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26/03/2008

Quitterie Delmas : une dynamique.

En politique, on bâtit le succès d'une campagne sur une dynamique. C'était la leçon de Jacques Chirac, qui laissait filer son image en début de campagne, surprenant ainsi ses adversaires qui le jugeaient pour mort, puis se redressant avec vigueur dans une dynamique haussière d'autant plus forte qu'elle partait de bas. il est vrai qu'il ne savait pas monter au-delà de 20%, son score à la présidentielle ayant toujours oscillé entre 18,5 et 20,5.
 
La dynamique de la présidentielle a convaincu des millions d'électeurs et des dizaines de milliers d'adhérents. Depuis ce temps, les démocrates cherchent le moyen de faire de ces électeurs et de ces adhérents une véritable communauté d'idées et d'action, capable de convaincre demain la France et les Français.
 
De toute évidence, les élections municipales ont été l'aboutissement de la dynamique présidentielle. Elles sont aussi l'occasion de ce qui restera sans doute la dernière vague de départs de cadres hérités de l'UDF vers l'UMP et ses satellites.
 
Fin d'étape, elle nécessite un rapport d'étape, qui reste à rédiger. Elle réclame aussi l'impulsion d'une nouvelle dynamique.
 
C'est à quoi Quitterie Delmas appelle à l'occasion de son prochain café démocrate, demain soir : "faire repartir une dynamique". Projet vital.
 
PS : Je vois que les sénateurs ont décidé de continuer à financer le MoDem, au moins jusqu'à la prochaine élection sénatoriale, en septembre. Je ne ferai pas de mauvais esprit, il fait voir ce que cela signifie et implique.

25/03/2008

Claude Goasguen à l'assaut de l'UMP de Paris.

Claude Goasguen a conduit la liste qui a emporté le XVIe arrondissement dès les premier tour lors des récentes municipales. Sans doute Pierre-Christian Taittinger n'aura-t-il aucune peine à se faire réélire maire de son arrondissement lors de la séance de samedi 29.
 
Entre les deux tours, Claude Goasguen a exprimé le souhait que François Bayrou soit élu à Pau et il a bien fait. Au-delà des aléas de la vie politique, les deux hommes peuvent se rappeler qu'à la fin des années 1970, ils ont incarné la génération montante de l'UDF, ils étaient même très copains.
 
Claude Goasguen, je le connais bien. J'ai beaucoup travaillé avec lui, c'est un vrai politicien, dans toute l'acception du terme. Ce qu'il dit a toujours de la densité et il mérite qu'on lui prête l'oreille.
 
Il est né en 1945, dans le Midi, je crois. Son père, d'origine bretonne, y était installé. Claude dit de lui que c'était un "moko", un Breton installé sur la Méditerranée. Il y a un peu de sang corse de son côté maternel. Il s'en servit longtemps lorsque les Corses dominaient la vie politique parisienne. Il en souffrit en revanche quand, ministre délégué du gouvernement Juppé en 1995, il recevait des coups de fil de Corses qui menaçaient ses cousins insulaires lorsqu'il disait du mal des Corses ou lorsque ses fonctions le conduisaient à mettre en péril un intérêt corse.
 
Il rigolait quand même en expliquant que quand Jacques Dominati (alors premier adjoint au maire - corse aussi - de Paris Tiberi) se mettait en colère contre quelqu'un, il le menaçait en langue corse de le "pendre par les couilles à la grille de l'Hôtel de Ville". C'était fleuri, en somme.
 
Claude Goasguen a étudié le droit dans les années 1960 à la même université que moi (vingt ans plus tard) : Paris II - Assas. Mais alors que je me suis bien gardé d'y frayer avec l'extrême droite qui y a toujours tenu table ouverte (le GUD et même la section locale de l'UNI y ont succédé à une section de l'UNEF dont Jean-Marie Le Pen - autre Breton - avait assumé la présidence un peu plus tôt), lui il a fait partie des créateurs d'un groupe, "Occident", qui a marqué son époque. Outre lui, on y trouvait entre autres François d'Orcival, Alain Madelin, Gérard Longuet, Hervé Novelli et Patrick Devedjian.
 
Il y avait chez eux la recherche d'une fidélité à l'Algérie française et une batterie de référence d'une extrême droite particulièrement virulente.
 
C'est à la fin de cette époque que, selon ce qu'il m'a confié, Claude Goasguen se mobilisait avec d'autres réseaux d'Algérie française ou de droite dure anti-gaulliste pour venir coller les affiches du général Stehlin, ancien chef d'état-major général de l'armée de l'Air et candidat centriste dans la circonscription du nord du XVIe arrondissement, une circonscription d'ailleurs gagnée par ledit Stehlin en 1967.
 
J'avoue que j'ignore comment de là Goasguen est venu dans les réseaux de la moitié du centre qui était inféodée au gaullisme (et donc opposée audit général Stehlin) à cette époque. Il s'agissait du Centre Démocratie et Progrès, qui fusionna avec le Centre Démocrate (où était Bayrou) en 1976 pour former le Centre des Démocrates Sociaux (CDS).
 
Docteur en histoire du droit, Goasguen était devenu enseignant à l'université. Il devint en 1978 le suppléant d'Eugène Claudius-Petit, candidat UDF (CDS) aux législatives dans le XIVe arrondissement de Paris. La densité de Bretons dans cet arrondissement proche de la gare Montparnasse a sûrement joué pour sa suppléance, mais le rapprochement avec Claudius pourrait surprendre.
 
Eugène Claudius-Petit est un très grand résistant, qui s'engagea à l'UDSR (comme Mitterrand) juste après la guerre. C'est lui l'inventeur de la célèbre "loi de 1948", destinée à décourager la spéculation immobilière et à protéger les petits locataires. Il fut vriament proche politiquement, dit-on, à une certaine époque, de Georges Bidault, qu'il avait connu dans la Résistance et qui était élu du même département que lui : la Loire. C'est peut-être le nom de Georges Bidault, proscrit au temps de l'OAS et insoumis de l'Algérie française, qui a fait le lien entre Claudius-Petit et Goasguen.
 
Quoiqu'il en soit, lors des municipales de 1983, c'est tout naturellement que Claude Goasguen se trouva sur la liste d'union de l'UDF et du RPR (conduite par un RPR d'origine démocrate-chrétienne) dans le XIVe arrondissement, et élu conseiller de Paris. De là, il ne cessa de se rapprocher de Jacques Chirac.
 
C'est vers cette époque ou un peu avant que j'ai fait sa connaissance. Il était bien moins empâté qu'aujourd'hui, un long type, un peu ténébreux, le cheveu déjà grisonnant, le profil aigu et le verbe incisif. Un aigle. Lors des réunions du conseil départmental du CDS, il marquait une grande déférence à Claudius, lequel s'exprimait sur un ton véhément, plein de tonnerre. Un peu de ce tonnerre se retrouvait dans les phrases de Goasguen, mais alors que Claudius était un vrai sanguin, Giasguen était déjà un cérébral. Il tenait un petit bout de papier sur lequel il avait noté trois idées en écoutant le débat, et en faisait sa propre synthèse avec élégance et mordant, sans jamais empiéter sur les prérogatives de Claudius dont il était le pupille en quelque sorte.
 
En 1986, il l'élection législative avait lieu à la proportionnelle. Une aubaine pour tout un tas de gens qui avaient du mal à s'implanter dans une circonscription et qui trouvaient l'occasion de devenir parlementaires sur une logique d'apparatchiks. Goasguen fut placé sur la liste des parachutables. L'histoire est comique en soi, il faut l'entendre la raconter, c'est cocasse. Elle se termine par une bérézina totale : Lecanuet l'envoie dans les Ardennes en lui jurant que les Ardenais sont ravis de l'avoir pour député.
 
Or pas du tout : il arrive là-bas, on l'y attend avec des fusils. Il repart par le premier train. C'est le candidat local qui est élu député.
 
Le voici donc de plus en plus parisien et de plus en plus proche de Chirac. En 1988, il accepte de prendre la suppléance de Jacques Toubon, chiraquien s'il en fut, dans la circonscription qui est à cheval sur les XIIIe et XIVe arrondissements (celle où Quitterie Delmas aurait dû se présenter en juin). Il y sera de nouveau suppléant de 1993 à 1997.
 
Dans la décennie qui court du milieu des années 1980 au milieu des années 1990, Goasguen est à ce point proche de Chirac que celui-ci l'envoie régulièrement en Afrique. Claude raffole de la pêche au gros.
 
Il poursuit aussi sa carrière universitaire. Il a réussi à se faire élire doyen de l'université de Paris XIII Villetaneuse en s'alliant (paraît-il) avec les communistes contre un autre candidat de droite. Puis il entre au cabinet de René Monory, président du Sénat, en 1992, et celui-ci le nomme directeur du Centre National d'Enseignement à Distance (CNED), ce qui lui vaut rang de recteur d'académie. Il me semble qu'un peu plus tard, Bayrou est allé jusqu'à le nommer inspecteur général de l'Éducation Nationale, un corps où il a nommé également Yves Pozzo di Borgo qui y avait encore moins de titre (personne n'est parfait).
 
Je commence à travailler avec Claude Goasguen courant 1994 : la candidature de Balladur à la présidence de la république ne me convient pas, trop réac, bien trop réac. Comme le disait Jean-Luc Moudenc (depuis lors ex-maire de Toulouse) à cette époque : l'un (Chirac) était plus autoritaire, l'autre (Balladur) plus conservateur. Monory, Barre et Giscard avaient formé une coalition anti-Balladur avec Chirac.
 
Je fus reçu dans le bureau de Goasguen à l'Hôtel de Ville en 1994 juste après Florence Autret (encore une Bretonne) qui est aujourd'hui journaliste spécialisée dans les questions européennes à Bruxelles.
 
Je n'y venais pas seul. Je laissai parler celui qui m'accompagnait, puis Claude dit quelques mots et nous vîmes assez vite ce qui pouvait servir de base à un contrat. Je deviendrais adjoint au maire du XVIe arrondissement de Paris, il prendrait la fédération centriste de Paris, nous ferions gagner Bayrou dans le CDS et Chirac à la présidentielle et Claude deviendrait ministre.
 
La totalité de ce programme se réalisa, jusque dans ses moindres détails : c'est un homme de parole. Il ne parle pas à la légère et quand il prend un engagement, on peut s'y tenir. Il devint donc président du CDS (puis Force Démocrate, FD) de Paris, ministre délégué dans le gouvernement Juppé, et je devins adjoint au maire du XVIe arrondissement, puis (de mon propre chef) président des jeunes de Paris, chargé d'assumer la tranisition de la formule CDS vers la formule FD.
 
Au bout d'un peu moins de six mois, il fut éjecté du gouvernement Juppé à qui il conserva longtemps une rancune féroce, d'autant plus virulente qu'il avait été viré en même temps que le contingent féminin et décoratif du gouvernement, celles que la presse a surnommé les "juppettes". Être traité comme une promotion canapé qu'on licencie, c'était insoutenable. De fait, ce remaniement fut une erreur qui coûta cher à Juppé à l'époque. Les plaies sont pansées heureusement.
 
Quoiqu'il en soit, nos derniers efforts communs datent de 1997.
 
Claude voulait prendre la circonscription du XVIe sud, tenue depuis 1973 par le bougon centriste Georges Mesmin. Je passe sur les événements qui ont conduit à l'éviction de Mesmin que Claude défit en 1997, lors de l'élection consécutive à la calamiteuse dissolution Chirac.
 
J'étais son vice-président de FD Paris, membre du conseil national et du conseil départemental de l'UDF ancienne manière. Tout roulait. Mais au fond, il désapprouvait l'émergence de Bayrou tandis que je m'en réjouissais. Il avait à choisir entre sa fidélité à Chirac et son amitié pour Bayrou, il renonçait à l'amitié. D'autant plus que Bayrou s'était rapproché, dans son ministère, de tous ces gens issus de 1968 que Goasguen avait combattus sur les bancs d'étudiant au temps d'Occident. Ca devenait culturel.
 
En 1998, Goasguen partit avec les madelinistes, une première étape vers le RPR qui allait devenir l'UMP.
 
Je n'avais pas de reproche à lui faire : nous avions passé un contrat, chacun avait respecté ses engagements, nous étions quittes.
 
Le soir où il partit, il m'appela pour me demander de le suivre chez Madelin. Ca signifiait se satisfaire de l'alliance avec Le Pen. Je demandai à réfléchir, il savait très bien que cela signifiait que c'était inacceptable pour moi.
 
Et le voici dix ans plus tard.
 
Il n'est pas redevenu ministre. Il a le souffle un peu plus court, il vieillit comme tout le monde. Il a voulu se présenter à la mairie de Paris. 2008, c'était sans doute sa dernière chance : en 2014, il approchera des 70 ans. On n'a pas voulu de lui.
 
Je l'ai vu, l'an dernier, lors d'une séance du conseil de Paris. Panafieu, déjà désignée, s'y exprimait dans son rôle de future challenger du maire. Elle était pathétique, pitoyable. Et pendant qu'elle pataugeait, juste sous son nez Goasguen vissait et dévissait son stylo pour la désarçonner. Dur.
 
Aujourd'hui, Goujon ne s'est sorti de l'élection municipale que grâce au refus de Delanoë de s'allier avec le MoDem. Il est un président de l'UMP de Paris très affaibli. Panafieu vient de se retirer du conseil de Paris. En somme, un nouvel espace s'ouvre pour Claude Goasguen qui, en exprimant le voeu que la fédération UMP de Paris s'émancipe des structures nationales, a appelé les chiraquiens de l'UMP à se rassembler. Le voici en conquête. Affaire à suivre.

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Quitterie Delmas : un nouveau siècle, un nouveau cycle.

À plus d'un titre, les événements récents ont donné l'impression d'une fin d'époque. Fin d'un long cycle de cinquante années, la seconde moitié du XXe siècle : à droite, disparition de la doctrine gaulliste comme inspiration du parti dominant, triomphe de la ligne inégalitaire, atlantiste, campée sur les préjugés les plus réactionnaires du XIXe siècle (le tout-génétique, le tout-répressif, la pauvreté comme faute rappelant même le jeu de mots douloureux du titre de l'ouvrage phare de Victor Hugo : "les misérables", le tout synthétisé par une phrase elliptique et laconique : "pauvre con" où la vraie insulte n'est pas "con" mais "pauvre").
 
Cette disparition du gaullisme l'année même du cinquantenaire de la Ve république est lourde de symboles.
 
Tout d'abord, parce que tout régime est intimement lié au courant politique qui l'a instauré. Affaiblissement du courant (qui entre dans l'Histoire avec ses contrastes et subit désormais le jugement des historiens) équivaut à affaiblissement des principes qui sous-tendent l'architecture institutionnelle.
 
On voit bien, cependant, que l'idéologie véhiculée par la droite sarkozyste n'est pas de celles qui peuvent emporter durablement l'adhésion du peuple. On ne s'y reconnaît pas. Il y a donc une droite à réinventer.
 
Il y a aussi une gauche à réinventer.
 
Disons-le tout de go : le principal obstacle à l'évolution de la gauche est que les gens, les travailleurs, les syndicalistes, les employés, trouvent que ceux que l'on a longtemps nommés "sociaux-démocrates" ne sont pas assez tournés vers la défense frontale des humbles, qu'ils transigent trop avec les puissants. Bref, ils sont suspects, magouilleurs, vendus. Et comme il existe une offre politique plus à gauche, cette partie-là du peuple se cramponne à son passé en menaçant de filer vers plus à gauche.
 
Ce sera le point de fixation des divisions du Parti Socialiste lors de son prochain congrès. Les socialistes sauront-ils ensuite, comme ils l'ont fait longtemps, se contenter du résultat de leurs transactions internes ? On verra. 
 
Quant au centre, est-il à réinventer ? Sans doute.
 
Je ne compte pas pour centriste la cohorte des repentis qui, la corde au cou, s'apprête à rejoindre la légion de la droite en jurant par tous les centres : le vrai centre est par nature indépendant et capable de travailler avec toutes les autres couleurs politiques, sauf celles dont le projet est la haine. Et il est capable de travailler avec tous, parce qu'il a son propre projet.
 
Le MoDem (donnons-lui son nom) est ainsi l'Apple de la politique française : capable de travailler à la fois sous son propre langage et sous le langage des autres.
 
Mais il n'est pas seulement la continuation de la tradition du centre. Il se veut "offre politique nouvelle" donc globale : il a tout à dire.
 
Il a un projet déjà formalisé qui a fait l'admiration de tous et conquis certainement beaucoup d'électeurs l'an dernier : on le trouve encore sur Bayrou.fr comme le faisait remarquer récemment Frédéric Lefèvre-Naré. C'est une excellente base de départ à actualiser et développer sans tabou.
 
Au-delà du projet, le MoDem a des idéaux, c'est ce qui le rapproche de l'image que les gens se font de la gauche. C'est ce qui sans doute peut le faire gagner lors des prochaines élections : la capacité d'incarner les idéaux de la nouveauté, l'émergence des valeurs du nouveau siècle.
 
Nul mieux que le MoDem ne les a mieux captées.
 
Il faut maintenant s'en emparer, leur donner essor "par le fond, le travail et la convivialité", comme dit Quitterie Delmas et comme nous le ferons avec elle et autour d'elle lors du prochain café démocrate jeudi. 
 

La clarté.

Durant l'élection des conseillers nationaux, nous avons eu un débat que certains ont jugé sémantique entre la clarté et la transparence.
 
La transparence, telle que nous l'avons défendue, consiste à faire les actions les plus intimes de notre mouvement politique au grand jour : réunions statutaires retransmises en direct sur Internet, par exemple, ou prohibition de principe du huis-clos.
 
Face à ce concept très lié à l'esprit de notre époque, d'autres soutenaient le seul principe de clarté : des règles claires de fonctionnement pourraient être admises par tous. Or ce qui est clair et explicite n'est pas toujours satisfaisant, non seulement parce qu'on peut être clair et opaque (on retrouve ici le symétrique de la transparence) mais aussi parce que la clarté, prise dans l'acception qui était évoquée, est de nature formelle. Elle omet que, comme dit Victor Hugo, "la forme, c'est le fond qui affleure". En d'autres termes, en acceptant des règles sans nature politique volontariste (claires, idée neutre), on acceptait aussi que montent dans le même train des gens qui voyageaient vers des destinations différentes.
 
Il fallait donc s'attendre à ce que l'un d'entre eux tirât le signal d'alarme. Il semble que ce soit fait.
 
Si j'en crois ce que je lis sur les blogs et sur e-soutiens (mais ni l'actualité wikio ni les sites de la presse n'en font état), la majorité des sénateurs ex-UDF théoriquement encartés au MoDem s'apprête à rejoindre un courant qui se veut réincarnation de la défunte UDF, non pas celle de Bayrou, mais celle de Giscard.
 
Les deux ou trois traits fondamentaux de cette organisation seront les suivants : une tentative de conquête du Sénat autour de Jean-Pierre Raffarin, une ligne de politique étrangère résolument atlantiste et européenne (mais oubliant que la France ne peut faire l'Europe seule et que l'Europe a changé d'étendue et de nature en même temps), une philosophie se disant sociale mais résolument inégalitaire, et aucun poids sur les grands choix politiques, l'UMP étant majoritaire à elle seule à l'Assemblée Nationale, et d'ailleurs la vassalisation de cete organisation à l'UMP lui est constitutive. Enfin, résurrection de l'UDF des années 1980 (époque où tous les Raffarin, Mercier, Arthuis, Pozzo di Borgo et autres étaient dans la quarantaine, la belle époque, quoi !), cette nouvelle organisation n'aura qu'une vraie fonction héritée de ce temps-là : faire élire des notables, des bourgeois de petite ville, qui portent costume et vont à la messe le dimanche, siègent dans divers réseaux plus ou moins ésotériques la semaine, et surveillent nuit et jour d'un oeil vigilant leur coffre-fort et leur compte en banque.
 
Rien de tout cela n'a d'intérêt dans la France d'aujourd'hui. Les morts enterrent les morts. Requiescant.
 
Le départ de sénateurs (et avec eux d'élus de terrain, maires, conseillers généraux) est une nouvelle attendue. Certains s'en réjouissent, estimant que, plus purs, nous serons plus forts.
 
C'est faux : plus purs, nous ne sommes que plus purs. La force ne réside pas dans la pureté.
 
Ils disent aussi que nous serons plus lisibles. C'est vrai. Mais le risque est d'une lisibilité d'un espace politique plus restreint qu'avant.
 
Il semble en tout cas que la cohérence soit désormais plus grande dans le Mouvement Démocrate, à la fois sur le contenu philosophique, sur la ligne politique et sur la stratégie. Certaines ambiguïtés nuisaient à notre message. Elles sont levées.
 
Nous avons désormais une vision commune claire. C'est notre clarté.
 
Et l'effort de clarté que nous faisons par là, il faut l'exiger des autres partis politiques, qui sont de vastes mariages de carpes et de lapins, comme Quitterie Delmas l'a très bien dit (en d'autres termes) l'autre jour sur Public Sénat.
 
Nous avons abattu nos cartes, notre jeu est clair. Que ces messieurs et dames des autres partis politiques en fassent autant. 
 

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Que le mot "Tibet" résonne indéfiniment aux oreilles des Chinois.

Je propose que chaque sportif, chaque membre de l'encadrement, chaque officiel français, qui aura un micro durant les JO de Pékin prononce au moins une fois le mot "Tibet". Que des fanions soient distrbiués, des serviettes-éponges aux sportifs, portant le drapeau du Tibet.
 
Que chacun revoie "L'as des as" de Gérard Oury où il est question de ce problème à propos des J.O. de Berlin en 1936.
 
Pas de boycott : passons la frontière pour y porter la vérité qui est seule mère de la liberté. 

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24/03/2008

Parlons du programme.

Bayrou souhaite qu'avant même d'en venir à la phase d'organisation, le Mouvement Démocrate se penche sur son programme.
 
C'est évidemment le premier pilier de notre existence.
 
Vous qui passez par là, que faut-il, à votre avis conserver du programme de la présidentielle, et que faut-il écarter ? Tout ce que vous direz pourra être transmis à Quitterie Delmas. 

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Quitterie delmas : l'avenir.

Lors de ses dernières interventions dans les médias, Quitterie Delmas a beaucoup insisté sur un mot : l'avenir. C'est bien qu'on est, la concernant, au-delà du principe de renouvelllement. Il s'agit bien d'engager l'avenir.
 
Je souhaite qu'après les récentes élections, et dans la perspectice des échéances internes, elle permette aux adhérents du MoDem, parisien en particulier, de trouver par elle l'expression d'une vision à long terme de notre mouvement.

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Greenaway révèle une conspiration !

Peter Greenaway est un cinéaste anglais difficile, dur même, développant des réflexions lentes par des images glaciales ponctuées de ses trois éléments favoris : l'or, la chair, le sang.
 
On le connaît en France depuis "Meurtre dans un jardin anglais" ("The draughtsman's contract"), voici une vingtaine d'années. Ancien élève architecte, il a l'habitude de mêler la symbolique maçonnique à ses images soignées, de façon plus ou moins explicite (suffisamment pour qu'un profane comme moi la remarque). Son autre film le plus notoire a été "The baby of Mâcon", avec une Julia Ormond nue et déchaînée dans un flot de sang.
 
Dans "La ronde de nuit", on s'en doute, il est question de Rembrandt et de l'un de ses tableaux les plus célèbres : "La ronde de nuit" (dont on a découvert qu'elle était en fait ... de jour, ce qu'il ne s'attarde pas à rappeler).
 
Portrait de Rembrandt, quête d'un secret : secret de l'ascension du peintre, secret de la réussite d'Amsterdam et des Pays-Bas au XVIIe siècle encore, secret du tableau.
 
Il s'intéresse donc aux personnages du tableau : qui sont-ils ? que font-ils ?
 
Et voici que Rembrandt, sous nos yeux, découvre que les personnages qu'il doit, par contrat, fixer sur la toile, sont tous d'odieux criminels, chacun à sa façon, liés entre eux par un pacte de crime, et que c'est ce pacte qui va prolonger et accroître la prospérité de la ville dont ils sont les notables les plus éminents. Rembrandt décide donc de révéler à moitié ce secret en l'inscrivant sur sa toile sous forme de codes qui seront plus ou moins clairs selon que l'on sera plus ou moins au fait des événements.
 
Les notables découvrent l'oeuvre finie avec consternation et colère. Après être tentés de la détruire, ils préfèrent au contraire la couvrir de louanges et d'honneurs, pour la désamorcer. Mais ils vont se venger du peintre.
 
Le film est une oeuvre véritable, animée de scènes plus dignes de Vermeer que de Rembrandt, et une grande leçon de peinture.
 
C'est sûr : Greenaway a un secret. 

L'exemple tibétain n'a pas effrayé les Taïwanais.

La révolte tibétaine a coïncidé avec les élections taïwanaises. On est presque surpris que les conspirationnistes ne se soient pas rués sur cette coïncidence pour supputer d'innombrables chausse-trappes hérissées de pensées toutes plus sulfureuses les unes que les autres. Si j'étais conspirationniste, je me contenterais de noter que, dès lors que des religieux interfèrent dans une révolte politique, les agents américains sont forcément intervenus à un moment de la chaîne de décision. Mais ça, c'est parce que j'ai mauvais esprit.
 
Si je poussais un peu plus loin le conspirationnisme, je raisonnerais qu'en montrant la Chine sous son jour le plus archaïque et impérialiste (celui de la répression bestiale), les auteurs des révoltes, s'ils existent ailleurs qu'au Tibet, ont voulu dissuader les Taïwanais de voter pour le candidat présidentiable qui prônait une négociation avec la Chine cruelle. Évidemment, il n'y a pas besoin d'être américain pour avoir cette idée et les Tibétains peuvent avoir simplement souhaité défendre l'un de leurs rares alliés dans la région. Car dès lors qu'une paix et un modus vivendi seront instaurés entre les deux Chine, le Tibet se retrouvera bien seul...
 
Mais voilà : s'il y a possibilité d'une paix honorable, pourquoi se faire la guerre ? C'est ce que ce sont dits les Taïwanais sans doute.
 
Et puis la cause sinosceptique aurait eu meilleur sort sans doute si ses avocats n'avaient pas été véreux.
 
Eh oui : quand les leaders sont bons, il n'est besoin d'aucune conspiration pour les défendre.

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23/03/2008

Amérique - Chine : la guerre financière au plus fort.

Le dollar a plongé, pourrait avoir touché le fond (mais pas à mon avis), le système financier américain suffoque et titube, secouant avec lui d'autres organisations bancaires, notamment en Europe.
 
Les bourses ont plongé aussi. Voici que la bourse de Changhaï, symbole du nouveau modèle chinois, a perdu un tiers de sa capitalisation. Un tiers, un tiers de son éventuelle liquidité carbonisé, atomisé, effacé, des milliards et des milliards, par dizaines, par centaines, cramés.
 
Et les observateurs s'interrogent : les Chinois vont-ils vendre ? Vont-ils vendre leurs bons du Trésor américain ? Les États-Unis vont-ils ainsi pouvoir racheter à vil prix ce qu'ils ont vendu au prix fort ? et ainsi alléger considérablement leur dette extérieure comme ils l'ont fait jadis avec les Japonais ?
 
Pas sûr.
 
Et d'ailleurs, si les Chinois vendaient aujourd'hui, qui serait le mieux à même de racheter leurs créances sur l'État américain ? Le système financier américain ? Peut-être. Les fonds souverains arabes ? Sûrement. Et, à la marge, les Européens et les Russes. Rien que des amis bienveillants.
 
L'Amérique est donc à la croisée des chemins : son indépendance budgétaire, financière, fiscale et monétaire est devenue un leurre. Elle l'a perdue comme tous les autres pays.
 
Quand s'en apercevra-t-elle ? 

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Contre le déploiement de 1000 hommes supplémentaires en Afghanistan.

Les Américains ont à peu près échoué en Afghanistan, et l'OTAN avec eux. L'envoir de troupes supplémentaires dans ce pays relève de la fuite en avant, de type "guerre du Viêtnam". C'est à peu près comme l'injection perpétuelle de liquidités dans le gouffre actuel de l'économie américaine : un emplâtre sur une jambe de bois.
 
La solution du problème afghan n'est pas militaire.
 
Quant à l'idée de siéger de nouveau au commandement intégré de l'OTAN, elle est inadmissible sans le préalable d'une défense européenne mieux structurée, plus indépendante, et dont le financement soit donc entièrement repensé et réévalué. 

Bréviaire du militant : premières idées.

On m'a reparlé hier de mon projet de "bréviaire du militant" et maintenant que l'élection municipale est passée et que le Mouvement Démocrate entre dans une phase à la fois de turbulence et d'organisation, il est temps d'entrer dans le vif de cette leçon de mon expérience d'un très long militantisme à géomtrie variable commencé à l'âge de 16 ans.
 
Le premier maître-mot est : comment être un militant heureux.
 
Militant, alias adhérent actif, c'est très peu gratifiant : on s'amuse parfois en temps de campagne électorale (quand les autres militants sont sympa, le candidat crédible et la stratégie pertinente), mais, le plus souvent, on végète dans la frustration. Pourquoi ? Parce que, comme les enfants l'été, "on ne sait pas s'occuper". On me l'a dit mille fois lorsque j'avais douze ans : "tu ne sais pas t'occuper". J'attendais que l'on invente des animations pour moi à ma place. Le militant est un éternel gamin de douze ans.
 
Or en milieu démocrate, la structure est toujours faible et peu susceptible de multiplier les animations, ce n'est pas dans sa nature (sauf exceptions locales).
 
Par conséquent, comme Bayrou l'a indiqué en disant "j'ai besoin d'automoteurs", ceux qui veulent être des adhérents heureux doivent se donner pour premier précepte de ne rien attendre de la structure, ce qui ne les empêche pas d'y participer si l'entrée s'en ouvre.
 
Et s'ils rejettent leur structure de proximité tout en approuvant la ligne de Bayrou (quand celui-ci daigne en avoir une - si, si, je vous jure : il va y revenir), Internet est là pour se tisser des réseaux autres que de proximité, soit via la fédération Internet, soit tout simplement par affinités.
 
D'une manière générale, on vient dans un mouvement politique pour y apporter quelque chose et en recevoir autre chose. L'automoteur va donc se mettre en mouvement dans le Mouvement, à la recherche de ce qu'il veut donner et recevoir. Il faut donc y faire et dire ce qui nous plaît. Et d'ailleurs, en consultant les blogs, on constate facilement qu'ils ne sont l'objet d'aucune censure ni d'aucune tentative d'orientation.
 
La meilleure façon de militer pour un modémiste consiste à dire et faire ce qui lui plaît sans s'autocensurer : il est en lui-même, par son tempérament et ses conceptions, et sa liberté même, la meilleure vitrine du mouvement
 
Précepte 1, donc : ne rien attendre de la structure.
 
Précepte 2 : fais ce que voudras (comme dit Rabelais). 

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22/03/2008

Vaincu, proscrit, mais debout.

C'est l'heure de relire les écrits d'exil de Victor Hugo : le voici vaincu, paria, contraint de fuir comme avant lui les rois, par la Belgique, pourchassé de là au Luxembourg, puis dans l'une des îles anglo-normandes, puis dans l'autre, et là, achetant une maison, il devient vassal de la reine Victoria, et comme tout vassal, un homme libre, insusceptible d'être expulsé.
 
"Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !"
 
Debout, campé sur son rocher, le front dans la tempête, l'oeil dans le vague, le pied ferme, Victor Hugo affronte l'exil.
 
Très vite, du fond de son refuge, il lance des flammèches pour blesser le tyran, "Napoléon le petit". Il fait passer ses textes dans des bustes de Napoléon III importés de l'étranger, vaste pied de nez. Il hurle, il enrage, il exalte la liberté, le souvenir de l'oncle destiné à salir celui du neveu. Il clame bientôt la république. La république invincible, éternelle, maternelle aussi, forte et tendre, la république pour retrouver la France, la vraie.
 
On finit par l'amnistier. Mais il n'a pas demandé l'aumône : s'il revient en France, ce sera seulement après que le tyran sera tombé.
 
"Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là".
 
Et finalement, par une sotte erreur, l'empire tombe et Victor Hugo rentre.
 
"Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là". Une phrase à relire les soirs de doute. 

20:01 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : victor hugo | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le 22 mars 1968, les garçons avaient froid...

... ils sont donc allés se réchauffer dans le dortoir des filles. Je ne vois pas pourquoi, quarante ans plus tard, on en fait tout un foin. Tiens, il faudra demander à Daniel Cohn-Bendit.

14:28 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mai 1968 | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quelques idées sur Quitterie Delmas et le reste.

C'est le week-end, un long week-end, beaucoup de blogs se noient dans les lapins en chocolat et les oeufs monstrueux à cacher puis découvrir au fond du jardin, il me semble donc urgent de rappeler tout le monde aux vraies valeurs : il n'y a pas que la vie, il y a aussi la politique, crénom de crénom !
 
Sérieusement, comme ça me viendra, voici mes idées de samedi matin.
 
Tout d'abord, un aphorisme : l'argent ne fait pas le malheur, mais il y contribue.
 
Au cours des fêtes dont les enfants sont les rois, on est forcément obsédé par les enfants qui n'ont pas de quoi s'offrir des couronnes. C'est l'heure par exemple d'un nouveau combat des caissières de supermarché pour obtenir d'être mieux traitées par leurs patrons, et surtout mieux payées.
 
Il faut relativiser très légèrement la cupidité des patrons de grandes surfaces : beaucoup ne sont pas entièrement propriétaires de leur affaire, ils en sont en quelque sorte dépositaires à travers des franchises dont la rapacité est effrayante. J'en connais un en Bretagne qui a dû s'endetter pour augmenter fortement sa surface sans nécessité apparente, mais parce que sa franchise l'exigeait pour le garder. Ces gens-là poussent la machine jusqu'à la faire crever.
 
Et donc, soumis parfois à forte pression, les patrons font retomber leurs difficultés sur les échelons inférieurs, c'est à quoi sert la hiérarchie sans doute.
 
Le métier des caissières est symbolique d'un pays, le nôtre, où, à force d'élever le niveau du salaire minimum légal, on a fini par multiplier le nombre des salaires réels en dessous du salaire légal. C'est un paradoxe de plus qui prouve que trop de règle tue la règle. En économie, l'artifice se paie comptant : augmenter les salaires sans justification économique aboutit à les faire baisser.
 
Ce qui n'empêche pas de souhaiter aux caissières d'obtenir gain de cause, car leurs entreprises sont bien assez prospères pour les rémunérer dignement. 
 
Ensuite : je vois que le calendrier d'organisation du MoDem s'étire. Les sections des Hauts-de-Seine, par exemple, ne seront élues que le 15 mai, ce qui laisse augurer une élection de cette fédération juste avant l'été. Il semble que cette échéance corresponde peu ou prou à un objectif général. En somme, nous avons tout le printemps pour nous structurer et nous aurons tout l'automne pour actualiser le programme énoncé par François Bayrou lors de la présidentielle. À partir de l'hiver, nous serons déjà en campagne pour les Européennes de juin 2009.
 
Le départ de la plupart des sénateurs (mais pas tous) pour le radeau de la Médudf (le rafiot titanic de Raffarin et Giscard, une barque avec un gros trou au fond pour faire bloub bloub bloub) semble désormais inéluctable. Avant de partir, les rapias vont tenter de soutirer des bribes du patrimoine de la défunte UDF. Le côté paysan de Bayrou va se réveiller pour sauvegarder nos sous.
 
Je souhaite au nom de la plupart de mes lecteurs remercier Quitterie Delmas. Non pas, pour une fois, en raison de la tendresse que j'ai pour elle, ni pour les pics de fréquentation qu'elle donne à mon blog à chaque fois que je parle d'elle, ni pour le moment savoureux qu'a été la question que lui a posée un journaliste d'Europe1 à propos de l'article du Parisien, où ce journaliste mentionnait le blog de Quitterie qui était en fait, dans les termes qu'il relatait ... le mien (tout ce qui est à moi est à Quitterie, c'est officiel, puisque la radio le dit !), pour aucune de ces raisons dont chacune mériterait un tonnerre d'applaudissements, mais pour l'énergie avec laquelle elle a incarné le Mouvement Démocrate dans les médias tout au long de la semaine. Je suis persuadé que Quitterie a un secret, une pile Duracell, pour bondir comme elle le fait sur l'écran et sur le micro.
 
Quoiqu'il en soit, je lui exprime notre profonde gratitude et notre espoir de la porter vers de plus hautes responsabilités encore, dans lesquelles elle sera certainement la meilleure ambassadrice de nos idées les plus intimement ancrées : la liberté, la dignité, la générosité. 

11:11 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : politique, modem, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/03/2008

Deuxième gauche, deuxième droite, et puis ?

En relatant les propos tenus hier soir sur Public Sénat par Quitterie Delmas, l'expression "deuxième droite" m'est venue spontanément. Or il m'a paru qu'elle pouvait manquer de clarté pour ceux qui n'ont pas, comme moi, plus de vingt-cinq ans de politique à alourdir leurs épaules.
 
L'expression "deuxième gauche" a été utilisée à propos de Michel Rocard et de la CFDT des années 1970. Rocard et les rocardiens étaient alors la boîte à idées de la gauche, une boîte à idées dans laquelle la première gauche, celle des alliances d'appareils, celle du pouvoir, puisait sans vergogne.
 
Il y a eu, de la même façon, une "deuxième droite" dans les années 2000 : l'UDF bayrouiste que l'Hérétique regrette si fortement. Là encore et comme il le dit très justement, l'UDF a joué le rôle de boîte à idées de la droite.
 
Seulement voilà : il est arrivé à la deuxième gauche et à la deuxième droite la même mésaventure : leurs idées pillées pour la conquête du pouvoir mais jamais mises en application dans l'exercice du pouvoir.
 
C'est face à l'échec manifeste de la stratégie du "deuxième" (du Poulidor) de la politique bipolaire, que Bayrou s'est tourné vers l'idée de l'extrême centre qui a si fortement marqué les esprits lors de l'élection présidentielle.
 
Quel rapport avec l'initiative d'exhumation de la momie de l'UDF qui agite si fort les têtes blanches du Sénat (véritable musée de la momie) autour de l'inénarrable Raffarin ?
 
Aucun.
 
Ou plutôt si, il y en a un.
 
L'UDF est née en 1978 d'un conglomérat de partis habitués à travailler ensemble au Sénat depuis les années 1960 : les indépendants (RI), les centristes, les radicaux (amputés depuis 1971 de leur aile gauche) et quelques socialistes (Max Lejeune, SFIO) rebutés par l'alliance avec les communistes prônée par le Congrès d'Épinay. Dans l'appareil du parti, les giscardiens étaient majoritaires (les RI s'étaient démultipliés en trois composantes : Adhérents Directs de l'UDF, Clubs Perspectives et Réalités, RI devenus PR), cependant que le gros des militants était centriste. Au moment de sa fondation, l'UDF avait pour vocation de servir de bras armé au président Giscard d'Estaing et cette vocation se matérialisait par un livre, "Démocratie française" (illisible), signé par Giscard.
 
Hélas, l'UDF n'a gagné qu'une élection nationale : les Européennes de 1979. Toutes les autres furent perdues, à commencer par la présidentielle de 1981. Mais battue, elle subsistait. Elle présenta un candidat à la présidentielle de 1988, battu encore : Raymond Barre.
 
Sur le terrain, dans cette période, la domination du RPR chiraquien s'affirma. Dès lors, il y eut une répartition des rôles implicite : le Sénat et une grande quantité de collectivités locales à l'UDF qui ne s'occupait pas de politique nationale, cependant que le RPR prenait le pouvoir national.
 
Et un peu partout, les candidats UDF servaient de soupapes au mécontentement de la droite. Si l'UDF avait existé encore, l'électorat de droite se serait moins abstenu qu'il ne l'a fait aux récentes élections municipales. Pour protester contre Sarkozy, l'électorat aurait voté UDF. Faute de soupape, il est allé certes voter parfois pour le MoDem (mais l'identité de celui-ci est encore diffuse et imprécise) voire pour le PS, mais il s'est surtout abstenu.
 
L'initiative de Raffarin, relayée hier soir par Yves Pozzo di Borgo et (plus maladroitement) par Christian Saint-Étienne, est de restaurer cet équilibre-là, entre la droite et "l'autre droite" : l'UDF des années 1980, une époque où Pozzo se délectait à la fois de la table du président du Sénat et des multiples combinaisons de couloirs dont bruissaient les corridors feutrés de la Haute Assemblée.
 
Au passage, je signale que Pozzo a énoncé une contrevérité historique. Il a d'ailleurs été déçu de n'être pas contredit et il l'a expliqué : "elle est beaucoup plus jeune que nous". Car le déjà sexagénaire Yves Pozzo di Borgo appartient à une période relevant du Paléolithique de la politique. C'est le retour des morts-vivants (et je le dis avec d'autant plus de regrets que j'ai toujours eu de la sympathie pour lui).
 
La contrevérité est la suivante : Giscard a laissé l'UDF en 1995 à Bayrou avec des dizaines de conseils généraux, cent cinquante sénateurs, etc. Or en 1995, ce n'est pas Bayrou, mais François Léotard, qui a pris la présidence de l'UDF. Première inexactitude donc. Deuxième inexactitude : ce n'est pas Bayrou, mais Chirac et Le Pen qui ont fait fuir les sénateurs et les conseils généraux. Le premier, parce qu'il contrôlait entièrement l'organisme corporatif des agriculteurs (FNSEA) et que le Sénat est une chambre d'agriculture. Le deuxième (Le Pen), car l'UDF a implosé en 1998 sur la question de l'alliance avec le Front National. Ceux qui prônaient cette aliance (les madelinistes notamment) sont partis à cette époque-là, cependant que restaient ceux qui la rejetaient (l'essentiel des centristes, plus Léotard et Robien qui découpa sa carte de Démocratie Libérale aux ciseaux en direct sur France 3). Six mois plus tard, Chirac récupérait le Sénat et l'UDF commençait à perdre sa vocation territoriale. Et quatre ans plus tard, c'est le candidat du Front National qu'il affrontait au second tour.
 
Maintenant, et pour conclure, à quoi peut servir "l'autre droite" ?
 
À rien.
 
À faire des élus.
 
Et ça (pour parler comme Christian Saint-Étienne), tout le monde s'en fout. 

Quitterie Delmas, sur Public Sénat, pour la stratégie d'indépendance du centre.

Quitterie Delmas était l'invitée hier soir de l'émission "Bouge la France" présentée par Pierre Sled, en compagnie de Christian Saint-Étienne (du parti de Cavada) et d'Yves Pozzo di Borgo, du Nouveau Centre, pour parler de l'avenir du centre et du MoDem en particuier.

Peu d'élus ? "Je ne crois pas au Père Noël". "On savait que ce serait difficile".

"Inventer la politique du XXIe siècle". "Il n'y a que la politique qui ne s'est pas modernisée".

Christian Saint-Étienne et Yves Pozzo di Borgo défendent l'idée d'un centre qui est en fait la deuxième droite (projet Raffarin).

"Je me suis engagée en politique pour regarder vers l'avenir"... "Si l'offre des deux grands partis politiques étaient sincères, si la classe politique allait très bien, il n'y aurait pas la nécessité de créer un nouveau mouvement".

Les Européennes ? "Les Français aiment la politique ... Je serai satisfaite le jour où il y aura une forte participation à chaque scrutin" (il y a donc une raison de croire que le score du MoDem sera meilleur).

Le rassemblement des centres ? "Je ne me suis pas engagé en politique pour le centre, mais pour la France"... "la nouvelle place du centre, c'est de dépasser les clivages"... (à ce point Christian Saint-Étienne devient insultant et s'énerve).

Les alliances ? "Je suis heureux qu'on regarde plus les personnes et les projets que les étiquettes"... "Qu'est-ce qui lie Jacques Myard et Laurent Wauquiez ?" "Ils sont dans le même parti parce que c'est facile"... "ils sont contents, tout le monde a à bouffer". 

La stratégie ? "Il faut tout mettre à plat pour tirer des enseignements". "Je n'ai aucun doute, c'est la stratégie qu'on a choisie". "Il y a une recomposition politique qui est en cours".

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20/03/2008

Consulter les adhérents.

Après les élections municipales et cantonales, le Mouvement Démocrate doit panser ses plaies et les penser. Avant même de lancer l'élections des exécutifs locaux et nationaux, il me semble qu'il serait utile, à tous les échelons, de consulter les adhérents.

20:04 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, municipales, modem | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quitterie Delmas se préoccupe de la traversée du désert de Bayrou.

Elle a trouvé la solution : de l'eau.

12:37 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, modem, bayrou, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L'économie du livre au seuil d'un cataclysme.

En France, on lit de plus en plus. Mais on achète de moins en moins de livres. Que lit-on ? Internet.
 
Internet, c'est le grand retour de l'écrit : avant Internet, on avait cessé de s'écrire, on se téléphonait. Avec Internet, on s'écrit, on s'écrit dans le double sens : on écrit à l'autre et on écrit sur soi. De mail en blog, en passant par divers formes de messages et de grafiti sur les murs de facebook, on écrit et on lit sans cesse. Des messages souvent courts, certes, mais des textes.
 
Est-ce pourquoi l'on achète de moins en moins de livres ? Peut-être.
 
Quelques segments du marché ont déjà pris plus qu'un énorme coup dans les gencives : le livre de collection, par exemple. D'une part, parce que les gens n'ont pas d'argent, donc pas de fonds pour collectionner, mais aussi parce que des ouvrages jusqu'ici introuvables sont disponibles gratuitement sur Gallica, la version numérique de la BNF.
 
Tant mieux pour les lecteurs, me direz-vous, mais c'est un secteur commercial sinistré : il y avait une bonne demi-douzaine de librairies de livres de collection en Bretagne voici dix ans (outre le "nid" à Bécherel, ville qui s'est dédiée au livre), il n'en reste plus qu'une ou deux.
 
De la même façon, il n'y a plus, dans le Finistère (plus de 800 000 habitants), que deux librairies qui ne soient pas en outre Maisons de la Presse : une à Brest et une à Quimper. Et qu'arrivera-t-il quand les gens auront des journaux électroniques téléchargeables par Internet ?
 
Et qu'arrivera-t-il quand, à force de refuser de s'intéresser au livre numérique, les éditeurs seront complètement dépassés ? C'est ce que leur disait un intervenant lors d'une table ronde lors du Salon du Livre : longtemps, l'industrie musicale a refusé de se pencher sur le numérique et l'évolution qu'il imposerait à leur commercialisation. Un jour, tout leur est tombé dessus en même temps. À force de pratiquer la politique de l'autruche, ils ont fini par prendre tout de plein fouet.
 
Face à un marché en difficulté et à une mutation rampante, les principaux acteurs du marché du livre se sont lancés dans une course à l'autruche : c'est à qui sera le plus autiste.
 
Le livre de classe, à mon avis, ne gardera qu'une très faible part de marché sur papier et se concentrera sur l'électronique, avec d'ailleurs sans doute des formats html, voire combinant différentes technologies vidéo, audio, WiFi, et autres, qui en feront des outils pédagogiques de très haut niveau.
 
Le "beau livre" a beaucoup souffert de la contraction du marché. Sous l'impulsion de Taschen et maintenant de La Martinière, il a dû baisser considérablement ses prix pour conserver une existence. Sans doute y aura-t-il toujours des clients pour de jolies photos sur tous les supports (donc aussi papier). Seul le livre de très haut de gamme, présentant un contenu exceptionnel (comme les miens) durera sur papier sans décliner (voire même en mangeant peu à peu le marché du faux prestige).
 
Certains secteurs du livre, longtemps florissants, ont perdu de la croissance : c'est le cas du livre pour enfants, qui fut une véritable rente, une croissance exponentielle durant une très longue période. Les éditeurs du secteur semblent avoir pris la mesure des choses en se lançant hardiment dans le multimédia et paraissent en être récompensés.
 
Le livre de littérature (essai ou roman) va diversifier aussi ses supports. Je crois que c'est le roman qui subsistera le plus sur papier : difficile de se protéger du soleil à la plage en se couvrant le visage avec un livre électronique ! tandis qu'en ouvrant un roman de gare, c'est divin...
 
Plus sérieusement, l'objet livre est quelque chose en soi, une sorte de fétiche. Mais à une époque où les gens ont de moins en moins de place chez eux, on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils n'aient que des livres de papier.
 
On voit donc que je suis plutôt optimiste sur l'avenir. Oui, mais.
 
Les ventes de livres ne sont pas bonnes depuis plusieurs années. Pour faire face aux difficultés de trésorerie que cette dégradation leur cause, nombre de maisons d'édition ont choisi la fuite en avant, comme l'indiquait le blogueur Gillou le fou lors de la première table ronde du Salon : faire paraître un livre, c'est le livrer à son diffuseur. Celui-ci le livre à son tour au libraire ; le libraire le paie assez vite. Au bout d'un temps, s'il ne l'a pas vendu, il le rend au diffuseur et celui-ci le rend à l'éditeur qui rend l'argent. Durant le temps qui sépare cette dernière opération de la première, l'éditeur s'est fait de la trésorerie. La fuite en avant consiste à sortir de nouveaux livres pour ouvrir une compensation qui permet à l'éditeur de ne pas avoir à rembourser le libraire. C'est ce qu'on nomme de la cavalerie budgétaire, formellement interdit dans tout autre métier, mais vertement encouragé dans celui de l'édition.
 
Cette fuite en avant, comme toute autre, n'aura qu'un temps : la réalité finit toujours par triompher.
 
Car les premières années, on pouvait imaginer qu'elle eût un sens : gagner du temps en attendant le redressement du marché. Aujourd'hui, on sait que le marché ne se redresse pas et ne se redressera pas tel qu'il a été : entre-temps, il aura changé et, faute de s'y être adaptés, les acteurs du marché subiront de plein fouet et concomitamment l'émergence du nouveau marché et l'aboutissement de leur folie cavalière.
 
Je crois dans l'émergence progressive des acteurs du livre numérique. Les formules de manuscrit.com et de Lulu.com ont certainement de beaux jours devant elles et les autres éditeurs plus traditionnels finiront par s'y mettre, d'autant plus que c'est très compatible avec l'activité du libraire, dont le conseil est la plus-value commerciale, une sorte de critique littéraire de proximité.
 
En revanche, l'émergence du numérique va pénaliser lourdement un acteur et c'est sans doute pourquoi les poids-lourds freinent à l'évolution : ils dépendent de cet acteur. Cet acteur, c'est le diffuseur, celui qui achemine le livre de l'éditeur au libraire.
 
Il a un double rôle : celui de la promotion des livres (à travers des représentants) et celui du routage.
 
C'est un métier qui a déjà changé de nature depuis que les grandes surfaces généralistes contrôlent la majeure part du marché. Car le représentant n'a plus guère d'influence, moins en tout cas qu'auprès du libraire de quartier.
 
Ici comme ailleurs, la concentration excessive du marché vide les organisations commerciales de leur sens.
 
Mais c'est tout de même un métier encore, une branche qui, à l'instar des centrales d'achat du secteur généraliste, est très concentrée et encadrée sur un mode corporatiste. Les éditeurs sont très dépendants des diffuseurs.
 
D'autant plus que grâce à la loi Lang de 1981, le prix du livre reste encadré : s'il était libre, les diffuseurs perdraient leur pouvoir au profit des centrales d'achat et sans doute, les libraires de proximité perdraient une très grande part de marché, soit au profit des hyper ordinaires, soit au profit des structures de type FNAC, Virgin ou Espace Culturel Leclerc.
 
En tout cas, le numérique est le moyen pour les éditeurs de retrouver de fortes marges, parce qu'il permet des coûts très bas et un catalogue très diversifié (qui il est vrai pose le problème de la rémunération des auteurs).
 
Ne pas comprendre cette baisse des coûts et ce pluralisme expose les acteurs du secteur au dépérissement au profit des pionniers que je salue avec gourmandise. 

12:03 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : livre, économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook