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08/10/2008

Le retour des services publics.

La logique de privatisation qui prévalait depuis 20 à 30 ans était fondée sur l'idée que la création des grands services publics, dans l'après-guerre, avait été subie par l'occident pour résister à la pression du modèle soviétique sur nos peuples. On va redécouvrir que la création de la SNCF, la modernisation de la poste, l'invention des organismes de sécurité sociale, tout cela avait matérialisé la conclusion tirée par les penseurs des causes de la crise de 1929 et des remèdes à y apporter.

En d'autres termes, l'existence des services publics n'est pas un facteur dogmatique, mais une nécessité pour le bon fonctionnement de l'économie de marché.

Dans ces conditions, il fauit d'urgence réclamer un moratoire sur les privatisations en Europe.

07/10/2008

Crise financière : tant de copains à placer !

La séance des questions au gouvernement, aujourd'hui, a parfaitement illustré la ligne résolument eurosceptique, voire europhobe, adoptée par la majorité. De toute évidence, selon François Fillon, il n'existe aucune relation entre l'Union Européenne et la crise. D'ailleurs, ce week-end, ce ne sont pas les dirigeants de la zone Euro mais les "grandes puissances" que Sarkozy a réunies. Y a-t-il un lien avec la petite baisse de l'Euro ? Qui sait ?

Un peu plus loin, j'avoue que j'ai frémi à l'idée que le gouvernement labellise les "bons" dirigeants à nommer dans les banques "fautives". D'une part, un gouvernement aussi mauvais économiquement me paraît mal placé pour choisir de bons dririgeants de banque ; d'autre part, on imagine l'énorme occasion qui pourrait s'offrir à Sarkozy et Fillon de placer leurs petits copains à la tête des grands acteurs financiers. Un cauchemar ?

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Le temps des voeux pieux.

Il est très flagrant, ces jours-ci, alors que la bourrasque financière s'abat sur l'Europe, de voir, d'entendre, de lire, toutes sortes de déclarations de principe des grands états, à peu près dans l'esprit du "plus jamais ça" qui a suivi la Ie guerre mondiale.

C'est à qui s'en donnera le plus à coeur joie pour appeler à moraliser les marchés, à sanctionner les indélicats...

Mais que diable n'ont-ils fait tout ça avant, alors qu'ils savaient ?

Décidément, leurs trop beaux sanglots ne sont que des larmes de crocodiles.

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03/10/2008

Tonneau des Danaïdes.

300 milliards en janvier, 600 milliards en septembre, pourquoi pas 1200 milliards en décembre ? C'est comme une drogue, une fois qu'on a mis le doigt dans l'engrenage, impossible de s'arrêter.

Le Canard Enchaîné signale cette semaine un cas semblable qui serait celui de la Caisse d'Épargne, laquelle a pompé 3,2 milliards en janvier et se trouverait en nécessité du double, soit 6,5 milliards.

Diable !

Cela s'appelle une croissance exponentielle, non ? Et si le puits n'a pas de fond ? Et si demain il s'agissait de 1200 milliards et de 13 milliards, puis de 2400 milliards et de 26 milliards ? Qui sait ? Engloutir ainsi des trésors sans connaître la profondeur du trou, est-ce une bonne idée ?

À votre avis ?

02/10/2008

Crise financière : quelle chance !

La crise financière et bientôt économique arrive à point nommé pour permettre à Sarkozy de s'émanciper de ses promesses de campagne. Finies, les promesses de ne pas augmenter la dette de l'État, finie la promesse de baisser les prélèvements obligatoires, finie la promesse d'augmenter le pouvoir d'achat. À la trappe ! De toutes façons, ces promesses-là, il n'avait jamais eu l'intention de les tenir. Comme disait Pasqua, les promesses n'enngâgent que ceux qui les enntanndent.

Sauf que nous, les promesses, on y croit, n'est-ce pas Quitterie ?

01/10/2008

Crise financière : l'illusion d'une illusion.

J'ai écrit que le Plan Paulson était en quelque sorte un emplâtre sur une jambe de bois. Aussitôt volée de bois vert décernée contre mon hérésie par un spécialiste en la matière, L'Hérétique, et un diplôme de suicidaire galonné décerné par le Dr Ginisty. Je lis aujourd'hui un article d'hier de l'excellent blog "Les coulisses de Bruxelles" sur la nationalisation "provisoire" de Fortis par les autorités de feu le Benelux, avec l'idée que, bien entendu, cette nationalisation n'est que transitoire, le temps que les marchés "reprennent leurs esprits".

Ce ne serait donc que cela ? une crise d'hystérie collective ? Une brutale illusion ? Les marchés financiers auraient des vapeurs et, le temps de jeter un peu d'eau froide sur la machine, tout rentrerait dans l'ordre ?

Mais alors, L'Hérétique et Ginisty auraient raison. Argh.

Mais non, ils ont tort. Le réseau Alcibiade, tout d'abord, a étayé (dans les commentaires) mon affirmation profane par celle d'un spécialiste dénommé Rubini, dont j'invite à consulter l'opinion ici. Ensuite, Frédéric Lefèvre-Naré (à ne pas confondre avec le liberticide Frédéric Lefebvre, il y a soi dit en passant des avantages à porter un nom rare comme Torchet, on s'y trouve rarement en mauvaise compagnie), Frédéric Lefèvre-Naré, donc, ayant observé que nous étions lui, Christophe Ginsty et moi des non-spécialistes, et que nous devions conséquemment faire preuve de modestie, je lui ai rétorqué amicalement que, vu que ce sont les spécialistes qui ont fichu le système par terre, il était peut-être temps de s'adresser à d'autres...

La crise actuelle est affaire de bon sens. Comme je l'ai écrit voici plusieurs jours, "on ne peut pas indéfiniment traire la même vache sans lui faire produire des veaux de temps à autre". C'est un problème d'adéquation de la production à la richesse.

On y trouve la conjugaison d'une bulle financière monstrueuse, d'un appauvrissement des habitants du pays le plus riche du monde (dû entre autres à la baisse du dollar), de l'incurie d'un système destiné à produire de l'argent coûte que coûte, de la financiarisation de l'économie qui en découle, et d'une pure et simple surchauffe.

La surchauffe est une phase de croissance économique aiguë, violente, démesurée, un emballement de la machine, qui conduit toujours à la dépression.

Or le monde vient de traverser une période de surchauffe, matérialisée par la frénésie du cours des matières premières, par un taux de croissance mondiale très fort, qui ne pouvait que déstabiliser les rouages de l'économie de notre planète (ce qui n'est que le moindre de ses inconvénients avec la déforestation, la pollution, la détérioration de notre planète et de notre avenir). Après la surchauffe, la dépression.

On comprend bien que les gouvernements européens cherchent à éviter la panique, mais doivent-ils pour autant mentir ?

La crise n'est pas que financière, c'est une dépression économique profonde, il n'y aura pas de retour des marchés au statu quo ante (et hanté). C'est pourquoi il est illusoire de prétendre empêcher le système financier de s'écrouler : ce serait impossible.

Il faut laisser l'offensive de l'ouragan se déployer et intervenir seulement au moment où elle faiblira. Tout ce qui sera fait entre-temps sera perdu.

Et pour éviter la panique, on peut aussi choisir mieux sa banque, merci Quitterie, et aller consulter la note des Amis de la Terre. Évidemment, choisir sa banque paraît un luxe, beaucoup de gens se contentent de l'établissement qui veut bien d'eux, mais c'est moins vrai qu'il ne semble et, pour ceux qui peuvent, cela devient une double responsabilité.

30/09/2008

L'échec du plan Paulson est une bonne nouvelle.

Il faut laisser le système financier s'effondrer. Il y a à cela plusieurs raisons.

La première est d'ordre moral : le système financier a commis une faute, il s'est arrogé une puissance excessive, il s'est voulu le maître, puis il a mésusé de sa puissance. Il s'est trompé, il a commis des fautes impardonnables qui sont pour beaucoup dans l'effondrement actuel. Il n'existe donc aucune raison de sauver le système financier mondial.

Laissons-le s'effondrer puis, si besoin est, recontruisons-en un autre avec ce qui sera resté de solide dans la débâcle.

Mes lecteurs vont me trouver sévère, voire glacial, au regard des conséquences de ce que j'appelle de mes voeux : l'implosion. Ils vont, comme la presse, la télé, comme Paulson, comme tant d'autres, trouver qu'"on ne peut pas laisser faire". Mais si. On peut. Et je dirais même plus : on doit.

En janvier, j'écrivais que le plan de relance de l'économie américaine ne servirait à rien d'autre qu'à cramer 300 milliards de dollars. Dans un premier temps, les 300 milliards ont paru efficaces, puis la réalité s'est remanifestée, en pire. Dépenser 700 milliards de plus n'aurait été qu'une folie supplémentaire : on n'arrête pas la mer avec les mains.

Le système financier est un jeu d'apparences, de confiances croisées, de paris sur du papier, du papier rédigé avec du vent. Une fois que le masque du papier a révélé le vent, l'ouragan se lève.

Et le voici, l'ouragan, il monte, il souffle, il tonne, il jette des éclairs. Il approche.

Qui a lu "Typhon" de Joseph Conrad sait qu'il ne sert à rien de marcher contre le cyclone : il faut au contraire se laisser porter par lui, se lier à lui, c'est ainsi qu'on le traverse en limitant les pertes. Laissons le cyclone passer. C'est après qu'il faudra réinjecter de l'argent dans tout ça, pas avant, encore moins pendant.

La guerre en Irak a coûté au moins 1500 milliards de dollars aux États-Unis. 1500 milliards de dollars, c'est à peu près le coût de la crise des subprimes. Ces 1500 milliards ont cruellement manqué à l'économie américaine, de là l'étendue de la crise.

Qu'on se le dise et qu'on se le redise : il n'y a pas de prospérité dans la guerre, pas de bonheur, pas même de destin. Dans la guerre il n'y a, comme disait Chrchill, que "du sang et des larmes".

Cette crise qui s'ouvre, nul ne peut en prévoir l'étendue ni la fin. C'est pourquoi il est illusoire de vouloir dépenser de l'argent qui n'existe pas pour sauver des entreprises qui n'existent plus.

Au lieu de nationaliser des banques, le gouvernement américain ferait mieux de nationaliser les fonds de pension. D'une part, parce que la logique purement rapace qui les a mus porte une lourde responsabilités dans l'implosion du système, en ayant découplé la logique financière de la logique industrielle, d'autre part parce qu'on n'ose pas imaginer le nombre de retraités américains que l'effondrement du système financier peut priver de ressources.

Cet argent-là serait utilement dépensé et d'ailleurs, cette nationalisation-là devrait coûter tout juste un Euro symbolique.

Et quand je pense qu'au milieu du cyclone, alors que le bateau fait eau de toute part, l'urgence absolue, LA priorité du gouvernement français, c'est de faire passer son funeste projet Hadopi au forceps, au nez et à la barbe de l'Europe... il y a de quoi se la prendre et se la mordre.

18/09/2008

L'Amérique se cherche-t-elle un nouveau modèle de croissance ?

François Bayrou le rappelait lors de l'Université de rentrée des Démocrates, les États-Unis ont opéré, dans les années 1970-80 un revirement profond de leur modèle de croissance : jusque-là, c'est par la classe moyenne que l'essor se nourrissait, par l'accession du grand nombre à une consommation abondante, et donc par un modèle fondé sur un enrichissement des modestes. Avec le reaganisme, l'inégalité est devenu le moteur de la croissance. Bayrou en concluait : "méfions-nous car, voyez-vous, ça marche ! ce système marche !"

Ah bon ?

Est-ce si sûr ?

La crise actuelle n'est-elle pas au contraire le fruit de l'accentuation des inégalités depuis 25 ans ? Le fait que l'on évoque sans cesse la crise de 1929 (et non pas celle de 1973) n'est-il pas significatif du fait qu'inconsciemment, nous savons que c'est parce que le pouvoir américain est revenu sur de nombreuses réformes du "new deal" de Roosevelt qu'aujourd'hui les États-Unis sont plus fragiles qu'hier ?

La croissance par l'inégalité s'est accompagnée d'un développement faramineux des nouvelles technologies de l'information. Le moteur de la croissance, dans le dernier quart de siècle, ce fut l'informatique, puis ce qu'on appelait au début en France (vers 1986-7) les "autoroutes de l'information", l'Internet. Or le modèle américain, comme Cendrars le montre très bien dans son roman "L'Or", est fondé sur la logique des filons, on trouve un filon, tout le monde se précipite, on exploite le filon, on l'use jusqu'à la corde, jusqu'au-delà de l'épuisement, puis on passe à un autre filon. Et le filon informatique est tari, il porte encore une croissance, certes, mais insuffisante pour devenir le moteur d'une économie. Il est en vitesse de croisière. Il faut donc trouver un autre filon.

Pour certains, c'est la guerre. La logique de la guerre en Irak est en effet très keynésienne, du point de vue américain : par la dépense publique, on relance la croissance. La recherche militaire peut servir à toute l'économie, Internet est là pour le prouver, et donc non seulement la fabrication d'armes nourrit des ouvriers, mais la reherche des industries d'armement propose l'avenir. C'est la logique de Bush et celle de McCain. en fait, c'est un échec, car rien n'en est sorti de solide cette fois-ci.

L'autre hypothèse que l'on rencontre, c'est l'économie durable, l'économie écologique. Là, les gisements de croissance sont énormes et les industriels américains, paraît-il, déjà tout prêts, dans les starting-blocks.

Seulement, cette économie-là nécessite des revirements culturels profonds de l'Amérique. Elle est incompatible avec McCain, incompatible avec le tout-pétrole, avec en fait tout ce qui s'est dit et pensé dans les milieux américains depuis déjà de nombreuses années.

La croissance par l'écologie, si elle voit le jour, signifiera donc une nouvelle mutation en profondeur de l'éthique sociale, sans doute un retour vers l'idée d'égalité, de développement par le grand nombre. La crise actuelle solde peut-être la période précédente, ce n'est peut-être qu'une épouvantable purge avant un rebond qui sera salutaire dans tous les sens du terme, et que les Américains, ont le voit bien, identifient clairement avec Obama.

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19/08/2008

Confusion budgétaire.

La majorité pratique la confusion : confusion des pouvoirs, confusion des rôles, confusion tout court tant tout y est nébuleux, et c'est la France qui finit doublement confuse, honteuse et égarée.

Puisque le président s'expose en président de l'Europe, courant de Moscou à Tbilissi, il faut que le premier ministre parle de l'Europe aussi : le voilà qui réclame une coordination des politiques économiques des pays européens. Ce faisant, il chevrote des incantations de père-la-rigueur que sa politique dément par la masse des cadeaux faits aux amis du régime et par le manque d'imagination abyssal des prétendues réformes économiques et sociales qui ne sont que la satisfaction des préjugés de la frange la plus rétrograde du patronat. Les déficits s'ouvrent, plaies béantes, sans remède autre que les microcosmiennes bisbilles au sommet de l'État.

Il y a peut-être une part de mise en scène dans ces bagarres de l'Olympe répubicain. Mais devant l'électeur, le char tiré par deux chevaux dont l'un braque à l'ouest, l'autre au septentrion, ne pourra guère prétendre à la victoire. On voit mal comment leur campagne européenne pourrait aboutir, tiraillée entre euroscepticisme et volontarisme européen.

En vérité, le problème central de l'Europe, outre l'absence du citoyen, est qu'un pays veuille y détenir le leadership : l'Allemagne demande trop et ne se montre pas assez modeste pour que l'idée européenne puisse continuer à s'épanouir sereinement. Cette réalité est perçue par les Européens et ajoute aux irritations courantes manifestées lors des référendums. L'Europe se fait à plusieurs ou pas du tout. C'est d'ailleurs aujourd'hui le problème du volontarisme : nos partenaires ont rarement envie de faire progresser l'Europe, même quand nous l'avons, ce qui est de plus en plus rare.

Dès lors, le discours de François Fillon réclamant une coordination économique européenne ne peut être interprété comme une initiative européenne, mais plutôt comme une phrase marketing française. L'Europe, entraînée dans la confusion générale, n'est plus qu'un hochet.

Vivement que nous ramène sur le chemin des vrais sujets l'excellente Quitterie Delmas.

31/05/2008

Le coût d'État permanent.

La rétraction de la "règle d'or" en "principe de présentation de programmation pluriannuelle en équilibre" en dit assez long sur la réalité des intentions de la droite qui a décidé de mépriser la dette qu'elle creuse chaque jour avec ardeur.
 
Dire qu'en 2007, on a eu une croissance officielle de 2,1 % et que cette croissance au-dessus des espérances n'a pas empêché l'endettement du pays de croître de 0,3 point, c'est assez souligner la gabegie de nos dirigeants. Et comme le souligne l'économiste Bernard Maris sur Marianne2.fr, cette gabegie pénalise les pauvres, elle prend aux pauvres pour donner aux riches. C'est peut-être pourquoi, finalement, le gouvernement s'en satisfait. Pas moi.

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28/05/2008

Le mensonge de la concurrence.

Chacun connaît l'expression "concurrence libre et non faussée". La concurrence est supposée motrice de l'activité et de l'ajustement des prix au niveau des marges les plus basses, le consommateur ayant une propension naturelle au produit dont le prix est le plus modique.
 
On nous explique que, très souvent, les grandes surfaces se trouvent dans une situation de monopole, c'est-à-dire d'absence de concurrence, et que, pour remédier à ce défaut de pluralité, il faut autoriser plus de grandes surfaces, et surtout, supprimer le principe de l'autorisation préalable, sauf pour les très grandes surfaces.
 
Il se trouve que les très grandes surfaces ont perdu des parts de marché dans les dernières années des statistiques publiées, et que le goût du consommateur semble le porter vers les assez grandes surfaces plutôt que les plus grandes.
 
En revanche, la suppression des autorisations fera disparaître une occasion de corruption que l'on dit systématique : celle du passage devant les commissions d'urbanisme commercial. Cette mesure ne peut donc que satisfaire les chaînes de grandes surfaces, qui seront moins dans la main des politiques et devront leur verser moins de commissions. Il s'agit aussi d'une moralisation, sans doute, mais on est un peu effrayé de voir croître encore les marges de manoeuvre d'un secteur dont la puissance est déjà excessive. 
 
Quoiqu'il en soit, j'avoue mon scepticisme.
 
En effet, chacun sait que les acteurs de l'économie contemporaine ont une propension naturelle aux ententes illicites. Ce n'est pas parce que l'on autorisera plus de super et hypermarchés que les prix baisseront. Autour de chez moi, j'ai deux supérettes, un Inno et, un peu plus loin, un hyper Carrefour. Chez Franprix, la bouteille de Volvic est à 0,58 €, chez G20, elle est à 0,56, à Inno à 0,55. Chez Carrefour, à 0,50. Les trois premiers sont dans le même périmètre, dans des immeubles de rues commerçantes. Le quatrième est en face du stade Jean Bouin, coincé entre un autre stade et le boulevard périphérique, loin de toute habitation. Il se trouve donc dans l'obligation de motiver ses clients à venir chez lui. De là les prix plus bas, outre le fait que c'est un hyper. On voit bien qu'à circonstances équivalentes, les prix sont globalement les mêmes : il y a un écart de 6% entre le plus bas et le plus haut. Il se trouve qu'Inno, le plus bas, est aussi plus grand, d'une taille médiane entre G20 et Franprix, qui sont deux grandes supérettes, et Carrefour. C'est déjà un vrai supermarché. Or il n'est qu'à un centime de moins que G20 qui est pourtant tout voisin. Ce n'est donc pas le pluralisme en soi qui favorise le jeu sur les prix, mais un ensemble de configurations dont le pluralisme n'est qu'une parmi d'autres.
 
Or en supprimant l'autorisation préalable, on ouvre la porte à l'installation des grandes surfaces aux meilleurs emplacements, ceux qui leur permettront de pratiquer les prix les plus élevés. 
 
C'est pourquoi il me semble que la mesure de la Loi de Modernisation de l'Économie (LME) a surtout pour but de favoriser le lobby des grandes surfaces au détriment du petit commerce. Dommage. 

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26/05/2008

Une louche pour les grandes surfaces.

C'est bien connu : le vrai salaud, celui qui tond patiemment le pauvre pékin de client, c'est le petit commerçant qui n'en fout pas une rame et se paie sans cesse sur la bête. C'est lui, le coupable, lui par qui l'inflation s'envole, et par qui le portemonnaie se vide impitoyablement. Ce thésaurisateur, ce vampire, cet étrangleur, cette sangsue, il faut donc l'écraser, l'éradiquer sans merci au profit du nouveau philanthrope, du bienfaiteur de l'humanité souffrante, généreux parmi les généreux, étoile dans la nuit du pouvoir d'achat en berne : le patron de grande surface.
 
Écrasons une larme. Une grosse larme, tant ce conte est beau et émouvant.
 
Rien qu'une.
 
Car de qui se moque-t-on ?
 
Qui fournit désormais l'essentiel de ce que les petits commerces vendent ? Le marché ? Le producteur ? Que nenni : ce sont les centrales d'achat, les mêmes centrales d'achat que celles qui fournissent la grande distribution. Les mêmes.
 
Alors, si l'on veut que le prix baisse dans le commerce de détail, c'est sur les centrales qu'il faut agir.
 
Tout le reste n'est que mensonge et alibi du fait que le gouvernement veut augmenter la part du commerce de détail dévolue aux grandes surfaces.
 
C'est un choix politique. On imagine que les grands partis y ont intérêt.
 
Et c'est Luc Chatel qui a craché le morceau dans une excellente émission d'Yves Calvi sur la 2, que Quitterie Delmas avait signalée en son temps et à laquelle participaient Périco Légasse et Maryse Lebranchu. Chatel avait dit : "la grande distribution, c'est 15% du marché en France et 30% en Allemagne, c'est pour ça que les prix sont trop élevés".
 
Donc l'objectif est connu : doubler les parts de marché de la grande distribution. Tant pis pour les commerçants.
 
Chacun jugera. 

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19/05/2008

La France s'appauvrit.

Depuis des années, la France s'appauvrit. Vous allez me dire que tout est relatif et qu'un quart de l'humanité aimerait bien pouvoir manger à sa faim régulièrement, c'est vrai, mais puisque nous vivons en France et que notre appauvrissement paraît profiter assez peu à ceux qui en ont le plus besoin (ce qui serait une consolation relative), autant l'examiner et en mesurer la raison, l'étendue et la portée.
 
Tout d'abord, vous allez me dire : "mais pas du tout, la croissance est certes faible, mais elle existe, la France s'enrichit, cependant que les Français, eux, stagnent, et c'est là qu'est le mal".
 
Non, la France ne s'enrichit pas.
 
Tout d'abord, il faut noter que dans notre croissance, il y a toujours une part de PIB non marchand, en particulier un relatif artifice qui consiste à intégrer dans le PIB le produit des services publics administratifs. Or s'il est vrai qu'il est difficile de les compter pour rien, il l'est tout autant de considérer qu'ils représentent une vraie création de richesse puisque, par définition, leur production est sans valeur, sinon sans utilité.
 
On peut discuter donc de cet artifice, mais surtout, il faut considérer la valeur des agrégats : la croissance est définie en monnaie constante, ce qui suppose que l'on corrige les chiffres bruts en fonction de l'inflation. Or tout le monde sait qu'en France, les chiffres officiels de l'inflation sont bidon, minorés. Et s'ils sont minorés, cela signifie que la croissance réelle est inférieure au chiffre officiel affiché, puisqu'il faudrait opérer une correction supplémentaire en fonction d'une inflation réelle supplémentaire pour établir un chiffre à monnaie constante.
 
Donc un chiffre de croissance surévalué.
 
Plus encore : une croissance entièrement gagée et au-delà.
 
Car le déficit des administrations publiques, qui se monte à 2,3 % du PIB, est de toutes façons supérieur à la croissance qui se monte, officiellement, à 2,2%. Et pour 2008, on s'attend à une croissance officielle inférieure à 2%, contre un déficit proche des 3%, donc une perte sèche de 1% du PIB, et voici des années maintenant que notre croissance est inférieure à notre déficit. C'est un peu comme si nous payions nos usines pour tourner. Qu'on ne sétonne pas si, ainsi grevés, nos revenus stagnent ou baissent en pouvoir d'achat réel.
 
La satisfaction marquée par Nicolas Sarkozy devant le (faux) bon chiffre de croissance est d'ailleurs contradictoire avec sa volonté affichée de demander à l'économiste Stiglitz de fournir une nouvelle définition des agrégats nationaux, dont en particulier la croissance. L'intéressant article de Barnard Maris, aujourd'hui sur Marianne2.fr, fait le point sur l'aspect fictif du PIB et de la méthode comptable.
 
Mais, encore une fois, si l'on va, paraît-il, constater une hausse moyenne du pouvoir d'achat disponible, celle-ci sera entièrement gagée sur l'augmentation de notre endettement collectif. Nous continuons à vivre sur les dettes de nos enfants.

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07/05/2008

Trichet a raison.

L'inflation est le premier danger des économies européennes à l'heure actuelle. C'est triste à dire, mais en période d'inflation, il ne sert à rien d'augmenter massivement les salaires ni d'ailleurs les autres revenus collectifs : ça ne fait que souffler sur la braise de l'inflation, l'argent qu'on donne est aussitôt cramé. Il faut au contraire contrôler les revenus et éviter leur dérapage, de façon à juguler le mécanisme inflationniste puis, une fois que celui-ci est enrayé, faire le bilan et corriger avec des hausses ciblées.
 
Chacun s'accorde à donner à l'inflation, ces jours-ci, une cause complexe : il y a d'abord l'inflation à l'intérieur même des puissances émergentes, bien plus forte encore que dans les pays déjà développés, en particulier en Chine. Là, cette inflation est purement et simplement un signe de surchauffe et de fin de cycle. Il y a ensuite une inflation plus "naturelle", due à la raréfaction de certaines matières premières, qui fait monter leur prix, avec la circonstance aggravante des effets de change. Il y a enfin l'inflation que les économistes dénoncent en ce moment : purement spéculative. On boursicote sur le cours des matières premières, qui montent d'une façon tout à fait artificielle. Résultat : la famine, le désordre des marchés, le drame humain.
 
Puisqu'une part non négligeable de l'inflation actuelle est d'origine artificielle et donc provisoire, appelée à être compensée par des tassements dans la période suivante, ne pas encourager l'inflation signifie modérer les hausses de salaires dans la période inflationniste et les encourager dans la période d'atterrissage des prix. C'est un peu l'idée de la TIPP flottante, d'ailleurs. Et si l'on ne peut que se réjouir qu'elle n'ait pas été rétablie, puisqu'elle avait l'inconvénient d'inciter les gens à consommer des énergies fossiles, on pourrait en revanche se demander s'il ne serait pas une bonne idée de l'expérimenter dans d'autres secteurs économiques.
 
Car il n'est pas normal que l'État fasse des périodes d'inflation des aubaines fiscales.
 
Les derniers chiffres publiés hier sont clairs : sur les douze derniers mois, l'ensemble des recettes de l'État progresse d'environ 3%, mais celles de la TVA augmentent, elles, de 8,5%. Ce différentiel, c'est très clair, est directement pris dans la poche des Français, c'est du pouvoir d'achat en moins.
 
Et cette ponction est d'autant plus effrayante que les dépenses de l'État continuent à monter (2,5% environ). Autrement dit, ce n'est que parce qu'on reprend par la TVA les cadeaux politiques (paquet fiscal, heures supplémentaires, etc) que le budget ne sombre pas tout à fait.
 
Alors, que se passera-t-il si l'inflation fait baisser la consommation, et si donc les rentrées fiscales indirectes ne montent plus ? L'État, n'ayant pas entrepris de réduire ses frais généraux, verra ses finances continuer à plonger. Et s'il se met à augmenter les revenus à sa disposition dans le seul but de masquer ses mauvais comportements, il ne fera que comme un drogué qui augmente les doses, vers l'overdose, non pas vers une solution.
 
Par conséquent, remercions l'Euro malgré ses défauts et la BCE malgré son conservatisme : en vérité, ce sont les faibles qui sont protégés par leur rigidité.
 
Et dépêchons-nous de remettre le train de l'État sur ses vrais rails pour qu'il s'occupe de ses vraies missions au service des faibles de France et d'ailleurs. 

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04/04/2008

Rigueur, économies, la méthode du saupoudrage.

Depuis l'inauguration de la présidence Sarkozy, l'impression qui revient est celle d'une illisibilité totale. À quoi rime la politique de l'État ? Quelle est sa ligne directrice ?
 
Les replis budgétaires annoncés aujourd'hui n'échappent pas à cette critique : ils traduisent une logique purement comptable et n'expriment aucune vision particulière pour l'avenir de la France, sauf en matière de politique étrangère.
 
Dans ce deernier domaine, l'affaiblissement de la France est l'obsession des sarkozystes : réductions d'effectifs de l'armée (35 000 hommes au moins), alignement systématique sur la politique des États-Unis, que celle-ci soit juste et cohérente ou qu'elle soit dangereuse et erratique (réduction du nombre d'ambassades sans mise en place préalable d'une structure commune aux Européens, création d'une base sur le Golfe Persique, loin de nos bases raisonnables et donc en pesant sur des budgets et des effectifs par ailleurs malmenés, etc).
 
Pour le reste, le glissement des classes moyennes vers la paupérisation, qui est le défaut de l'augmentation continue du SMIC depuis de npmbreuses années, ne peut qu'être renforcé par la décision de leur fermer de plus en plus de facultés, notamment pour l'accès aux habitations à loyer modéré. On voudrait que cette décision soit compensée par une politique très volontariste de créations de logements de tous niveaux, permettant de pallier le manque de plusieurs centaines de milliers de logements dont la France souffre actuellement.
 
En revanche, lorsque le gouvernement réduit les aides au départ des séniors, il est cohérent avec lui-même lorsqu'il affirme vouloir augmenter l'emploi des séniors en question.
 
En vérité, l'ensemble de mesures annoncées aujourd'hui pèche d'un défaut crucial : elles grèvent les actions de l'État au lieu de s'attaquer à l'organisation même de l'État et aux déperditions de budget consécutives à diverses formes de malversations. On veu s'attaquer aux fraudeurs des droits sociaux, mais que l'on commence donc par s'attaquer à ceux qui, à l'intérieur même des administrations, ponctionnent les budgets, soit par des malhonnêtetés soit simplement par des logiques de baronnies et d'enflure de l'égo.
 
En d'autre termes, l'État serait forissant s'il était débarrassé des amis du pouvoir. Que le pouvoir devienne vertueux et l'État sera bien.

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27/03/2008

La désespérance n'a pas diminué.

Comme Quitterie Delmas l'a très justement dit a plusieurs reprises, l'abstention record des dernières élections municipales est le signe d'une crise politique majeure. D'un côté comme de l'autre, on a beau nous affirmer que "circulez, y'a rien à voir, ce sont juste les électeurs de droite qui sont restés chez eux pour protester contre l'attitude de Nicolas Sarkozy et contre la politique du gouvernement", chacun sait bien que ce n'est pas vrai, et que l'abstention est le signe que la crise a repris.
 
Souvenons-nous de ce que François Bayrou disait pendant la présidentielle : une crise morale et politique sans précédent. La participation record de la présidentielle a paru démentir ensuite ce diagnostic, mais elle résultait seulement de la contestation du duopole par Bayrou ; dès les législatives suivantes, comme les démocrates n'incarnaient plus le même espoir de changement, la participation a commencé à s'affaisser de nouveau. Et voilà, avec les municipales, elle est au plus bas.
 
Il y a certes des gens qui ont cru dans les promesses de Nicolas Sarkozy. Quelle déception ! Bayrou le leur avait pourtant annoncé : les déceptions seront à la hauteur des promesses : énormes, folles, dangereuses.
 
Quelle déception. Moi-même (qui ai voté contre Sarkozy au second tour de la présidentielle), je suis surpris qu'il ne soit que ... ça.
 
Il vit dans un fantasme. Comme continueront à le répéter tous les psy qui se succèdent dans les colonnes des journaux et de "Marianne" en particulier, il ne cesse de nous parler de son enfance. 
 
Or son enfance... il avait huit ans quand Kennedy a été assassiné. Il a été ébloui, lui, le petit Nicolas, immensément, par l'émotion qui a envahi le monde entier à l'annonce de l'assassinat de Kennedy. Et ce qu'il admire dans Kennedy, c'est ça : cette émotion-là, cette mort-là. Il fait partie des gens qui font carrière pour l'éloge funèbre que l'on prononcera sur leur tombe, rien de plus.
 
Et c'est à la recherche de cette émotion-là, de cette mort-là, qu'il est parti à l'assaut des corps constitués et des intérêts établis en France : pour se mettre en danger, pour connaître la même fin que Kennedy, pour susciter la même émotion dans les tabloïdes, pour que son nom reste éclairé des mêmes lettres de néon. Il veut qu'on l'assassine.
 
Dans son fantasme, bien sûr, il y a Jackie Kennedy. Peut-être s'est-il paluché devant sa photo quand il avait treize ans. En tout cas, de la même façon qu'on demande à une pute de s'habiller en boniche ou en pompier, Sarkozy demande à sa femme, quelle qu'elle soit, de s'habiller en Jackie Kennedy. "Oh oui ! oh oui ! fais-moi Jackie Kennedy !"
 
Mais là où son obsession confine au délire, c'est qu'il peut se rêver en John F. Kennedy, sa politique, elle, n'est en rien ni novatrice, ni moderne, ni rien de tout cela : c'est la même que celle de Juppé en 1995, de Jospin en 1997, de Raffarin en 2002 et de Villepin en 2005 : le déclin, le démantèlement des droits sociaux, la dérégulation irréfléchie, le repli de l'État mais non des réseaux qui profitent de l'État, l'affaissement.
 
Or c'est cette même politique conduite à tour de rôle par les partis du duopole qui enfonce les Français dans la désespérance. Sarkozy, tout à son fantsame, peut ne pas le voir, nous, nous le savons. Les Français le savent.
 
Ce qu'ils attendent, c'est qu'on leur dise qu'il est possible de s'en sortir, qu'il existe de vraies solutions, sans mensonge, sans langue de bois. C'est à quoi nous, démocrates, autour notamment de Quitterie Delmas et de François Bayrou, nous nous emploierons.

20/03/2008

L'économie du livre au seuil d'un cataclysme.

En France, on lit de plus en plus. Mais on achète de moins en moins de livres. Que lit-on ? Internet.
 
Internet, c'est le grand retour de l'écrit : avant Internet, on avait cessé de s'écrire, on se téléphonait. Avec Internet, on s'écrit, on s'écrit dans le double sens : on écrit à l'autre et on écrit sur soi. De mail en blog, en passant par divers formes de messages et de grafiti sur les murs de facebook, on écrit et on lit sans cesse. Des messages souvent courts, certes, mais des textes.
 
Est-ce pourquoi l'on achète de moins en moins de livres ? Peut-être.
 
Quelques segments du marché ont déjà pris plus qu'un énorme coup dans les gencives : le livre de collection, par exemple. D'une part, parce que les gens n'ont pas d'argent, donc pas de fonds pour collectionner, mais aussi parce que des ouvrages jusqu'ici introuvables sont disponibles gratuitement sur Gallica, la version numérique de la BNF.
 
Tant mieux pour les lecteurs, me direz-vous, mais c'est un secteur commercial sinistré : il y avait une bonne demi-douzaine de librairies de livres de collection en Bretagne voici dix ans (outre le "nid" à Bécherel, ville qui s'est dédiée au livre), il n'en reste plus qu'une ou deux.
 
De la même façon, il n'y a plus, dans le Finistère (plus de 800 000 habitants), que deux librairies qui ne soient pas en outre Maisons de la Presse : une à Brest et une à Quimper. Et qu'arrivera-t-il quand les gens auront des journaux électroniques téléchargeables par Internet ?
 
Et qu'arrivera-t-il quand, à force de refuser de s'intéresser au livre numérique, les éditeurs seront complètement dépassés ? C'est ce que leur disait un intervenant lors d'une table ronde lors du Salon du Livre : longtemps, l'industrie musicale a refusé de se pencher sur le numérique et l'évolution qu'il imposerait à leur commercialisation. Un jour, tout leur est tombé dessus en même temps. À force de pratiquer la politique de l'autruche, ils ont fini par prendre tout de plein fouet.
 
Face à un marché en difficulté et à une mutation rampante, les principaux acteurs du marché du livre se sont lancés dans une course à l'autruche : c'est à qui sera le plus autiste.
 
Le livre de classe, à mon avis, ne gardera qu'une très faible part de marché sur papier et se concentrera sur l'électronique, avec d'ailleurs sans doute des formats html, voire combinant différentes technologies vidéo, audio, WiFi, et autres, qui en feront des outils pédagogiques de très haut niveau.
 
Le "beau livre" a beaucoup souffert de la contraction du marché. Sous l'impulsion de Taschen et maintenant de La Martinière, il a dû baisser considérablement ses prix pour conserver une existence. Sans doute y aura-t-il toujours des clients pour de jolies photos sur tous les supports (donc aussi papier). Seul le livre de très haut de gamme, présentant un contenu exceptionnel (comme les miens) durera sur papier sans décliner (voire même en mangeant peu à peu le marché du faux prestige).
 
Certains secteurs du livre, longtemps florissants, ont perdu de la croissance : c'est le cas du livre pour enfants, qui fut une véritable rente, une croissance exponentielle durant une très longue période. Les éditeurs du secteur semblent avoir pris la mesure des choses en se lançant hardiment dans le multimédia et paraissent en être récompensés.
 
Le livre de littérature (essai ou roman) va diversifier aussi ses supports. Je crois que c'est le roman qui subsistera le plus sur papier : difficile de se protéger du soleil à la plage en se couvrant le visage avec un livre électronique ! tandis qu'en ouvrant un roman de gare, c'est divin...
 
Plus sérieusement, l'objet livre est quelque chose en soi, une sorte de fétiche. Mais à une époque où les gens ont de moins en moins de place chez eux, on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils n'aient que des livres de papier.
 
On voit donc que je suis plutôt optimiste sur l'avenir. Oui, mais.
 
Les ventes de livres ne sont pas bonnes depuis plusieurs années. Pour faire face aux difficultés de trésorerie que cette dégradation leur cause, nombre de maisons d'édition ont choisi la fuite en avant, comme l'indiquait le blogueur Gillou le fou lors de la première table ronde du Salon : faire paraître un livre, c'est le livrer à son diffuseur. Celui-ci le livre à son tour au libraire ; le libraire le paie assez vite. Au bout d'un temps, s'il ne l'a pas vendu, il le rend au diffuseur et celui-ci le rend à l'éditeur qui rend l'argent. Durant le temps qui sépare cette dernière opération de la première, l'éditeur s'est fait de la trésorerie. La fuite en avant consiste à sortir de nouveaux livres pour ouvrir une compensation qui permet à l'éditeur de ne pas avoir à rembourser le libraire. C'est ce qu'on nomme de la cavalerie budgétaire, formellement interdit dans tout autre métier, mais vertement encouragé dans celui de l'édition.
 
Cette fuite en avant, comme toute autre, n'aura qu'un temps : la réalité finit toujours par triompher.
 
Car les premières années, on pouvait imaginer qu'elle eût un sens : gagner du temps en attendant le redressement du marché. Aujourd'hui, on sait que le marché ne se redresse pas et ne se redressera pas tel qu'il a été : entre-temps, il aura changé et, faute de s'y être adaptés, les acteurs du marché subiront de plein fouet et concomitamment l'émergence du nouveau marché et l'aboutissement de leur folie cavalière.
 
Je crois dans l'émergence progressive des acteurs du livre numérique. Les formules de manuscrit.com et de Lulu.com ont certainement de beaux jours devant elles et les autres éditeurs plus traditionnels finiront par s'y mettre, d'autant plus que c'est très compatible avec l'activité du libraire, dont le conseil est la plus-value commerciale, une sorte de critique littéraire de proximité.
 
En revanche, l'émergence du numérique va pénaliser lourdement un acteur et c'est sans doute pourquoi les poids-lourds freinent à l'évolution : ils dépendent de cet acteur. Cet acteur, c'est le diffuseur, celui qui achemine le livre de l'éditeur au libraire.
 
Il a un double rôle : celui de la promotion des livres (à travers des représentants) et celui du routage.
 
C'est un métier qui a déjà changé de nature depuis que les grandes surfaces généralistes contrôlent la majeure part du marché. Car le représentant n'a plus guère d'influence, moins en tout cas qu'auprès du libraire de quartier.
 
Ici comme ailleurs, la concentration excessive du marché vide les organisations commerciales de leur sens.
 
Mais c'est tout de même un métier encore, une branche qui, à l'instar des centrales d'achat du secteur généraliste, est très concentrée et encadrée sur un mode corporatiste. Les éditeurs sont très dépendants des diffuseurs.
 
D'autant plus que grâce à la loi Lang de 1981, le prix du livre reste encadré : s'il était libre, les diffuseurs perdraient leur pouvoir au profit des centrales d'achat et sans doute, les libraires de proximité perdraient une très grande part de marché, soit au profit des hyper ordinaires, soit au profit des structures de type FNAC, Virgin ou Espace Culturel Leclerc.
 
En tout cas, le numérique est le moyen pour les éditeurs de retrouver de fortes marges, parce qu'il permet des coûts très bas et un catalogue très diversifié (qui il est vrai pose le problème de la rémunération des auteurs).
 
Ne pas comprendre cette baisse des coûts et ce pluralisme expose les acteurs du secteur au dépérissement au profit des pionniers que je salue avec gourmandise. 

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04/03/2008

Lutte contre l'inflation : l'imposture.

Enfin, on admet que les prix dérapent. Dès mai, je fustigeais la relance par la consommation. Dès septembre, je jugeais cette relance d'autant plus contreproductive que l'inflation avait redémarré et qu'on risquait de se retrouver dans le même désastre qu'en 1975, avec la relance Giscard.
 
Dans un premier temps, le gouvernement a entrepris de faire croire qu'il bridait ses dépenses. Mais chaque fois que Sarkozy parle, il coûte un milliard à l'État. Résultat : les finances publiques ne s'améliorent pas et il ne reste guère de marge de manoeuvre pour juguler le dérapage des prix.
 
Alors, que trouve-t-on ?
 
Le tandem Attali-Leclerc, le technocrate et le marchand.
 
Et comme toujours dans notre pauvre républque, le technocrate et le marchand n'ont qu'un coupable en tête : le producteur (et vaguement le diffuseur).
 
Certes, le diffuseur fait souvent des marges confortables. Mais le producteur ?
 
Et si l'on étrangle le diffuseur, celui-ci ne répercute-t-il pas sa perte de marge sur le producteur ?
 
Or le producteur, lui, n'est pas en position de répercuter les efforts que lui demande le diffuseur. En définitive, tout lui tombe toujours dessus. C'est ainsi que depuis des décennies, notre tissu de PME du secteur secondaire s'appauvrit, au bénéfice de la grande distribution.
 
Or que propose le tandem Attali-Leclerc pour faire baisser les prix ? Miser à fond sur la grande distribution en supprimant les entraves au développement des grandes surfaces. C'est cette vue que le gouvernement endosse à présent sous prétexte de lutter contre l'inflation.
 
Combien y aura-t-il de morts parmi les PME françaises ?
 
Et combien parmi les commerces indépendants ?
 
Et combien de salariés en plus à gagner moins que le SMIC comme beaucoup de caissières de supermarché ?
 
Faire peser sur les producteurs le poids de l'inflation est une honte destinée à nourrir les grandes surfaces et leur capacité prévaricatrice.
 
C'est une véritable imposture dont le gouvernement devra rendre raison.
 
Et vous, gens du petit commerce, sachez-le : voter pour l'UMP, c'est creuser votre tombe. 
 
PS : Grâce à Quitterie Delmas qui l'a signalé dans son excellente note aujourd'hui, j'ai vu l'émission "Mots croisés" d'hier en podcast et je tiens à féiciter Maryse Lebranchu, maire de Morlaix (ah, la Bretagne !) et Périco Légasse (ah, "Marianne" des bons jours !) d'avoir défendu avec courage et énergie la position des consommateurs et des petits producteurs et commerçants face à la grande distribution.

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26/02/2008

L'inquiétude monte dans les forces vives de l'économie.

Selon une étude de l'IFOP qui a été peu reprise, réslisée autour du 1er février, 67 % des patrons de TPE sont pessimistes sur l'avenir, un chiffre en augmentation de 7% depuis octobre et de 21 % depuis juillet. De même, la confiance dans le gouvernement a perdu 19 points depuis juillet, s'établissant à 46%.
 
Voilà un secteur où les patrons ont massivement voté Sarkozy, et où ils ont été massivement déçus comme Quitterie Delmas le rappelait sur BFM radio (la "radio de l'économie") la semaine dernièe. 

12:06 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : économie, tpe, ifop, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/02/2008

Les prix augmentent de 2,8% en un an ; et vous, vous avez été augmenté ?

Incroyable ! mon McDo a augmenté de 3% d'un coup, ma Volvic de 10% en novembre, ma baguette de 6% en septembre, mon lait frais Candia de 25% en dix-huit mois, mon restau favori de 10% en décembre, bref, ça dérape. Et on nous annonce 2,8% d'inflation ? De qui se moque-t-on ? Et je ne parle pas de l'essence... du gaz pour ceux qui en consomment...
 
Perso, je suis indépendant, mes prix ne montent que quand je le décide, je ne bouge pas parce que mes produits sont coûteux et que ma clientèle fait ses arbitrages.
 
Mais vous qui êtes salarié ou retraité ? Vous avez été augmenté de combien, cette année ?
 
Dernière minute : Merci à la page web du Nouvel Obs qui précise ici ce que je viens de dire. (Il y a une excellente vidéo sur Canal Obs).