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03/09/2007

L’école pour la conscience.

Victor Hugo, après la Commune, défendait les coupables d’exécutions sommaires avec un argument qui lui ressemblait : illettrés, incultes, ils ignoraient la clémence. Pour Hugo, l’instruction conduisait (ou devait conduire) naturellement à l’élévation morale nécessaire aux grandes vertus : clémence, désintéressement… De là l’idée de l’école publique universelle.

Je répète assez souvent sa phrase qui place le militantisme du savoir en exergue de tout idéal démocratique.

Aujourd’hui, et depuis plusieurs décennies, une proportion très forte des classes d’âge est conservée dans la filière scolaire jusqu’à sa majorité, voire au-delà.

Peut-on dire qu’Hugo avait raison ? Les grandes vertus ont-elles progressé avec la scolarisation ? Je le crois.

Voilà un bon sujet de réflexion à la veille de la rentrée…

01/09/2007

En quête de boucs émissaires.

Dans la mentalité simple, tout événement a un auteur. Si l’événement est mauvais, il y a forcément un fautif. Ainsi, si la situation économique est inquiétante, si la croissance ne vient pas, il y a forcément un ou des coupable(s). On sourit alors parfois en prononçant les mots “que fait le gouvernement ?“ mais, pour un grand nombre, ces mots ont un sens : si l’économie va mal, c’est la faute du gouvernement, à moins que… à moins que celui-ci ne désigne un autre coupable.

C’est ainsi qu’à travers le temps furent désignés des boucs émissaires et on sait où (à quelles erreurs voire horreurs) ce procédé a conduit dans le passé.

Or toute l’idéologie développée par Sarkozy est fondée sur l’idée de la culpabilité (pas la sienne, bien entendu) et de la répression. En estimant qu’il faut imposer la perpétuité réelle à certains délinquants ou criminels, en menaçant toutes sortes de fauteurs de trouble, il fait certes œuvre de dirigeant politique et ses décisions et annonces méritent discussion, mais il impose aussi l’idée latente d’une culpabilité qui finit par devenir universelle à travers les radars routiers, signes visibles d’une répression qui se dit inflexible.

Or cette idée de faute a ses inconvénients et ses facilités : inconvénients car elle légitime la tendance instinctive des esprits simples à considérer que tout événement a un auteur donc un coupable ; ses facilités car, du moment que l’existence d’un coupable est une évidence pour tous, il suffit aux dirigeants de désigner un bouc émissaire pour s’exonérer de leur propre part de responsabilité, voire pour estomper leurs autres méfaits.

Je crois que ce que je dis est assez clair.

Et les fonctionnaires, sans doute trop nombreux, sont actuellement le plus évident des boucs émissaires. Il pourrait y en avoir d’autres. C’est tellement facile…

En revanche, s’interroger sur le fait que l’atmosphère répressive soit déprimante et qu’elle contribue au marasme économique et moral, ça, ça, c’est beaucoup trop difficile. C’est si agréable, de punir.

Et la gauche, avec ses Verts obsédés eux aussi par la faute, ne fait pas mieux, de ce point de vue, que la droite.

Qu’on nous laisse donc un peu vivre.

29/08/2007

Des armes et du pétrole.

La bourde de Kouchner a permis à Sarkozy de faire mousser sa réunion des deux cents ambassadeurs de la France et de faire passer une précise menace de bombardement de l’Iran.

Disons tout de suite que le libellé de son avertissement ne suffira pas à le qualifier pour l’Académie française. Lorsqu’il y a dit que si l’Iran se dotait de la bombe atomique, cela signifierait des bombardements sur l’Iran, il a énoncé une contrevérité flagrante : si l’Iran se dote de la bombe, il est bien évident que personne ne bombardera l’Iran, il sera trop tard.

C’est dans le processus intermédiaire que se place la menace et là se trouve bien le problème mis en évidence par l’affaire irakienne : comment évaluer la réalité de l’armement condamné ? Comment éviter le mensonge d’un secrétaire d’État américain venant au Conseil de Sécurité des Nations unies avec des preuves évidemment (et grossièrement) fabriquées de toutes pièces ? Pas de réponse sur ce point.

En vérité, il semble que l’ardeur que le présidentourloupe a consacrée à vilipender l’Iran soit surtout destinée à adoucir l’oreille des Irakiens froissés par les immixtions kouchnériennes dans leurs affaires intérieures.

Que ne ferait-on pas pour vendre des armes et acheter du pétrole…

28/08/2007

Breizh atao … sans Sarko !

Sarko se passe de la Bretagne et, ça tombe bien, la Bretagne se passe de lui.

Quelquefois, je me demande si l’insistance récente de la chaîne de télévision TF1 à faire élire Sarkozy n’était pas une pièce avancée sur l’échiquier de l’indépendance de la Bretagne. On peut se gausser de cette idée et cependant, Patrick Le Lay a déclaré sans rire à un magazine local qu’il se sentait à peine français. Alors…

L’homme d’ailleurs n’est pas aussi antipathique que ses caricatures et sa stratégie commerciale le suggèrent. J’ai eu l’occasion de le rencontrer début 2002 quai du Point du Jour, à Boulogne-Billancourt, au quatorzième étage de la grande tour vitrée de TF1 : il m’achetait trois exemplaires du premier de mes livres et m’avait très poliment demandé si j’aurais l’obligeance de faire le détour par cet endroit. Venant du quartier voisin, le seizième arrondissement de Paris, je n’y voyais guère d’effort et plutôt l’amusement de découvrir le tout-puissant patron de la première chaîne.

Je n’apportai qu’un exemplaire. Mes livres pèsent deux kilos et demi chacun et mesurent un quart de raisin sur dix centimètres d’épaisseur ; on les voit de loin. À l’entrée du siège de TF1, le vigile vit mon livre. Il me dit :

- Ah, c’est vous.

J’étais attendu.

Je pénétrai dans le hall que je trouvai empli de verre et de tout ce qui peut luire, d’une dalle de pierre polie à un écran de télévision, en passant par des ampoules électriques et du chrome. Une très jolie femme bondit de son siège dès qu’elle m’aperçut et vint à moi avec un sourire et des prévenances qui en disaient long sur l’impact des info données sur moi par le secrétariat du président.

Je franchis un portillon et montai seul dans un ascenseur. Au quatorzième, je découvris une moquette épaisse comme la savane.

La secrétaire principale de Le Lay m’accueillit et me pria de l’attendre dans une pièce qui ouvrait sur la Seine, sur la tour Eiffel et sur les cimenteries. Je m’assis devant un bureau en loupe orangée et vernie, derrière lequel quelques cassettes de films produits par TF1 meublaient vaguement une étagère.

Je posai avec soin mon livre sur le bureau. On me proposa du café (il était trois heures de l’après-midi) et j’acceptai du thé : je ne bois jamais de café.

Faisant le tour de la pièce du regard, je finis par remarquer une très petite caméra dans le coin, juste sous le plafond, à laquelle j’adressai un sourire. L’instant d’après, Le Lay entra.

Il fut très affable et délicat. Il me parla un certain de temps de sa collection de livres sur la Bretagne. Il possédait trois exemplaires de l’Histoire de Bretagne de Bertrand d’Argentré, l’édition de 1582, celle que je viens de rééditer et qui, à plus d’un égard, est un brûlot antifrançais. Il avait tout. Il connaissait tout. Un seul joyau manquait à sa collection : un incunable (pour ceux qui l’ignorent, un incunable est un livre imprimé avant 1500).

Il faut dire qu’il n’y a qu’une dizaine d’incunables bretons, qu’il s’en vend très rarement, et qu’ils sont toujours préemptés par des bibliothèques publiques.

Bref, le pauvre Le Lay en était réduit à collectionner les manuscrits enluminés italiens du XIVe siècle. Un véritable drame.

L’entretien dura tant que je vis apparaître les visages étonnés de Mougeotte et de Bataille et Fontaine qui grimpaient de l’étage inférieur par un colimaçon étroit. J’appris plus tard que Le Lay avait retardé impromptu une réunion au sommet pour me recevoir avec mon précieux ouvrage qui constituait l’une des rares pièces contemporaines de sa collection. Que ne ferait-on pas par vice. Il en est de pires.

Il m’adressa à TV-Breizh en m’expliquant qu’il avait lui-même une ligne très patriotique et bretonne, qui faisait écho au profil de mon livre. Je précise que celui-ci traite d’une époque où le maître de la Bretagne se faisait qualifier de “souverain seigneur, duc par la grâce de Dieu“, ce qui laissait peu de place à la souveraineté royale. De là ce que disait Le Lay. Et après tout, cette lecture n’est pas absurde. Mais j’avoue n’être absolument pas nationaliste, ni pour la Bretagne, ni pour la France, ni pour l’Europe, ni pour quelque nation que ce fût. Je n’aime pas ce genre d’égoïsmes.

En revanche, si l’on songe que le patron de la principale chaîne était un ennemi du pays dans lequel celle-ci était diffusée, le fait qu’il en ait tellement crétinisé la population prend un sens tout différent, non ? Et alors, s’il a fait élire Sarkozy, ce n’est pas bon signe pour la France, mais au contraire l’indice tangible qu’il veut la mort de ce pays.

Et le fait que la Bretagne soit ennemie de Sarkozy serait une motivation que le machiavélique plan lui donnerait pour réclamer son indépendance…

Bon, il faut bien se consoler en rigolant un peu.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, je précise que Yasmina Reza rapporte dans son nouveau livre que Sarkozy n’a “rien à foutre des Bretons“.

C’est réciproque.

26/08/2007

Raymond Barre : l’honnête homme.

À l’heure du bilan ultime, il convient de retenir tout ce qu’il y a eu de positif de la vie et de l’action politique de l’ancien premier ministre qui vient de s’éteindre.

Tout d’abord, le tenant de l’école économique libérale française. L’économie, selon Raymond Barre, nécessite rigueur et effort. Les règles de la bonne gestion sont celles de la croissance. On ne doit pas jouer avec l’outil monétaire. Le moteur de la croissance est la production.

Fondée sur des principes taillés dans le granit, sa doctrine économique a fait de lui une référence mondiale après avoir conduit des générations d’élèves de Sciences Po à étudier les dures lois de l’économie dans le manuel qu’il avait rédigé.

Écouté, reconnu, il fut appelé en politique par l’un des Jeanneney (le deuxième). Giscard le nomma premier ministre parce que, dit-on, Barre se taisait beaucoup lors des conseils des ministres et laissait les autres parler.

Premier ministre, Barre appliqua ses théories, trancha dans les systèmes prébendiers installés par les gaullistes (ou se disant tels ; Barre lui-même ne cachait pas sa fascination pour de Gaulle), lutta en même temps contre les chocs pétroliers, bref, entreprit de reconstruire en profondeur l’économie française en vraie économie libérale (éloignée de ce qu’on nomme ainsi en général, car dépourvue des instruments léonins qui font de nos économies des pouvoirs féodaux). Il prônait la vertu et, fait rare, respectait la seconde vertu de tout homme d’État (juste après la première : l’efficacité) : l’honnêteté. Ce brevet d’honnêteté lui a été décerné ce samedi par Michel Rocard, un expert en la matière et c’est tout dire.

24/08/2007

Guéant président ?

Guéant mangera-t-il Sarkozy ?

On avait déjà vu Chirac devenir le fusible de son premier ministre Juppé, on voit maintenant le président devenir le secrétaire général de l'Élysée, recevant petits et grands interlocuteurs avec une disponibilité de maire de commune rurale, cependant que les tâches du gouvernement sont assumées par le secrétaire général devenu président.

On est dès lors à peine surpris que l'épouse du président, promue négociatrice -officielle mais muette - de l'État français destinée à remettre sur les rails le train-train de la diplomatie française depuis Pompidou : ventes d'armes, achat de pétrole, soit interdite de reddition de compte devant les députés et sénateurs : le président, qui reçoit tout le monde et ne gère rien viendra s'exprimer devant la représentation nationale, mais ceux qui ne reçoivent personne et font tout n'y viendront pas. Est-on décidément surpris de cette régression de la démocratie ? Bien sûr que non.

Ah, vivement le MoDem !

16/08/2007

France/USA : je t’aime, moi non plus ?

« Le voyage de M. Perrichont » semble fournir une explication toute prête à la difficulté des relations qu’entretiennent la France et les Etats-Unis d’Amérique depuis plus de deux cents ans : nous adorons toujours les gens à qui nous avons rendu service, parce que nous y trouvons occasion de vanité et d’autosatisfaction, tandis que nous ne pardonnons jamais à ceux qui nous ont aidé et dont la simple idée réveille la détresse que l’on a subie avant leur secours et l’humiliation que représente la situation de secouru.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Français sont partagés entre un réflexe d’ingratitude et une admiration envieuse quand ils pensent à l’Amérique. Sardou chante « Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie » cependant qu’on entend partout décrier l’arrogance et l’hégémonisme américains. On chante Lafayette, on déplore qu’il n’ait pas accepté l’offre qui lui était faite de l’adoption du français comme langue officielle des Etats-Unis naissants, et pourtant on regrette que Napoléon ait vendu la Louisiane. On s’inquiète de l’invasion de nos anciennes colonies africaines par les intérêts américains, cependant qu’on trouve plus chic de jargonner dans un sabir d’anglais qui n’est même pas le langage bizarre qu’utilisent les institutions internationales en guise de langue de Shakespeare. Bref, la France marche à côté de ses chaussures dès qu’il est question de l’Amérique, à peu près de la même façon qu’autrefois de l’Angleterre.

Au milieu de ces contradictions, quelques moments se détachent. Parmi ceux-ci, la séance du Conseil de Sécurité des Nations-Unies où, en 2003, la France opposa son véto à l’emploi de la force internationale pour achever le régime moribond du vieux dictateur Saddam Hussein.

Ce fut l’heure de gloire de Dominique de Villepin, son quart d’heure de célébrité. Et la France quasi-unanime approuva le choix qu’il exprima alors au nom du président Chirac : nous savions que les arguments employés par l’administration Bush pour justifier l’intervention en Irak n’étaient que des mensonges, comme cela fut avoué depuis lors par plusieurs des intéressés américains eux-mêmes.

J’ai moi-même approuvé la décision de refuser la collaboration au mensonge.

Pourtant, une erreur capitale a été commise par notre ministre des Affaires étrangères ce jour-là : il n’a pas tenté de s’adresser au peuple américain, ou plutôt, il a donné l’impression que le peuple français était désormais hostile au peuple américain, en n’employant aucune des nuances indispensables pour dissocier la nation américaine de ses dirigeants.

Cette faute n’est pas apparue à beaucoup. Pourtant, dans les conversations privées, on entendait presque toujours ce distinguo.

Or c’est cette erreur qui a occasionné les réflexes anti-français aux Etats-Unis à l’époque.

On voit bien que c’est pour remédier à cet inconvénient la stratégie du président Sarkozy, ces derniers jours, a plus visé l’opinion publique américaine que les autorités actuelles des Etats-Unis. Bien sûr, il a aussi remercié ses commanditaires, mais il a véritablement fait un effort pour rappeler en France les supposées hordes de touristes américains capables de consommer nos illustres produits de toutes natures ; et, outre-Atlantique même, d’encourager le retour aux produits français. En somme, le but est de contribuer pour quelques fractions de point supplémentaires à la croissance du PIB français.

Pourquoi pas, après tout ? Peut-on critiquer un effort qui semble louable ?

Oui.

Oui, car il a trente ans de retard. Encourager la consommation américaine de productions françaises comme si l’affaire de 2003 était seule cause de son ralentissement est une erreur : dès avant le 11 septembre 2001, les Américains venaient moins nombreux en France et notre part de marché en Amérique même se comprimait. Pour une cause politique ? Pas du tout : parce que l’Amérique évolue, que ses priorités changent, certes (ce qui pourrait se corriger), mais aussi et surtout parce que les Etats-Unis, tout puissants qu’ils demeurent, ne sont pas un pays en bonne santé. La croissance économique y est, depuis près d’une décennie, artificielle.

Par conséquent, jouer les VRP de luxe en Nouvelle-Angleterre est une erreur d’analyse. Certes, il n’est pas mauvais de rappeler que les Français n’ont jamais détesté collectivement les citoyens américains, mais outre que c’est au prix du rapprochement avec une administration discréditée dans sa propre population, c’est surtout un formidable coup d’épée dans l’eau : ce n’est pas comme ça que l’on pourra relancer la production française.

L’enfer est pavé de bonnes intentions. On croyait que jamais le nom de Sarkozy ne pourrait rejoindre le nombre de celles-ci. Eh bien, tout arrive…

Voici donc que s’éloigne la perspective d’un point supplémentaire de croissance pour notre pays. Le chiffre très faible annoncé mardi pour la croissance du PIB au deuxième trimestre fait douter qu’il y ait jamais eu d’effet Sarkozy sur le moral des ménages et sur le dynamisme de l’économie. Demain, à cet égard, ressemblera fort à hier. Avis de tempête pour l’UMP et ses valets.

11/08/2007

La faune contre l’humain ?

La fin tragique de l’ourse Franska était inévitable. Depuis plusieurs semaines, la pression s’accentuait sur cet animal. Les gens de la montagne cherchaient tous moyens de s’en débarrasser et ne s’en cachaient pas. Il (ou plutôt elle) dérangeait trop leur habitude de laisser les troupeaux seuls sans défense à l’alpage. Rien ne peut lutter contre un confort aussi manifeste. Le statut de prédateur suprême, revendiqué par l’être humain, s’exprimait là dans toute sa crudité.

