04/09/2007
Simplifier la politique ?
Peut-être est-ce finalement par aveu et par une honnêteté paradoxale que les dirigeants abdiquent peu à peu la fiction de la démocratie interne.
Il faut dire que les voix sont fragiles et les votes au scrutin indirect donnent lieu à des tractations de l’extérieur même des partis dont on mesure l’enjeu et l’impact.
De l’intérieur même, le cheptel des détenteurs de mandats donne lieu à une chasse farouche et je me souviens de la veille du congrès où François Bayrou fut pour la première fois élu président d’un parti centriste, fin 1994, et où le débat entre les deux hommes qui s’occupaient de draguer les votes pour lui portait sur le nombre de votes de délégués qu’il obtiendrait : l’un disait 667, l’autre 664. Ce fut 665. Et c’est pour remédier aux évidents inconvénients de cette pratique douteuse que Bayrou, une fois élu, instaura le principe “un homme, une voix“ qui conduisait en pratique au vote par correspondance, formule qui me semble la plus efficace, juste et transparente, le seul instrument à contrôler étant alors le fichier.
Il reste que les scrutins internes n’ont pas le vent en poupe s’ils ne relèvent pas du plébiscite. La désignation du candidat UMP à la mairie de Paris, par Internet, a laissé une grande amertume chez beaucoup de militants parisiens de ce parti. Quant à la sélection de la candidate socialiste à l’élection présidentielle, le vote des militants, discuté lui aussi – aussi bien dans ses motivations que dans ses modalités – a donné lieu à un feu d’artifice de division, de buts marqués contre son camp, de trahisons à tous les étages, bref, à un quasi-suicide d’une structure déjà amoindrie. Du coup, la principale candidate à la direction du Parti Socialiste se propose d’abolir les courants, ce qui reviendrait en pratique à éliminer les corps intermédiaires dans cette formation politique.
Les Verts eux-mêmes, longtemps obsédés par le formalisme le plus pointilleux, annoncent qu’ils renoncent à leur vice exquis de la démocratie sourcilleuse.
Tout cela mène à la fameuse structure “bottom-up“ dont il a été question lors du dernier Café des Démocrates, juste avant l’été. En vérité, cela signifie que les permanents s’emparent du pouvoir et que les adhérents sont invités à éventuellement s’exprimer (mais a minima), devenant simples clients consommateurs d’une couleur politique, ce qui fait d’ailleurs écho à la récente tendance au zapping politique que l’on a cru remarquer. Ils diront ce qu’ils veulent et ratifieront les décisions proposées par leur champion. La démocratie référendaire progresse donc, insinuant dans les partis politiques la présidentialisation promise par nos élites politiques pour revigorer notre république déclinante.
On ne s’y trompe pas : si les partis voulaient le parlementarisme, ils commenceraient par l’appliquer à eux-mêmes.
On pourrait donc dénoncer cette dérive et cependant, une telle critique n’est pas évidente : pour moi qui suis adhérent du parti centriste depuis plus de vingt-cinq ans (j’ai débuté très jeune, sis, si, je vous assure…), le formalisme des scrutins locaux, des petits comités théodule, des machiavélismes de couloirs, tout cela ne vaut guère mieux que pas de démocratie du tout.
Alors ?
Voyons ce que nous pouvons imaginer pour notre MoDem, sans illusion, car il est probable que les jeux soient déjà faits et les dispositifs déjà mis en place sur le papier.
Parions donc que ces projets ne soient pas encore calcifiés. Parions, puisque rien n’est jamais joué d’avance et qu’il reste toujours un ressort secret de l'action des MoDem : l'éthique
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03/09/2007
L’école pour la conscience.
Je répète assez souvent sa phrase qui place le militantisme du savoir en exergue de tout idéal démocratique.
Aujourd’hui, et depuis plusieurs décennies, une proportion très forte des classes d’âge est conservée dans la filière scolaire jusqu’à sa majorité, voire au-delà.
Peut-on dire qu’Hugo avait raison ? Les grandes vertus ont-elles progressé avec la scolarisation ? Je le crois.
Voilà un bon sujet de réflexion à la veille de la rentrée…
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01/09/2007
En quête de boucs émissaires.
Dans la mentalité simple, tout événement a un auteur. Si l’événement est mauvais, il y a forcément un fautif. Ainsi, si la situation économique est inquiétante, si la croissance ne vient pas, il y a forcément un ou des coupable(s). On sourit alors parfois en prononçant les mots “que fait le gouvernement ?“ mais, pour un grand nombre, ces mots ont un sens : si l’économie va mal, c’est la faute du gouvernement, à moins que… à moins que celui-ci ne désigne un autre coupable.
C’est ainsi qu’à travers le temps furent désignés des boucs émissaires et on sait où (à quelles erreurs voire horreurs) ce procédé a conduit dans le passé.
Or toute l’idéologie développée par Sarkozy est fondée sur l’idée de la culpabilité (pas la sienne, bien entendu) et de la répression. En estimant qu’il faut imposer la perpétuité réelle à certains délinquants ou criminels, en menaçant toutes sortes de fauteurs de trouble, il fait certes œuvre de dirigeant politique et ses décisions et annonces méritent discussion, mais il impose aussi l’idée latente d’une culpabilité qui finit par devenir universelle à travers les radars routiers, signes visibles d’une répression qui se dit inflexible.
Or cette idée de faute a ses inconvénients et ses facilités : inconvénients car elle légitime la tendance instinctive des esprits simples à considérer que tout événement a un auteur donc un coupable ; ses facilités car, du moment que l’existence d’un coupable est une évidence pour tous, il suffit aux dirigeants de désigner un bouc émissaire pour s’exonérer de leur propre part de responsabilité, voire pour estomper leurs autres méfaits.
Je crois que ce que je dis est assez clair.
Et les fonctionnaires, sans doute trop nombreux, sont actuellement le plus évident des boucs émissaires. Il pourrait y en avoir d’autres. C’est tellement facile…
En revanche, s’interroger sur le fait que l’atmosphère répressive soit déprimante et qu’elle contribue au marasme économique et moral, ça, ça, c’est beaucoup trop difficile. C’est si agréable, de punir.
Et la gauche, avec ses Verts obsédés eux aussi par la faute, ne fait pas mieux, de ce point de vue, que la droite.
Qu’on nous laisse donc un peu vivre.
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29/08/2007
Des armes et du pétrole.
Disons tout de suite que le libellé de son avertissement ne suffira pas à le qualifier pour l’Académie française. Lorsqu’il y a dit que si l’Iran se dotait de la bombe atomique, cela signifierait des bombardements sur l’Iran, il a énoncé une contrevérité flagrante : si l’Iran se dote de la bombe, il est bien évident que personne ne bombardera l’Iran, il sera trop tard.
C’est dans le processus intermédiaire que se place la menace et là se trouve bien le problème mis en évidence par l’affaire irakienne : comment évaluer la réalité de l’armement condamné ? Comment éviter le mensonge d’un secrétaire d’État américain venant au Conseil de Sécurité des Nations unies avec des preuves évidemment (et grossièrement) fabriquées de toutes pièces ? Pas de réponse sur ce point.
En vérité, il semble que l’ardeur que le présidentourloupe a consacrée à vilipender l’Iran soit surtout destinée à adoucir l’oreille des Irakiens froissés par les immixtions kouchnériennes dans leurs affaires intérieures.
Que ne ferait-on pas pour vendre des armes et acheter du pétrole…
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28/08/2007
Breizh atao … sans Sarko !
Quelquefois, je me demande si l’insistance récente de la chaîne de télévision TF1 à faire élire Sarkozy n’était pas une pièce avancée sur l’échiquier de l’indépendance de la Bretagne. On peut se gausser de cette idée et cependant, Patrick Le Lay a déclaré sans rire à un magazine local qu’il se sentait à peine français. Alors…
L’homme d’ailleurs n’est pas aussi antipathique que ses caricatures et sa stratégie commerciale le suggèrent. J’ai eu l’occasion de le rencontrer début 2002 quai du Point du Jour, à Boulogne-Billancourt, au quatorzième étage de la grande tour vitrée de TF1 : il m’achetait trois exemplaires du premier de mes livres et m’avait très poliment demandé si j’aurais l’obligeance de faire le détour par cet endroit. Venant du quartier voisin, le seizième arrondissement de Paris, je n’y voyais guère d’effort et plutôt l’amusement de découvrir le tout-puissant patron de la première chaîne.
Je n’apportai qu’un exemplaire. Mes livres pèsent deux kilos et demi chacun et mesurent un quart de raisin sur dix centimètres d’épaisseur ; on les voit de loin. À l’entrée du siège de TF1, le vigile vit mon livre. Il me dit :
- Ah, c’est vous.
J’étais attendu.
Je pénétrai dans le hall que je trouvai empli de verre et de tout ce qui peut luire, d’une dalle de pierre polie à un écran de télévision, en passant par des ampoules électriques et du chrome. Une très jolie femme bondit de son siège dès qu’elle m’aperçut et vint à moi avec un sourire et des prévenances qui en disaient long sur l’impact des info données sur moi par le secrétariat du président.
Je franchis un portillon et montai seul dans un ascenseur. Au quatorzième, je découvris une moquette épaisse comme la savane.
La secrétaire principale de Le Lay m’accueillit et me pria de l’attendre dans une pièce qui ouvrait sur la Seine, sur la tour Eiffel et sur les cimenteries. Je m’assis devant un bureau en loupe orangée et vernie, derrière lequel quelques cassettes de films produits par TF1 meublaient vaguement une étagère.
Je posai avec soin mon livre sur le bureau. On me proposa du café (il était trois heures de l’après-midi) et j’acceptai du thé : je ne bois jamais de café.
Faisant le tour de la pièce du regard, je finis par remarquer une très petite caméra dans le coin, juste sous le plafond, à laquelle j’adressai un sourire. L’instant d’après, Le Lay entra.
Il fut très affable et délicat. Il me parla un certain de temps de sa collection de livres sur la Bretagne. Il possédait trois exemplaires de l’Histoire de Bretagne de Bertrand d’Argentré, l’édition de 1582, celle que je viens de rééditer et qui, à plus d’un égard, est un brûlot antifrançais. Il avait tout. Il connaissait tout. Un seul joyau manquait à sa collection : un incunable (pour ceux qui l’ignorent, un incunable est un livre imprimé avant 1500).
Il faut dire qu’il n’y a qu’une dizaine d’incunables bretons, qu’il s’en vend très rarement, et qu’ils sont toujours préemptés par des bibliothèques publiques.
Bref, le pauvre Le Lay en était réduit à collectionner les manuscrits enluminés italiens du XIVe siècle. Un véritable drame.
L’entretien dura tant que je vis apparaître les visages étonnés de Mougeotte et de Bataille et Fontaine qui grimpaient de l’étage inférieur par un colimaçon étroit. J’appris plus tard que Le Lay avait retardé impromptu une réunion au sommet pour me recevoir avec mon précieux ouvrage qui constituait l’une des rares pièces contemporaines de sa collection. Que ne ferait-on pas par vice. Il en est de pires.
Il m’adressa à TV-Breizh en m’expliquant qu’il avait lui-même une ligne très patriotique et bretonne, qui faisait écho au profil de mon livre. Je précise que celui-ci traite d’une époque où le maître de la Bretagne se faisait qualifier de “souverain seigneur, duc par la grâce de Dieu“, ce qui laissait peu de place à la souveraineté royale. De là ce que disait Le Lay. Et après tout, cette lecture n’est pas absurde. Mais j’avoue n’être absolument pas nationaliste, ni pour la Bretagne, ni pour la France, ni pour l’Europe, ni pour quelque nation que ce fût. Je n’aime pas ce genre d’égoïsmes.
En revanche, si l’on songe que le patron de la principale chaîne était un ennemi du pays dans lequel celle-ci était diffusée, le fait qu’il en ait tellement crétinisé la population prend un sens tout différent, non ? Et alors, s’il a fait élire Sarkozy, ce n’est pas bon signe pour la France, mais au contraire l’indice tangible qu’il veut la mort de ce pays.
Et le fait que la Bretagne soit ennemie de Sarkozy serait une motivation que le machiavélique plan lui donnerait pour réclamer son indépendance…
Bon, il faut bien se consoler en rigolant un peu.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, je précise que Yasmina Reza rapporte dans son nouveau livre que Sarkozy n’a “rien à foutre des Bretons“.
C’est réciproque.
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26/08/2007
Raymond Barre : l’honnête homme.
Tout d’abord, le tenant de l’école économique libérale française. L’économie, selon Raymond Barre, nécessite rigueur et effort. Les règles de la bonne gestion sont celles de la croissance. On ne doit pas jouer avec l’outil monétaire. Le moteur de la croissance est la production.
Fondée sur des principes taillés dans le granit, sa doctrine économique a fait de lui une référence mondiale après avoir conduit des générations d’élèves de Sciences Po à étudier les dures lois de l’économie dans le manuel qu’il avait rédigé.
Écouté, reconnu, il fut appelé en politique par l’un des Jeanneney (le deuxième). Giscard le nomma premier ministre parce que, dit-on, Barre se taisait beaucoup lors des conseils des ministres et laissait les autres parler.
Premier ministre, Barre appliqua ses théories, trancha dans les systèmes prébendiers installés par les gaullistes (ou se disant tels ; Barre lui-même ne cachait pas sa fascination pour de Gaulle), lutta en même temps contre les chocs pétroliers, bref, entreprit de reconstruire en profondeur l’économie française en vraie économie libérale (éloignée de ce qu’on nomme ainsi en général, car dépourvue des instruments léonins qui font de nos économies des pouvoirs féodaux). Il prônait la vertu et, fait rare, respectait la seconde vertu de tout homme d’État (juste après la première : l’efficacité) : l’honnêteté. Ce brevet d’honnêteté lui a été décerné ce samedi par Michel Rocard, un expert en la matière et c’est tout dire.
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24/08/2007
Guéant président ?
Guéant mangera-t-il Sarkozy ?
On avait déjà vu Chirac devenir le fusible de son premier ministre Juppé, on voit maintenant le président devenir le secrétaire général de l'Élysée, recevant petits et grands interlocuteurs avec une disponibilité de maire de commune rurale, cependant que les tâches du gouvernement sont assumées par le secrétaire général devenu président.
On est dès lors à peine surpris que l'épouse du président, promue négociatrice -officielle mais muette - de l'État français destinée à remettre sur les rails le train-train de la diplomatie française depuis Pompidou : ventes d'armes, achat de pétrole, soit interdite de reddition de compte devant les députés et sénateurs : le président, qui reçoit tout le monde et ne gère rien viendra s'exprimer devant la représentation nationale, mais ceux qui ne reçoivent personne et font tout n'y viendront pas. Est-on décidément surpris de cette régression de la démocratie ? Bien sûr que non.
Ah, vivement le MoDem !
12:46 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, Mouvement démocrate, Sarkozy, Bayrou | | del.icio.us | | Digg | Facebook
16/08/2007
France/USA : je t’aime, moi non plus ?
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Français sont partagés entre un réflexe d’ingratitude et une admiration envieuse quand ils pensent à l’Amérique. Sardou chante « Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie » cependant qu’on entend partout décrier l’arrogance et l’hégémonisme américains. On chante Lafayette, on déplore qu’il n’ait pas accepté l’offre qui lui était faite de l’adoption du français comme langue officielle des Etats-Unis naissants, et pourtant on regrette que Napoléon ait vendu la Louisiane. On s’inquiète de l’invasion de nos anciennes colonies africaines par les intérêts américains, cependant qu’on trouve plus chic de jargonner dans un sabir d’anglais qui n’est même pas le langage bizarre qu’utilisent les institutions internationales en guise de langue de Shakespeare. Bref, la France marche à côté de ses chaussures dès qu’il est question de l’Amérique, à peu près de la même façon qu’autrefois de l’Angleterre.
Au milieu de ces contradictions, quelques moments se détachent. Parmi ceux-ci, la séance du Conseil de Sécurité des Nations-Unies où, en 2003, la France opposa son véto à l’emploi de la force internationale pour achever le régime moribond du vieux dictateur Saddam Hussein.
Ce fut l’heure de gloire de Dominique de Villepin, son quart d’heure de célébrité. Et la France quasi-unanime approuva le choix qu’il exprima alors au nom du président Chirac : nous savions que les arguments employés par l’administration Bush pour justifier l’intervention en Irak n’étaient que des mensonges, comme cela fut avoué depuis lors par plusieurs des intéressés américains eux-mêmes.
J’ai moi-même approuvé la décision de refuser la collaboration au mensonge.
Pourtant, une erreur capitale a été commise par notre ministre des Affaires étrangères ce jour-là : il n’a pas tenté de s’adresser au peuple américain, ou plutôt, il a donné l’impression que le peuple français était désormais hostile au peuple américain, en n’employant aucune des nuances indispensables pour dissocier la nation américaine de ses dirigeants.
Cette faute n’est pas apparue à beaucoup. Pourtant, dans les conversations privées, on entendait presque toujours ce distinguo.
Or c’est cette erreur qui a occasionné les réflexes anti-français aux Etats-Unis à l’époque.
On voit bien que c’est pour remédier à cet inconvénient la stratégie du président Sarkozy, ces derniers jours, a plus visé l’opinion publique américaine que les autorités actuelles des Etats-Unis. Bien sûr, il a aussi remercié ses commanditaires, mais il a véritablement fait un effort pour rappeler en France les supposées hordes de touristes américains capables de consommer nos illustres produits de toutes natures ; et, outre-Atlantique même, d’encourager le retour aux produits français. En somme, le but est de contribuer pour quelques fractions de point supplémentaires à la croissance du PIB français.
Pourquoi pas, après tout ? Peut-on critiquer un effort qui semble louable ?
Oui.
Oui, car il a trente ans de retard. Encourager la consommation américaine de productions françaises comme si l’affaire de 2003 était seule cause de son ralentissement est une erreur : dès avant le 11 septembre 2001, les Américains venaient moins nombreux en France et notre part de marché en Amérique même se comprimait. Pour une cause politique ? Pas du tout : parce que l’Amérique évolue, que ses priorités changent, certes (ce qui pourrait se corriger), mais aussi et surtout parce que les Etats-Unis, tout puissants qu’ils demeurent, ne sont pas un pays en bonne santé. La croissance économique y est, depuis près d’une décennie, artificielle.
Par conséquent, jouer les VRP de luxe en Nouvelle-Angleterre est une erreur d’analyse. Certes, il n’est pas mauvais de rappeler que les Français n’ont jamais détesté collectivement les citoyens américains, mais outre que c’est au prix du rapprochement avec une administration discréditée dans sa propre population, c’est surtout un formidable coup d’épée dans l’eau : ce n’est pas comme ça que l’on pourra relancer la production française.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. On croyait que jamais le nom de Sarkozy ne pourrait rejoindre le nombre de celles-ci. Eh bien, tout arrive…
Voici donc que s’éloigne la perspective d’un point supplémentaire de croissance pour notre pays. Le chiffre très faible annoncé mardi pour la croissance du PIB au deuxième trimestre fait douter qu’il y ait jamais eu d’effet Sarkozy sur le moral des ménages et sur le dynamisme de l’économie. Demain, à cet égard, ressemblera fort à hier. Avis de tempête pour l’UMP et ses valets.
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15/08/2007
Urbanisme rurbain : l’oubli de la leçon d’Haussmann ?
En Bretagne, il ne s’est pas développé uniformément. Depuis plus d’une décennie, en retard sur d’autres parties de ce territoire, il couvre toute la périphérie quimpéroise, en particulier dans la zone qui sépare Quimper de l’océan.
L’apparition de cette nouvelle population déséquilibre les communautés villageoises anciennes et crée de nouveaux besoins et de nouveaux services. Comme elle se combine avec une urbanisation de résidences secondaires, elle produit des effets considérables et spéciaux en été, lorsque les estivants viennent y grossir les effectifs résidentiels.
Certes, la saison est courte. Cette année, elle n’aura été sensible que lors de la première quinzaine d’août : juillet, froid, pluvieux, fut un désert. Septembre, en principe, proposera une arrière-saison qu’un autre tourisme animera, moins nombreux.
Ces jours-ci, les Belges, Allemands, Franciliens, Nordistes, gens de toutes parts, sont bien là et les routes deviennent des chapelets de pare-chocs embués de vapeurs d’essence, pas encore comme à Biarritz ou à Saint-Tropez, mais tout de même, ça se développe.
Et je suis frappé de constater que ces bouchons qui s’étirent sur des kilomètres n’ont aucune raison d’être ; ils n’ont qu’une cause : la concentration du trafic.
C’est que pour se rendre d’un endroit à un autre, il ne peut être question de trouver un raccourci dans les lotissements : on les a fermés sur eux-mêmes, aucune route ne les traverse en général, ils forment des épis de culs-de-sacs. On constitue donc patiemment, une par une, des communautés autistes, ouvertes par une seule fenêtre sur le monde, calmes c’est vrai, de ce calme très particulier que connaissent les villages isolés, lointains, blottis sur des pentes escarpées et désolées.
Disons simplement que ces lotissements sont des isolats. On est en train, grappe par grappe, groupe par groupe, d’enclaver des populations entières, de les enclaver là où il serait simple de les intégrer car il n’existe aucune raison de les cloisonner.
On doit réfléchir sur ce choix d’urbanisme que je juge personnellement dangereux à terme. On peut en tout cas mesurer de jour en jour à quel point il est absurde pour la fluidité du trafic. Qu’on ne m’objecte pas que c’est destiné à promouvoir les transports en commun en obstruant le passage des véhicules individuels : dans ce genre d’agglomérations, les transports en commun ne sont pas réalistes : la densité de population y est insuffisante pour une rentabilité minimale d’un mode de transport autre qu’individuel, du moins à court-moyen terme. La voiture a ici encore de beaux jours devant elle.
En somme, la situation est, en surface, d’une absurde concentration du trafic et, en profondeur, d’une régression historique qui fait reconstituer partout des cités qui ressemblent à ce qu’était le Paris d’avant Haussmann : un dédale obscur, charmant parfois, malcommode souvent, en tout cas générateur de sociétés murées. On doit y voir l’incurable résurgence d’un tempérament national, celui des Gaulois qui n’aimaient ni les lignes droites ni les trajets simples et auxquels le goût romain des routes rectilignes et des plans orthogonaux parut une simplification hérétique. Je sais que la notion de progrès est relative mais, en ce domaine, j’y crois, et il est dans le camp des Romains, dans le camp d’Haussmann.
N’oublions pas de relier entre elles les cellules humaines ; comme le dirait Quitterie Delmas, n’oublions pas de jeter des passerelles entre les êtres humains.
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11/08/2007
La faune contre l’humain ?
Du reste, depuis que l’on nous avait annoncé que la femelle avait atteint l’âge de dix-sept ans au lieu des sept précédemment officiels, on savait que sa fonction reproductrice était amoindrie, que le rapport qualité/prix de la livraison slovène devenait mauvais. Le tableau était sale, il fallait le laver.
Quant à l’opportunité de la réintroduction de l’ourse dans les Pyrénées, je me rappelle d’abord ce que Bayrou en a justement dit : on ne fait pas ce genre d’opérations lourdes sans l’assentiment, voire l’adhésion, de la population. De ce côté-là, c’était raté. Au-delà même, l’explication donnée par la jolie Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État qui assume l’environnement auprès du ministre Borloo (on mesure au passage le changement de statut de l’écologie résultant du départ de Juppé du gouvernement), ne convainc personne : réintroduire l’ours pour ne pas avoir l’air d’on ne sait quoi auprès des Africains à qui l’on demande de protéger le dévastateur éléphant. C’est absurde : l’ours slovène n’est pas l’ours des Pyrénées ; c’est en Slovénie qu’il faut le protéger.
On sait cependant pourquoi l’ours était slovène : pour qu’on ne le confonde pas avec une fraise des bois.
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07/08/2007
En relisant « La curée » de Zola.
La curée (Zola omet de le préciser) est l’instant de la chasse où l’on éventre (découd) le cerf et où les chiens se régalent de viscères chauds.
Le cerf de Zola, on s’en doute, c’est la France, doublement incarnée par Paris et par une jeune femme, Renée Béraud-Duchatel, violée, puis mariée par convenance à celui des Rougon qui se nomme Saccard (le même que celui de « L’argent »). Celui-ci ne se sert d’elle que pour de folles et malhonnêtes spéculations.
Délaissée par lui, elle finit par coucher avec son fils du premier lit, le fuyant Maxime, à peine plus jeune qu’elle.
Le double tableau de ce roman (le deuxième de la série) montre à la fois le Paris du second empire, livré à toutes les manœuvres par l’invraisemblable charcutage par lequel le régime transforme la ville de Quasimodo en une cité moderne et bourgeoise (mouvement d’ailleurs bien amorcé sous la monarchie de Juillet), et l’emballement licencieux de la haute société dont le Paris de la Belle Époque sera encore l’écho.
La corruption des élites est, selon l’idée de Zola, double elle aussi : par l’argent et par le vice.
En vérité, le naturalisme de Zola se veut un plaidoyer implacable contre ce qu’il considère comme un dévoiement, fécond peut-être, mais meurtrier et spoliateur. On est parfois gêné par l’abus qu’il fait du mot « vice », qui paraît lui donner un peu de fébrilité, plutôt malsaine ; la description littéraire pourrait ressembler ici au miroir des fantasmes.
Mais les mécanismes de détournement d’autorité et de fonds publics, qu’il décrit, sont parfaitement rendus et méritent qu’on les examine à la loupe, car rien n’y manque. Ce roman écrit en 1871 est d’une extrême actualité.
Enfin, impossible de ne pas relever quelques précoces (voire anticipatrices) tendances psychanalytiques dans la manière qu’a Zola de traiter la psychologie de son personnage principal : Renée. Orpheline de mère, dominée par l’image du père lointain et juge (jugissime), violée par un homme mûr et marié, tombant dans l’inceste, regrettant son enfance avec divers symboles qui s’y attachent, on peut vraiment dire que, si elle avait fait un stage chez Freud, elle n’aurait pas perdu son temps. Mais Freud a une quinzaine d’années quand le roman paraît.
On a donc de bonnes raisons de relire ce Zola-là malgré ses réminiscences lourdes de Balzac et sa tentation d’emboîter le pas au pâle Goncourt.
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05/08/2007
Diplomatie des ornières
Si l’on imaginait que ces contrats, tels ceux des frégates de Taiwan, donnassent lieu à de juteuses rétrocommissions, l’on trouverait la boucle bouclée et la réelle philosophie du personnage devenue explicite. Mais de toute évidence, il n’y a eu aucune rétrocommission et seul le très mauvais esprit peut en faire supposer.
La ferveur avec laquelle Kouchner a défendu le président à cette occasion donne à supposer que, si le ministre des Affaires étrangères n’a pas été à la peine, il a du moins été à l’honneur. Quant à la référence qu’il a faite aux missions discrètes qu’il a effectuées en son temps avec Mme Mitterrand, il a oublié de préciser que celles-ci étaient restées, justement, discrètes et n’avaient donné lieu à aucune mise en scène théâtrale. La diplomatie peut avoir besoin de bas-côtés, mais elle daigne rarement mélanger la route et le fossé.
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31/07/2007
Spirale de la dette : l’abîme ?
Ce qui devait donc arriver est arrivé et on a vu le gouvernement renvoyer le désendettement aux calendes d’une improbable croissance, cependant que les mesures coûteuses s’ajoutaient les unes aux autres.
Pourtant, l’argument n’est pas en lui-même absurde : en vérité, la dette publique est supportable tant que son service croît moins vite que le Produit intérieur brut (PIB) du pays. On peut vivre bien avec une dette forte pourvu que l’économie soit dynamique.
À long terme, la dette peut finir par s’amortir et, par des jeux financiers habiles, être transformée d’une masse très onéreuse en une masse moins lourde pourvu que l’on arrive à échanger des crédits à fort taux contractés pendant les périodes de taux d’intérêt élevés contre des effets à moindre taux lorsque les taux de base sont moins haut. Cette tactique a permis aux Etats-Unis de faire un habile et juteux yoyo avec des capitaux japonais voici quelques années.
Donc la dette en soi n’est pas un mal ou du moins peut n’en être pas un.
Mais la dette extérieure publique de la France est devenue intolérable. La croissance de l’économie ne parvient pas à y faire face depuis bien des années maintenant et il faut désormais parler d’une spirale : la hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) engendre une hausse du service de la dette (en termes de milliards) ; elle grève nos exportations et par là même réduit les rentrées de liquidités de l’État ; elle encourage la faiblesse du dollar et si, demain, ce dernier remontait, nos exportations seraient certes plus concurrentielles mais notre dette extérieure augmenterait d’autant et, par ailleurs, il faudrait relever encore les taux d’intérêt, ce qui contribuerait à faire s’envoler purement et simplement notre dette.
Bref de tous côtés, la dette augmente.
Ah, si seulement, les sages mesures d’économie et d’amélioration du pouvoir d’achat préconisées par Bayrou avaient été acceptées par les Français…
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30/07/2007
Présomption d’innocence : une régression de plus.
Le « Télégramme » est un journal parmi d’autres, une écharde de l’arbre des quotidiens du groupe Dassault après en avoir été une du groupe Hersant. La direction opérationnelle de cette publication ordinaire est assumée par les héritiers de ses fondateurs, les frères Coudurier.
Sur place, en Bretagne, Ouest-France a la réputation d’être lu par la gauche et cette forme de la gauche que constitue pour la vraie droite le centre droit et le centre. Les réac raffolent du « Télégramme » qui n’est pourtant qu’une publication un peu plus laïque qu’Ouest-France, avec une ligne éditoriale ondoyante, orientée vers Sarkozy comme presque toute la presse écrite depuis deux ans.
Ce journal ne mériterait aucun commentaire s’il ne venait de consacrer toute sa une, d’un coup, à la photo d’un tyran déchu, surchargé d’une formule sans appel : « La chute de “Néron“ ». Néron est, une phrase le signale un peu plus bas, le surnom donné, paraît-il, par Mme Chirac à Dominique de Villepin.
Voici donc Villepin tombé.
Quand ?
Jamais.
Eh non : il vient d’être mis en examen et, pour autant que l’on ait compris les événements récents, c’est en résultat de ses propres manœuvres qu’il l’a été : il avait refusé de s’exprimer avant d’avoir pris connaissance de son dossier ; or pour avoir cette connaissance, il fallait qu’il fût en examen. C’est une règle de procédure qui a conduit d’autres personnalités à la même solution dans le passé ; donc rien d’extrême.
D’ailleurs, même s’il avait subi cette inculpation, Villepin n’aurait pas été coupable pour autant ; voilà le principe de la présomption d’innocence : tant qu’un juge ne l’a pas déclaré coupable, cet homme est innocent.
Où donc est sa chute ?
À la une du « Télégramme ».
C’est un pur scandale. Une honte. Notre presse n’en finit pas de se vautrer dans sa propre boue.
Quant au fond de l’affaire, on doit remarquer que la petite affaire, celle de la dénonciation calomnieuse (une scène de mauvaise opérette, une guignolade pathétique), a complètement obéré la vraie, celle du rôle que pourrait effectivement jouer l’organisme Clearstream dans le blanchiment d’argent mafieux.
Reparlons de Denis Robert, n’oublions pas de nous étonner pour la millième fois de l’étrange acharnement qu’il subit de la part d’institutions de notre État français et interrogeons-nous sur la définition même d’une mafia : une collusion d’intérêts qui englobe des brigands « officiels » et toutes sortes d’infiltrés et de corrompus dans tous les rouages de l’État. Les acharnés contre Denis Robert seraient-ils aussi les infiltrés de la mafia dans l’État ?
Mais alors, se pourrait-il que fût vraie la rumeur qui court et qui affirme que, parmi les vrais mis en cause de la première affaire Clearstream (celle dont un jour Villepin ministre a été informé par un esprit attentif), il y ait eu de ces fameux hauts fonctionnaires qui entrent dans la définition même de l’organisation mafieuse ?
Et dès lors, la défense de Villepin, qui a indiscutablement mis en branle une mécanique d’enquête parallèle aux institutions normales de l’État, cette défense ne serait-elle pas justifiée et pertinente ?
Et si c’était vrai ?
Et s’il avait vraiment contourné les voies ordinaires pour éviter que son enquête ne passât par les mains de ceux qui avaient pour but évident de la combattre ?
Pourquoi cet aspect de l’affaire n’est-il jamais évoqué ?
Je n’ai pas d’actions chez Villepin, je n’aurais certainement pas voté pour lui s’il avait été candidat à la présidence, mais je trouve indigne de notre république, et tout à fait suspect, que l’on ne s’exprime qu’à charge contre lui.
La dénonciation calomnieuse de Sarkozy est l’une des anecdotes politiques les plus pitoyables que j’aie lues et entendues. La manie du « général » Rondot de garder des traces (authentiques ? - pourquoi pose-t-on si rarement cette question ?) de ses conversations officieuses, l’effervescence primesautière de M. Gergorin qui se proclame corbeau, puis accuse (sa parole…) Villepin d’avoir nourri sa correspondance, après avoir été l’un des rouages d’un prétendu complot aberrant et puéril, invraisemblable à ce point de ridicule, mais prétendument monté par le même Villepin, tout cela est digne d’un roman pour tout petits enfants tordus.
Et peut-on croire que Sarkozy n’ait rien su ? Bien sûr que si, il savait, dit-on par ailleurs. Alors, et si c’était lui qui avait tendu un piège à Villepin en lui soufflant (faisant souffler) l’idée de cette machination grotesque ? Et si c’était lui qui avait poussé la roue vers le précipice ?
Après tout, tout est possible.
C’est pourquoi, dans cette nébulosité persistante, la prudence devrait inspirer nos journalistes et si leurs employeurs n’étaient pas mus par la plus manifeste servilité et ne les incitaient à trahir leur mission de militants de l’info, ce serait un grand repos.
Je voudrais qu’ils s’intéressent un peu plus à la vraie affaire Clerstream et un peu moins à la pantalonnade qui déshonore notre classe politique depuis des mois.
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28/07/2007
MoDem : quelle géométrie ?
«Je suis de droite», «Je suis de gauche», «Je suis centriste»...
On ne sait pas toujours ce que recouvre cettte opposition. On dit que le peuple est de gauche et la nation de droite (d’où la savante expression de la constitution de 1958 : «la souveraineté nationale appartient au peuple français», censée garantir la synthèse des sensibilités populaire et nationale) ; on dit que le social est de gauche et la sécurité de droite ; on dit aussi que l’écologie est de gauche et l’agriculture de droite ; que le conservatisme est de droite et le progressisme de gauche...
Bref, on énumère.
Et depuis quelques années, l’électorat, tout en continuant à se définir parfois selon la logique géométrique, sent bien que celle-ci devient une limite de l’efficacité de l’action publique, cependant qu’elle rend mal compte de la réalité de ceue font les politiques des deux bords, qui se ressemble de plus en plus.
De là le succès de l’idée d’union nationale défendue par Bayrou lors de la récente campagne présidentielle et incarnée à sa façon par Sarkozy.
Seulement, pour Bayrou, l’union de tous est une coooonviction viscérale alors que pour Sarkozy, elle représente une tactiqqqqque mmmmmmomentanée, lénifiante, abussive, illusoire.
Et s’il faut faire de la pulsion de l’homme Bayrou un principe fédérateur d’une formation politique, il reste à savoir comment celle-ci pourra s’engager dans la constitution de majorités locales puis nationales. Il est vrai que la vie du MoDem ne peut pas se résumer à la préparation de l’élection présidentielle de 2012.
Et on voit bien à quel point il est diffcile à ceux qui se perçoivent de gauche et bayrouistes de tolérer des bayrouistes de droite et l’inverse aussi, tant la composition d’équipes avec des sectaires de droite et e gauche (non bayrouistes, eux) pèse sur les choix personnels de nos amis. Heureusement, beaucoup de MoDem ne se reconnaissent pas dans la répartition géométrique, ou bien se pensent centristes.
Mais tout de même, la question principale est sur la table : ni droite, ni gauche, c’est l’évidence et la façon la plus juste de raisonner en politique ; seulement, en termes concrets et opérationnels, on fait comment ?
Plus que l’organisation, c’est cette réflexion stratégique qui m’intéresse, bien que je croie les choses déjà jouées en fait dans l’esprit de Bayrou et de ses proches.
Le MoDem doit rester libre.
Personnellement, je n’ai pas plus d’estime pour la gauche que pour la droite.
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27/07/2007
Union méditerranéenne : oui, mais.
Le voyage de Sarkozy en Afrique, lui, a commencé par la Libye, on devrait dire par l’alibi. Et tout de suite, on s’est aperçu que la rupture sarkozyenne, là comme ailleurs, se définissait par une paire de pantoufles, celles de la vieille droite post-gaullienne : défendre les intérêts de notre compagnie pétrolière et vendre une centrale nucléaire ; on pourrait croire revenu le temps où, dans les années 1970, nous avons vendu du nucléaire civil à l’Irak et à l’Iran, avec les conséquences que l’on sait.
Quoiqu’il en soit, le projet d’union méditerranéenne voulu par le président doit se trouver conforté par cette initiative. Le Maroc et la Tunisie n’y feront pas de difficulté, l’Algérie a paru y venir, l’Égypte négociera une position forte (si elle ne prend pas ombrage du nucléaire libyen, auquel cas elle sera cassante), le Liban n’a guère le choix, Israël en sera forcément, mais voudra aussi un rang, comme la Turquie et l’Algérie. Bref, il va falloir payer pour beaucoup d’États, un peu comme dans le cadre de la Francophonie. Qui le fera ? La France ? Avec quel argent ? Mystère.
Au-delà de cet aspect, une double question se pose : comment s’articulera la nouvelle union avec l’Union européenne d’un côté et avec son homologue africaine ? Là encore, mystère.
Certains de nos politiciens (comme Strauss-Kahn) pensent que la véritable Europe couvre tout le pourtour méditerranéen. L’union méditerranéenne serait-elle alors une spécialité géographique de l’Union européenne ? Ou seulement une façon d’éteindre les appétits de la Turquie ? Un moyen de se rapprocher d’Israël ? Ou du Monde arabe ? Mystère.
Une autre interrogation, pratique, vient à l’esprit : comment combiner une union douanière européenne sans y impliquer les institutions européennes ? L’union méditerranéenne est-elle voulue comme un instrument pour la construction européenne ou contre elle ? Est-elle destinée à noyer le poisson de l’Europe dans l’eau tiède de la Méditerranée ou, au contraire, à tisser de nouveaux liens pour étendre l’influence de l’Europe ? Mystère et boule de gomme.
Il est évident qu’elle ne sera viable que si elle se combine harmonieusement avec la dynamique européenne.
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24/07/2007
Liberté ?
Y a-t-il un paradoxe dans ce rapprochement de l’écrivain de la gauche ouvriériste et du politicien de la droite bonapartiste ? Sans doute. Mais leur idée commune est connue : le productivisme. Leur vision du monde est quantitative.
Et si l’un veut inciter les animaux humains à s’agglomérer dans des émanations de l’Internationale, l’autre use de tous ses charmes pour les manipuler car il les aime comme public à assujettir par la manoeuvre. Dans les deux cas, l’être n’est qu’une variante de la masse.
C’est pourquoi, si l’on peut s’étonner de me voir relire Zola ces jours-ci, on doit bien penser que c’est pour ce rapprochement bizarre.
Je viens de rouvrir «La curée», le roman de la spéculation foncière et de la métamorphose de Paris commencée sous la monarchie de Juillet et amplifiée à un train d’enfer sous le Second Empire. Victor Hugo conie ainsi dans ses carnets s’être plusieurs fois égaré dans Paris en y revenant en 1870 après près de vingt ans d’exil : il n’y reconnaissait plus rien.
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19/07/2007
À quoi sert le premier ministre ?
Selon la constitution, le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation, le premier ministre est le chef du gouvernement. Autrement dit, c’est lui qui dirige l’action de l’État.
Cette fonction a vite rencontré, dès les débuts de l’application de la constitution de la Ve république, la difficulté que le vrai chef de l’action de l’État est devenu le président, le premier ministre se chargeant avant tout de l’« intendance », soit l’action économique et sociale, l’organisation de l’État, la police, l’éducation, bref, la vie, cependant que le président fixait les objectifs, ce qui revenait en pratique à empiéter sur les prérogatives de « détermination » de la politique de la nation telles que les entendait la constitution.
De fait, cet article de la constitution n’a été appliqué qu’en période de cohabitation, ce qui peut paraître un paradoxe. Dès lors que l’on cherche à éliminer toute hypothèse de cohabitation (logique du quinquennat et du jumelage des élections présidentielle et législatives), il est plus honnête de supprimer le poste de chef du gouvernement, d’en transférer les fonctions au président et ainsi de faire de ce dernier le vrai chef de l’exécutif.
Seulement, il y perd à la fois sa mission de rassemblement et son fusible.
La logique d’un président secondé par un premier ministre pouvait ressembler à celle d’une organisation militaire, le capitaine soutenu d’un lieutenant, mais en supprimant le lieutenant, on laisse le capitaine seul face à la troupe alors que la fonction de commandement est bien double.
Supprimer le poste de premier ministre est donc sans doute une erreur. Cela pose surtout de redoutables questions sur l’expression de la démocratie et la séparation des pouvoirs, le parlement semblant plus abaissé que jamais.
17:09 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, sarkozy, bayrou, mouvement démocrate, institutions | | del.icio.us | | Digg | Facebook
18/07/2007
Faut-il supprimer le poste de premier ministre ?
Michel Debré, signataire de la constitution et inaugurateur du poste, lui donna pourtant un profil modeste et effacé devant le soleil présidentiel. Georges Pompidou, lui, sut si bien incarner la fonction de premier ministre qu’il songea immédiatement à la supprimer dès son avènement à l’Élysée : il savait le poids qu’elle donne à son titulaire. Le renvoi de Jacques Chaban-Delmas, en 1972, donna l’occasion d’un cas d’école institutionnel de réflexion sur la légitimité du locataire de l’hôtel Matignon.
La cohabitation fut le pinacle de la démonstration des inconvénients de l’organisation institutionnelle prévue par la constitution de 1958, comme elle porta le premier ministre au sommet du pouvoir réel. Les sommets européens où, durant cinq ans, parurent à la fois le président Chirac et son premier ministre Jospin furent à juste raison jugés porteurs d’affaiblissement pour notre pays.
On imagina alors de jumeler
15:48 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, économie, sarkozy, mouvement démocrate, bayrou | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L’inflation et la politique du gouvernement.
Or l’inflation est à nos portes, la Banque centrale européenne (BCE) l’a bien compris puisqu’elle a augmenté ses taux directeurs.
Pourquoi ce retour du spectre de l’inflation ? La surchauffe de l’économie mondiale.
Déjà, la croissance galopante de la production et de la consommation chinoise et dans une moindre mesure encore indienne ont provoqué de très vives tensions sur le marché des matières premières énergétiques. Voici qu’elle pèse sur les autres denrées primaires, notamment celles de l’alimentation.
L’annonce d’une hausse vertigineuse du prix des blés et du lait, avant inflation, devrait être une bonne nouvelle pour les agriculteurs et même pour les organismes de subvention, notamment européens.
L’affaire n’est pas si simple : la politique bruxelloise a plus ou moins bien anticipé l’évolution du marché et continue à subventionner des réductions de production sur des marchés marqués au contraire par la rareté. Paradoxalement, la politique européenne contribue à la pénurie, ce qui est l’inverse de sa fonction vitale. La réactivité de ces institutions est désormais en cause.
En revanche, la hausse des cours mondiaux, qui semble structurelle, devrait permettre à terme plutôt court de réduire les subventions à l’agriculture.
Seul le consommateur y perd si l’on n’intervient pas et, de ce côté-là, rien ne paraît pouvoir empêcher la hausse des prix à la consommation ; le déraisonnable déficit budgétaire prévu par M. Sarkozy aura donc d’autant moins d’effet sur la croissance du PIB français qu’il risque bien d’être immédiatement absorbé par l’inflation.
La spirale d’une réédition de la crise connue à la fin des années 1970 est donc bien en place. Dommage.
15:43 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, économie, sarkozy, mouvement démocrate, bayrou | | del.icio.us | | Digg | Facebook