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19/01/2009

Récession de 2 % en 2009 : attention, l'inflation et la relance sont de fausses solutions.

Les prévisions pour l'économie française ne cessent de s'assombrir. Avec une récession de près de 2 % et un déficit de plus de 5,4 % du PIB, la France connaîtrait une dégradation inouïe depuis des décennies.

Et il fallait que cela arrive pendant que nous avons un président pantin...

On entend des voix s'élever, notamment celle d'un chroniqueur que l'on estime par ailleurs, pour réclamer plus de relance et plus d'inflation. Hélas.

Sornettes.

Tout cela, nous l'avons déjà essayé. Et quel en fut le résultat ? Le désastre. Puis la rigueur, redoublée.

En vérité, si l'on veut limiter le chômage, il faut miser sur les PME, et si l'on veut préparer l'avenir, il faut conduire les liquidités à choisir l'investissement productif plutôt que n'importe quelle spéculation.

Et enfin, il faut que n'importe quel être humain puisse vivre de son travail, ce qui suppose que, partout, les travailleurs soient mieux payés, que les entreprises des pays développés laissent plus de place aux intérêts des pays qui se développent lentement. Si l'on veut vivre mieux chez nous, il faut que d'autres vivent mieux chez eux. Tout ce qui tend à l'inverse, qui est la tendance de l'économie du monde, est erroné. Tocqueville notait déjà que mon intérêt bien compris supposait une part de l'intérêt d'autrui, il y a un peu de mon intérêt chez celui de mon voisin. Par conséquent, toute stratégie de domination est une erreur, car elle ne mène en définitive qu'à la pauvreté de tous.

Il faut par conséquent se montrer d'une cupidité raisonnable, mesurée, que chacun gagne sa vie, et non les uns tout et les autres rien, car il n'est pas vrai que l'on puisse vivre longtemps au milieu d'un monde qui meurt.

09/01/2009

Ne pas relancer trop tôt.

J'entendais hier soir Joseph Stiglitz pronostiquer le redémarrage de l'économie mondiale pour la fin 2009. Dans ces conditions, il me semble que relancer massivement plus tôt que cette échéance serait une erreur. Il vaudrait mieux consacrer l'année 2009 à des réformes de structure et relancer seulement pour amplifier ou accélérer le redémarrage lorsqu'il débutera naturellement.

Cela étant, je crois qu'il vaudrait mieux ne pas adopter un rythme de croissance trop vif : les retournements de tendance y sont très brutaux. Il vaudrait mieux adopter un faux rythme où les contrecycles soient à peine creux. Ce serait de bonne méthode pour favoriser une croissance plus sobre qui épargne plus l'environnement et l'avenir de notre planète malade.

Pour mémoire, les réformes de structure doivent viser à la quadrature du cercle : redonner des marges aux entreprises, du revenu aux salariés et de l'équilibre aux finances publiques. Bonne chance aux techniciens !

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10/12/2008

Rio Tinto supprime 14000 emplois ... mais maintient ses dividendes.

On croit rêver en lisant l'info.

12:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, entreprises, rio tinto | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/12/2008

Pourquoi ils ont intérêt à l'échec de l'Europe.

Voici un tableau qui émane apparemment de la CIA et qui montre avec clarté que l'Europe devance désormais d'une façon constante les États-Unis en terme de PIB global.

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Il faudrait ajouter à ces chiffres que les dettes publiques, avant la crise, représentaient un montant de 60 000 milliards de dollars, soit plus de 90 % d'une année de PIB mondial. Ce dernier chiffre nous enseigne que les pays développés n'étaient pas forcément les plus déraisonnables (dette inférieure à 70 % du PIB), mais que le système dans son ensemble ne pouvait continuer longtemps comme ça : à force de traîner des boulets, on finit toujours par s'essouffler.

Pour ceux qui ne l'auraient pas noté, la Chine a largement dépassé le Japon et l'Inde est au-dessus de l'Allemagne, le Brésil approche du peloton européen et le Mexique de l'Espagne.

Autrement dit, alors que la gouvernance économique mondiale repose sur les États-Unis, ceux-ci ne sont en fait plus le premier acteur du jeu, et les puissances émergentes ... émergent. Le total Chine + Inde + Brésil + Mexique est équivalent à celui de l'Europe ou des États-Unis.

Et ceci est le tableau pour 2007, alors qu'on nous dit en ce moment que les États-Unis ont en fait été en récession toute l'année 2008, cependant que la Chine continuait à foncer avec une croissance proche de 10%.

Le fait que les États-Unis soient devancés par l'Europe explique que l'on ait pu supposer que les Américains aient participé à la campagne du Non irlandais (et français, soit dit en passant, mais sous d'autres formes). Or on voit bien que la tentative de déséquilibrer l'Europe, si elle était avérée, n'aurait aucun sens ni aucune efficacité, étant donné que le différentiel de croissance entre les États-Unis et les émergents fait que ce sont ceux-ci, et eux seuls, qui justifient une révision en profondeur de la gouvernance mondiale. Il y avait donc, dans l'hypothèse où le "complot" serait avéré, une erreur d'appréciation considérable de l'administration américaine, une de plus.

Accessoirement, alors qu'il n'y a pas si longtemps, l'Europe faisait encore plus de 30% du PIB mondial, elle dépasse à peine les 20%.

Enfin, cela, c'était en 2007, il est probable que les chiffres 2008 varieront un peu, en raison de la montée de l'Euro.

Reste donc à tenir compte de la crise actuelle et de ses effets sur l'ensemble des PIB et sur la répartition des pouvoirs mondiaux. Déjà, on sait que de toutes les monnaies mondiales, seul l'Euro existe encore. Les autres puissances, avec un taux de base des banques centrales inférieur à 1%, n'ont pratiquement plus de monnaie.

Est-ce à dire pour autant qu'il faille créer une monnaie mondiale unique ? Sans doute pas. À suivre.

13:13 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : économie, pib, cia, europe, ue, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/12/2008

Le bréviaire du libéralisme va changer d'encre.

Le site Bakchich (qui annonce qu'en raison de la crise, ses "off" seront bientôt payants, dommage), souligne le désarroi des grands théoriciens de l'économie libérale militante, notamment l'Organisation de Coopération et de Développement Économique (l'OCDE, ma voisine, soit dit en passant), qui reconnaissent assez franchement que les moyens d'équilibre social sont nécessaires à l'économie. Il était temps.

17:21 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : économie, crise, ocde, bakchich | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Devedjian, ministre de la relance de la carrière de Sarkozy junior ?

On annonce Devedjian pour un ministère, un de ces ministères kleenex (jetables) que le pouvoir inaugure.

Quittera-t-il sa présidence des Hauts-de-Seine ? Laissera-t-il sa place à Junior ? Roulement de tambour, suspense.

Même pas, je ne crois pas : maintenant que les ministres ne sont plus que des quarts-de-places, pourquoi renonceraient-ils au cumul ?

25/11/2008

La relance d'aujourd'hui est une promesse de plus forte récession pour demain.

L'économie du monde est en panne, du moins celle du monde occidental, celle de la France en particulier. Alors ? quelle bonne idée ? des réformes de structure ? plus de liberté pour les PME ? Une réorganisation des charges publiques ? Une réduction des déficits par la sobriété de l'État ?

Mais non, vous n'y pensez pas : une bonne vieille relance, comme d'habitude, une sottise à neuf chiffres qui va calmer la douleur de l'économie malade. Calmer la douleur ? seulement ? Et s'il fallait guérir ?

Guérir ? vous n'y pensez pas. Un État qui va bien n'a pas besoin de sauveur... Et si je ne suis pas le sauveur, il est si difficile de faire admettre que je m'empifre...

Mais qu'on se le dise, sans réformes de structures pour améliorer le fonctionnement de l'économie, la relance d'aujourd'hui, même coordonnée à l'échelle mondiale, n'a pour effet que de creuser un peu plus les dettes publiques, et donc à terme de provoquer de nouvelles récessions, sans cesse plus profondes. Fuite en avant, course vers l'abîme.

12:26 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : économie, crise, relance | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/11/2008

"Sarkozy à Bruxelles".

Dans une autre vie, il y a fort longtemps, plus de quinze ans, en un temps où elle se dénommait curieusement Florence Autret-Mouret, Florence Autret a fait partie du mouvement des jeunes de feu le CDS, les JDS. En ce temps-là, nous avons fait partie des mêmes réseaux parisiens, elle militait déjà avant tout pour la construction européenne, fleuron des thèses de la famille politique centriste d'alors. Des attaches allemandes solides expliquaient en partie son penchant européen (pour le reste, comme son nom l'indique, elle a des racines bretonnes).

Quinze et quelques années plus tard, débarrassée depuis longtemps de la seconde partie de son patronyme, la voici journaliste indépendante spécialisée dans les questions européennes et installée au coeur de son sujet, à Bruxelles, correspondante notamment du quotidien "Le Télégramme" de Brest.

Elle livre au Seuil une analyse sans concession et détaillée du tourbillon sarkozyen et de ses déperditions d'énergie en milieu bruxellois. Elle le précise : elle ne fait pas un plaidoyer pour la gauche (qui d'ailleurs n'est pas mentionnée une seule fois dans l'ouvrage), mais se situe bien dans ce centre  qui s'est abstenu entre les deux tours de la présidentielle (après s'être tout de même assurée que Ségolène Royal n'avait aucune chance de l'emporter, ce qui suggère que si Royal avait eu une chance, Florence aurait voté pour elle).

Elle fait une chronique de la politique européenne que Sarkozy mène à la godille, d'embardée en embardée, commençant pro-européen avec Lamassoure et Barnier, continuant très eurosceptique avec Henri Guaino. Elle puise dans l'ouvrage de celui-ci (datant de 1998) les éléments d'une doctrine sarkozyste eurosceptique qui s'élabore peu à peu.

Elle prend pour moteur la phrase de Sarkozy : "la France est de retour en Europe" (qui, soit dit en passant, a pour ambition de faire écho à "America is back" de Reagan en 1980), et montre tout le résultat dérisoire de ce mot de matamore, le discrédit qu'a produit l'accumulation de tous les ridicules par lesquels l'équipe de la majorité s'est manifestée dans les milieux européens. Florence montre aussi à quel point le discours est dissocié de la réalité, à quel point le président est obsédé par l'apparence et apparemment insoucieux de la réalité.

Au passage, puisqu'elle est fédéraliste, elle cite des entretiens qu'elle a eus avec d'autres fédéralistes convaincus : Daniel Cohn-Bendit et "un ancien député européen proche de François Bayrou, quoique peu suspect d'anti-sarkozysme". S'il se reconnaît, qu'il se dénonce ;)

Une lecture vraiment utile dans la perspective de l'élection européenne et alors que notre ridicule président paraît opérer une énième volte-face et s'épuiser dans une énième gesticulation, vénérant subitement Trichet et la BCE. Au fond, il est tout simplement pathétique, notre W à nous.

13:22 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : europe, sarkozy, économie, florence autret | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

06/11/2008

La France n'a pas besoin des subprimes pour ruiner l'État : la preuve.

Le gouvernement commence à reconnaître le fait que j'évoquais voici quelques jours : le naufrage de ses finances publiques. Encore le fait-il avec son habituelle confusion : une dépêche d'agence évoquait un déficit public 2009 à 3,1 % reconnu par Éric Woerth, une autre à 2,9 %.

Quoi qu'il en soit, ce demi-aveu suscite la colère après la lecture de plusieurs articles. La majorité, à force de vivre au milieu des milliardaires, se fait des trains de vie de Sardanapale aux frais des fauchés. L'Assemblée Nationale, la présidence de la république, et bien sûr le gouvernement. La France est décidément une république bananière, gérée par des jocrisses. La cour de Sa Majesté Nullité Suprême (N.S.) Ier ressemblera bientôt à celle de feu l'empereur Bokassa. On est presque surpris de ne pas encore avoir entendu que Nullité Suprême voulait équiper son palais de robinets en or, changer le velours cramoisi pour du drap d'or, le carrelage pour de la nacre, et les lustres de cristal pour des couronnes de diamants.

Vous savez pourquoi Bayrou ferait un bon président de la république ? Parce qu'il est radin.

12:07 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : économie, finances, déficit public, ump, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/11/2008

La France n'a plus de budget.

On s'en doutait un peu, mais c'est la commission de Bruxelles (merci l'Europe !) qui l'annonce ce matin : le n'importe quoi budgétaire de la majorité nous mène tout droit vers des abimes financiers qui ressemblent diablement au naufrage de l'adiministration Bush. Où sont les belles promesses faites durant la campagne présidentielle sous la pression de la popularité de Bayrou ?

Sur un autre sujet, Hadopi, je vous conseille de courir lire la note de Quitterie Delmas d'aujourd'hui.

13:03 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/10/2008

Conférence nationale : extraits de Michel Camdessus.

Excellente analyse de Michel Camdessus qui révèle la forfaiture du système bancaire et financier qui a dopé ses performances par des produits dont il aurait dû avoir honte et qui lui permettaient d'échapper au contrôle des autorités de régulation. Il est rare que je sois pour des sanctions, mais je serais assez vite pour un Nuremberg du système financier.

 

24/10/2008

Pour un moratoire sur les charges des PME.

La crise financière révèle peu à peu l'ampleur de la dépression économique qui s'empare de l'économie mondiale. Comme le note un économiste de l'activité boursière de Groupama, la particularité de notre époque, en regard des précédentes périodes de dépression, est le niveau inégalé d'endettement de l'ensemble des acteurs économiques. C'est la crise de solvabilité que j'ai évoquée dans une précédente note.

Pour la résoudre, c'est sur l'économie réelle qu'il faut agir et, plutôt que de promettre subventions et prêts à des entreprises qui sont en fait déjà mortes, c'est sur la trésorerie de l'ensemble des acteurs économiques qu'il faut s'employer. Parmi les entreprises, le tri se fera quoi qu'il arrive : celles qui ont quelque chose à vendre survivront, celles qui n'ont pas su s'adapter périront. En finançant aujourd'hui des entreprises non viables, selon le programme de la majorité qui jette de l'argent sans discernement, on condamne de fait les plus fragiles de celles qui pourraient survivre mais qui devront assumer le remboursement des dépenses idiotes d'aujourd'hui. C'est aberrant, à courte vue, mais c'est ce que réclament les brillants spécialistes et les coquins qui se nourrissent dans l'ombre du pouvoir.

En favorisant les prêts à des entreprises moribondes et la relance par la consommation, on applique le programme de la plus stupide des gauches, celle qui a toujours conduit les États à la banqueroute, on donne l'illusion que la machine repart, alors qu'on prépare seulement des crises bien plus graves encore pour l'avenir. On tourne le dos aux solutions réelles en préférant le confort du mensonge, on reprend le pillage des générations futures, selon le schéma bien connu de la dette publique.

Et il n'est même pas sûr que l'illusion se fasse, tant l'endettement alourdit déjà les pas de l'ensemble des acteurs de l'économie.

En fait, puisqu'il est question de dépenser des masses importantes d'argent, il vaudrait mieux en profiter pour améliorer la trésorerie des petites entreprises en décrétant un moratoire sur leurs charges, le temps de réformer lesdites charges dans un sens favorable à l'économie réelle, puis d'appliquer rétroactivement le nouveau tarif de charges ainsi réformées. Cela et cela seulement serait utile à l'économie réelle.

Donc soyons courageux, ne gobons pas ce que des affairistes véreux obtiennent de nos gouvernants, réclamons un effort immédiat pour l'économie réelle, un small business act européen, une autorité mondiale de régulation des firmes multinationales, et, pour notre pays, un moratoire sur les charges des PME préludant à une libération de l'économie réelle.

23:07 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : économie, crise financière, pme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/10/2008

Sarkozy ne sait que dépenser.

Il paraît que Sarkoseille tente un putsch pour conserver la présidence de l'Eurogroupe pendant un an.

Alors, il faut quand qu'on leur dise ... ce type est fou, si vous lui laissez les clefs du coffre-fort, il nous aura tous ruinés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Rappelez-vous qu'il a été LE ministre du budget qui, en deux ans, a réussi à faire bondir la dette de l'État de 30% !

Évidemment, lui, il est aux anges, avec les milliards qui dansent devant ses yeux, il est ivre de puissance fictive. Et il ne veut plus les lâcher, "ses" milliards. D'autant moins qu'ils semblent lui redonner un peu la cote, comme si sa popularité était strictement proportionnelle aux réserves qu'il peut claquer.

C'est un flambeur.

Ne lui donnez pas la clef.

Et lui, grisé, il s'agrippe. S'il est en charge de l'Eurogroupe, avec tous les miracles qu'il y fait, ses Européennes sont dans la poche.

Hélas, qu'il y prenne garde : dans trois mois, quand il aura croqué les centaines de milliards d'Euros de l'Eurogroupe alors que de nouveau la situation se dégradera, du haut de son trône, c'est lui qui concentrera tous les regards.

Et tous les courroux.

21/10/2008

De la crise de liquidité à la crise de solvabilité.

Au début de la lutte contre la première forme de crise, en janvier dernier, il était décidé que l'économie américaine manquait de liquidité. De là un plan de relance qui n'eut, semble-t-il, aucun effet, puisque le léger rebond de croissance que connurent ensuite les États-Unis était dû à la faiblesse du dollar qui améliorait la compétitivité des produits américains à l'export.

Cette réalité de l'inefficacité fut ignorée par nos savants et magnanimes économistes qui pardonnent toujours à la réalité de ne pas leur obéir.

Obstinés, ils continuèrent à réclamer consolidation de la sphère financière (malade à son tour), en affirmant avec un aplomb de médecin de Molière, que tout cela n'était qu'humeur et qu'un bon cataplasme viendrait facilement à bout de la fièvre passagère, après quoi tout rentrerait dans l'ordre, la crise de liquidité n'ayant de cause que psychologique (pour ne pas dire hystérique) et ne correspondant à rien de sérieux en matière d'économie réelle.

C'est donc avec la même foi dans un cataplasme de moutarde posé sur une jambe de bois, le même acharnement du placebo, que le secrétaire américain au Trésor s'apprête à engager une nouvelle relance de l'économie, qui sera certainement suivie, celle-là, par l'Europe, désormais entièrement gouvernée par la foi superstitieuse dans les vertus du marché.

Au nom de cette superstition, on tolère les mesures dirigistes et étatistes adoptées par l'Europe. Elles ne coûteront rien, puisque bientôt, "tout rentrera dans l'ordre". On se ment et on croit mentir, en prenant des décisions volontaristes, parce qu'on est persuadé (ou on le paraît) qu'elles seront provisoires.

Or pendant ce temps-là, pendant qu'on soigne des maux imaginaires avec des potions fictives, mais coûteuses, le vrai mal court et sa progession se nourrit du mensonge entretenu par ailleurs. Ce vrai mal, c'est la crise de solvabilité.

Il fallait bien que la problématique de la dette ressurgisse à un moment ou un autre.

19/10/2008

Quatre nouvelles observations sur la crise financière et économique.

1 ) Pauvre Caisse d'Épargne

Contrairement à Luc Mandret, je ne suis pas client de l'Écureuil, cet animal pas futé dont on vient de redécouvrir qu'il a pour fâcheuse habitude d'oublier où il planque ses noisettes.

La Caisse d'Épargne est une institution financière quasi-bicentenaire, connue pour sa gestion prudentielle et sa multitude de clients modestes, voire très modestes. C'est presque une banque sociale. Hélas, quelque crâne d'oeuf, on ne sait où, a eu l'idée géniale de lui ôter son produit phare, le  monopole du livret A, pour le confier à des établissements qui n'ont rien à faire des petits clients, ce qui devrait à terme porter un coup très dur au livret A ou le reconcentrer sur un établissement spécialisé.

Prévoyant la première évolution et la perte de leur monopole, les dirigeants de la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE) - il s'agit en fait d'une fédération de caisses locales mutualistes - se sont lancés dans le contraire de leur métier : la spéculation au long-cours. D'après le site Médiapart, relayé par le Canard Enchaîné, l'Écureuil se serait fait carboniser aux États-Unis dans l'affaire des subprimes et diverses autres opérations hasardeuses. Prudemment, il a annoncé se rapprocher d'un autre système mutualiste : la Banque Populaire. Et là-dessus, on lui impute encore 600 millions d'Euros de perte en quelques heures (qui suggèrent au passage que l'Écureuil est bien menacé et qu'il a tenté un banco pour se renflouer).

Il me paraît donc urgent de crier QU'IL FAUT SAUVER LA CAISSE D'ÉPARGNE. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ils n'ont pas tenté leur mutation plutôt vers des activités proches de leur métier initial, comme le micro-crédit. Cela aurait été plus malin que d'enterrer tes noisettes, l'écureuil...

2 ) Pauvre Banque de France

La création d'un organisme qui ressemble à une société d'économie mixte, en partie corporative, en partie étatique, destinée au refinancement des banques, laisse rêveur sur ce qui reste de mission à la Banque de France depuis la créatioin de l'Euro. Vient-on en fait de reprivatiser la Banque de France (nationalisée par Léon Blum) ? Question accessoire : les gouvernements européens ont-ils fait en sorte de court-circuiter la Banque Centrale Européenne ? Et de le faire au profit du marché et des intérêts privés alors que ceux-ci viennent de faire la preuve éclatante de leur incompétence ?

Comme disait Shakespeare, "to die is nothing : to be or not to be, that is the question", mais tout de même...

3 ) Le monde se vautre dans la relance par la consommation

Le plan de sauvetage des banques est un leurre. En fait, il s'agit bel et bien d'un plan massif de relance keynésienne.

Or la relance coordonnée de toutes les économies ocidentales va donner un coup de fouet à la production ... chinoise, alors même que les Chinois n'ont pas déboursé un liard pour la relance, et à la production ... de pétrole, alors que les rentiers du pétrole n'ont pas versé un denier pour la relance. Quelqu'un a le nom du brillant inventeur de cette merveille ?

Accessoirement, l'idée centrale du keynésianisme (une relance provisoire) est explicitement invoquée par nos dirigeants, qui la mêlent à la conviction très libérale que le système va retomber de lui-même sur ses pieds et que les dépenses publiques actuelles ne coûteront donc rien au contribuable. Tout cela est une triste farce. Hélas.

En fait, on établit un système de perfusion permanente des grands groupes industriels, qui seront très heureux de bénéficier de nos impôts pour beurrer leurs tartines de caviar, cependant que nos PME continueront de sombrer. Quel bonheur !

4 ) Qui va sauver l'État ?

Je sais que parmi quelques-uns de nos petits copains libéraux intégraux, il s'en trouve pour souhaiter la mort de l'État ("act local"). Ils ont tort, du moins tant que n'existe pas un gouvernement mondial, un État universel. Car c'est l'effacement des structures étatiques qui produit l'atmosphère guerrière dans laquelle le monde baigne ces temps-ci. Dans le monde des puissances nucléaires, la guerre n'est presque pas possible, mais dans celui de bandes privées qui sont trop modestes pour l'efficacité d'un tir nucléaire, la guerre redevient possible. Autrement, la crise mondiale des institutions mène le monde vers la guerre universelle, non pas des guerres mondiales rangées comme autrefois, mais une guérilla permanente, dont les faibles sont toujours les premires victimes. Donc il faut sauver l'État.

17/10/2008

Quitterie Delmas et l'orthodoxie économique bayrouiste.

Ces deux courtes vidéos ont été distinguées l'une de l'autre par leur auteur, pourquivoter.com (je donne ici la vraie adresse de pourquivoter.com, étant distraitement passé par le truchement de voter2007),mais elles forment un tout, une seule réflexion sur la politique économique et la politique de l'emploi. Je vous les livre donc ensemble.

 

 

21:00 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : économie, quitterie, bayrou, modem | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Cinq observations sur la crise économique et financière.

1 ) Merci Chirac, merci Villepin

À partir de 2003 et du refus de la guerre d'Irak, les grands groupes français se sont retrouvés "tricards" aux États-Unis. De là sans doute le fait qu'ils sont moins en première ligne que d'autres, même s'ils s'apprêtent à subir la crise par ricochet.

2 ) La crise est-elle déjà plus profonde en France qu'on ne nous le dit ?

À quoi peut bien correspondre le montant de 360 milliards d'Euros, alors que jusqu'ici, nos institutions financières se sont bornées à annoncer quelques milliards de pertes chacune, très absorbables par leurs fonds propres, et très loin du total de 360 milliards ?

3 ) La tentation cannibale

On rerpoche aux banques de ne pas prêter aux entreprises et de ne pas se faire confiance entre elles, mais il est évident que les lignes de crédit extraordinaires ouvertes par les autorités étatiques ont un effet d'aubaine, et que certaines banques thésaurisent sur les prêts qui leur sont consentis, et qu'elles le font certes pour faire face à de nouvelles dépréciations d'actifs qui seraient consécutives à l'approfondissement de la crise économique, mais aussi pour profiter de la faiblesse d'autres banques pour les racheter, avec la logique de vautours qui oublient que la chair putréfiée devient toxique si l'organisme qu'ils visent est mort empoisonné, empoisonné par des subprimes par exemple.

4 ) L'impact de la dépression et la distribution des cartes

Les chutes actuelles des bourses mondiales sont dues aux anticipations de la récession de l'économie réelle, récession aux États-Unis et impact de cette récession particulière sur le reste du monde. L'un des enjeux de la période qui s'ouvre est de savoir le poids respectif des bassins économiques. Jusqu'ici, une récession américaine suffisait à elle seule à plonger le reste du monde en récession. Sera-ce toujours le cas ?

5 ) Le nouveau statut de l'Euro

L'effondrement du cours des matières premières en dollars ne fait pas plonger l'Euro. Autrement dit, pour acheter à l'Europe, les pays rentiers du pétrole vont devoir puiser plus dans leurs réserves. Cela va-t-il les inciter à tenter dans l'avenir de minimiser le risque de change en demandant à être payés partie en dollars et partie en Euros ?

14/10/2008

2000 milliards d'Euros pris dans la poche des fauchés pour sauver le caviar des banquiers.

Les 15 semblent avoir eu raison d'engager l'Euro dans la bataille financière. Il est vrai qu'en inondant le marché d'un crédit de 1700 milliards d'un coup, il y avait de quoi se goinfrer et on peut imaginer qu'il faille quelques jours au Moloch des marchés financiers pour digérer cet épais potage.

Et pourtant, rien n'est joué. Jusqu'ici, toutes les injections d'argent frais ont produit le même effet de rémission, et juste après, la rechute. En sera-t-il de même ?

Les ronchons pourraient aussi observer que c'est l'argent des contribuables européens qui vole au secours des riches financiers nord-américains, mais la chose de ce point de vue est moins simple qu'il n'y paraît, le système économique américain étant peu à peu racheté par des étrangers. D'ici à ce que le nouveau mastodonte Chrysler-General Motors, dont on parle, soit racheté par Mercedes, il y a peut-être un fossé encore, mais à la prochaine crise... et il en va de même pour les structures financières malmenées de l'ex-Nouveau Continent. Donc, nuance.

En revanche, il est malhonnête de prétendre comme le fait Christine Lagarde, que les contribuables français n'auront pas un nouveau centime de dette dans l'affaire : c'est faux. Il suffit de lire l'excellente interview du nouveau nobel d'économie prise sur lemonde.fr par Quitterie Delmas (ce n'est pas parce que je ne comprends rien à la femme que je ne soutiens plus la politique) pour se rendre compte que la récession atteindra des profondeurs inédites depuis longtemps et que, par conséquent, certains des prêts faits par les États aux banques seront plantés. Et si vous croyez que les bénéfices des autres couvriront ces pertes, vous vous mettez le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate : grâce à ces Messieurs les politiques et à leurs amis désintéressés, l'État achète toujours à perte et revend sans bénéfice... sans bénéfice, sauf pour les affairistes.

Donc ce sont bien nos impôts, les miens, les vôtres, ceux des fauchés, qui vont payer le caviar de ces Messieurs les banquiers. Une seule consolation : la Caspienne (d'où vient le meilleur caviar) est tellement polluée, qu'ils finiront par en crever.

Bon appétit, Messieurs.

Dernière minute pour prouver que je ne mens pas : ici.

12/10/2008

Crise financière : il est urgent d'attendre.

L'Eurogroupe se réunit (enfin) cet après-midi, en écho à la séance de crise du G7. Il est bon que les instances dirigeantes des pays se rencontrent dans cette période de crise et que celle qui incarne les pays de l'Euro, notre monnaie, se montre unie et forte.

Cependant, la crise financière que nous vivons, la crise économique désormais, est une explosion nucléaire. Nous voyons son champignon, mais nous n'avons pas encore commencé à sentir son souffle. Il balaiera tout sur son passage, y compris les fragiles efforts actuels, dont le seul effet est de handicaper la reconstruction d'après l'effondrement.

C'est pourquoi, au lieu d'injecter de l'argent qui n'existe pas dans des entreprises qui n'existent plus, il est urgent d'attendre.

12:00 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : crise financière, finances, économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/10/2008

Incorrigibles.

La majorité se livre en ce moment à un véritable festival. Un feu d'artifice.

A tout seigneur, tout (dés)honneur, commençons par le présiDENT de la république, sarkoseille, qui vient, d'une phrase, de nous expliquer que près de la moitié de l'enveloppe d'un milliard d'Euros prévue par le grenelle de l'environnement pour la recherche serait affectée à ... l'industrie automobile. Cela ne s'invente pas. Dans un instant, on va nous expliquer que l'autre moitié sera consacrée à des recherches sur le charbon propre, ou sur les OGM non nocifs... Un poème.

Dans le même temps, l'inénarrable Accoyer (qui n'aurait pas fini de tourner si on mettait, selon la suggestion d'Audiard, une certaine partie de la population sur orbite), suggère un emprunt d'état pour que les gens qui retirent leur argent des banques le confient à l'état, qui l'investira ... dans le sauvetage des banquiers, à qui il propose par ailleurs une amnistie fiscale, laquelle, c'est évident, est la toute première des priorités... Ce n'est plus un poème, c'est une épopée.

Enfin, j'ai lu avec une certaine gourmandise que Jean Lassalle lançait une accusation assez grave contre Nicolas Hulot : celle de l'écoblanchiment. J'ai déjà eu l'occasion d'utiliser ce mot à propos de Quitterie Delmas qui s'est engagée fermement avec d'autres publicitaires contre l'écoblanchiment. Et Hulot, qui n'est pas antipathique au demeurant, mais qui est tout de même financé par TF1 après l'avoir été longtemps par d'étranges subventions de la Ville de Paris chiraquienne, et qui, enfin, à l'instar de Martin Hirsch, avait négocié d'avance avec tous les principaux candidats à la présidentielle dernière, Hulot, donc, écoblanchirait gaillardement. Il y a donc comme une contagion du feu d'artifice, par capillarité, sur fond de fin d'un monde et, espérons-le, de nouvelle ère.