Du reste, depuis que l’on nous avait annoncé que la femelle avait atteint l’âge de dix-sept ans au lieu des sept précédemment officiels, on savait que sa fonction reproductrice était amoindrie, que le rapport qualité/prix de la livraison slovène devenait mauvais. Le tableau était sale, il fallait le laver.

Quant à l’opportunité de la réintroduction de l’ourse dans les Pyrénées, je me rappelle d’abord ce que Bayrou en a justement dit : on ne fait pas ce genre d’opérations lourdes sans l’assentiment, voire l’adhésion, de la population. De ce côté-là, c’était raté. Au-delà même, l’explication donnée par la jolie Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État qui assume l’environnement auprès du ministre Borloo (on mesure au passage le changement de statut de l’écologie résultant du départ de Juppé du gouvernement), ne convainc personne : réintroduire l’ours pour ne pas avoir l’air d’on ne sait quoi auprès des Africains à qui l’on demande de protéger le dévastateur éléphant. C’est absurde : l’ours slovène n’est pas l’ours des Pyrénées ; c’est en Slovénie qu’il faut le protéger.

On sait cependant pourquoi l’ours était slovène : pour qu’on ne le confonde pas avec une fraise des bois.

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05/08/2007

Diplomatie des ornières

On a désormais compris que l’urgence de la libération des infirmières bulgares touchait moins le cœur des Français que le portefeuille des entreprises commanditaires de la campagne de Sarkozy et que leur libération effective, verrou de la reprise des relations commerciales sensibles avec la Libye, avait été la priorité ultime du nouveau président pour des raisons entièrement différentes (et beaucoup moins nobles) que celles qu’il affichait.

Si l’on imaginait que ces contrats, tels ceux des frégates de Taiwan, donnassent lieu à de juteuses rétrocommissions, l’on trouverait la boucle bouclée et la réelle philosophie du personnage devenue explicite. Mais de toute évidence, il n’y a eu aucune rétrocommission et seul le très mauvais esprit peut en faire supposer.

La ferveur avec laquelle Kouchner a défendu le président à cette occasion donne à supposer que, si le ministre des Affaires étrangères n’a pas été à la peine, il a du moins été à l’honneur. Quant à la référence qu’il a faite aux missions discrètes qu’il a effectuées en son temps avec Mme Mitterrand, il a oublié de préciser que celles-ci étaient restées, justement, discrètes et n’avaient donné lieu à aucune mise en scène théâtrale. La diplomatie peut avoir besoin de bas-côtés, mais elle daigne rarement mélanger la route et le fossé.

18:12 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, économie, sarkozy, bayrou | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

28/07/2007

MoDem : quelle géométrie ?

Droite, gauche, centre, la géométrie a envahi la politique depuis longtemps. La part de l’électorat qui n’aime  pas réfléchir par elle-même se trouve confortable dans cette partition de l’espace idéologique où la localisation est simple, voire évidente.

«Je suis de droite», «Je suis de gauche», «Je  suis centriste»...

On ne sait pas toujours ce que recouvre cettte opposition. On dit que le peuple est de gauche et la nation de droite (d’où la savante expression de la constitution  de 1958 : «la souveraineté nationale appartient au peuple français», censée garantir la synthèse des sensibilités populaire et nationale) ; on dit que le social est de gauche et la sécurité de droite ; on dit aussi que l’écologie est de gauche et l’agriculture de droite ; que le conservatisme est de droite et le progressisme de gauche...

Bref, on énumère.

Et depuis quelques années, l’électorat, tout en continuant à se définir parfois selon la logique géométrique, sent bien que celle-ci devient une limite de l’efficacité de l’action publique, cependant qu’elle rend mal compte de la réalité de ceue font les politiques des deux bords, qui se ressemble de plus en plus.

De là le succès de l’idée  d’union nationale défendue par Bayrou lors de la récente campagne présidentielle et incarnée à sa façon par Sarkozy.

Seulement, pour Bayrou, l’union de tous est une coooonviction viscérale alors que pour Sarkozy, elle représente une tactiqqqqque mmmmmmomentanée, lénifiante, abussive, illusoire.

Et s’il faut faire de la pulsion de l’homme Bayrou un principe fédérateur d’une formation politique, il reste à savoir comment celle-ci pourra s’engager dans la constitution de majorités   locales puis nationales. Il est vrai que la vie du MoDem ne peut pas se résumer à la préparation de l’élection présidentielle de 2012.

Et on voit bien à quel point il est diffcile à ceux qui se perçoivent de gauche et bayrouistes de tolérer des bayrouistes de droite et l’inverse aussi, tant la composition d’équipes avec des sectaires de droite et e gauche (non bayrouistes, eux) pèse sur les choix personnels de nos amis. Heureusement, beaucoup de MoDem ne se reconnaissent pas dans la répartition géométrique, ou bien se pensent centristes.

Mais tout de même, la question principale est sur la table : ni droite, ni gauche, c’est l’évidence et la façon la plus juste de raisonner en politique ; seulement, en termes concrets et opérationnels, on fait comment ?

Plus que l’organisation, c’est cette réflexion stratégique qui m’intéresse, bien que je croie les choses déjà jouées en fait dans l’esprit de Bayrou et de ses proches.

Le MoDem doit rester libre.

Personnellement, je n’ai pas plus d’estime pour la gauche que pour la droite.

27/07/2007

Union méditerranéenne : oui, mais.

Pendant que le chat n’est pas là, les souris dansent : Fillon a profité de l’absence de Sarkozy pour donner une conférence de presse...

Le voyage de Sarkozy en Afrique, lui, a commencé par la Libye, on devrait dire par l’alibi. Et tout de suite, on s’est aperçu que la rupture sarkozyenne, là comme ailleurs, se définissait par une paire de pantoufles, celles de la vieille droite post-gaullienne : défendre les intérêts de notre compagnie pétrolière et vendre une centrale nucléaire ; on pourrait croire revenu le temps où, dans les années 1970, nous avons vendu du nucléaire civil à l’Irak et à l’Iran, avec les conséquences que l’on sait.

Quoiqu’il en soit, le projet d’union méditerranéenne voulu par le président doit se trouver conforté par cette initiative. Le Maroc et la Tunisie n’y feront pas de difficulté, l’Algérie a paru y venir, l’Égypte négociera une position forte (si elle ne prend pas ombrage du nucléaire libyen, auquel cas elle sera cassante), le Liban n’a guère le choix, Israël en sera forcément, mais voudra aussi un rang, comme la Turquie et l’Algérie. Bref, il va falloir payer pour beaucoup d’États, un peu comme dans le cadre de la Francophonie. Qui le fera ? La France ? Avec quel argent ? Mystère.

Au-delà de cet aspect, une double question se pose : comment s’articulera la nouvelle union avec l’Union européenne d’un côté et avec son homologue africaine ? Là encore, mystère.

Certains de nos politiciens (comme Strauss-Kahn) pensent que la véritable Europe couvre tout le pourtour méditerranéen. L’union méditerranéenne serait-elle alors une spécialité géographique de l’Union européenne ? Ou seulement une façon d’éteindre les appétits de la Turquie ? Un moyen de se rapprocher d’Israël ? Ou du Monde arabe ? Mystère.

Une autre interrogation, pratique, vient à l’esprit : comment combiner une union douanière européenne sans y impliquer les institutions européennes ? L’union méditerranéenne est-elle voulue comme un instrument pour la construction européenne ou contre elle ? Est-elle destinée à noyer le poisson de l’Europe dans l’eau tiède de la Méditerranée ou, au contraire, à tisser de nouveaux liens pour étendre l’influence de l’Europe ? Mystère et boule de gomme.

Il est évident qu’elle ne sera viable que si elle se combine harmonieusement avec la dynamique européenne.

19/07/2007

À quoi sert le premier ministre ?

Selon la constitution, le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation, le premier ministre est le chef du gouvernement. Autrement dit, c’est lui qui dirige l’action de l’État.

Cette fonction a vite rencontré, dès les débuts de l’application de la constitution de la Ve république, la difficulté que le vrai chef de l’action de l’État est devenu le président, le premier ministre se chargeant avant tout de l’« intendance », soit l’action économique et sociale, l’organisation de l’État, la police, l’éducation, bref, la vie, cependant que le président fixait les objectifs, ce qui revenait en pratique à empiéter sur les prérogatives de « détermination » de la politique de la nation telles que les entendait la constitution.

De fait, cet article de la constitution n’a été appliqué qu’en période de cohabitation, ce qui peut paraître un paradoxe. Dès lors que l’on cherche à éliminer toute hypothèse de cohabitation (logique du quinquennat et du jumelage des élections présidentielle et législatives), il est plus honnête de supprimer le poste de chef du gouvernement, d’en transférer les fonctions au président et ainsi de faire de ce dernier le vrai chef de l’exécutif.

Seulement, il y perd à la fois sa mission de rassemblement et son fusible.

La logique d’un président secondé par un premier ministre pouvait ressembler à celle d’une organisation militaire, le capitaine soutenu d’un lieutenant, mais en supprimant le lieutenant, on laisse le capitaine seul face à la troupe alors que la fonction de commandement est bien double.

Supprimer le poste de premier ministre est donc sans doute une erreur. Cela pose surtout de redoutables questions sur l’expression de la démocratie et la séparation des pouvoirs, le parlement semblant plus abaissé que jamais.

18/07/2007

Faut-il supprimer le poste de premier ministre ?

Depuis la création de la Ve république, les constitutionnalistes sont hantés par la dyarchie du pouvoir exécutif, dont les responsabilités sont réparties sur deux têtes, celle du président de la république et celle du premier ministre.

Michel Debré, signataire de la constitution et inaugurateur du poste, lui donna pourtant un profil modeste et effacé devant le soleil présidentiel. Georges Pompidou, lui, sut si bien incarner la fonction de premier ministre qu’il songea immédiatement à la supprimer dès son avènement à l’Élysée : il savait le poids qu’elle donne à son titulaire. Le renvoi de Jacques Chaban-Delmas, en 1972, donna l’occasion d’un cas d’école institutionnel de réflexion sur la légitimité du locataire de l’hôtel Matignon.

La cohabitation fut le pinacle de la démonstration des inconvénients de l’organisation institutionnelle prévue par la constitution de 1958, comme elle porta le premier ministre au sommet du pouvoir réel. Les sommets européens où, durant cinq ans, parurent à la fois le président Chirac et son premier ministre Jospin furent à juste raison jugés porteurs d’affaiblissement pour notre pays.

On imagina alors de jumeler

L’inflation et la politique du gouvernement.

En 1975, en pleine poussée inflationniste, le tandem Giscard-Chirac fit une active relance keynésienne, c’est-à-dire par la dépense publique. Le résultat de cette initiative à contretemps fut une inflation galopante et une crise industrielle et commerciale profonde qui n’était pas entièrement purgée après presque cinq ans de rigueur lorsque Raymond Barre quitta l’hôtel Matignon et le président Giscard d’Estaing l’Élysée.

Or l’inflation est à nos portes, la Banque centrale européenne (BCE) l’a bien compris puisqu’elle a augmenté ses taux directeurs.

Pourquoi ce retour du spectre de l’inflation ? La surchauffe de l’économie mondiale.

Déjà, la croissance galopante de la production et de la consommation chinoise et dans une moindre mesure encore indienne ont provoqué de très vives tensions sur le marché des matières premières énergétiques. Voici qu’elle pèse sur les autres denrées primaires, notamment celles de l’alimentation.

L’annonce d’une hausse vertigineuse du prix des blés et du lait, avant inflation, devrait être une bonne nouvelle pour les agriculteurs et même pour les organismes de subvention, notamment européens.

L’affaire n’est pas si simple : la politique bruxelloise a plus ou moins bien anticipé l’évolution du marché et continue à subventionner des réductions de production sur des marchés marqués au contraire par la rareté. Paradoxalement, la politique européenne contribue à la pénurie, ce qui est l’inverse de sa fonction vitale. La réactivité de ces institutions est désormais en cause.

En revanche, la hausse des cours mondiaux, qui semble structurelle, devrait permettre à terme plutôt court de réduire les subventions à l’agriculture.

Seul le consommateur y perd si l’on n’intervient pas et, de ce côté-là, rien ne paraît pouvoir empêcher la hausse des prix à la consommation ; le déraisonnable déficit budgétaire prévu par M. Sarkozy aura donc d’autant moins d’effet sur la croissance du PIB français qu’il risque bien d’être immédiatement absorbé par l’inflation.

La spirale d’une réédition de la crise connue à la fin des années 1970 est donc bien en place. Dommage.

16/07/2007

La patrie européenne.

Belle promesse, le passage des oldats des 27 sur les Champs-Élysées.

Double promesse d'ailleurs : la France ne boude plus et, désormais, l'armée se pense à 27, y compris pour les projets de développement militaro-industriel.

Cette promesse sera-t-elle tenue ? L'avenir le dira. 

13/07/2007

Le mécano constitutionnel et la Vie république.



Sarkozy l’ubique s’est déplacé sur les terres du président du Sénat pour lancer sa réforme de la constitution.

La pantomime ridicule à laquelle s’est livré le Parti Socialiste en préambule de cette initiative en a renforcé l’impact et lui a conféré une dimension très solennelle et transpartisane : en critiquant le débauchage d’un constitutionnaliste de gauche par la droite, les éléphantômes en ont fait une tentative réelle de transcendance des courants. Leurs cris d’orfraie auraient mieux fait de s’adresser à la politique économique du gouvernement, qui est un événement bien plus redoutable et important pour les Français que l’éventuelle participation d’un vieil éléphant à un aréopage destiné à amuser la galerie.

Car comme d’habitude, les jeux sont faits d’avance pour le futur comité constitutionnel : Sarkozy lui a rédigé une feuille de route sans grand espace de négociation, d’autant moins que c’est Édouard Balladur qui est supposé en prendre la présidence. On peut d’ailleurs s’étonner au passage qu’il faille toujours trouver des comités constitutionnels pour caser les gloires déchues ; c’était la logique du siège automatique et perpétuel des anciens présidents de la république au Conseil constitutionnel (Vincent Auriol et René Coty en 1958), c’était encore le pupitre de Valéry Giscard d’Estaing pour la rédaction du traité constitutionnel européen, c’est enfin le sépulcre de l’homme qui a augmenté l’endettement extérieur de la France de vingt-cinq pour cent en deux ans entre 1993 et 1995 : Balladur.

Sarkozy a prôné la rupture durant sa campagne ; rupture, on ne savait pas bien avec quoi. Avec Chirac en tout cas. Avec de nombreuses habitudes peut-être. Avec la Ve république ? Cet aspect de son programme m’avait échappé, même si j’avais du mal à y trouver des traces de gaullisme.

En vérité, si l’accentuation de la présidentialisation du régime est l’une des deux possibilités qui se présentaient. Elle n’était pas étrangère à la façon dont Bayrou lui-même envisageait le rééquilibrage des institutions pouvant conduire à une Vie république.

Mais dans le projet Bayrou, il n’existait plus d’article 49-3.

Commençons donc par le commencement : faut-il supprimer le premier ministre ? Si l’on n’évacue pas la responsabilité de l’exécutif, il faut conserver le premier ministre : difficile d’imaginer que le président, élu par le peuple, puisse être renvoyé par le parlement. Donc le premier ministre reste. Mais, le président ayant vocation à s’exprimer une fois par an (comme la reine d’Angleterre et, à l’imitation de celle-ci, le président des Etats-Unis) devant le parlement pour un discours programme, l’aura du premier ministre devrait s’estomper.

Signalons au passage le retour du chef de l’État devant le parlement : ce serait la fin d’un tabou qui date de la IIIe république. Après l’utilisation du référendum pour un plébiscite, pratiquée depuis 1958, ce serait le dernier des piliers de la république militante qui tomberait : depuis 1875, le président n’a pas le droit d’entrer au parlement, bannissement supposé protéger l’indépendance de celui-ci.

Le mythe de l’indépendance du parlement ayant disparu depuis longtemps, il n’y a rien là que de tristement logique et significatif de la réalité des institutions ; sous couvert de réhabilitation du parlement, c’est encore une preuve écrasante de son abaissement.

Une dose de proportionnelle dans chacune des chambres du parlement sera utile surtout à la justice et à la diversité de la représentation nationale, pourvu qu’il s’agisse de proportionnelle dans un cadre régional, interrégional ou national et non dans le cadre départemental qui maintiendrait la prédominance de la bipolarisation.

En revanche, l’implication plus directe du président dans le fait majoritaire et parlementaire est la fin pure et simple de la conception gaullienne de la fonction présidentielle. De surcroît, elle risque d’aboutir à la pérennisation de la bipolarisation encore, en renforçant l’argument utilisé contre Bayrou lors de la récente campagne présidentielle : avec qui gouvernerait-il ?

Eh oui, s’il doit traiter avec le parlement, qui acceptera de travailler avec lui ? C’est en fait modifier la nature de l’élection présidentielle, cette rencontre d’un homme et d’un peuple comme aime à le dire Bayrou, et remettre définitivement le président entre les mains des appareils politiques, qui est à proprement parler ce que de Gaulle lui-même appelait la « république des partis ».

Pour le reste, on avait déjà les apparences du despotisme le plus explicite avec la façon dont Sarkozy affirmait son pouvoir gouverné par l’opportunité, la subjectivité et, disons-le, le caprice, voici que l’on commence à constater ce que l’on nomme des effets de cours dans sa gestion (par ailleurs le seul défaut de la structure centrale du MoDem aussi) : il est plus important et légitime d’être secrétaire général de l’Élysée ou épouse du président de la république que d’être ministre, investi par le parlement, pour négocier publiquement avec les chefs d’États étrangers. Bravo…

Bientôt, le chauffeur du président de la république aura plus de pouvoir que le premier ministre, il n’y aura plus qu’à réinstaller Sarkozy à Versailles (sa femme est déjà à la Lanterne, sur le chemin) et le tour sera joué.

Décidément non, tout ça ne ressemble pas à la Vie république, mais plutôt à une seconde restauration ou à un troisième empire… un empire – en pire !

Si au moins tout cela portait une vertu comptable et financière, on pardonnerait tout ; mais étant donné ce qu’on voit, on ne pardonne rien.

Alors, traçons notre sillon MoDem, il en sortira une bonne récolte un jour ou l’autre. Vive la liberté.

11/07/2007

L’Euro a besoin du MoDem.

Placer un fabiusien (Didier Migaud) à la tête de la commission des finances de l’Assemblée Nationale, on s’en aperçoit, n’avait rien d’anodin pour Sarkozy : c’est une syllabe supplémentaire de son double langage européen.

En effet, Sarkozy l’Européen, qui invite les troupes des vingt-sept États membres de l’Union européenne à défiler le 14 juillet sur les Champs-Élysées, est aussi celui qui, par sa folle politique budgétaire, met l’Euro en péril à la plus grande satisfaction de Migaud et des amis de Fabius.

Or s’il est vrai que le cours stratosphérique de l’Euro pénalise à court terme les exportations l’Union européenne, il est vrai aussi que la ligne de conduite de la Banque centrale européenne (BCE) est conforme au traité de Maestricht ; en fait, l’Euro fort, progressivement, prend sa place comme monnaie de référence et tel était le but de sa création : inventer une monnaie capable de rivaliser avec le dollar comme unité de réserve.

Les échos que j’ai de voyageurs de l’Orient extrême attestent que la grande régularité de la monnaie européenne, sa solidité et sa prévisibilité, qui font d’elle un véritable Franc Suisse ou, disons-le, un véritable Deutschemark, poussent d’année en année les banques lointaines et les entreprises tournées vers la thésaurisation à accumuler de l’Euro, de préférence sous forme de gros billets.

C’est ainsi que, peu à peu, l’économie mondiale des devises s’organise conformément à l’adage des historiens de la monnaie qui veut que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». La mauvaise monnaie, celle qui circule, pleine de fausses coupures, grevée d’une politique publique opportuniste, c’est le dollar ; la bonne monnaie, celle que l’on aime voir dormir dans les coffres-forts, c’est l’Euro.

Bien sûr, je force le trait : on adore partout entasser des dollars. Mais, jour après jour, le respect de l’Euro augmente et rogne l’image que l’on a du dollar.

Par conséquent, il ne fait aucun doute qu’à terme, la ligne de l’Euro fort sera féconde.

En attendant, elle ne pénalise que les économies qui manquent de rigueur. La vertueuse économie allemande n’est pas handicapée par l’Euro fort ; et pourtant, elle vit au moins autant que la nôtre de ses exportations hors d’Europe.

Est-il vrai qu’Airbus soit grevé par la force de l’Euro ? Moins que Sarkozy ne le prétend. Et on voit bien que ses amitiés sont là plus atlantistes qu’européennes. Le fait que Dassault soit partie prenante dans le nouveau Boeing pèse sans doute plus que la part de Lagardère dans Airbus. Sarkozy hiérarchise ses sympathies.

Du reste, l’Euro, Airbus, il commence à accumuler les points de contentieux avec l’Allemagne.

Ne soyons donc pas dupes de ses mielleuses rodomontades européennes : il ne vit que par l’esbroufe. Le jour où la réalité le rattrapera, l’Euro aura deux fois plus besoin encore de nous, le MoDem.

07/07/2007

L’inépuisable affaire “Clearstream“.

Il faut ici rappeler la scandaleuse persécution que subit le journaliste Denis Robert, initiateur de l’appel de Genève qui a lancé une campagne solennelle de juges européens contre les systèmes mafieux et contre la corruption.

L’incroyable acharnement qu’il subit de la part de certaines administrations laisse profondément perplexe sur les liens que l’on accuse parfois une partie de nos dirigeants politiques et administratifs d’entretenir avec des réseaux criminels.

Quoiqu’il en soit, c’est bien Denis Robert qui a le premier formulé l’hypothèse que Clearstream, un organisme luxembourgeois de compensation entre établissements bancaires, pourrait couvrir sciemment le blanchiment d’argent frauduleux auquel ses mécanismes financiers seraient employés.

Passons sur l’éventualité que cette même méthode puisse servir aussi aux services secrets de tous bords, ce qui expliquerait une partie de l’animosité de nos hautes sphères, et concentrons-nous sur l’invraisemblable feuilleton politique qu’évoque le nom de Clearstream.

La première période est un Feydeau : accusations mensongères, cris d’orfraie de l’accusé qui a préparé sa contre-attaque à une machination puérile qu’il a éventée dès son origine, portes qui claquent, beaucoup de vent dans les médias, coups de théâtre minuscules indéfiniment montés en épingle, le tout sur fond d’un document qui, dès le premier regard, s’avère un faux grossier.

Le comble du ridicule et de la honte pour notre pays est le moment où les deux principaux membres du gouvernement sont sur le point de se traîner mutuellement en justice et où personne, jamais, ne démissionne, où le parlement, inutile comme d’habitude, se contente de rester spectateur d’une bataille de chiffonniers dégradante.

Puis l’accusation tombant d’elle-même, ne reste que le processus de l’arroseur arrosé : dans la course à l’élection présidentielle de 2007, Dominique de Villepin est accusé d’avoir fomenté de toutes pièces la calomnie contre l’actuel président Sarkozy, alors son compétiteur.

Alors commence une phase plus souterraine, non moins redoutable, où la justice s’acharne contre l’équipe de Villepin, espions distraits, faussaires maladroits, entrepreneurs mythomanes, bref, une sorte de parodie burlesque et grinçante, quelque chose entre Arsène Lupin et Fantômas, jouée par les Branquignols.

Puis, dans la période récente, d’autres perquisitions spectaculaires, au “Canard enchaîné“ notamment (où l’on ne peut s’empêcher de trouver étrange l’obstination de la justice à mettre la main sur les fichiers incriminés de Clearstream), et enfin chez Villepin encore, contraint d’interrompre ses vacances pour venir assister aux investigations des enquêteurs parce qu’on a trouvé chez l’invraisemblable général Rondot de nouvelles preuves mystérieusement gravées dans le disque dur de son ordinateur.

C’est ainsi que l’on voit un Chirac très tendu se présenter à l’église non loin de Nicolas Sarkozy pour s’incliner sur la dépouille mortelle de Claude Pompidou.

06/07/2007

Bretagne : le centre à reconstruire.


Longtemps, le centre fut incarné en Bretagne par Pierre Méhaignerie, le maire de Vitré.

C’était alors, pour le centre, le temps des héritiers : Méhaignerie fils et successeur de son père, Barrot fils et successeur de son père, Bosson fils et successeur de son père, Baudis fils et successeur de son père, et combien d’autres.

Tous ces héritiers sont depuis lors passés à l’UMP.

Méhaignerie, lorsqu’il dirigeait la formation centriste (CDS) dans l’UDF, s’employait à noyauter la Bretagne. Le résultat de ses efforts fut … la disparition progressive du centre de la carte électorale bretonne, sauf dans son propre département, l’Ille-et-Vilaine où, au contraire, ce furent les gaullistes qui perdirent sans cesse du terrain.

Au moment où Méhaignerie quitta le centre pour passer à droite, le centre était majoritaire à lui seul en Ille-et-Vilaine.

Mais l’addition de ce centre et de la droite dans l’UMP fait qu’aujourd’hui, le département est … à gauche.

Il y a donc beaucoup à reconstruire et une vraie place pour le MoDem.

En vérité, ce qui a perdu Méhaignerie, c’est probablement l’argent, l’affaire de la construction du pont de l’île de Ré quand il était ministre de l’Équipement, et plus encore les curieux flux financiers qu’il a organisés avec l’argent de son parti, qui lui ont valu condamnation par la justice, une condamnation amnistiée avant même son prononcé.

Le côté sympathique du personnage résidait dans son rêve d’inventer une formation politique rien que pour la Bretagne. Il voulait en effet un parti régional, dans la logique agro-catho des héritiers du MRP, sans affiliation à une formation parisienne.

Il n’est pas parvenu à ce résultat, mais a désormais la haute main sur l’UMP bretonne.

Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une poignée de députés de cette formation. Deux en Ille-et-Vilaine sont d’anciens centristes : lui-même et le maire de Saint-Malo, René Couanau. Un aussi dans le Morbihan est le vétéran de l’Assemblée Nationale, non le plus ancien mais le plus vieux : Loïc Bouvard, un ancien d’Air France père de six enfants (on dit qu’il ne s’est fait réélire que pour transmettre sa circonscription à un plus jeune UMP plus à droite). Dans le Finistère, les deux députés UMP restants sont plus à droite aussi, comme les autres du Morbihan. Il n’y en a aucun dans les Côtes d’Armor.

En Loire-Atlantique, département de la Bretagne historique, on se rappelle que Michel Hunault vient de passer au Nouveau Centre.

Les résultats électoraux du MoDem ont déçu en général après le beau score réalisé par François Bayrou dans la région. Douze ou treize pour cent ont été ici des scores courants pour des candidats du MoDem. Quelques-uns ont fait moins, comme Isabelle Le Bal à Quimper, d’autres ont brillé plus, comme Michel Canévet, maire et conseiller général, qui atteignait déjà dix-huit et demi lorsque Bayrou culminait à six virgule huit, et qui s’est haussé jusqu’à dix-neuf et demi. Bien entendu, mention spéciale pour Thierry Benoît, l’unique député métropolitain du MoDem hors des Pyérénées-Atlantiques.

Pour les municipales, il faudra trouver de bons candidats mais le terrain est prometteur : nombreuses sont les petites communes où Bayrou est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle.

Dans les principales villes, l’électorat du MoDem sera décisif et tout le jeu pour les candidats consistera à coller au plus près de ces électeurs. L’effort ne sera pas toujours faible, en particulier pour une partie des anciens cadres de l’UDF habitués à vivoter comme force d’appoint de l’UMP : ils devront jouer leur carte jusqu’au bout sans tabou et ce sera pour eux une révolution culturelle qu’on leur souhaite de pouvoir assumer.

Il faudra donc leur fournir un outil programmatique simple et puissant, des valeurs fortes à défendre et à incarner.

Nantis de ces calculs et de leur score, ils devraient faire monter une génération nouvelle dans les conseils municipaux et produire un ou deux sénateurs en complément de Philippe Nogrix, à moins que Sarkozy ne réforme l’élection du Sénat d’ici là, mais comme on dit, ceci est une autre histoire.

05/07/2007

Vu de Bretagne.

Vue de Bretagne, l’actualité parisienne est lointaine.

Ici, l’offensive du pouvoir contre les gendarmes prend un tour très local : on ferme deux gendarmeries au motif de leur vétusté.

Bien entendu, le tissu social en souffre : encore des services publics qui désertent la campagne, ces deux postes de gendarmes se trouvaient dans les dernières parties vraiment rurales du Finistère.

On commente aussi le choix du rectorat pour l’implantation de l’IUFM : ce sera Brest et non Quimper. Le grand port militaire n’en finit plus de profiter de la présidence du département pour déshabiller le chef-lieu rival.

Le grand sujet qui a fait la une est surtout la création du parc régional maritime au large des côtes, autour des îles d’Ouessant et de Sein. Repoussée jusqu’après les élections pour ne pas effaroucher une population que l’on croit hostile au projet, cette initiative satisfait les amis de la nature maritime et inquiète tous les autres en menaçant le prix des terrains, une réalité à laquelle on est très sensible sur les côtes où les tarifs commencent à devenir intéressants.

Voilà donc quelques nouvelles d’ici.
 
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