ai dix mille hommes à dépenser par jour". Pourquoi pas cent mille ? Quand on aime, on ne compte pas.

On aimerait que s'élève la voix de Victor Hugo le jour où il clamait : "Vous verrez, un jour, vous aussi, les fusils vous tomberont des mains".

Encore faudrait-il que, devant ces mots salvateurs enfin réapparus, se présentent des porte-voix.

On m'entend glapir beaucoup contre le manque de pluralisme des médias, des surfaces commerciales, contre la démission des écrivains. Mais si aujourd'hui tous lapent le même lait, chantonnent le même refrain insignifiant, adhèrent à la même lénification mensongère, comment pourrait-on attendre d'eux qu'ils se remémorent l'appel du vieil Hugo ?

Comment pourrait-on espérer qu'ils disent la vérité contre les boutefeux ?

S'il n'y a plus de pluralisme, si tout est cadenassé, quadrillé, asservi, agenouillé, enfermé, alors nous n'aurons plus le choix que de subir la guerre.

Oh, qu'on ne se méprenne pas : si l'Iran est le prochain territoire de la gourmandise des marchands de bombes, on ne me verra pas défendre l'Iran. Son président a utilisé une expression qui ressemblait trop à celles d'Hitler pour qu'on le trouve même tolérable.

Seulement, on nous a déjà fait le coup en Irak. Et il y a encore eu 34000 morts dans ce pays "pacifié" l'an dernier, soit presque une centaine par jour. 34000. Et l'Iran est combien ? trois fois, quatre fois plus peuplé que l'Irak.

Alors, disons la vérité : s'il fallait défendre Israël, j'irais.

Mais la guerre n'est pas inéluctable. Et c'est en amont qu'on peut la prévenir.

Le silence assourdissant des intellectuels déjà vendus au carnage ne contribuera pas à sauver des centaines de milliers de vie, il faudra faire sans, l'unanimité des médias et de l'intelligentsia français d'aujourd'hui sera un jour jugée criminelle, mais pour l'heure, il faut faire avec.

Nous avons au moins notre blogosphère pour faire ce que nous pouvons. Ce que nous pouvons pour ne pas laisser les pulsions de mort qui rôdent partout s'emparer du monde dans la folie de la guerre, d'une guerre protéiforme, permanente, meurtrière, qui ne pourrait aboutir qu'à une régression de la civilisation.

Les fusils ne sont beaux que quand ils se taisent.

Voilà ma triste conclusion d'un dimanche anxieux. Si seulement nos écrivains se réveillaient libres...

20:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Mais si, j'aime les écrivains français !

Qu'on ne s'y méprenne pas : il y a des quantités d'écrivains français et francophones qui méritent qu'on les lise.

Je pense et je dis du bien de Dugain, Gavalda, Anne Goscinny, Caroline Bongrand (ça, ce sont deux copines, en plus), Amette, Queffélec, Patrick Chauvel, Rufin, même Moix (et pourtant...), j'ai beaucoup aimé le livre de Schneider sur Marylin, celui de Bataille sur Grasset (sans rancune pour l'agenouillement actuel de cette maison), je pense du bien même d'écrivains que je n'ai pas lus, comme Marc Lévy ou Amélie Nothomb, parce qu'ils donnent du plaisir à leurs lecteurs et que ça compte beaucoup. Je ferai ici le compliment de beaucoup d'autres. Mais franchement, rien de tout ça n'échappe à l'anecdote.

On pense à Jules Verne. Certains de ses romans furent publiés en feuilletons quotidiens, à la manière de son maître Dumas. Or les correspondants parisiens de journaux américains achetaient des exemplaires des français dès la sortie des presses pour aussitôt télégraphier les textes aux États-Unis, pour qu'ils pussent y paraître dès le lendemain.

Quel extraordinaire engouement. Or Jules Verne a-t-il dansé aux pieds d'un trône ? Jamais : il était très à gauche et aujourd'hui, il voterait sans doute Bové. A-t-il lutté pour écraser ses voisins ? Jamais : ses derniers mots, en mourant, furent : "Soyez bons".

Alors ?

Alors, il a voulu ardemment être un grand écrivain. Il l'a voulu de toutes ses forces. Et il a cherché. Hetzel, la première fois qu'il l'a vu, lui a dit en substance : "Il y a tout, dans vos romans, tout y est, tout est bien, sauf ... un fil conducteur, une intrigue". Verne s'est acharné. Il a creusé. Et c'est seulement parce qu'il était bon, parce qu'il voulait le bien public (expression de Lamartine, d'ailleurs, qui a fondé le quotidien "Le Bien Public" à Dijon), parce que dans son siècle, il voulait comme Dumas, comme Hugo, "agrandir les esprits", qu'il a trouvé une grande place, par ses propres goûts et pour être utile à tous.

Et son oeuvre a joué un très grand rôle dans la fièvre de progrès du XIXe siècle : elle a donné le goût des sciences à des foules d'indécis. Elle a transmis du savoir et donné envie d'en découvrir plus encore. Combien de vocations d'ingénieurs, d'inventeurs ?

Or il n'est révolution que de savoirs.

Seules les "lumières du savoir" (Hugo) enracinent la démocratie dans la multitude.

Voilà pourquoi la sagesse et le sourire de tous nos bons écrivains ne suffisent pas. Parce qu'il y a aujourd'hui un monde qui ressemble à la France et à l'Europe du XIXe siècle et qu'à ce monde, nous ne disons rien, rien qui vaille d'être retenu.

Il faut donc creuser encore. Jusqu'à la liberté.

15:35 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : auteurs, histoire, savoir | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/02/2007

Marc Dugain et la Russie des terreurs.

Le pouvoir dans chaque pays est marqué par un trait particulier. En Russie, c'est une trace de sang.

Un photographe de guerre que je connais m'expliquait qu'au Liban, au plus fort de la guerre, dans les années 1980, alors qu'on enlevait à tours de bras et de toutes les nationalités, on n'avait jamais pris qu'un seul Russe (soviétique) en otage. Pourquoi ? Parce que, quelques jours plus tard, ses ravisseurs avaient reçu une cassette vidéo. Sur cette cassette, l'un d'entre eux était aux mains des services russes. Ceux-ci, tranquillement, sous l'oeil de la caméra, le désossaient vivant. Vivant. Geste d'une férocité inouïe.

On repense à ce qu'écrivait Dumas sur les atrocités russes au milieu du XIXe siècle, la sauvagerie d'une culture dont la figure emblématique reste Ivan le Terrible.

Peut-on diriger la Russie sans incarner Ivan le Terrible ?

Marc Dugain a su retrouver la vérité de cette question. Dans un livre très incisif, avec son style élégant, simple, sans la moindre esbrouffe, très dialogué, au plus près de la vie des gens, il brosse le portrait en pied de la Russie de Staline à nos jours.

Et en France ? Faut-il donc être Napoléon ? Louis XIV ? Robespierre ? Danton ? Henri IV ?

Henri IV, au moins, ce serait la réconciliation et la concorde.

On peut en tout cas lire "Une exécution ordinaire" de Marc Dugain chez Gallimard. Et avoir d'autant plus envie d'être libre.

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Pluralisme ?

À l'instant, je rentre de chez Virgin, l'une des principales librairies parisiennes, un mastodonte.

Là, sur le principal présentoir, le premier en descendant les marches, cinq fois la bobine de Sarko, deux fois celle de Ségo. Et pour les autres ? Rien. Merci le pluralisme !

Il faut descendre jusqu'au rayon des livres-livres, vraiment en bas. Là, de nouveau un présentoir généraliste, de nouveau le même éblouissant pluralisme. Un peu plus loin, caché par un poteau, une modeste étagère consacrée à la présidentielle, le ghetto politique. Et là, miracle. Oh, bien sûr, encore cinq fois Sarko et trois fois Ségo, mais ... concession inouïe au pluralisme démocratique, quand même, quand même, une fois Bayrou.

Oh, quel puissant effort : seize fois Sarko, sept fois Ségo, une fois Bayrou. Et les autres ? Rien.

À quel pays peut-on demander l'asile démocratique ? Par pitié, répondez-moi.

15:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook