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07/12/2007

Quitterie Delmas dépoussière la politique sur France 2.

Quitterie Delmas était hier soir l'un des invités de la deuxième partie de l'émission politique vedette de France 2, "À vous de juger". Elle donnait la réplique à la plume du président Sarkosaure, Henri Guaino, à Julien Dray, ancien trublion devenu pensif, à Olivier Besancenot, ex-chantre de la nouvelle fraîcheur politique converti à la langue de chêne syndicale, et à deux journalistes outre Chabot : l'inusable Alain Duhamel et Claude Askolovitch du Nouvel Obs.
 
Un vrai baptême du feu, donc, pour la nouvelle égérie du MoDem, récemment promue déléguée nationale de ce mouvement par François Bayrou.
 
Arlette Chabot, un peu pincée, vexée sans doute que le MoDem ne lui ait pas envoyé l'un de ses derniers ténors habituels, a rechigné à annoncer la jeune promue et à lui passer la parole, cependant que son réalisateur se régalait à détailler son visage sous tous les angles.
 
Finalement, Quitterie Delmas eut la parole. Heureusement. Car si voici deux ou trois ans, c'était Besancenot qui pouvait prétendre incarner le renouvellement des générations et la modernité, cette fois ce fut Quitterie Delmas.
 
Loin de protester contre le temps d'attente qui lui était imposé, celle-ci a supporté son épreuve et, élégante jusqu'au bout, elle a même remercié Arlette Chabot de lui donner l'occasion de s'exprimer. On a du savoir-vivre ou on n'en a pas. Et d'ailleurs, grâce à cette force prodigieuse d'endurance et de maîtrise, elle s'est fait respecter.
 
Sur le fond, elle a défendu la société civile, les mouvements citoyens, contre une vision trop institutionnelle, trop politicienne, que subitement tous les autres incarnaient. Elle a relevé à juste titre que les initiatives du président Sarkotique avaient fait tomber définitivement les frontières anciennes, que désormais il fallait s'habituer à travailler sans s'enfermer dans le clivage droite-gauche, que les projets et programmes, comme Bayrou l'avait voulu dans sa campagne présidentielle, comptaient plus que les réflexes de camp.
 
Julien Dray, gêné, osant peu s'adresser à elle, a défendu la bipolarisation, tout en tendant la main au MoDem, parce qu'il croit que l'avenir du PS est dans l'alliance au centre dans l'esprit de l'évolution italienne.
 
Henri Guaino, très gêné lui aussi, n'a alors jamais manqué de prononcer, "la droite, la gauche, le centre".
 
Et Arlette Chabot, après avoir fait longuement l'apologie de l'alliance du PS à gauche en braquant son attention sur Besancenot, comme ce dernier ne fournissait que des réponses molles et embarrassées, a fini par revenir sur Quitterie Delmas, lui posant LA question :
 
- François Bayrou aurait-il pu être premier ministre de Ségolène Royal ?
 
Et Quitterie Delmas, sans se démonter, a montré que cette question n'était pas celle d'aujourd'hui, qu'aujourd'hui et demain, tout était possible entre tous les acteurs du monde politique, pourvu que l'on s'exprimât en termes de programme et non pour se distribuer des places ou s'agenouiller devant des idoles.
 
Du coup, Dray est reparti sans angoisse, Besancenot a paru particulièrement ringard avec son discours syndical à l'ancienne et le débat avec Guaino s'est terminé sans avoir commencé.
 
Où est passée l'opposition ? s'interrogeait le titre de l'émission. Dans la société civile, a répondu très justement Quitterie Delmas et c'est tout ce qui restera de cette émission, que le MoDem veut s'engager pour et avec la société civile plus qu'avec les appareils politiques.
 
Pour voir ou revoir l'émission (le débat en question est dans la deuxième partie) :
 
 
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06/12/2007

Un passage horrifiant de l'excellent livre de J.-F. Kahn.

Voici un passage du livre de Jean-François Kahn paru il y a une dizaine de jours, qui explique très bien pourquoi et en quoi les sarkozystes peuvent très bien se réclamer du blairisme et pourquoi, en revanche, il est horrifiant que Ségolène Royal en ait fait autant :
 
"Chômage britannique :
 
"La Grande-Bretagne, elle, mon bon monsieur, crée des milions d'emplois ; air connu.
 
"Ce n'est pas faux, mais la grande majorité de ces créations d'emplois l'ont été, ces dernières années, dans le secteur public, ce qu'on ne dit jamais. Et au prix, elles aussi, d'un important déficit budgétaire. Par ailleurs, le pays n'est parvenu à faire baisser fortement son taux de chômage qu'au prix de l'exclusion du marché du travail de 2,7 millions de personnes, considérées comme "inaptes au travail pour des raisons médicales". Si la France en faisait autant, son taux de chômage deviendrait inférieur à 6%."
 
On comprend mieux la référence à Blair chez Sarkozy. S'il s'agit de créer des Untermensch, des bêtas comme on dit dans le"meilleur des mondes" de Huxley, les deux seront d'accord.
 
Quant à parquer des gens inaptes au travail, les totalitarismes du XXe siècle l'ont tous fait. Dans l'Allemagne nazie, c'était l'antichambre d'Auschwitz, être improductif. Oh comme Blair est bon avec les animaux, on ne les a pas tués, les improductifs, on leur a juste donné le droit de vivre, de vivoter plutôt, avec une maigre pension, la misère.
 
Honte.
 
Que l'on relise Dickens.
 
Honte à Blair et à ceux qui se réclament de lui.
 
Oh, que je n'entende plus jamais un politicien français se réclamer de Tony Blaireau : ça se terminerait mal. 

05/12/2007

Un souvenir de Raymond Barre.

Puisque la situation lyonnaise s'est clarifiée, j'ai envie de rappeler qu'en matière d'économie et d'éthique économique, Raymond Barre a été le modèle de plusieurs générations.

Pour la mienne, c'est dans les années 1980 que s'est fait le contact avec l'ancien premier ministre.

Nous préparions sa campagne présidentielle, j'avais été l'un des principaux organisateurs d'une université d'été extraordinaire à Hourtin, en Gironde, énorme pour ce petit parti qu'était le CDS, qui m'avait valu de découvrir les beaux quartiers de la vieille ville de Bordeaux et quelques autres plaisirs locaux.

C'était fin août et début septembre 1987. Raymond Barre venait prononcer le discours de clôture de l'université et quand il apprit l'atmosphère extraordinaire qui y régnait, l'attente des gens venus par centaines, les 1500 inscrits du déjeuner de clôture, il décida de modifier son discours dans l'avion qui l'y menait.

Il voulut rencontrer l'équipe nationale des jeunes. C'est nous qui, autour d'Éric Azière (aujourd'hui homme-clef des investitures pour Bayrou), de Bernard Sananès (infortuné concepteur de la communication du premier ministre Dominique de Villepin...), de Joseph Macé-Scaron (aujourd'hui rédacteur en chef à Marianne après l'avoir été au Figaro Magazine), et de quelques autres, avions pris en charge toute la conception et la réalisation de l'événement, dont les autorités "aînées" du mouvement étaient seulement les bailleurs de fonds et, bien entendu, les vedettes américaines.

Il arriva le matin. Il faisait une chaleur écrasante dès le lever du jour. Le site, qui bruissait d'un nombre effrayant de conversations et d'autres activités diverses jusqu'à une heure très avancée de la nuit, venait à peine de s'assoupir quand il fut réveillé par la rumeur de cette arrivée prochaine qui provoqua une ruée sur les petits-déjeuners.

Raymond Barre nous aimait bien. Il avait dit de nous, les JDS, "une exigence intellectuelle et morale, un désir d'action". Ca nous correspondait bien, je crois.

Il sortit difficilement de la voiture qui l'amenait. Il caracolait dans les sondages au-delà de 25%. Tout le monde se précipitait sur lui comme s'il avait pu guérir les écrouelles. Il n'était guère à l'aise avec cette pression humaine. Mais on le voyait heureux. Il se sentait en confiance.

Pour notre petite équipe d'une bonne vingtaine de jeunes de 22 (mon âge alors, j'étais le plus jeune) à 36 ans (le plus âgé était le trésorier Albert Kalaydjian, aujourd'hui conseiller municipal de Saint-Ouen), une petite salle avait été ménagée en vitesse pour la rencontre au sommet. Nous eûmes l'impression de poissons en bocal, car les deux tiers des parois étaient vitrées et les gens absolument agglutinés aux vitres pour observer la scène.

Jean-Marie Daillet, alors député de la Manche et aujourd'hui président des anciens du MRP, se faufila dans la salle, seul aîné parmi les jeunes devant le héros de notre future campagne.

Barre avait un regard de cristal très bleu, avec un léger strabisme. Il s'assit au bout d'une table en fer à cheval, nous échelonnés autour de lui, et entreprit de nous dévisager de cet oeil inquisiteur où l'on devinait une profonde intelligence, en silence. Puis il demanda un café et au moins deux sucres.

Éric Azière avait été un peu plus tôt en Angola, Joseph Macé-Scaron au Liban (où je l'avais accompagné dans la délégation), on parla de ces deux pays. Barre expliqua à propos de l'Angola que l'Afrique attendait beaucoup de l'Europe comme troisième voie entre les deux blocs d'alors. Il confia aussi qu'il avait une fois bousculé le protocole en recevant lui-même l'ambassadeur d'Angola à Paris, alors qu'il est d'usage que le premier ministre ne reçoive que les "grands" ambassadeurs et non ceux des "petits" pays. Mais il se trouvait que l'ambassadeur en question était de ses anciens élèves...

Puis on traita de politique.

Tout de même, on était là pour ça.

Et je n'ai jamais entendu un plaidoyer aussi implacable contre la "mise en coupe réglée de l'État", comme il disait, ce système qui est bien plus que de la corruption, un véritable phagocytage de la structure publique, une utilisation des moyens de l'État à fin politicienne, des circuits d'exploitation financière et autres malversations de toutes natures. Et il précisait que, à cet égard, le RPR (aujourd'hui l'UMP) était "bien pire" que le PS.

Je ne l'ai pas oublié.

Puis il prononça son discours ponctué par un très ému et très émouvant "j'aurai besoin de vous" qui préludait à sa déclaration de candidature, qu'il fit dans la phrase suivante, nous donnant ce deuxième honneur.

Puis il fut le 1501e convive, maniant sa fourchette avec un appétit d'ogre, avalant d'un coup de dent une cuisse d'oie confite, puis une deuxième, après une ou deux douzaine d'huîtres, et avant un dessert, et avec divers médocs (on était en Médoc), et ... c'était vertigineux à voir, ce coup de fourchette.

Puis, toujours heureux, fortement nourri, il partit reprendre son avion. Un mois plus tard, je passai sous les drapeaux. Il était à 28%.

Il profita hélas de mon séjour forcé dans l'armée de l'air pour redescendre jusqu'à ses 16,5% finaux. Évidemment, sans moi, il était perdu ;-)

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04/12/2007

Lyon : une élection sans MoDem ?

Le retrait annoncé par Azouz Begag ce soir à l'émission de Michel Denisot ne paraît pas être une bonne nouvelle pour François Bayrou. En effet, le concurrent de Begag dans la course à l'investiture MoDem a la réputation tenace de vouloir faire liste commune avec Dominique Perben pour l'élection municipale dès le premier tour.
 
Certes, la situation lyonnaise est complexe : Michel Mercier, sénateur du Rhône, trésorier du MoDem, est aussi le président du conseil général de ce département. Pour lui, l'enjeu des municipales se conjugue d'une élection cantonale à haut risque. Et comme par ailleurs il a été reçu à l'Élysée par le capitaine du Titanic, le président Sarkozyme glouton, eh bien tout est compliqué.
 
Tout se passe comme si la mort de Raymond Barre, l'été dernier, avait sonné le glas d'une certaine génération politique rhodanienne (voire rhône-alpine). Le défunt et ancien premier ministre n'avait-il pas tout fait lui-même pour que sa ville fût dirigée après lui par son actuel maire, M. Collomb ? Au milieu de ce gué, une pluie diluvienne tombée du nuage Sarkomulus semble devoir noyer les enfants du barrisme.
 
Le retrait de Begag se fait sur fond de sondages qui se sont détériorés, il faut le reconnaître aussi. La campagne interne, très virulente, a-t-elle nui à la visibilité d'Azouz Begag ? Ses électeurs ont-ils été récemment impressionnés par le déculottage en règle (un de plus) de Sarkozip en Algérie ? Le président de la république commence à se faire une spécialité de manger son chapeau, comme s'il trouvait ça digeste.
 
Quoiqu'il en soit, le retrait d'Azouz Begag n'est pas une mauvaise nouvelle pour Gérard Collomb. Ce n'en est pas une bonne pour Dominique Perben car malgré l'absence de Bruno Gollnisch, il n'a qu'un faible espoir de conquérir la ville qui fut capitale des Gaules. Si le choc est frontal, droite contre gauche, sans MoDem, avec une faible extrême droite, la gauche l'emportera facilement. Chirac, en pensant tuer le centre en 2002 par la création de l'UMP, a fait le lit de sa double défaite régionale et européenne de 2004.
 
Précision :  grâce aux commentaires de cette note, il est maintenant clair que le MoDem présentera sa liste à Lyon et je m'en réjouis.

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03/12/2007

Après le congrès de Villepinte.

Il y aura une deuxième vidéo sur les perspectives municipales.
 
 

02/12/2007

Quitterie Delmas, déléguée nationale du MoDem.

Et voici le congrès fondateur du MoDem terminé. KPM, l'un des piliers des cafés démocrates de Quitterie Delmas, a rappelé que le MoDem était pour l'Europe des peuples et cette précision nécessaire a été ajoutée in extremis par Bayrou à la charte des valeurs. La charte éthique contient une sorte de code de bonne conduite de l'adhérent et des instances. Une assistance un peu moins nombreuse qu'hier mais très attentive a adopté les deux chartes à la quasi-unanimité.
 
François Bayrou, seul candidat, a été élu président à l'unanimité. Il a désigné un exécutif provisoire pour l'entourer, composé pour l'essentiel de parlementaires, les députés qui restent, des sénateurs, une députée européenne, plus Anne-Marie Comparini qui (bien qu'absente) a emporté l'applaudimètre devant tout le monde (sauf bien sûr Bayrou), comme une sorte de vox populi sur le cas lyonnais, et il y a ajouté une courte liste de jeunes qui incarnent la "nouvelle génération politique" qu'il veut faire émerger.
 
Quitterie Delmas, c'est bien le moins, a été le premier nom qu'il a cité dans ce rang de délégués nationaux.
 
La vocation des désignés est bien entendu de devenir des parlementaires. C'est donc avec logique qu'on a donné la coordination de leurs travaux à Pierre-Emmanuel Portheret, récent secrétaire général du groupe UDF à l'Assemblée nationale, qui va leur transmettre une part de ce qu'il y a appris.
 
Il reste à Quitterie à faire définir le périmètre de sa mission. La connaissant, j'estime qu'on se trompera si on l'étouffe sous le travail de dossier. Elle ne s'y plaira pas et, de ce fait, n'y sera pas efficace. En revanche, une mission de contact et d'agitation d'idées lui ira comme un gant. Il lui faut une vraie responsailité.
 
Mais au-delà de cet aspect, il reste que plusieurs blogueurs et plusieurs de ceux qui se sont réellement décarcassés pour l'élaboration des statuts ont été déçus de la composition très "sénatoriale" de l'équipe provisoire.
 
De fait, la place laissée aux militants est pour le moment limitée à Quitterie et à une partie des délégués nationaux. C'est à peu près comme si on n'avait désigné que la part "élus" du futur conseil national (qui remplace le bureau national prévu par la mouture 4 des statuts).
 
Dès lors, c'est dans l'élection de ce conseil national que la novation du MoDem va se jouer. C'est là qu'il faudra être présent.
 
Le délai, une fois encore, est court pour faire campagne. Internet doit se mettre en mouvement et en réseau pour tisser vite une toile pour les listes futures.
 
Car le vote (par correspondance) occupera la deuxième moitié du mois de décembre, soit dans quinze jours.
 
La base d'élection du conseil national est celle du nombre de députés par région (pas des députés MoDem, et pour cause) mais de tous les députés, ce qui reste un peu étrange et ne garantit pas une si excellente représentatitivté que ça, car il aurait mieux valu un prorata des adhérents.
 
Quoiqu'il en soit, l'échelle est la suivante : l'Île de France a 99 députés et aura une trentaine de représentants élus au conseil national.
 
Donc une région de 20 députés devrait en avoir 6 ou 7. À vos téléphones (à vos claviers), composons des listes.
 
(j'ajoute grâce à France Démocrate une photo de Quitterie prise durant le congrès, merci Okan).
 
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Naissance du MoDem : extraordinaire exercice de démocratie.

Et voilà : après plusieurs semaines de travail intensif, après des miliers de mails, des dizaines de milliers de mails même, des dizaines de notes sur des dizaines de blogs, après des soirées enfumées, arrosées, fiévreuses, laborieuses, après des débats innombrables, des déceptions et de nouveaux enthousiasmes, après le désespoir et le doute, les statuts du Mouvement Démocrate ont été adoptés aujoud'hui.
 
Comme promis, chaque mot des statuts a été discuté, soupesé, évalué, contesté, bousculé, remodelé, rapiécé, recousu, retissé, chaque pièce du puzzle réessayée.
 
Et François Bayrou, parfois tendu, parfois décontracté, tantôt fatigué et cassant, tantôt reposé et conciliant, tantôt enjoué, tantôt ferme, cherchant l'efficacité, n'hésitant pas à contester ce qu'il juge être l'apparence de la vertu au nom d'un réalisme insatisfaisant mais résistant, a joué son rôle, donnant son opinion, suggérant à ceux qui soutenaient des amendements de les retirer, soit qu'il les reprît à son compte, soit qu'il en contestât la pertinence, soit qu'il les jugeât redondants avec des dispositons existantes.
 
C'est ainsi que Bayrou repousse l'amendement qui voulait que l'équipe du président engageât sa responsabilité une fois par an devant le parlement du MoDem : en fait, ce parlement dispose d'un pouvoir de censure à tout moment ; donc pas besoin d'une redite. Exact. Quitterie Delmas approuve.
 
C'est ainsi aussi que Bayrou fait retirer un amendement qui proposait d'inscrire le refus du cumul de mandats dans les statuts : une semblable disposition existait dans les statuts des Verts et n'a jamais pu empêcher Noël Mamère de rester député-maire de Bègles. En revanche, Bayrou propose d'inclure la lutte contre le cumul dans la charte des valeurs. Quitterie fait la moue.
 
Bayrou accepte enfin que soit précisé le fait que la consultation des militants préalable à l'investiture des candidats soit sous la forme d'un vote, sauf dans les communes ne comptant pas plus de cinq adhérents (c'est du moins ce que Bayrou a dit, on verra si cette dernière précision est écrite). Quitterie approuve encore.
 
Quitterie Delmas, très concentrée, suit les amendements un par un sur un cahier imprimé, je lui demande où elle se l'est procuré, impossible d'en avoir un. Donc je ne participe guère à la discussion, abstraite sans le texte écrit.
 
Et voilà, fatigué à mon tour (accablé de fatigue par quatre heures debout vendredi pendant le congrès de l'UDF), sûr de voir Bayrou gagner le vote des militants, je repars avant le scrutin, voir un film et lire un livre, ce que j'ai fait.
 
Demain matin, investiture de Bayrou et discours de clôture, un beau moment de liesse à prévoir. Le combat ne fait que commencer. Combat pour la démocratie dans le MoDem, combat pour la démocratie en France, en Europe. Combat pour les valeurs.
 
Et Quitterie Delmas, très courtisée par les média, prépare aussi les échéances futures avec gourmandise et application. 

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01/12/2007

Deuxième épitaphe de l'UDF.

Le parc des expo de Villepinte est un vaste complexe de salles de congrès, à un jet de pierre de l'aéroport de Roissy, tout au bord du train régional qui vient de Paris en passant par le Stade de France et l'ancien aérodrome du Bourget. Le double congrès de l'UDF et du MoDem occupe un hall entier. Les bureaux d'accueil sont placés en haut, près des portes vitrées, ce qui est logique, puis on descend par un vaste couloir bordé de stands de fédérations départementales, offrant produits dérivés, gastronomie ou objets politiques divers. La fédération de la Gironde a orné son stand des affiches de ses candidats aux législatives de juin dernier.
 
Je suis arrivé vers quatre heures de l'après-midi. Le bureau politique n'avait pas encore terminé ses travaux. Olivier Henno, ami d'Éric Azière et homme-clef de l'UDF du Nord (il est maire d'une commune importante), debout, s'exprimait, de sa voix sans timbre, avec l'autorité de sa carrure drue.
 
Plus tard, j'appris que c'est à peu près à ce moment-là que les choses se décantaient : Arthuis affirmait son amendement à la motion Bayrou, Bariani soutenait Bayrou en esquissant un autre amendement qui prolongeait l'esprit de Bayrou, et tout s'organisait autour de ces mouvements. La réunion se termina sur le projet de soumettre la motion de Bayrou au vote et, au préalable, l'amendement de Jean Arthuis.
 
Ce dernier a été plus courageux que Robien qui, début 2006, n'a pas osé venir défier le congrès extraordinaire de l'UDF à Lyon.
 
La motion de Bayrou est simple : l'UDF subsiste comme personne morale, capable de gérer son patrimoine et ses intérêts moraux (ce dernier point résulte de l'amendement Bariani absorbé par Bayrou : il vise à permettre à l'UDF de se prévaloir contre l'usurpation de son nom). L'UDF adhère au Mouvement Démocrate, ses adhérents sont de ce simple fait adhérents au MoDem. Ses instances dirigeantes deviennent celles du MoDem.
 
Les spécialistes des fusions-acquisitions mesurent la portée de ces réalités : en vérité, l'UDF disparaît en tant qu'acteur politique.
 
C'est d'ailleurs à ce dernier décès que jean Arthuis tentait de s'opposer : son amendement visait à permettre à l'UDF de défendre non seulement ses intérêts moraux et patrimoniaux, mais aussi politiques, avec en filigrane un partage de la dotation d'État : la part électeurs revenait aux MoDem, la part parlementaires restait à l'UDF.
 
Bayrou a refusé de transiger. L'amendement Arthuis va être rejeté, ne recevant que moins de quarante voix sur plus d'un millier de congressistes encore présents en cette heure tardive.
 
Mais coup de théâtre : Michel Mercier évite la mise en minorité à Jean Arthuis, une formulation souple permet à chacun de sauver la face. Arthuis se rallie. 
 
Exit donc l'UDF, vive le MoDem.
 
Au passage, je signale que le siège du MoDem (objet du mot "patrimonial") appartient en partie non négligeable au MRP qui subsiste comme personne morale.
 
Bref.
 
Avant d'en venir au vote, la discussion a été interminable, conjuguant les heures de gloire de quelques reines d'un soir auxquelles on donnait enfin le micro et les interventions de quelques grandes voix de ce parti moribond.
 
Par moments, on avait l'impression d'une veillée funèbre. À d'autres instants, un orateur soulevait un peu la salle, qui s'assoupissait vite.
 
Quelques parlementaires s'exprimèrent, parfois d'une façon alambiquée.
 
Queques futurs candidats aux municipales (ou à des primaires en vue des municipales) le firent aussi.
 
Thierry Benoît se lança d'une voix forte, évoqua les centristes dispersés : Nouveau Centre, Radicaux de tout poil, et même à l'UMP qui sont partis en 2002 insista-t-il en mentionnant ainsi son voisin de circonscription Méhaignerie. "Et au PS aussi !" lui lança alors Quitterie Delmas de la salle.
 
En tout cas, lui, Thierry Benoît, restant fidèle à l'esprit de l'UDF, il voulait désormais pouvoir travailler avec la majorité. Il n'adhérerait pas au MoDem. Bayrou lui fit alors remarquer qu'il avait été élu avec des voix de tous bords, y compris de gauche. Mais c'était trop tard. D'ailleurs, Benoît a voté le budget.
 
Dans la salle, Quitterie Delmas, belle évidemment, citée comme contestataire de la candidature Sarnez à Paris par "Le Monde" d'aujourd'hui, recevait de nombreuses et chaleureuses visites.
 
Bayrou, lui, ne manquait pas une occasion de signaler son bonheur de pouvoir conformer sa famille politique à la France du nouveau siècle.
 
Et c'est fait : le siège de l'UDF et sa dotation d'État sont transférés au MoDem. Fin du premier acte.
 
Fin d'une structure politique qui, en trente ans, n'a gagné aucune élection majeure : l'Union pour la Démocratie Française. 

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29/11/2007

MoDem, un parti Iso ?

Plusieurs fois, Quitterie Delmas a employé, à propos du MoDem, l'expression, "ce doit être un parti iso", c'est-à-dire un parti où le contenant ressemble au contenu, un parti qui "fait ce qu'il dit et dit ce qu'il fait", un parti, selon l'expression de Victor Hugo, où "la forme c'est le fond qui affleure", un parti donc dont la structure et le message sont identiques, phasés, synchrones.
 
Il s'agit de sincérité.
 
Et c'est cette sincérité, avec la fraîcheur qui s'y attache, que les adhérents sont venus chercher dans ce parti nouveau qui combine la tradition démocrate à la française et la perspective d'un courant démocrate mondial à accomplir.
 
Pour commencer, pour être "iso", le Mouvement Démocrate doit être démocrate.
 
Il a des chances de l'être. La façon dont Bayrou a accueilli les revendications des adhérents, la souplesse qu'il a adoptée, la modestie de sa propre attitude, tout cela donne espoir que l'exercice de rédaction des statuts soit finalement aussi démocratique qu'il en a progressivement pris la tournure.
 
Bien sûr, on est parti tard, le délai a été court. Mais la ferveur a pallié la plupart des inconvénients de ces défauts. Le travail immense auxquels se sont livrés des milliers d'adhérents, séparément ou collectivement, aboutit à une abondance de propositions qui laisse augurer deux journées passionnantes ce week-end et, ensuite, la mise en place d'une structure qui, à travers d'autres luttes, constantes, produira de l'innovation, de la révolution sans violence, de la métamorphose démocratique.
 
Des luttes constantes ? Oui, pour être "iso" le Mouvement Démocrate doit être un mouvement.
 
Donc fini l'inféodation statique à la droite. Vive la quête de programmes créatifs, d'oeuvres utiles, tous azimuts. La société française souffre de lourds blocages. Le Mouvement Démocrate ne doit pas seulement être un mouvement pour lui-même, mais pour la France, pour les réalités. Il doit être un mouvement dans sa substance et dans ses actes.
 
Et si l'on se demande quel mouvement il doit vouloir imprimer à la société pour être "iso", je réponds qu'il faut que ce mouvement soit démocrate lui aussi.
 
C'est ainsi qu'il ira jusqu'au bout de sa nature "iso", ne fût-ce que pour le bonheur de Quitterie Delmas.

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28/11/2007

Négocier en France.

On reconnaît parfois au prézigoto Sarkozy (alias le président Sarkophage) le talent des sorties de crise. Oui, mais... pourquoi ces crises ?
 
Il semble qu'en France, il faille incendier une école, une bibliothèque, un chalutier, bloquer un train, taguer un amphi, brutaliser un policier, pour être reçu par le président de la République.
 
La grève a toujours été le moyen pour les ouvriers de contraindre les patrons à la négociation ; l'émeute semble être devenue le moyen ordinaire pour les populations de contraindre la société politique à la négociation.
 
Est-ce un syndrôme de mai 1968, séisme qui n'en finirait plus de produire des répliques de plus ou moins forte ampleur ? Est-ce seulement le symptôme de l'érosion de la France ? Est-ce le résultat d'une gestion humaine calamiteuse ?
 
J'ai tendance à penser que la raison fondamentale reste la troisième : le pouvoir demeure altier. Il se bâtit une clientèle. Pour entrer dans sa clientèle, il faut d'abord le secouer, puis négocier.
 
Un de mes cousins, qui possédait il y a peu des usines d'une industrie de main d'oeuvre (il prend sa retraite l'an prochain) me confiait que, de son point de vue, la CGT était un excellent syndicat : une poignée de billets de banque à la fin de la semaine, et la paix sociale était assurée. Selon mon interprétation, il y avait donc une institution, un corps intermédiaire, qui s'occupait (parfois avec violence) de calmer les humeurs des travailleurs. La réputation de la CGT était de savoir parfaitement étouffer un conflit. C'est d'ailleurs ce qu'un nombre croissant de cheminots lui reproche, comme on l'a vu récemment. Car les billets de banque descendent rarement jusqu'à la base.
 
Longtemps, grâce à l'implantation des familles syndicales ainsi apprivoisées, le pouvoir a pu considérer que la paix civile ne lui coûtait pas cher et, partant, ne pas se préoccuper de l'intérêt direct des populations. Quand il le faisait, c'était en calculant un peu plus large sa clientèle. C'est ainsi que les collectivités locales, à travers le RMI et nombre de mesures conjointes, croient s'assurer des réseaux d'affidés en leur faisant croire qu'ils bénéficient de leur générosité sociale.
 
Seulement, l'inconvénient de cette stratégie, c'est qu'elle ouvre des appétits qui, en fait, n'ont pas de fond, pas de limite. On n'est jamais rassasié des aubaines de l'argent public. De là une partie de l'hystérie périodique qui s'empare des populations les plus dépendantes.
 
Et la tendance récente de notre vie politique est encore pire : elle repose sur la manipulation des masses. Plus question de l'intérêt de l'être humain. Une foule est une statistique. Une mesure politique est une autre statistique. L'homme politique, à la façon de Sarkophage, se fait tout miel et hypertrophie sa propre apparence d'humanité pour mieux déguiser les rouages de sa machinerie. Il se fait robot et velours.
 
Au clientélisme se superpose la crétinisation. 
 
Dans les banlieues, un autre phénomène s'ajoute à ce mépris des institutions contre l'humanisme : les policiers sont saturés d'adrénaline. Aux dires de gens que je connais dans ces zones difficlles, dans ce nord parisien qui porte tous les stigmates architecturaux des cinquante dernières années, et où vivent des populations mêlant de nombreuses références culturelles, les policiers se conduisent comme des cow-boys. Ils se prennent pour les rois du monde. Comme si, Sarkozy président, il ne pouvait rien leur arriver.
 
Pire encore, quelques agités, parmi eux, ne cessent de multiplier les provocations, entrant dans l'engrenage stupide des provocations et des répliques. L'atmosphère détestable, constamment tendue, devient parfois éruptive : résultat du dernier désastre, à Villiers-le-Bel : deux morts adolescents et cent-dix policiers blessés. Pour quel effet ? Pour quelle cause ? Rien. Juste la bêtise.
 
Et de chaque côté la récupération politique bat son plein : Sarkophage qui ressort son invariable discours terminé par la locution "et-je-traînerai-les-coupables-devant-les-assises" (Bayrou, avec un humour discret, a taxé cette phrase d'"habituelle" dans la bouche de Sarkophage), cependant que les maires socialistes du coin, tout à leurs futures élections, se sont alignés comme une rangée de croque-morts.
 
Au milieu de tout cela, rien ne change pour les gens : ni le confort, ni la sécurité. De psychodrame en pantomime, leur réalité demeure.
 
C'est à cette réalité et non à leurs habituels mensonges que les politiques devraient s'atteler, faute de quoi, un jour, la réalité sera plus forte que leur mensonge. 

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27/11/2007

Quitterie Delmas et le cas de conscience du Val d'Oise.

Quitterie Delmas était l'invitée, ce soir, de Jean-Michel Cadiot, candidat du MoDem dans la législative partielle du Val d'Oise rendue nécessaire par la démission de Dominique Strauss-Kahn, désigné à la tête du Fonds Monétaire International. Or c'est dans cette circonscription qu'a eu lieu la veille la mort de deux jeunes tués par des policiers. Du coup, le café démocrate électoral a pris un tour grave et inquiet.
 
Grave d'abord en raison du deuil. L'humanité sincère du candidat Cadiot était touchée par le drame vécu par les familles des deux victimes. Son supléant, Ali Menzel, était même absent de tout le début de la réunion : il habite le quartier de l'événement, il a été témoin des toutes premières suites de l'affaire : les gamins abandonnés sans secours par les policiers qui se sont enfuis, effrayés peut-être, malveillants peut-être, hagards en tout cas. La colère immédiate du quartier.
 
Ali Menzel ne mâche pas ses mots : selon lui, les policiers avaient contrôlé les deux jeunes deux fois dans la même journée et les avaient menacés : s'ils les revoyaient sur cette même moto, ça se terminerait mal. Pour lui pas de doute, c'est délibérément que les policiers ont percuté les gamins. D'ailleurs, il note que la moto n'a rien, tandis que l'avant de la voiture est très abîmé.
 
Et aussitôt, il ajoute que, de son point de vue il ne peut plus être question de faire campagne à Villiers-le-Bel jusqu'à l'élection qui doit avoir lieu le 9 décembre, soit dans treize jours.
 
La discussion tourne alors autour de ce choix : faut-il continuer ? Faut-il s'interrompre ? Quel meilleur hommage rendre à la mémoire des victimes ? Comment saluer mieux leurs familles ?
 
En tout cas, pas question de récupération politique.
 
Et puis, comment faire éclater la vérité ? Comment lever le voile d'incompréhension ou de malveillance qui empêche les média de diffuser autre chose que la version officielle ?
 
Quitterie Delmas est alors bienvenue de rappeler qu'Internet est l'instrument idéal. Elle donne des clefs, suggère l'ouverture d'un blog citoyen des habitants de Villiers-le-Bel, où seraient diffusés images et témoignages, à la fois sur l'affaire et sur la ville, sa vie ordinaire et ses efforts pour le bonheur.
 
Elle obtient soutien de la salle et approbation. 
 
Je suggère aussi que les candidats demandent le report de l'élection. Ils y ont pensé. Cela pose des problèmes. Quitterie suggère que j'interroge Éric Azière, l'homme des élections du MoDem, mais celui-ci est injoignable.
 
La soirée se termine par quelques verres de vin et de modestes petits-fours, dans la fièvre des conversations passionnées.
 
Quitterie continue à prodiguer conseils et adresses.
 
Les amis d'Ali Menzel arrivent en fin de soirée : des jeunes auraient utilisé un fusil contre deux policiers.
 
Nous sommes incapables d'intérioriser cette information. Il est tard.
 
Sur la route par laquelle l'un des invités, affable (et ici remercié) nous ramène vers Paris, nous sommes dépassés par une longue file de véhicules de CRS et de police, les voitures banalisées alignant des rangées de casques de CRS sur leur plage arrière. Ali Menzel s'attendait à un embrasement et à de longues flammes.
 
Ce qui nous conduit tout naturellement à parler du congrès de l'UDF et de celui du MoDem, rendez-vous vendredi, autre embrasement, autres flammes.
 
Sur le trottoir où on nous laisse, Quitterie, très émue de cette soirée au coeur des événements, grille sa dernière allumette pour une marlboro dorée. Il fait frais. La politique est parfois dérisoire.

25/11/2007

Métempsychoses de l'extrême gauche.

Une partie de l'extrême gauche a voté Sarkozy pour pouvoir faire le "grand soir". C'est raté.
 
Pourtant, on leur avait dit que si Sarkozy était élu, toute la France serait dans la rue six mois plus tard. Ils y croyaient donc, à la "situation objectivement prérévolutionnaire" recherchée avec obstination par les marxistes-léninistes et autres trotskystes de tout poil. Seulement voilà : la France a déjà plusieurs révolutions au compteur. Elle sait se modérer. D'autant plus que ses dirigeants incapables ne savent pas se retenir de jeter l'argent par les fenêtres. Alors, s'il y a un jour une nouvelle révolution, ce sera 1789, pas 1793.
 
Ils le comprennent d'ailleurs. Et le loup se change en agneau pour entrer dans la bergerie. Après tout, Chavez n'a-t-il pas été élu légalement avant d'entamer sa réforme constitutionnelle qui semble destinée à faire de lui un "président à vie" à la mode castriste ? Et Hitler, n'a-t-il pas d'abord gagné das les urnes avant d'établir sa tyrannie ?
 
Ils viennent donc de fonder un nouveau parti, prêt pour l'action démocratique à fin révolutionnaire.
 
Première limite : ils n'ont pas résolu la question de la balkanisation de l'extrême gauche. Deuxième limite : s'ils réussissent, non pas à prendre le pouvoir, mais à s'implanter électoralement, résisteront-ils mieux que le PCF, ex-parti révolutionnaire, aux sirènes de l'encroûtement ?
 
En tout cas, il reste à souhaiter qu'ils contribuent à clarifier les choix à l'intérieur du PS entre ceux qui penchent vers eux et ceux qui penchent vers le MoDem. 

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24/11/2007

Pour la vertu municipale.

Mercredi soir, je suis allé dîner chez un cousin dans le XXe arrondissement, à l'autre bout de Paris. À court de métro et trouvant le trajet un peu long pour la bicyclette, étant donné le froid vif qui régnait, j'ai pris un taxi. Le chauffeur, âgé d'une trentaine d'années, dont les parents devaient être venus d'Algérie avant sa naissance, m'expliqua qu'il venait de débuter dans la profession après avoir été livreur pour le journal "Le Monde", qu'il jugeait un patron odieux. Il se félicitait de son nouveau métier. Et, de fil en aiguille, il en vint à évoquer ceux qui, au lieu de se battre comme lui, préfèrent vivre dans l'assistanat. Il relata un reportage qu'il avait vu un peu plus tôt à la télévison, sur un chômeur qui touchait une indemnisation depuis des années sans travailler jamais. Je l'interrompis, un peu agacé :
 
- Mais ça, c'est ce que dit la télé. Et vous, est-ce que vous en connaissez, des gens qui vivent comme ça ?
 
- Oui, dans ma cité, il y en a un.
 
J'eus envie de faire remarquer qu'un sur une cité, c'était peu.
 
- Il y en a un, poursuivait-il : il est au RMI. L'APL (Aide Personnalisée au Logement) couvre son loyer à 50 Euros près... Il touche en plus des bons alimentaires, 50 Euros par semaine.
 
En somme, concluait-il, il vit très bien et ne voit pas pourquoi il devrait travailler.
 
À sept Euros de nourriture par jour, ce n'était évidemment pas un gourmand.
 
Une jeune femme que j'avais rencontrée dans un café m'avait fait lire le manuscrit de son roman, avant l'été, qui évoquait d'autres situations où les municipalités en font trop : il s'agissait de grands dadets auxquels les villes, quoiqu'ils fussent français, offraient des voyages collectifs dans leurs pays dits d'origine, dont ils ne parlaient cependant pas la langue et où leurs séjours étaient le plus souvent écourtés, tournant au vinaigre. Elle estimait, du haut de son expérience d'assistante sociale banlieusarde de vingt-cinq ans, que les communes faisaient cela pour la paix civile dans les quartiers, l'été : il fallait tout simplement éloigner les jeunes, coûte-que-coûte.
 
Elle poursuivait sur les autres moyens utilisés pour choyer ceux qui ne travaillent pas.
 
C'est ainsi que je vois se dessiner, de jour en jour, le clientélisme municipal, une des corruptions les plus cyniques et les plus pernicieuses. Encourager les gens à la dépendance plutôt qu'à l'indépendance.
 
À l'autre bout de la chaîne, la vieille affaire Chirac a réveillé le souvenir d'un temps où l'argent coulait à flots sur le personnel politique, sur les journalistes, les syndicalistes. Mais aussi, à travers les marchés publics d'Île-de-France (et d'ailleurs) sur les entrepreneurs et, à travers des commissions d'intermédiaire, sur tout le monde politique, comme l'a révélé le procès : RPR, PS, PCF, libéraux du Parti Répubiicain, sur tout le monde en somme, sauf sur les centristes de feu le CDS.
 
À Paris, les vrais scandales n'ont jamais éclaté. Il faut dire qu'ils sont loin de ne concerner que le pouvoir politique et ses partenaires économiques.
 
Il s'agit par exemple des marchés de travaux publics. Je crois avoir déjà donné quelques pistes dans ce sens.
 
Je possède des devis de travaux dans des écoles datant des années 1990. La peinture d'un préau coûtait ainsi à la ville non moins de 150000 (cent cinquante mille francs). Je me suis toujours demandé avec quoi on peignait : avec de la feuille d'or ?
 
Il s'agissait d'une pièce ordinaire, dix mètres sur six, le devis ne mentionnait aucune particularité de support qui pût justifier ce devis extravagant.
 
La Ville de Paris était réputée pour ne jamais faire jouer la garantie décennale : en cas de malfaçon, c'était la ville elle-même qui finançait les réparations, comme à l'école maternelle de la rue Gros, dans mon XVIe arrondissement.
 
Les travaux coûtaient fort cher, vraiment.
 
Voici donc les deux extrémités du lourd travers qui déshonore tant d'équipes et d'administrations municipales : clientélisme et prévarication.
 
Il faut donc que les candidats aux municipales s'engagent à lutter contre ce double fléau.
 
À Paris, comme l'a démontré le livre "le marchand de sable" sur la gestion Delanoë, on n'a constaté aucun changement notable dans ce qui constitue le symptôme, la part visible de la réalité budgétaire : les montants budgétisés n'ont pas baissé et cependant on n'a pas constaté une forte augmentation de la quantité de travaux effectués.
 
La question vient donc tout naturellement à l'esprit : les pratiques ont-elles changé ?
 
Il faudra que Bertrand Delanoë réponde à cette question.
 
S'il ne le fait pas ou s'il ne convainc pas, il est évident que l'UMP sera mal placée pour le critiquer. L'existence d'une candidature MoDem prendra alors un sens d'autant plus fort et nécessaire.
 
Il pourrait en être ainsi dans bien des villes.
 
C'est pourquoi, plus que jamais, j'en appelle à la vertu municipale. 

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21/11/2007

Une pétition contre le cumul des mandats.

Les municipales ne sont pas une élection comme les autres. Voici une pétition pour que l'édition 2008 soit l'occasion d'un déclin du cumul.
 
Ici

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20/11/2007

Avenir du MoDem : conférence de Quitterie Delmas à Sciences Po.

J'y suis allé à Vélib. Pas de métro, peu de bus et une circulation congestionnée, bref, le vélo est le salut. Bien entendu, j'ai crevé un pneu au premier tronçon de pavés mais comme mes lecteurs en jugent, j'ai survécu à cette très petite épreuve.
 
Quitterie Delmas répondait ce soir à l'invitation des étudiants MoDem et démocrates de Sciences Po Paris, rue Saint-Guillaume, au premier étage. Elle était confrontée à une journaliste du "Journal du Dimanche", Virginie Le Guay (elle doit bien être un peu bretonne, avec un nom comme ça) qui, après avoir écrit un livre sur Bayrou publié en avril dernier, se faisait l'avocat du diable.
 
Pour Virginie Le Guay, l'horizon bayrouiste est orageux et bouché. Le patron du MoDem ne travaille pas assez ses dossiers, il ne communique pas assez avec ses amis, il s'entoure plutôt peu que mal et rechigne à tisser des réseaux. Sombre tableau.
 
Sans répondre dans le détail à ces critiques, Quitterie Delmas fixe les étapes de l'émergence de la nouvelle famille politique.
 
En l'écoutant, je réfléchis à une étude sociologique que j'ai lue voici quelques mois, qui constatait que, quelles qu'aient pu être les évolutions du statut de la femme dans la cellule familiale, la femme "statistique" continue à tout échafauder autour de ce qui concerne le nid ; quoiqu'il arrive, comme la nomade paléolithique, la femme nidifie.
 
Et (je ne crois pas que ce soit un fantasme de ma part) je croyais voir Quitterie Delmas évoquer le "nid" MoDem à construire avant de s'envoler chasser le bouquetin avec des flèches de silex.
 
Quoiqu'il en soit, elle a raison : l'urgence est de créer le MoDem et que ce prototype ressemble au projet que Bayrou a exposé pour la France lors de la récente élection présidentielle.
 
Les étudiants de Sciences Po ont écouté ce débat, se sont un peu exprimés, puis l'administration (non gréviste) de Sciences Po a fait clignoter les lumières de la salle comme dans un bar, pour signifier "c'est la fermeture" et je m'en suis retourné à pied, m'arrêtant dans un lieu que le film "Fauteuil d'orchestre" a rendu célèbre, le "bar des théâtres", avenue Montaigne, où j'ai avalé LE steack tartare arrosé d'un bloody mary pour me réchauffer, et j'ai gravi la colline de Chaillot, humide et fraîche, puis glissé de la colline de Passy jusqu'au jardin du Ranelagh et de là jusqu'à mon quatrième étage.
 
Vive le nouveau nid du MoDem. 

23:05 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, statuts, Quitterie Delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

19/11/2007

Laurel et Hardy dans le XIIe arrondissement de Paris.

Pauvres habitants du XIIe arrondisement : après le désopilant et ridiculissime "avocat" Arno Klarsfeld, infatigable boute-en-train du rire malgré soi, les voici affublés du tandem zig-et-puce de la politique parisienne, le renégat Cavada et l'infatigable Christine-Marie-Chantal Lagarde, ineffable ministre de l'économie d'un gouvernement banqueroutier, capable de proférer des énormités telles que "l'essence est trop chère ? qu'ils aillent à bicyclette !", digne des ragots les plus cruels qui ont couru sur la reine Marie-Antoinette et ses brioches. Seulement, la phrase de Marie-Antoinette, elle, elle est apocryphe.
 
À vrai dire, le départ de Cavada du MoDem n'est pas une entière surprise : la façon dont l'ex-journaliste de la "Marche du siècle" avait évoqué ses perspectives dans le XIIe en tentant d'y imposer une liste commune MoDem UMP contre toute raison indiquait clairement que ce député européen avait déjà choisi d'abandonner Bayrou.
 
En vérité, je dois dire que la douche froide, me concernant et s'agissant de lui datait du soir du premier tour de la présidentielle : Cavada arriva au siège de l'UDF, positivant certes d'un argument incontestable : aucune famille politique n'avait, jusqu'à Bayrou, presque triplé son pourcentage de voix d'une élection générale française à l'autre ; mais aussitôt, il ajouta que, de toutes façons, Bayrou n'était pas prêt à assumer la présidence de la république.
 
Ah bon ? Alors pourquoi avoir fait sa campagne ? Où est la cohérence ?
 
Et d'ailleurs, le lendemain même, la presse spécialisée indiquait que France Télévisions avait pris une option contractuelle sur un nouveau cycle d'émissions de "la marche du siècle". Il semblait qu'il y eût eu là quelque chose qui tintait comme trente deniers, mais peut-être ai-je l'esprit mal tourné.
 
Toujours est-il que la campagne de Marielle de Sarnez pour le MoDem parisien démarre dans la clarification certes, mais dans l'épreuve. Gageons qu'elle saura rebondir.
 
Quant aux habitants du XIIe, ils sont autorisés à en vouloir à mort à l'UMP qui ne cesse de leur envoyer ses fonds de poubelle. 

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17/11/2007

Ouvriers non-délocalisables.

Les ouvriers n'en finissent pas de choquer notre société policée, citadine, bureaucratisée. Ils semblent les vestiges d'un temps ancien, celui des "ouvriers et paysans" du "chant des partisans".
 
Eh oui, il n'y a pas si longtemps, le peuple de l'Europe, c'étaient les ouvriers et les paysans.
 
Les paysans, il en allait ainsi depuis huit mille ans, depuis la révolution néolithique (enfin, ce que les historiens actuels ont laissé de cette théorie). Les ouvriers, depuis le Moyen Âge peut-être, depuis la révolution industrielle à coup sûr.
 
Le point commun des deux branches de ce peuple-là ? La rudesse, la combattivité, un mélange d'individualisme et de solidarité féroces.
 
L'exode rural, à la fin des années 1950, a sonné le glas du peuple campagnard. La mondialisation, la robotisation et les délocalisations ont enterré le peuple ouvrier. Tout le peuple est donc envahi et occupé par une nouvelle Rome : les employés. Toute ? Non. Car un village armoricain résiste victorieusement à l'envahisseur.
 
Armoricain ?
 
Eh oui : Le Reste, l'homme de la CGT, et Morvan, celui de la CFDT, ne sont-ils pas des descendants de ces Bretons qui, par cohortes entières, ont quitté leur patrie au XIXe siècle pour venir bâtir le train à Paris ? Patrick Braouézec, le maire de Saint-Denis, n'a-t-il pas préfacé, voici quelques années, l'album intitulé "Bretons de Paris" ? C'est bien dans cette banlieue nord-est qu'ils se sont installés, les Bretons du train et leurs descendants.
 
Et ils restent, les derniers ouvriers.
 
On pourrait tout délocaliser, jusqu'aux fabriques de charentaises, eux resteraient, les cheminots : sauf dans une histoire de Raymond Devos, il est rare que le train de Paris à Caen passe par Sète et que celui de Lyon à Nantes passe par Changhaï.
 
Ils le savent bien, ils savent que leurs parents ou leurs arrière-grands-parents ont joué un rôle fort dans l'affaiblissement de l'occupation nazie dans les années 1940. Ils savent la blessure qu'inflige à un pays l'arrêt de ses trains. Ils en profitent. D'autant plus qu'ils n'ont pas l'impression d'être les agresseurs : on veut leur infliger trente mois de travail en plus dans une carrière de quatre cent cinquante mois, et ils se rebiffent.
 
Comment leur donner tort si l'on écoute l'argument que, alors que la retraite peut s'élever à 75% du salaire, elle culmine à 65% pour eux ? Faudra-t-il donc compenser l'allongement de la durée de cotisation par une amélioration du taux de pension ? Mais alors où sera l'économie recherchée par les pouvoirs publics ?
 
Pis encore : on dit qu'au mieux, l'économie procurée par le dispositif initial du gouvernement (en fait déjà abandonné) donnait 200 millions d'Euros d'économie ; on dit aussi qu'un jour de grève coûte 7 milliards d'Euros (soit trente-cinq années d'économie). Alors, si l'on comprend bien, la façon dont le gouvernement s'y est pris a déjà coûté (4x35 années d'économie =) cent quarante années de l'économie initialement envisagée. Putain, quels cons, comme dirait l'autre.
 
Tout ça est de la mauvaise politique. On ne réforme pas les retraites segment par segment : il faut remettre tout à plat, sauf à susciter l'impression d'injustice et, aussitôt, la réaction violente des intéressés. En vérité, s'il y a des privilèges, s'il existe des injustices réelles (et il y en a, j'en connais, chacun en connaît), il faut faire ce que Jean-François Kahn a nommé une "nuit du 4 août" par référence à la nuit du 4 au 5 août 1789 où fut décidée l'abolition des privilèges.
 
On croit souvent que ces privilèges n'étaient qu'à la noblesse, mais c'est faux : privilèges des "corporations" de métiers (aujourd'hui ordres des avocats, des médecins, des architectes et autres, on trouvait des métiers fleuris comme "mireurs d'oeufs", et la "nouvelle vague" en 1958 s'est faite contre une logique strictement corporatiste du métier cinématographique où, pour devenir réalisateur, il fallait être coopté, je connais un cinéaste renommé dont le premier film a pour cette raison été signé par un autre, bref...), privilèges des corps de villes, privilèges de juridiction de toutes natures, privilèges fiscaux des institutions d'église, monopoles marchands, vénalité des offices, tout était lié dans un filet d'entraves jeté sur la société. Tout cela, en deux cent dix-huit ans, a repoussé. Il faut donc moissonner l'ivraie.
 
Et si on pouvait en profiter pour rendre un peu de liberté à la Bretagne, ce ne serait pas une mauvaise idée. 

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15/11/2007

Bayrou à Quitterie Delmas : "tout est négociable, sauf..."

François Bayrou est en campagne. Il adore ça. Et d'ailleurs, ça lui donne meilleure mine que quand on le croise d'ordinaire.

Quelle campagne ?

Eh bien, Bayrou croit tellement dans la résurrection qu'il a besoin de périodiquement tuer sa famille politique pour se donner le plaisir de la voir renaître.

J'ai vu, un jour de 1995, Érice Azière, la mine des bons jours, parce que le conseil politique du CDS venait de se suicider sur l'autel de la création de l'éphémère Force Démocrate, puis en 1998 le conseil politique de Force Démocrate (dont j'étais membre) décréter sa dissolution dans la nouvelle UDF unifiée. Je verrai sans doute vendredi 30 novembre le congrès de l'UDF décider de se couper les mains pour s'en remettre au Mouvement Démocrate, le MoDem.

Bayrou, pour cela, a besoin du vote des adhérents de l'UDF, le 30, puis de celui de ceux du MoDem, le 1er et le 2. Le voici donc à la pêche aux voix. Et comme tout bon candidat en campagne, il n'a pas oublié sa panoplie de vocabulaire du terroir, le terroir étant ici anglophone et porté vers l'électronique et l'Internet. Sa conclusion, soigneusement préparée, lui permet d'employer cette provision constituée avec le soin méticueleux d'un candidat qui veut vraiment réussir.

Auparavant, lors de ce mémorable café démocrate où le leader démocrate s'est rendu à l'invitation de la décidément belle Quitterie Delmas, Bayrou a balayé de quelques phrases le travail de l'obscure main maladroite qui avait rédigé le projet de statuts mis en ligne sur le site du MoDem : quelque chose déplaît ? Effacé. Ca n'a jamais existé. Exit donc l'article 24. Exit tout ce qu'on veut. Sauf...

Mais avant d'en venir là, l'assistance particulièrement nombreuse (pas loin de deux cents blogueurs, cette fois, avec quelques militants du quartier) s'égare dans des questions d'actualité.

Cavada, conduire une liste commune UMP-MoDem ? Impensable. Bayrou, très net, écarte cette idée : il ne peut y avoir de liste à Paris que du MoDem seul.

Une jolie voix féminine, entre deux cigarettes, me faisait un peu plus tôt observer en aparté qu'il était normal que Cavada fût poussé vers la sortie : il faisait de l'ombre à Marielle de Sarnez.

Quioiqu'il en soit, Bayrou, après s'être réjoui que les adhérents lyonnais recourussent au vote pour désigner leur candidat aux municipales (puis, dans la même phrase, comme je lui demandais quand nous, Parisiens, pourrions voter nous aussi, avoir botté en touche en évoquant une commission tout en désignant Quitterie Delmas des deux mains), en vient à évoquer les trois principes sur lesquels il se battra au congrès : le comité exécutif sera entièrement nommé par lui (homogénéité de l'équipe), le MoDem sera un parti unitaire (pas de courants) et je ne me rappelle plus le troisième, un autre blog l'évoquera sûrement.

Sur l'équipe, il admet que son mode de nomination est un peu stalinien ; par rapport aux statuts en ligne, il introduit donc l'idée d'une sorte d'investiture (ou de ratification) de l'équipe par le bureau politique. Tout cela ressemble diablement à la France présidentielle de Sarkozy, mais il ne paraît pas le remarquer.

Sur les courants, ses arguments sont entièrement compréhensibles : d'autres partis sont morts de la stérilité des débats internes. Et il est vrai que l'image des rivalités qui minent le PS ne plaide pas pour l'existence de courants.

Et cependant, en ce domaine, on n'empêchera pas les gens de se rassembler par affinités.

Au bureau politique comme à la conférence nationale. 

Le bureau politique a vocation à se réunir une fois par mois (un millier de membres convoqués, ça fera du bruit), et le "congrès permanent du parti", officiellement dénommé "conférence nationale", une fois au moins par an.

Sur la composition et l'élection de ces deux échelons, sur l'ensemble d'ailleurs des statuts et du futur règlement intérieur, tout est négociable : le congrès souverain remettra chaque mot des statuts en jeu, les amendements seront libres et soumis au vote. Gare aux absents. D'ailleurs, les absents ont toujours tort.

Sur ses trois principes, Bayrou se battra, ce qui ne signifie pas que le débat soit fermé, mais qu'il tient à son idée. Or comme c'est un obstiné Béarnais, il y a fort à parier qu'il emportera les suffrages.

Au MoDem au moins, il gagnera. 

Quant à Quitterie Delmas, élégante dans son tailleur pantalon noir, dont elle ôte un instant la veste qui révèle ses épaules nues et brunes, elle regarde et écoute, montre parfois un peu de scepticisme sur les réponses de Bayrou, de plaisir aussi de la belle rencontre qu'elle a organisée. Et puis, de temps à autre, elle se perd dans l'admiration qu'elle a eue pour Bayrou pendant la campagne présidentielle et qui la reprend.

Eh oui, il faut survivre à l'injustice. 

13/11/2007

Première épitaphe de l'UDF.

L'UDF est morte, la vieille UDF qui date de trente ans. Morte. Vous trouvez qu'elle bouge encore ? Qu'elle fait des siennes ? Alors lisez ces lignes.
 
L'UDF est comme un vieux lion à qui on aurait arraché les membres et les dents et qui gésirait, pantelante. Pourquoi ? En quoi ?
 
C'est que désormais, ce n'est plus elle qui distribuera les investitures, mais le Mouvement Démocrate, le MoDem. Or un parti qui n'investit plus de candidats est mort. CQFD.
 
Voilà pourquoi les événements qui auront lieu dans les jours et les semaines qui viennent sont capitaux.
 
Car si le MoDem se substitue à l'UDF, il faut que ce soit pour dire autre chose que l'UDF, sinon à quoi bon ?
 
Or beaucoup d'adhérents s'interrogent aujourd'hui, trouvant les pratiques et les textes insuffisamment démarqués des pratiques et de l'esprit anciens. Et ils ont raison.
 
François Bayrou lui-même donne l'impression de se débattre contre la pression du système qui le camisole alors que, depuis la campagne présidentielle, il s'est réinventé, il s'est révélé le malentendu qui causait son malaise dans la famille politique à laquelle il a adhéré voici plus de trente ans et dont la ligne politique n'a cessé de dériver jusqu'à ce qu'il y mette le holà. 

Aujourd'hui, face à la trahison de ses amis, à la renégation de ses alliés, le voici au pied du mur et nous avec.

Il y a donc un contrat à passer avec lui : qu'il s'engage clairement sur le but et les méthodes de la démocratie qu'il compte mettre en place, et alors, qu'il s'appuie entièrement sur ceux qui comptent sur lui. C'est un pur instant d'éclaircissement, de clarification. Bayrou a besoin de nous, terriblement, pour surmonter la pression des crocodiles de l'UDF. C'est pourquoi, pour pouvoir lui prêter main forte, il faut que nous soyons particulièrement clairs quand, demain soir, au café démocrate de l'inégalable Quitterie Delmas, nous le rencontrerons.

Sérions donc les questions. Serrons-les.

Et sachons lui faire confiance si nous voyons que ses intentions sont transparentes et que les freins sont évidents à desserrer. Ne nous attardons pas sur le détail : ce qui compte, c'est ce qu'il fera, lui, pour incarner le MoDem sans concession aux vieilles logiques de l'UDF.

Ainsi pourrons-nous interpréter à notre façon le langage de Victor Hugo, à propos de la mort d'un personnage controversé, à la fin des "Misérables" :

"La chose simplement d'elle-même arriva

Comme le jour se fait lorsque la nuit s'en va". 

23:20 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, statuts, Quitterie Delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

12/11/2007

Régimes de retraite : la retraite ou le retrait ?

Revigoré par le passage de Jean-François Kahn ce soir chez Denisot (il est bien moins séduisant que Quitterie Delmas qui a été reçue là plusieurs fois, mais tout de même, c'est un sacré spectacle, un plaisir d'intelligence et d'engagement), je trouve de nouvelles forces pour affronter la chronique des désertions annoncées. Cavada veut partir ? Qu'il parte. Bayrou avait cent députés en 2002, il a "fait" 6,5% ; il lui en restait trente en 2007, il a "fait" 18,6%. S'il n'en a plus aucun, jousqu'où ira-t-il ? Quo non ascendet ?
 
Comme disait Victor Hugo : ad augusta per angusta.
 
Exit donc la vieille UDF. J'en ferai demain une première épitaphe. Pour dire la vérité, je voulais le faire ce soir, mais il m'a paru plus juste de m'exprimer sur la grève et surtout sur la réforme des retraites.
 
Rappelons tout d'abord que le système préconisé par Bayrou lors de la dernière campagne présidentielle était à la fois le plus efficace et le plus équitable : l'idée de retraite "à points" offrait à la fois flexibilité et équité.
 
Équité, car elle permettait d'avantager les métiers ou les professions pénibles et dangereux. Je trouve par exemple injuste que rien ne vienne plus reconnaître que le métier des marins-pêcheurs est à la fois très dangereux et extrêmement pénible.
 
Flexibilité, car elle permettait aux salariés de partir à la retraite à l'âge qu'ils désiraient.
 
(Je note au passage le mot "salarié" : n'oublions pas qu'il existe des quantités de professions non salariées pour qui la retraite est un mot douloureux.)
 
Pour en revenir à l'équité, je note aussi que la première iniquité de la solution choisie par Sarkozy est de maintenir le principe d'une durée uniforme de cotisation. Car l'éventail de l'espérance de vie est très ouvert et soumis à une grande variation d'un métier ou d'une profession à une autre. Maintenir une durée uniforme revient à décréter qu'il est juste que ceux qui ont travaillé le plus dur soient aussi ceux qui profitent le moins de leur retraite.
 
Il se trouve que cet argument est celui qui permet le moins de soutenir le mouvement de grève des cheminots. Car leur espérance de vie est au-dessus de la moyenne, assez nettement. Et si le fait de partir jeune à la retraite permettait de vivre plus vieux ? Alors, en supprimant leur régime spécial de retraite, le gouvernement les ramènerait vers la moyenne à la fois en raccourcissant leur période de jouissance de leur pension de retraite et en raccourcissant leur vie tout court...
 
Mais je doute que la réforme aille très loin. Car Sarkozy n'aime guère résister. On l'a vu avec les pêcheurs : l'un d'entre eux l'a traité d'"enculé" ; alors, obligeant, il s'est déculotté. Il a donné tout ce qu'on lui demandait, très au-delà du raisonnable.
 
Cette stratégie de la carpette a commencé à être suivie avec les cheminots : les conducteurs de trains ne seront pas concernés par la suppression de leur régime spécial. Ah bon ? Mais alors... en fait, cette décision, annoncée en catimini, est passée inaperçue de tout le monde. De tout le monde... sauf de ceux qu'elle concerne. C'est ainsi que l'on voit un syndicat spécialisé dans les conducteurs de train ne pas participer au mouvement de demain. Lâchement, ces conducteurs se sont désolidarisés des autres métiers de cheminots. Ceux-ci ont donc leur Cavada, qui se nomme GAAC. 
 
Cette réserve permet à la SNCF souriante d'expliquer que la grève de demain sera (un tout petit peu) moins suivie que celle d'octobre. Et pour cause.
 
À qui le prochain tour ? À qui va-t-on céder pour séparer les travailleurs les uns des autres, voire pour les opposer les uns aux autres ?
 
Quoiqu'il en soit de cette pauvre stratégie, Sarkozy pourra bien se poser en père la victoire, aller parader parmi les cheminots, comme il aura cédé tout l'essentiel, la réforme ne sera qu'une coquille vide, les problèmes perdureront et, comme cela commence à être l'habitude, on s'en sera tenu à l'incantation.
 
Dommage, car l'opinion était prête à une réforme sérieuse.
 
Sérieuse, pourvu qu'elle fût équitable. 

21:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, Sarkozy, retraites, grèves | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook