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26/06/2009

Hadopi 2 : la faille de la triple peine.

Voici qu'est apparu le projet de loi dit Hadopi 2 chargé de combiner les intentions de l'industrie de la culture avec les péroccupations du Conseil Constitutionnel exprimées lors de la censure partielle de la loi Hadopi (Hadopi 1 désormais).

Le texte d'Hadopi 2 est succinct. À certains égards, il est même sybillin.

Eolas s'en gausse, Authueil s'en bat l'oeil, mais au fond, on voit bien que ce projet ne tient pas plus la route que le précédent, il la tient même encore moins. Et cela pour une raison très simple : il rappelle au service la présomption de culpabilité.

Le raisonnement est très simple. Cette présomption est autorisée lorsque la peine encourue est une simple amende, et dès lors qu'aucune peine de prison n'est encourue. Or dans le cas d'Hadopi, parce qu'on ne supprime toujours pas la caractérisation du téléchargement comme contrefaçon, une peine de prison est sytématiquement encourue à partir de la constatation de l'infraction. Or le texte confère aux agents d'Hadopi la faculté de constater et que leur constatation fasse foi jusqu'à preuve du contraire, ce qui revient à renverser une nouvelle fois la charge de la preuve, et l'accusé devra faire la preuve de son innocence, il y a donc de nouveau présomption de culpabilité.

Tant pis, me direz-vous, puisqu'à partir de cet instant, le chemin est balisé jusqu'à une amende (assez lourde, trop sans doute).

Ouais, sauf que...

Sauf que non : le chemin n'est pas du tout balisé. À partir du moment où l'infraction est constatée, si la victime se constitue partie civile et réclame des dommages et intérêts, la procédure simplifiée tombe, certes, mais on est en droit de poursuivre non plus seulement le délit Hadopi, mais aussi et surtout le délit de contrefaçon (rappelons que ce sont deux délits distincts). Dès lors, la constatation de l'infraction faisant foi jusqu'à preuve du contraire est une présomption de culpabilité dans une procédure pénale pouvant conduire à l'emprionnement, cette même présomption que le Conseil Constitutionnel a censurée dans Hadopi 1, et qui par conséquent ne passera pas la rampe dans Hadopi 2.

Dès lors, faute de constatation de l'infraction, que peut-il rester d'Hadopi 2 ? Rien, à mon avis.

En somme, si la majorité veut faire passer son Hadopi 2, elle doit au moins y introduire un article supprimant le délit de contrefaçon pour le consommateur final de téléchargement. Pas sûr que cela suffise, d'ailleurs.

23/06/2009

Versailles : la solution de la crise, c'est travailler plus pour gagner plus.

Le retour du chef de l'État à Versailles devant les représentants de la Nation, pour la première fois depuis 1789, a été assez commenté pour n'y pas revenir. Lors de la dernière élection présidentielle, nous dénoncions les travers antirépublicains de son programme. Il a beau conclure par "Vive la répubique", personne n'est dupe, mais là n'est pas l'essentiel.

Il faut en effet se souvenir de la leçon de Bill Clinton : "Ca se joue sur l'économie". C'est la tornade financière qui a définitivement disloqué la campagne de McCain lors de la dernière présidentielle américaine, et ce sont les profondes lacunes du programme socialiste en matière économique qui ont permis l'élection de Sarkozy en 2007 malgré les relents nauséabonds de son programme.

Or Sarkozy est justement venu parler d'économie, devant les élus du peuple.

Pour l'essentiel, son discours n'est que la justification de la politique qu'il mène depuis deux ans, et la promesse d'une nouvelle augmentation des déficits publics, avec une persévérante "modernisation" du modèle français ("La crise a remis le modèle français à la mode, mais..."), et une incohérence assez profonde entre d'un côté une idée strictement productiviste ("réindustrialiser la France", libérer la croissance, améliorer la productivité par la recherche et par la mobilisation des "ressources humaines" - va falloir bosser, mais avec quels emplois ?) et la création d'une taxe carbone qu'il annonce massive (hum, on verra). On pourrait d'ailleurs noter d'autres incohérences, notamment sur la question de l'Internet, secteur innovant s'il en est, dont la volonté de "régulation" ne peut pas être interprétée comme une libération des énergies (sur la "question du droit d'auteur", "j'irai jusqu'au bout").

Le distinguo qu'il fait entre "bon" et "mauvais" déficits (celui des dépenses courantes et celui de l'investissement) pourrait être pertinent si la situation actuelle n'était pas déjà désastreuse dans tous les domaines.

L'emprunt qu'il a annoncé est un cadeau fait à ses électeurs, ceux qui ont de l'argent et qui pourront souscrire à cet emprunt dont les conditions seront certainement plus avantageuses pour eux que pour l'État. Ces petits cadeaux-là entretiennent l'amitié. On a entendu les journalistes glousser d'admiration en notant que, naturellement, le succès de l'emprunt aurait valeur de référendum. Mais on sait bien que l'argent aime Sarkozy, pas besoin d'un référendum sur ce point. Et d'ailleurs, si par extraordinaire les Français boudaient cet emprunt, il se trouverait toujours un émir pour le boucler, ce qui permettrait de s'émerveiller sur le soutien populaire du président.

Quant à l'innovation qui en résultera, hum, on verra. La vraie façon d'encourager la recherche, c'est de consommer du produit de haute technologie, pas d'engloutir des fortunes dans des laboratoires, il devrait le savoir. Quant à l'amélioration des structures publiques de recherche et de leur articulation avec le développement industriel, tout cela est en contradiction avec les intérêts économiques qui sous-tendent l'action de la majorité depuis deux ans, et qui ont largement désamorcé le grenelle de l'environnement.

En somme, toujours la même dissociation entre les mots et les actes :

Mettre l'économie au service de l'homme. Respecter la nature. Réguler la mondialisation et les marchés. "Le modèle français a de nouveau sa chance". Révolution écologique, révolution numérique. "la part trop belle au capital financier", "spéculation effrénée", référence au CNR et à 1945.

Et toujours les mêmes remises en cause des principes républicains les plus fondamentaux :

"Où en sommes-nous avec le principe de l'égalité ?" La république, ce n'est pas l'égalitarisme, etc.

"Où en sommes-nous avec la laïcité ?" "Je ne vais pas reparler de laïcité positive, mais..." Question au passage de la burqa, qui "n'est pas un problme religieux", mais de "dignité de la femme", ce qui est vrai.

En somme, incohérences flagrantes, double langage obérant la transparence du discours, clivage des gens les uns contre les autres au mépris de leur interdépendance, ce discours a dû faire froncer les sourcils de Quitterie Delmas.

10:57 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, économie, sarkozy, congrès, versailles | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/06/2009

Quitterie parle de son blog.

À l'occasion de son passage à Genève, la Radio Suisse Romande, pour son émission Médialogues, a interrogé Quitterie et, si elle a gardé la version longue de l'interview pour un moment qu'ielle ne fixe pas, la radio a placé quelques phrases de Quitterie au début d'un sujet sur le rôle des réseaux dans le futur.

Quitterie s'y explique sur le silence de son blog, elle promet d'y revenir après avoir mûrement consulté et réfléchi elle-même, pour partager et prolonger ses cogitations.

Le podcast est .

Par ailleurs, si quelqu'un lit le chinois ou le japonais, je serais curieux de savoir ce qui est dit à propos de la vidéo de Quitterie .

19/06/2009

Quitterie s'exprime un peu.

Rassurez-vous : Quitterie Delmas ne s'est pas installée en Suisse avec les paquets de lingots d'or soigneusement dissimulés dans la cave du  MoDem par François Bayrou, et elle n'a pas maquillé son forfait avec des motifs apparemment nobles. En fait, si elle était hier à Genève, c'est à l'invitation de Rézonance et de la Fédération des Entreprises Romandes, pour témoigner de son parcours politique et de ses engagements les plus fondamentaux. Évidemment, lorqu'elle a abordé le sujet des paradis fiscaux, un frisson a couru sur le public assez fourni.

Elle est revenue sur les différents sujets qui ont fait parler les bavards en France dans les derniers mois à son sujet, puis elle a expliqué ce qu'elle faisait pout le moment.

Je vous conseille de regarder l'ensemble des interventions qui seront visibles (avec leurs propres images) sur le site de Rézonance, et bien sûr mes images de Quitterie, juste ici.

 

12/06/2009

Rendez-nous l'esprit de la modémosphère.

J'ai beaucoup hésité à faire cet article, non pas seulement parce qu'on va encore me traiter d'idolâtre, mais surtout parce que je ... Enfin, tant pis.

La blogosphère démocrate (alias modémosphère) est née pendant la campagne présidentielle, d'une façon un peu empirique, et alors que Quitterie Delmas incarnait le lien que François Bayrou voulait établir avec le nouveau média et son univers. Quitterie était à la fois la porte-parole du candidat dans certains médias (non seulement sur la Toile), la veilleuse du candidat sur la Toile et sur certains sujets sociétaux, et la tutrice souple des apprentis-blogueurs qui, peu à peu, se joignaient au mouvement, enfin elle n'animait pas seulement : elle éclairait.

Parmi les principes cardinaux que nous avions en tête grâce aux rappels qu'elle y faisait régulièrement, il y avait celui que nous n'étions pas des "colleurs d'affiche", nos blogs ne rendraient compte efficacement de ce que nous pensions que s'ils respectaient la règle éthique d'Internet : la quête de l'objectivité, l'élévation des perspectives. C'est par le non-militantisme que nous serions militants pour des principes plus élevés que notre candidat et que, partant, nous servirions celui-ci.

Il y avait aussi la recherche de la réalité, d'être des transmetteurs de ce qui se passait dans la société.

Il y avait enfin la volonté de ne pas fonctionner en circuit fermé, mais d'aller vers les autres sensibilités politiques pour faire d'Internet le lieu par excellence du débat politique, ce qu'il était effectivement à ce moment-là.

Forts de ces messages, nous avons, je crois, amélioré considérablement, non seulement notre efficacité, mais notre façon de vivre notre rapport à la politique et, de ce fait, nous avons donné une image grandie de notre candidat. Ce fut quelque chose de collectif. Nous n'étions certainement pas les mieux organisés, ni au fond les plus percutants, mais nous apparaissions ouverts, en harmonie avec le projet d'Internet.

Il y a eu ensuite des mouvements divers, dont je ne ferai pas l'historique ici, car ils ne sont pas mon sujet.

Ce que Quitterie nous transmettait, et ce sur quoi elle était la boussole, c'était l'esprit, l'inspiration, d'Internet. En harmonie avec cet esprit, Bayrou a pu, avec peu de moyens, incarner une forme d'espérance lors de la dernière présidentielle. Ayant perdu cette harmonie, il est redevenu un politicien teigneux, habile dans les périmètres étroits, mais peinant devant les grandes machines et dans le grand jeu.

Et pourtant, il a fait un effort.

C'est ce qui est le plus douloureux à dire : il a fait un effort réel (et coûteux) pour répondre réellement à une attente réelle des adhérents et militants. Il s'agissait d'outils de type intranet en particulier, permettant aux adhérents de se connecter par affinités ou par spécialité. Malheureusement, cet effort est venu trop tard : au lieu de laisser les initiatives militantes qui ne manquaient pas et qui auraient pu fabriquer un outil de très haut vol en peu de temps, il a voulu gérer lui-même l'élaboration de l'outil (une paire de faux jumeaux), ce fut long.

Je passe sur l'outil purement intranet, je n'y ai pas mis le nez, et ça ne m'intéresse pas. Parlons de l'autre.

L'esprit de cet outil est infidèle à l'inspiration des fondations. Si je prends trois critères, j'aboutis à l'impasse :

- l'outil, par son "marquage", son étiquetage militant, incite les adhérents lecteurs et blogueurs au repli sur eux-mêmes, à rester entre eux, ce qui est totalement contraire à l'esprit initial de la modémosphèe, et au projet d'Internet. Il est discriminant au lieu d'être fédérateur. C'est un embrigadement.

- l'outil est désincarné. Quitterie était une mascotte, une cantinière, une marraine, une figure de proue, une pilote (au sens maritime du terme), quelqu'un de repérable, quelqu'un de vivant qui marquait la modémosphère balbutiante de sa propre personnalité et de son charisme. Il n'y a plus rien de tout cela dans la modémosphère actuelle ni dans son outil central.

- l'outil est silencieux. Destiné à répondre à la curiosité des passants, il ne se projette pas sur la Toile, ne signifie rien, il est transparent, je n'en ai rencontré écho nulle part, je n'ai pas entendu annoncer que telle info s'y était révélée, bref, le trou noir. Et il ne s'articule même pas avec le réseau des blogs initiaux, comme s'il voulait les remplacer, ce qui me semble, encore une fois, contraire à l'esprit même d'Internet, fait de spontanéité et de respect de l'autre.

Et je crois que l'inexistence croissante du MoDem sur la Toile a sa source dans la nature de cet outil, qui est raté. Rendez-nous donc l'esprit de la modémosphère, rendez-nous Quitterie Delmas.

09:23 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : politique, modem, internet, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/06/2009

Hadopi tarée, hadopi ratée, hado piratée, hadopiratée

La coupure de l'accès à l'Internet tombe à l'eau, le Conseil Constitutionnel a tranché : la présomption d'innocence est au-dessus de tout, et surtout, Internet est devenu indispensable à la liberté d'expression.

Pour parler une dernière fois de l'élection européenne, il me semble que si Bayrou s'était fortement engagé contre Hadopi au cours du printemps, les choses auraient tourné différemment pour lui.

Pour le reste, il faut souligner l'implication très forte de la société civile, d'Internet et de groupes parfois tournés en ridicule (cinq gus dans un garage, disait-on), mais qui ont su interpeller l'opinion publique et trouver finalement des soutiens dans le monde politique lui-même.

Merci à la Quadrature du Net qui, très tôt, a reçu le soutien de Quitterie, merci au Réseau des Pirates, merci aux députés Bloche, Brard, Billard et consorts, merci aux euh ... à quelques sénateurs qui se sont réveillés en seconde lecture, merci aux eurodéputés Cohn-Bendit, Bono, Sarnez, et merde au PS qui n'a pas reconduit Bono sur ses listes, merci à ceux qui ont soutenu notre travail d'info en déposant des commentaires sur nos articles et sur nos liens, merci aux onze (EDIT : dix, je vois que VGE n'y était pas) membres du Conseil Constitutionnel, merci à feu Omar Bongo sans qui Chirac n'aurait pas été président de la république ni par voie de conséquence membre du Conseil Cionstitutionnel, merci à Mitterrand de s'être laissé battre par Giscard en 1974 (sans lui Giscard n'aurait pas été président ni membre non plus), merci à Michel Debré d'avoir suffisamment honoré son épouse pour que le résultat en soit le président du Conseil Constitutiionnel, merci à tous ceux qui ont pratiqué des rites vaudous contre le projet hadopi, merci au neurone de chacun des membres du Conseil qui, au moment décisif, a tranché pour la censure. Ouf.

Et merci Quitterie.

09/06/2009

Royal en embuscade.

La plus grande erreur que les élus puissent commettre, c'est de se croire propriétaires des voix qui se sont portées sur eux. Cohn-bendit l'a justement noté dimanche soir : des millions d'électeurs se sont portés sur Europe-Écologie "cette fois-ci", façon de dire que ces électeurs sont désormais adultes. Fini, l'électeur ventouse qui oublie de prendre ses lunettes pour lire les programmes, allume le feu avec son courrier électoral et va voter comme son père avant lui. Désormais, l'électeur se renseigne, lit les professions de foi, calcule, évalue, soupèse, et choisit pour une raison qui lui paraît bonne.

Cette fois-ci, puisqu'on l'invitait à lancer un signal fort, et puisque l'enjeu de pouvoir lui paraissait faible, il a lancé un mot : "écologie". En comptant les deux listes écolo (EE et AEI), 20 % des voix tout juste se sont directement (et sans la moindre ambiguïté possible) portées sur l'écologie. Et le message était bien l'écologie, l'environnement, l'avenir de la planète, puisque les "petits" écologistes en ont autant bénéficié que les grands. Le vainqueur n'est ni Cohn-Bendit, ni EE, mais l'écologie elle-même, ce que ni les écolo des Verts, ni ceux du MoDem (dont son président) ne devront oublier.

Car l'écologie était lourdement absente de son livre. Deux ou trois autres choses m'y ont paru gênantes (bien que je trouve en général le livre bien écrit et juste sur des points cruciaux) : la première, c'est qu'on n'y parle des immigrés qu'une fois, pour les désigner comme nuisibles (les patrons se servent d'eux pour comprimer les petits salaires à la baisse, ce qui est vrai), pas d'amendement "Welcome" chez Bayrou, c'est réellement abasourdissant ; la deuxième, c'est que lorsqu'il dit qu'il ne fréquentait plus les gens de la haute industrie ni de la haute finance depuis 1997, je reste circonspect, étant donné qu'après cette date il a très longtemps siégé dans le bureau de la gestion économique du sport hippique français aux côtés de Lagardère père puis de Rothschild, et je veux bien croire qu'il n'appelle pas cela les fréquenter, mais tout de même, il y a une forme de tartuferie ; bref, peu importe, disons que son livre fait l'impasse sur l'écologie, et que c'est regrettable, une faute non seulement politique, mais tout simplement contre l'esprit.

Pour en revenir au fait que les voix n'appartiennent à personne, il faut noter aussi qu'une bonne part de l'électorat socialiste a décidé de sanctionner le Parti Socialiste, et c'est certainement le cas de nombreux partisans de Ségolène Royal, ce qui laisse augurer des régionales terribles pour le PS s'il ne se réforme pas. Royal est en embuscade, ça sent la poudre.

Et pour finir sur ce sujet, je reviens une dernière fois sur ce qui a été dit par les esprits nauséabonds du bayroucosme : que Quitterie se serait vendue à Ségolène Royal. Il y a deux choses : la première, c'est qu'elle se serait vendue. Or sur ce point, renoncer à une candidature qui lui garantissait (ah, si elle avait été candidate !) d'être députée européenne pour rejoindre le bateau Royal, lâcher la proie pour l'ombre, cela ne me paraît pas relever de la catégorie des âmes vendues pour des plats de lentilles. La deuxième chose, c'est qu'il aurait été parfaitement admissible que Quitterie, jugeant les perspectives programmatiques proposées par Royal plus proches de ses aspirations profondes (compte tenu de l'évolution de Bayrou), se rapproche de Royal. Quel mal y aurait-il eu à cela, d'autant plus qu'elle avait l'honnêteté de ne pas le faire en empochant au passage un siège de député MoDem qu'elle aurait ensuite monnayé auprès de Royal ? On s'est donc vraiment mal conduit envers elle.

Une dernière conclusion sur le vote de dimanche dernier : près d'un électeur sur trois qui s'est exprimé a refusé d'entrer dans le jeu du débat droite-gauche... J'ai l'impression que c'est la première fois depuis très longtemps, mais je ne serais pas surpris que ce chiffre continue à augmenter, tant la réalité de l'axe doite-gauche peine à rendre compte de celle des politiques menées.

Le cadeau électoral du RSA, quelques jours avant le vote, a dissuadé les petits revenus concernés (qui sont nombreux) de protester contre le sarkozysme, il faudra en tenir compte, car cette tactique sera employée de nouveau.

Je crois que ces manoeuvres détestables ne nous seront pas épargnées à l'avenir, et j'ai la conviction qu'il faudra une alliance très large dans laquelle l'ensemble des sensibilités devra faire preuve d'abnégation, si nous voulons au moins remplacer le sarkozysme par un moindre mal en 2012, voire favoriser l'évolution vers une société des "petits matins" chère à Quitterie.

Quant à Quitterie elle-même, qu'elle le sache, elle peut décider de soutenir qui elle veut, non pas forcément pour le succès de cette personne, mais pour des principes qu'elle jugera cardinaux. Elle peut continuer à agir seulement dans l'ombre, ou bien militer pour le succès d'un programme, ou soutenir qui elle veut, elle aura mon soutien, qu'il s'agisse de n'importe qui, même de Bayrou ou de Royal.

08/06/2009

Le retrait de Quitterie était un symptôme qu'il aurait fallu prendre plus au sérieux.

Une phrase du document de cadrage de la campagne européenne, à l'automne, m'avait interpellé, une ou plutôt deux. La première était la référence constante à l'UDF (ce qui s'est vu dans le score final, hum), l'autre, et c'est la plus importante, était que puisque Bayrou était fort chez les jeunes, la campagne européenne était l'occasion de l'ui donner un électorat plus âgé. Belle idée, et beau résultat.

Car le fait marquant de l'élection est l'abstention, d'une manière générale, et d'une manière plus particulière l'abstention des jeunes (70 ou 80 % selon les sources) qui ne sont pas allés voter, l'électorat même de Bayrou à qui Bayrou a doublement manqué, et qui (en ne votant pas) a manqué lui-même à la république par la faute des concepteurs de la campagne (et de Bayrou lui-même par voie de conséquence).

C'est ici qu'il faut dire que les attaques ignobles dont Quitterie a été la victime lorsqu'elle a annoncé son retrait ont eu un effet multiple et terrible.

Car Quitterie était la part de fraîcheur du message bayrouiste, la vitrine jeune, la tête de gondole des 18-34 ans du bayrouisme. le fait qu'elle choisisse de se retirer en pleine gloire (si j'ose dire) aurait dû fonctionner comme un signal d'alarme, CASSE-COU ! Mais non, tout absorbé par ses calculs mesquins le bayroucosme s'en est pris à elle au nom de logiques de basse politique sans déceler les raisons profondes d'un choix de conscience qui est celui que les électeurs de Bayrou ont fait à leur tour dimanche.

Trop de calculs, pas assez de spontanéité, de désintéressement, d'altruisme, de souci du bien commun, dans le message de Bayrou. Et finalement, les électeurs, ses électeurs, la génération montante qui l'a fortement poussé en 2007 et qui ne s'est pas reportée sur un autre candidat aux Européennes, cette génération de Quitterie est restée chez elle comme Quitterie.

Non, j'ai la conviction que Quitterie a voté, elle m'a dit qu'elle le ferait. Mais elle est restée chez elle avant, pendant la campagne, elle s'est détournée des grouillements politiciens comme les électeurs de sa génération l'ont fait dimanche le jour du scrutin.

Oui, vraiment, le retrait de Quitterie disait bien autre chose qu'on l'a prétendu, et il aurait bien fallu s'en alarmer comme elle l'a d'ailleurs dit elle-même à l'époque : "Ils feraient mieux de se demander pourquoi une jeune femme de 31 ans choisit de se détourner" d'eux.

On a préféré traiter le mal par l'incantation et la stigmatisation. Dommage.

En tout cas, faites ce que vous voulez mais moi, dès que j'en aurai l'occasion, j'irai m'informer sur ce que pensent les jeunes actifs, j'irai écouter Quitterie.

17:14 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : politique, européennes, modem | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Plus que jamais, la vraie opposition est dans la société civile.

À un moment donné, en écoutant le discours de Cohn-Bendit devant ses troupes, ce soir, j'ai cru entendre, presque mots pour mots, ce que Bayrou avait dit aux fondateurs du MoDem en 2007 : créer un mouvement "où il n'y aura pas d'OPA de l'un sur l'autre", parlant des différentes organisations supposées se fédérer dans un nouvel ensemble, plus ou moins citoyen, blablabla, etc. Bref, on rejoue le film. Et on sait où il mènera, on peut écrire le scénario d'avance. Disons au moins que l'écologie y aura gagné en visibilité, c'est déjà ça.

Pour le reste, ce qui est marquant est un léger redressement de la droite. En 1999, le total droite + extrême droite est 39 %, en 2004 il descend à 38 % (l'étiage pour la fin de règne de Chirac). Or en 1994, juste avant ce cycle, il est au-delà de... 48 %, mais c'est en comptant le centre. Celui-ci s'est présenté librement quatre fois : en 1989 il a obtenu 8,43 %, en 1999 9,28 %, en 2004 11,96 %, et cette fois retour à 8,5 %.

Le total droite + ext dte + centre donne 49 % en 1989, 48 % en 1994 et 1999, 50 % en 2004 grâce à une poussée du centre au détriment de la gauche pourtant au zénith. Cette fois-ci, il approche de 51 % grâce à une poussée de la droite au détriment du centre.

Il est vrai qu'alors qu'en 2004, l'électorat centriste était perméable au vote UMP, les 8,5 % restant au MoDem peuvent facilement passer pour particulièrement déterminés contre l'UMP dont l'expansion semble bloquée.

Mais de toutes façons, cette poussée ne s'est pas (ou peu) faite par une conquête d'électeurs, mais par l'abstention plus grande de l'électorat de l'opposition que celle de l'électorat de la majorité.

Et c'est bien là le vrai problème : l'opposition politique est malade de ses partis politiques. Il n'y a décidément rien à tirer de cet invariable amoncellement de fatuités et de cupidités. Incontestablement, si nous voulons défaire le sarkozysme, en 2012 ou avant, c'est dans la société civile qu'il faudra le faire, comme l'a très justement anticipé Quitterie.

05/06/2009

Je pense à tous les militants.

Il paraît que les politiques ont donné un spectacle affligeant, ce soir.

J'en suis triste pour toutes celles et tous ceux (comme on dit) qui se crèvent le cul à distribuer des tracts, à faire du porte à porte, à convaincre leurs voisins de bureau que voter, c'est important, que ça sert à quelque chose.

Je suis triste pour ceux qui consacrent leur vie à une activité qui ne les récompense jamais.

Je suis triste pour eux. Le résultat approche. Quoiqu'il puisse arriver, il sera injuste, il sera disproportionné par rapport aux efforts qu'ils auront fournis. Je pense aux militants socialistes du 21 avril 2002, aux militants de toutes les défaites qui, chaque fois, leur paraissent injustes, parce qu'ils ont mis tout leur coeur à l'ouvrage.

Je pense aux militants que je connais, avec lesquels j'ai moi aussi, longtemps, si longtemps, si longtemps, arpenté la ville et la France, je pense aux copains.

Parce que la politique, ce ne sont pas seulement des idées, des convictions, c'est aussi le sandwich d'après les collages d'affiches (autrefois), ou le pot entre potes après un débat dans un café. La politique, ce sont les coups de fil à minuit pour résoudre un problème catastrophique qui, évidemment, n'attend pas, ne peut pas attendre jusqu'au lendemain. Ce sont les rêves partagés, les divagations dans la fumée ou dans la buée. Quand toutes les illusions se sont dissipées, il ne reste que ça : les copains. Je pense aux déceptions que l'on éprouve parfois, entre copains, quand le chiffre qui s'affiche au compteur est cruel, comme il est injuste alors.

Injuste, forcément injuste, et forcément disproportionné, parce qu'au fond, dans les grandes élections, dans les scrutins nationaux, ils n'y peuvent rien, tout se joue au-dessus d'eux, et d'ailleurs, pour la sphère qui les surplombe.

Je pense à tous les militants, parce que dimanche, le scrutin a lieu. Le fantasme du score va passer l'épreuve du réel. Et du même coup, une tranche de vie va se refermer, une page va se tourner, pour toujours, reléguant les épuisants efforts dans un passé souvent douloureux, et des équipes de copains vont se dissoudre, parce que la vie est comme ça, elle unit, puis elle sépare.

Je pense à tous les militants, à ce qu'ils subissent. Et forcément, je ne peux pas m'empêcher de penser à ceux qui cherchent une autre manière de faire de la politique. Je pense à Quitterie.

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03/06/2009

Prenez la Bastille.

L'opposition au sarkozysme est partout, dans la rue, au bureau, dans la société civile, comme dirait Quitterie. et j'ai donc eu envie d'un court pèlerinage pour nourrir mes réflexions sur les Européennes et sur la bataille contre le sarkozysme. Voici le résultat du tout :

 

31/05/2009

Hadopi explorer.

Bon, je pense que tout le monde a déjà lu ça, mais pour les retardataires, voici le début d'un savoureux articles de Pcinpact sur le site humoristique Hadopi explorer. Une bonne lecture pour un dimanche (la suite est ).

Hadopi Explorer : avant les mouchards, le navigateur officiel
Label de Cassis

Humour

 

Hadopi Explorer est un navigateur, en fait un site qui en a l’apparence. Ce projet (presque) sérieux veut offrir une vision de l’Internet 3.0 dans sa version délirante, shootée aux mouchards et autres turbines du projet Hadopi.

Ainsi lorsque vous entrez une adresse et cliquez sur Fichier puis Enregistrer ou Imprimer, un message vous alerte que ces actes constituent des tentatives de contrefaçon et sont donc proscrits.

Si vous tentez de surfer librement, une surveillance à la volée s’exercera. En cas de vérification positive, un autre message vous informera de l’odeur de sainteté du domaine visité. Tentez par exemple de surfer sur PCINpact.com : « Opposant à l'Hadopi ! Ne pas tenir compte de leur avis ! ». Paf.

hadopi explorer navigateur extension humour

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30/05/2009

Actualisation pour l'Île de France.

Je vois un nouveau sondage pour l'Île de France, j'actualise donc mes calculs.

UMP 29 %, PS 18 %, Verts 13 %, MoDem 12 %, FdG 6, NPA 5, FN 5.

L'UMP conserve 5 sièges (moyenne 5,8) mais voit le 6e s'éloigner (moyenne 4,8). Le PS en conserve 3 (le 4e est à 4,5). Les Verts en ont toujours 2 (le 3e est à 4,3). Le MoDem toujours 2 (le 3e à 4). La seule nouveauté est que le FdG conforte son option sur le 13e siège. Cela étant, le 3e PS et le 2e MoDem sont à 6, un seul point au-dessus du NPA et du FN, une surprise n'est pas totalement impossible.

00:45 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, européennes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

29/05/2009

Après la libération de Coupat, il reste des embastillés

J'étais avec Quitterie à Sarcelles, ce soir de novembre où des inconnus, à Villiers-le-Bel (commune voisine), ont fait feu au milieu de l'émeute sur des policiers qui en sont morts. Je me souviendrai toute ma vie de l'arrivée du regretté Ali Menzel (suppléant de la candidature de Jean-Michel Cadiot pour le Mouvement Démocrate), affolé, effondré, expliquant ce qui se passait dans sa ville et dans son quartier, comme il essayait de ramener le calme.

Il y aura toujours une part d'ombre sur les circonstances qui ont coûté la vie aux deux jeunes de Villies-le-Bel dont les émeutes voulaient dénoncer l'injustice.

Et quelques semaines plus tard, en février 2008, dans des conditions scandaleuses et tonitruantes (on était en pleine campagne pour les élections municipales et cantonales), d'autres jeunes étaient arrêtés. Quinze mois plus tard, alors que leurs dossiers semblent vides, quatre d'entre eux sont toujours sous les verrous.

Il y a déjà longtemps que les défenseurs des droits de l'homme dénoncent l'abus de la détention provisoire et préventive par la justice française. Ce cas est particulièrement flagrant, il l'est d'autant plus que personne ne parle jamais de ces pauvres gamins. La libération de Coupat en est l'occasion. Dès l'arrestation de celui-ci, Quitterie avait fait le lien entre les deux affaires. C'est ce que vient de faire aussi un chroniqueur du site Rue 89. Réclamons la libération des jeunes de Villiers-le-Bel.

28/05/2009

Coupat : la fin d'une injustice ?

La libération de Julien Coupat met fin à une détention provisoire manifestement injuste. Comme Coupat le disait lui-même dans Le Monde ces jours derniers, sa détention était une vengeance de la justice policière déçue de n'avoir pas de preuve contre lui.

On pourra gloser sur Coupat, bourgeois "passé à l'ennemi de classe" (ce qui a certainement joué dans les rigueurs qu'il a subies). Coupat est peut-être un blanquiste plus qu'autre chose. Il nie avoir écrit "L'insurrection qui vient", mais avoue en être lecteur (et suggère donc sa lecture). Sa détention le désigne en tout cas comme une sorte de Besancenot en mieux, un héros de la lutte qui aurait souffert dans sa chair, un vrai, un dur, un tatoué.

Sa détention était un abus de pouvoir intolérable. Sa libération, même assortie de conditions extravagantes, est une bonne nouvelle, de celles qui réjouissent Quitterie.

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19/05/2009

Quelques réflexions sur le résultat possible des Européennes en Île de France.

Un mot du dernier sondage dont j'ai eu connaissance pour l'Île de France. Je rappelle qu'il y a treize sièges à pourvoir à la proportionnelle selon la méthode de la plus forte moyenne. D'après Wikipedia (j'avoue que j'avais oublié ce détail qui n'en est pas un), la règle antérieure des 5 % a été maintenue malgré le découpage de la France en circonscriptions. Seule les listes dépassant 5 % peuvent prétendre avoir des élus.

Les estimations du sondage en question donnent 33 % à l'UMP, 21,5 % au PS, 14 % aux Verts, 12 % au MoDem et on passe sans transition à 5,5 % pour le Front de Gauche, l'autre Front ne passant pas la barre des 5%.

Pour 5 sièges, l'UMP a une moyenne de 6,6, pour 6, elle est de 5,5. L'UMP a 5 sièges garantis.

Pour 3 sièges, le PS a une moyenne légèrement supérieure à 7 %, pour 4 elle tombe à 5,3 %. Le PS a 3 sièges au moins.

Pour 2 sièges, les Verts ont une moyenne de 7 %. Pour 3 sièges, elle tombe à 4,7 %. Les Verts ont 2 sièges.

Pour 2 sièges, le MoDem a une moyenne de 6 %, pour 3 elle va à 4 %. Le MoDem a 2 sièges.

5 + 3 + 2 + 2 = 12. Il reste un siège à pourvoir. Pour ce siège ultime, si l'on prend les scores ici estimés, l'UMP et le Front de Gauche sont au coude à coude à 5,5 %, il manque 0,8 % aux Verts pour y prétendre et 0,2 % au PS ou 1,5 % au MoDem. Le vote utile, selon ces estimations, serait en Île de France (et là seulement) de voter pour le Front de Gauche, de façon à ôter un siège au sarkozysme.

Mais il faut relativiser : je n'ai pas vu d'autre sondage francilien. En faisant la moyenne des sondages, on pourrait affiner l'estimation des scores éventuels des listes.

Quant à savoir ce que cela changerait pour l'Europe et pour la vie des gens, c'est une autre histoire, comme dirait Quitterie.

 

13/05/2009

On danse sur le monde en morceaux.

Version originale :

Version lipdub :

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Hadopi : la majorité fait le plein au Sénat (189/14).

Cette fois, c'est fait : le parlement a adopté hélas le projet Hadopi.

189 sénateurs de la majorité (soit presque tous) se sont prononcés pour le projet à l'issue d'un court débat émaillé par ... six amendements.

14 sénateurs ont voté contre, des communistes, des verts et les deux sénateurs du Parti de Gauche de Mélenchon, ainsi que le Non inscrit Jean-Louis Masson (qui a été député RPR si ma mémoire est bonne). Un gros tiers des sénateurs n'a pas participé au vote, la plupart des socialistes.

Prochaine étape : le conseil constitutionnel.

13:01 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, médias, hadopi, sénat | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Faut-il sauver le soldat Cohn-Bendit ?

Depuis que Quitterie a renoncé à y participer, j'avoue que les élections européennes ont cessé de m'intéresser. Les grands équilibres du parlement européen sont relativement stables, l'élection française n'y bouleversera pas grand chose, sinon quelques députés socialistes en moins, quelques députés de droite en plus, et peut-être la disparition du Front National de l'échiquier, que j'ai annoncé voici déjà plusieurs mois être l'objectif principal pour Sarkozy dans ces Européennes.

Mais les derniers sondages annoncent un possible événement majeur : les listes Europe-Écologie, conduites par Daniel Cohn-Bendit et José Bové sont en difficulté selon plusieurs sondages. Le dernier en date, celui de l'IFOP, donne les listes vertes au coude à coude avec le NPA et le Front de Gauche à 7 %. Qui plus est, les Verts sont en phase descendante, le Front de Gauche en phase ascendante, et leurs courbes pourraient se croiser. Daniel Cohn-Bendit va-t-il quitter le parlement européen par la petite porte, sur un banco manqué ?

Il faut dire que sa stratégie est un peu confuse : il l'a lancée en affichant vertement (si j'ose dire) son opposition à Sarkozy au parlement européen, mais dans le même temps, on apprenait qu'il était reçu régulièrement et chaleureusement à l'Élysée. Il a aussi participé à un lipdub dont l'opposition à l'action du gouvernement est explicite, mais il va suggérer aux Verts italiens de participer à un gouvernement avec Berlusconi.

On n'est pas obligé de s'arrêter à ces contradictions : l'argument le plus explicite qui sous-tend la volonté de rapprochement avec la droite est qu'il y a urgence pour la planète, et qu'attendre que la gauche parvienne à prendre le pouvoir peut-être un crime contre la nature. C'est vrai, mais si l'on regarde ce raisonnement d'un autre oeil, on retrouvera les arguments des vieux UDF toujours prêts à se vendre pour un maroquin, et les électeurs n'aiment pas ce genre d'attitudes.

Au contraire, les électeurs veulent de la sincérité. Sarkozy est rejeté par presque deux Français sur trois en ce moment. Et non seulement il est rejeté, mais c'est avec véhémence et passion, alors que Cohn-Bendit se donne une image (d'ailleurs intéressante) de vendeur de complexité, capable d'évaluer le pour et le contre. Dans certaines circonstances, ce qui est complexe est en fait compliqué. C'est probablement ce que l'électeur pense de l'attitude de l'ex-figure de Mai 68.

Et d'ailleurs, la génération de mai 68, on l'a vu pendant la dernière présidentielle, elle a plutôt mauvaise presse. Souvenons-nous de ce qu'a écrit Quitterie en 2007, au nom de la génération des jeunes actifs, contre la génération de 68 qui a maintenu son train de vie en creusant la dette et en sacrifiant la planète. Dans une certaine mesure, Cohn-Bendit paie pour les autres de sa génération.

Cela ne pourrait suffire à expliquer qu'il soit passé en deux ou trois mois de 11 % à 7 %. Il y a autre chose, des causes en partie exogènes.

La première sans doute est que la première campagne européenne de Cohn-Bendit, en 1999, s'était faite dans un contexte très particulier, une UMP (RPR) en plein brouillard (et Séguin tête de liste focalisait la campagne sur l'enjeu spécifiquement européen), une gauche embourbée dans le pouvoir, un besoin de fraîcheur que Cohn-Bendit avait incarné en même temps que Bayrou. C'était spectaculaire : le banni de 1968 qui revenait par les palais électoraux, une revanche. Dix ans plus tard, le contexte a totalement changé. Comme on dit chez Astérix, "bis repetita ne placent pas toujours".

Ce qui a changé également, c'est la technique politique. En 1999, l'abattage fantastique de Cohn-Bendit faisait de lui de loin le plus moderne de la compétition. Dix ans plus tard, après une campagne présidentielle qui s'est faite dans Voici et dans Gala, et chez Drucker, la technique politique de Cohn-Bendit fait probablement de lui ce que Rachida Dati a nommé avec une lucidité cruelle un "homme du passé".

Enfin, il est sans doute lui-même fatigué. Il a dit en lançant sa campagne que ce serait la dernière, que ce serait son dernier mandat de député européen. C'est honnête, mais les électeurs votent rarement pour ceux qui leur expliquent qu'ils sont au bout du rouleau et qu'ils n'ont plus grand temps pour s'adresser au monde qui est en morceaux.

J'ajoute que Cohn-Bendit a un défaut important : en politique étrangère, il penche nettement du côté américain, et il est comme Strauss-Kahn pour l'Union Pour la Méditerranée, pour l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, bref...

Mais il ne faut pas oublier le rôle crucial qu'a joué le groupe vert au parlement européen dans le débat contre Hadopi, comme d'ailleurs au parlement français. Et puis, on peut voir que Cohn-Bendit a permis aux Verts de rebondir après une présidentielle très décevante.

Alors, avec tous ces contrastes, toute cette histoire entremêlée et complexe, mais aussi une planète à sauver, je crois qu'il serait dommage que Daniel Cohn-Bendit quitte le parlement européen sans avoir eu droit à son dernier tour de manège.

12/05/2009

Merci aux 233 (liste jointe).

Ils ont voté contre Hadopi :

UMP : MM. François Goulard, Denis Jacquat, Franck Marlin, Lionel Tardy, Christian Vanneste et Michel Zumkeller.

PS et app. : Mmes Patricia Adam, Sylvie Andrieux, MM. Jean-Marc Ayrault, Jean-Paul Bacquet, Dominique Baert, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, Claude Bartolone, Jacques Bascou, Christian Bataille, Mmes Delphine Batho, Chantal Berthelot, M. Jean-Louis Bianco, Mme Gisèle Biémouret, MM. Serge Blisko, Patrick Bloche, Daniel Boisserie, Maxime Bono, Jean-Michel Boucheron, Mme Marie-Odile Bouillé, M. Christophe Bouillon, Mme Monique Boulestin, M. Pierre Bourguignon, Mme Danielle Bousquet, MM. François Brottes, Alain Cacheux, Jérôme Cahuzac, Jean-Christophe Cambadélis, Thierry Carcenac, Christophe Caresche, Mme Martine Carrillon-Couvreur, MM. Laurent Cathala, Bernard Cazeneuve, Guy Chambefort, Jean-Paul Chanteguet, Alain Claeys, Jean-Michel Clément, Mme Marie-Françoise Clergeau, MM. Gilles Cocquempot, Pierre Cohen, Mmes Catherine Coutelle, Pascale Crozon, M. Frédéric Cuvillier, Mme Claude Darciaux, M. Pascal Deguilhem, Mme Michèle Delaunay, MM. Guy Delcourt, Michel Delebarre, François Deluga, Bernard Derosier, Michel Destot, René Dosière, Julien Dray, Tony Dreyfus, Jean-Pierre Dufau, Mme Laurence Dumont, MM. Jean-Louis Dumont, Jean-Paul Dupré, Yves Durand, Mme Odette Duriez, MM. Philippe Duron, Olivier Dussopt, Christian Eckert, Henri Emmanuelli, Mme Corinne Erhel, MM. Laurent Fabius, Albert Facon, Mme Martine Faure, M. Hervé Feron, Mmes Aurélie Filippetti, Geneviève Fioraso, M. Pierre Forgues, Mme Valérie Fourneyron, MM. Michel Françaix, Jean-Claude Fruteau, Jean-Louis Gagnaire, Mme Geneviève Gaillard, M. Jean Gaubert, Mmes Catherine Génisson, Annick Girardin, MM. Joël Giraud, Jean Glavany, Daniel Goldberg, Gaëtan Gorce, Marc Goua, Jean Grellier, Mme Elisabeth Guigou, M. David Habib, Mme Danièle Hoffman-Rispal, M. François Hollande, Mme Sandrine Hurel, M. Christian Hutin, Mme Monique Iborra, M. Jean-Louis Idiart, Mme Françoise Imbert, MM. Michel Issindou, Eric Jalton, Serge Janquin, Henri Jibrayel, Régis Juanico, Armand Jung, Mme Marietta Karamanli, M. Jean-Pierre Kucheida, Mme Conchita Lacuey, MM. Jérôme Lambert, François Lamy, Mme Colette Langlade, M. Jean-Yves Le Bouillonnec, Mme Marylise Lebranchu, MM. Patrick Lebreton, Gilbert Le Bris, Jean-Yves Le Déaut, Michel Lefait, Jean-Marie Le Guen, Mme Annick Le Loch, M. Patrick Lemasle, Mmes Catherine Lemorton, Annick Lepetit, MM. Bruno Le Roux, Jean-Claude Leroy, Bernard Lesterlin, Serge Letchimy, Michel Liebgott, Mme Martine Lignières-Cassou, MM. Albert Likuvalu, François Loncle, Victorin Lurel, Jean Mallot, Louis-Joseph Manscour, Mmes Jacqueline Maquet, Jeanny Marc, Marie-Lou Marcel, MM. Jean-René Marsac, Philippe Martin, Mmes Martine Martinel, Frédérique Massat, MM. Gilbert Mathon, Didier Mathus, Mme Sandrine Mazetier, MM. Michel Ménard, Kléber Mesquida, Didier Migaud, Pierre Moscovici, Pierre-Alain Muet, Philippe Nauche, Henri Nayrou, Alain Néri, Mmes Marie-Renée Oget, Françoise Olivier-Coupeau, MM. Michel Pajon, Christian Paul, Mme George Pau-Langevin, MM. Germinal Peiro, Jean-Luc Perat, Jean-Claude Perez, Mmes Marie-Françoise Pérol-Dumont, Martine Pinville, MM. Philippe Plisson, François Pupponi, Mme Catherine Quéré, MM. Jean-Jack Queyranne, Dominique Raimbourg, Mmes Marie-Line Reynaud, Chantal Robin-Rodrigo, MM. Alain Rodet, Bernard Roman, René Rouquet, Alain Rousset, Patrick Roy, Michel Sainte-Marie, Michel Sapin, Mme Odile Saugues, M. Christophe Sirugue, Mme Christiane Taubira, M. Pascal Terrasse, Mme Marisol Touraine, MM. Jean-Louis Touraine, Philippe Tourtelier, Jean Jacques Urvoas, Daniel Vaillant, Jacques Valax, André Vallini, Manuel Valls, Michel Vauzelle, Michel Vergnier, André Vézinhet, Alain Vidalies, Jean-Michel Villaumé, Jean-Claude Viollet et Philippe Vuilque.

PCF, Verts et app. : Mme Marie-Hélène Amiable, M. François Asensi, Mmes Huguette Bello, Martine Billard, MM. Alain Bocquet, Patrick Braouezec, Jean-Pierre Brard, Mme Marie-George Buffet, MM. Jean-Jacques Candelier, André Chassaigne, Yves Cochet, Jacques Desallangre, Marc Dolez, Mme Jacqueline Fraysse, MM. André Gerin, Pierre Gosnat, Maxime Gremetz, Jean-Paul Lecoq, Noël Mamère, Roland Muzeau, Daniel Paul, François de Rugy, Jean-Claude Sandrier et Michel Vaxès.

NC : MM. Jean-Pierre Abelin, Jean Dionis du Séjour, Philippe Folliot, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Luc Préel et François Rochebloine. (dans le lot, deux anciens présidents des JDS : Abelin et Lagarde).

NI (dont MoDem et DLR) : MM. Abdoulatifou Aly, François Bayrou, Mme Véronique Besse, MM. Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, Dominique Souchet et François-Xavier Villain.

Je préfère oublier les noms de ceux qui ont voté pour. Maintenant, il faut penser à nos sénateurs, s'atteler au recours constitutionnel, puis aux recours administratifs et européens. Il faut enfin développer des solutions, comme dirait celle qui nous manque : Quitterie.

17:54 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, médias, hadopi | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook