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19/02/2009

"Le code a changé".

J'ai été en classe pendant quelques années au lycée Janson, à Paris, avec une fille toute blonde, ravissante, des yeux très bleus, un joli teint, des dents de perle, un sourire cristallin, qui était ma voisine dans l'ordre alphabétique et dont j'étais alors éperdument amoureux : c'était Caroline Thompson, la fille de la cinéaste Danièle Thompson et la petite-fille du génial Gérard Oury.

De cette époque, il m'est resté une sympathie pour cette famille que je suis de plus ou moins loin. J'ai le souvenir grisé d'un déjeuner avec Caroline Thompson au Bar des Théâtres qui a servi depuis de décor au joli film de sa mère, "Fauteuil d'orchestre".

Gérard Oury est le maître du burlesque français de la deuxième moitié du XXe siècle. Ses cinq plus grands films (La Grande Vadrouille, Le Corniaud, Le Cerveau, La Folie des Grandeurs et Les Aventures de Rabbi Jacob) totalisent plus de 46 millions d'entrées payantes en France à eux cinq, soit une moyenne extravagante de plus de 9 millions d'entrées par film. La Grande Vadrouille, en son temps, a été vue par plus d'un Français sur trois, ce qui ferait une fréquentation supérieure à 21 millions d'entrées aujourd'hui, un million de plus que les Ch'tis. Et c'est bien mérité : c'est un véritable chef-d'oeuvre. Rabbi jacob en est un autre, l'un des films les plus courageusement humanistes que j'aie vus, préconisant le rapprochement des juifs et des Arabes à l'époque même de la guerre du Kippour, et la réconciliation des trois religions du Livre.

Danièle Thompson a collaboré à quatre de ces cinq films, ceux qui ont suivi le Corniaud. La série aurait sans doute continué si Louis de Funès n'avait été victime d'une attaque après avoir enchaîné trop de tournages de films et de représentations au théâtre. Entre Rabbi Jacob en 1973 et La Carapate en 1978, Oury n'a rien tourné.

Ce fut l'occasion pour Danièle Thompson de percer de son côté. On vit en 1975 "Cousin, cousine", un film de Jean-Charles Tacchella, au scénario duquel elle contribua et qui obtint trois nominations aux Oscar, autant aux César et celle de meilleur film étranger aux Gloden Globes.

C'est un peu plus tard encore qu'elle perça vraiment, que "sa place fut dessinée sur la carte" comme dit sa fille : ce fut en 1980 la Boum, un succès mondial fondé autant sur le charisme de Sophie Marceau que sur l'exploitation par Claude Pinoteau, réalisateur, et Danièle Thompson, coscénariste, des explications et descriptions données par Caroline de sa vie d'adolescente et des jeux de l'amour des gamin(e)s de treize ou quatorze ans de cette époque-là.

Danièle Thompson cessa de collaborer aux films de son père à partir du demi-échec de "Vanille-fraise", sorti en 1989. Il lui fallut encore bien des années pour franchir le pas et s'essayer à la mise en scène : ce fut en 1998, avec "La Bûche", un savoureux film sur la famille et ses vicissitudes, où l'on retrouve les thèmes (psy) favoris de Danièle Thompson : les difficultés d'être en famille, l'adultère, le divorce, l'inceste, et une distribution étourdissante, au milieu de laquelle figurait pour son premier rôle la jeune Marie, fille de Dominique de Villepin.

J'ai moins aimé "Décalage horaire", son film suivant, un quasi-huis clos où Binoche manquait un peu de grâce et Jean Reno de légèreté.

En revanche, "Fauteuil d'orchestre", en 2006, m'a enchanté. Pour ceux qui ont l'oeil acéré, on me voit en ombre chinoise dans une scène où Cécile de France traverse l'avenue Montaigne pour se rendre du Bar des Théâtres au théâtre d'en face. C'est une jolie histoire portée par une composition prodigieuse de Cécile de France à fond dans l'ingénuité décidée, une Valérie Lemercier pied au plancher, un Claude Brasseur, loin de "La Boum", tout en demi-teinte mais rappelant pour la première fois les intonations de son propre père, et le reste à l'avenant, dont Christopher, le fils de Danièle Thompson qui a collaboré à tous ses films et les a interprétés.

Début 2007, alors que c'était courageux, Danièle Thompson défendait encore le premier ministre Villepin à la télé.

Voici donc son nouveau film, dont les bandes annonces ne disaient pas grand chose. On y entendait des gens qui allaient à un dîner mais qui prévoyaient de s'y faire chier. De fait, quand le dîner commence, et même un peu après, le spectateur se fait chier dans son fauteuil de cinéma. mais tout à coup, tout bascule, les personnages deviennent des vies, des flots d'émotions et de sentiments, on est avec eux, on avance, on est en eux, on est eux. Une grande réussite.

Au passage, comme dans "Fauteuils d'orchestres", de nombreuses vues de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière où Caroline Thompson exerce comme psy pour enfants.

Téléchargement illégal : vers une commission d'enquête parlementaire ?

Va-t-on s'orienter vers une commission d'enquête parlementaire ciblée sur l'exploitation illégale de films en streaming ? C'est en tout cas l'idée de Frédéric Lefebvre (que peut-il bien avoir derrière la tête ?) soutenue par des acteurs corporatifs majeurs du secteur (source).

09:57 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : médias, téléchargement, piratage, hadopi | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quitterie : question de génération ?

Il m'a semblé que le moment était bien choisi pour réécouter la vidéo enregistrée par Quitterie à la mi-octobre dernière, elle y parle de génération X, génération Y.

 

09:00 | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : politique, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

18/02/2009

Gagné !

IMG_0132.JPG

Ayant été tagué par Spaulding au milieu de la tempête, je ne pouvais pas ne pas rester immobile, ni silencieux, et j'ai donc cherché la sixième photo de mon dernier dossier et il se trouve que Spaulding a gagné et que, par un heureux hasard qu'il avait deviné bien à l'avance, on se demande pourquoi, cette sixième photo représente Quitterie, euh j'avoue que ce n'est pas la plus... disons la plus officielle... mais je l'aime.

Je tague Quitterie, KaG, Jérôme.

23:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tag, quitterie, spaulding | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Nos indignations profitent-elles à nos adversaires ?

Il semble que les intentions de vote de l'UMP augmentent lentement, mais sûrement, depuis six mois pour les élections européennes de juin prochain (de 23 à 26 %). Cette augmentation se fait au détriment de l'extrême doite, dont le total serait à 11 % en totalisant les estimations du Front National et celles du mouvement de Philippe de Villiers. C'est logique : la majorité fait campagne à coups de petites phrases transgressives, comme l'affirmation récente de Rachida Dati : "l'indépendance de la justice n'est pas un dogme" (on s'en était aperçu, soit dit en passant).

L'UMP s'est donc fixé un objectif (et un seul) pour ces Européennes : lessiver Le Pen, continuer l'opération commencée lors de la présidentielle, afin d'avoir les mains libres sur sa droite.

Pour le faire, l'UMP a repris ce qui a fait le succès de Le Pen à la grande époque : la méthode du scandale. Et nos partis d'opposition, notre presse, nos efforts, en s'effarouchant des scandales ainsi créés, combattent-ils l'effet recherché ? Au contraire : ils propagent le scandale, ils le popularisent, ils contribuent à son succès.

Je crois que c'est d'ailleurs l'un des aspects de ce que Quitterie a dit dans la belle note où elle annonçait sa bifurcation politique : "Changer le système de l'intérieur, je n'y crois pas. Je n'y crois plus. Plus on se débat à l'intérieur, plus on le renforce. C'est l'histoire de l'opposition d'aujourd'hui. C'est fou."

En somme, plus l'opposition se débat, plus elle renforce le pouvoir.

Le jour de la première du "Mariage de Figaro", Beaumarchais cassait lui-même les vitres du théâtre, de l'intérieur, pour faire croire que l'on s'y battait. C'était la méthode du scandale à l'état brut. Un succès retentissant en est résulté. Le scandale est le meilleur vecteur du succès.

Saurons-nous, nous blogueurs, contrecarrer cette stratégie en lui opposant non pas des réactions épidermiques et au fond complices, mais un autre discours, une autre méthode, plus tournée vers les enjeux de la réalité, plus anticipatrice, plus inventive ?

C'est sans doute l'une des responsabilités auxquelles nous ne pourrons pas échapper, si je comprends bien le discours de Quitterie.

18:01 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, blogs, quitterie, sarkozy, scandale, buzz, le pen | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quitterie : "je ne suis pas à vendre".

Dans son interview au site lepost.fr (lue finalement près de 13 000 fois), Quitterie rejette les allégations selon lesquelles elle aurait quitté le MoDem pour rejoindre Désirs d'Avenir, et elle cingle : "Je ne suis pas à vendre".

C'est dommage, je l'aurais bien achetée.

10:28 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/02/2009

On ne fera pas de campagne en 2012.

Il faut être cohérent : ce que j'écrivais hier signifie clairement que je ne ferai pas de campagne présidentielle en 2012.

J'ai fait quatre campagnes présidentielles.

Pour la première, en 1988, j'ai été très actif lors de la précampagne, d'abord dans l'équipe qui, au printemps 1986, en trois semaines, a rempli un train de mille jeunes pour mener Barre s'incliner sur la tombe de Robert Schuman dont on célébrait le centenaire de la naissance, près de Metz, et lui faire rencontrer Helmut Kohl venu spécialement. Puis comme délégué national des jeunes du CDS (les JDS), j'ai organisé notamment dans l'été 1987 l'Université d'Été où Barre est venu déclarer sa candidature : "J'aurai besoin de vous", avait-il lancé devant les 1500 convives du déjeuner de clôture, majoritairement des jeunes. J'ai fait la sortie de la gare Saint-Lazare à huit heures du matin, les dîners-débats onéreux et barbants, les relances téléphoniques, les autocollants sur les parcmètres, les parebrisages à une heure du matin... Les collages d'affiches poursuivis par les gros bras qui collaient à la fois pour Chirac et pour Le Pen et qui frappaient le capot de notre voiture avec un marteau.

Pour la deuxième, en 1995, je n'ai fait que du terrain, de novembre 1994 à mai 1995, pendant six mois, une station de métro à huit heures du matin, un marché de dix heures à midi, une autre station de métro de cinq à sept. Tous les jours, sans aucune exception, pendant six mois, sauf les vacances de Noël. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, quels que soient les quolibets au départ et la cruauté de la température. C'était pour Chirac. Cette fois-là, j'ai gagné. J'ai même, dans la foulée, été élu adjoint au maire du XVIe arrrondissement de Paris comme je l'ai expliqué plusieurs fois.

Pour la troisième, en 2002, j'ai fait ce que j'ai pu, un peu au siège, beaucoup sur le terrain, des marchés, des stations de métro, des gens, toujours des gens qui nous regardaient en demandant parfois qui était François Bayrou, ou qui levaient les yeux au ciel. Et je me souviens de la soirée des résultats du premier tour, à une heure du matin, il ne restait presque plus personne, on avait mis de la musique dans la salle du bas du bâtiment qui est (rue de l'Université) devant le siège, qui venait d'être acheté. Nous étions encore une quinzaine, dont deux vieilles dames de mon arrondissement, rescapées du Centre Démocrate des années 1960, qui entraînaient un Bayrou très gêné dans un rock totalement ridicule et burlesque, cruellement burlesque.

Pour la quatrième, en 2007, avec Quitterie Delmas, pour Bayrou encore, on a occupé la Toile, elle surtout, moi comme j'ai pu. On a tout donné, des journées jusqu'à des heures impossibles, elle a tant sacrifié d'instants personnels. Et pour quel résultat ? Pour quel effet sur les gens dont la vie est difficile ? Pour quelle amélioration pour la planète qui crève ?

Quel temps perdu...

Quel temps gâché...

C'est décidé, la prochaine fois, on ne fera pas de campagne, on a mieux à faire.

Femmes engagées !

Via Quitterie, le rappel d'aller consulter les excellents et émouvants témoignages des Femmes engagées de lundi.

Guadeloupe : l'a-t-il vraiment fait ?

Dans une précédente note, je relatais les bonnes relations que j'ai eues pendant six ans avec un personnage qui partageait le même bureau que moi à la mairie du XVIe et qui était adjoint au maire du XVIe en même temps que moi, fin d'une longue carrière essentiellement administrative : le préfet Bolotte. Il est mort peu de temps après que je l'ai mentionné dans une première note.

C'était un homme d'abord charmant, politesse à l'ancienne, léger snobisme, humour pince-sans-rire, profond cynisme sans doute, et un peu de vanité il faut le dire. Il était grand et, ayant bien passé les soixante dix ans, non pas voûté, mais incliné physiquement à droite. Quand il rigolait, il lissait sa petite moustache clairsemée. Le jour où Claude Goasguen lui a remis la cravate de commandeur de la Légion d'Honneur, à la mairie, Bolotte était comme un paon : il rejoignait le grade atteint par son père dans le même ordre républicain.

C'est après la mort de Bolotte que j'ai appris la terrible accusation qui pesait sur lui : il était préfet de Guadeloupe en mai 1967, lorsqu'une répression terrible a fait entre soixante et deux cents morts dans ce département. On dit que c'est lui qui a donné blanc-seing aux CRS.

Lorsque j'ai connu ces faits qui lui étaient imputés, j'en suis resté pantois, blessé. Je savais qu'auparavant, Bolotte avait joué un rôle dans la bataille d'Alger. Je me souvenais de ce qu'il disait de la guerre d'Algérie : "la grande erreur, ça a été de laisser le droit de vie ou de mort à des sergents". Cette phrase m'avait fait frissonner, je ne voyais pas que ce fût mieux de laisser ce droit sur les prisonniers à des officiers. Mon père était officier du contingent en Algérie et il a participé pendant neuf mois à la bataille d'Alger.

Je me souvenais aussi de conversations à propos de Papon. J'évoquais l'horreur de Charonne et d'événements connexes. Il m'expliquait le dispositif policier et, sans excuser, rappelait le contexte, indiquait que Papon n'avait pas donné d'ordre mais avait choisi de fermer les yeux sur le désir de ses troupes policières de se venger. L'intention venait de la base.

Et en Guadeloupe ?

Et lui, Bolotte, qu'avait-il choisi ?

On ne peut pas imaginer personnage moins sanguinaire d'aspect, il avait l'air un peu paperassier, toujours plongé dans des masses de documentation parce qu'il était en charge des questions financières et de ce qui concernait l'urbanisme et les permis de construire pour le maire, ce sont des domanes très techniques où son expérience administrative faisait merveille. Cet homme pouvait-il avoir donné l'ordre aux CRS de tirer à balle réelle ?

On dit que l'habit ne fait pas le moine. Une de mes ancêtres un peu ballottée par la Révolution a écrit, pensive, sur un coin de feuille, en l'an VI ou VII : "minimum ne credere colori", "croire le moins possible à la couleur", en quelque sorte "se fier le moins possible à la couleur des choses".

Depuis que je sais ce dont on accuse Bolotte, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer sa grosse rosette de commandeur de la Légion d'Honneur comme un tache de sang sur le revers de sa veste.

11:19 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : antilles, 1967, pierre bolotte | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La Ve république, c'est fini.

La Ve république est née en 1958, treize ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et un peu moins de vingt ans après l'effondrement de 1940. Elle est née sur un double fondement : d'une part, le discours de Bayeux où, en 1946, le général de Gaulle avait exposé sa conception de l'organisation d'une France que l'on voulait régénérer ; d'autre part, la réflexion conduite par de nombreux acteurs politiques et administratifs sur les causes de l'effondrement spectaculaire (et tragique) de 1940.

De Gaulle voulait un patron pour fixer le cap. Les analystes jugeaient que la défaite de 1940 était due en partie aux baronnies administratives et à l'abaissement du politique face à ces entités qui ont la permanence pour elles : les ministres passent, les département ministériels demeurent. Et sous la IIIe république, comme sous la IVe, les ministres passaient drôlement vite. Il fallait donc de la stabilité.

Le régime qui sortit de cette marmite était hybride : un président au-dessus de la mêlée, disposant de pouvoirs personnels consistants, et un gouvernement capable d'imposer ses vues au parlement. La bataille des nouveaux pouvoirs fut rondement menée : en 1962 le parlement se rebella contre l'exécutif, fut dissous, et l'exécutif obtint sa majorité fixe. Depuis ce temps, une seule question a hanté la pratique institutionnelle française : celle de la "dyarchie" exécutive, c'est-à-dire celle de l'exécutif bicéphale, autrement dit la rivalité plus ou moins latente entre le président de la république et son premier ministre.

Car il n'existe qu'un contrepouvoir à l'autorité présidentielle : le premier ministre. En 1968, de Gaulle limoge Pompidou qui commence à lui faire de l'ombre, quelques mois plus tard dans la campagne référendaire, Pompidou se venge et annonce que si le référendum est négatif, il est prêt, lui Pompidou, à assumer ses responsabilités. C'est la mort de de Gaulle en direct et le scénario se poursuit par la victoire feutrée de l'ex-premier ministre sur son président.

Sans entrer dans les détails, disons que la querelle dyarchique ne va cesser d'enfler : en 1978, Giscard annonce qu'en cas de victoire de la gauche aux législatives, il ne se retirera pas, et qu'il ne pourra empêcher la gauche de gouverner à sa guise. C'est une nouvelle étape qui va se cristalliser par trois cohabitations, en 1986-88 et 1993-95, et surtout 1997-2002. Sur les seize dernières années, neuf auront été alors passées en cohabitation, la majorité.

La dernière cohabitation avait produit des effets très regrettables en politique extérieure, notamment le traité de Nice, où la négociation française avait été déplorable.

Mais surtout, le long rang des candidats à la présidentielle ne pouvait accepter que le pouvoir guigné par tous fût amoindri par l'ombre parlementaire du premier ministre. Contre mon avis que je lui avais donné, Bayrou accepta l'inversion du calendrier, l'élection de l'Assemblée Nationale après celle du président, qui subordonnait celle-là à celui-ci. Exit le dernier contrepouvoir, enterré le premier ministre, il ne restait plus rien pour entraver la marche impérieuse de la volonté présidentielle.

Exit aussi l'utilité des partis politiques : les législatives n'étant plus que l'émanation de la présidentielle, il n'est plus nécessaire de les préparer par un travail de profondeur.

Finalement, il ne reste plus qu'une élection, plus qu'un pouvoir dans la république : celui du président.

Et c'est là qu'arrive Sarkozy et qu'apparaît toute l'absurdité de ce processus de cinquante ans qui a conduit à ce que l'élection la plus importante produise l'élu le plus nul.

Jamais personne n'a eu autant de pouvoirs de toutes natures en France depuis plus de cent quarante ans. Et jamais la France n'a été aussi mal gouvernée, politique étrangère floue et servile, politique économique onéreuse et improductive, politique sociale injuste et régressive, politique de justice et de police liberticide et brouillonne.

Tout ça pour ça ?

Faut-il donc continuer, par notre activité politique, à cautionner un processus qui ne peut aboutir qu'à de tels désastres ?

Certainement pas, et c'est pourquoi je suis impatient et confiant dans une initiative dont le contour n'est pas encore connu, mais qui donnera d'autres buts à notre soif d'engagement pour l'intérêt général : l'initiative de Quitterie.

16/02/2009

Congé parental : j'aimerais bien en profiter un jour.

Il paraît que toute la blogosphère, agitée par son habituelle indignation moutonnière, ne parle que de cela : Sarkozy veut nous carotter notre congé parental.

Holà ! Pas de ça ! Bas les pattes !

Eh, c'est que, moi qui ne suis pas encore père, je compte bien en profiter un jour, de leur congé parental.

Enfin, peut-être, parce que comme je suis mon propre patron, je suis un peu dur sur les congés. Somme toute, il ne me reste plus qu'à épouser une jeune femme qui soit salariée, lui faire des enfants, et là alors, qu'elle profite du congé parental, enfin de ce qu'on va nous en laisser !

Plus sérieusement, nous sommes quelques-uns à avoir dit et redit que "la droite et le gauche menaient la même politique". Eh bien, une chose est sûre : ce n'est plus vrai, le consensus sur lequel nous tenions depuis des décennies a sauté. La droite d'aujourd'hui défait rageusement tout l'édifice commun des cent dernières années. Pourquoi le fait-elle ? Pour justifier son statut dans la bipolarisation, ce qui fait que, puisque nous avons en ce moment tous les défauts les plus abjects de la droite, nous aurons ensuite tous ceux de la gauche, et nous n'aurons pas progressé d'un iota. Qui va s'occuper des gens ?

19:43 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, congé parental | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Filtrage (suite) le téléchargement dans la ligne de mire.

Je m'interrogeais récemment sur la notion d'"illégal" invoquée par Sarkozy pour contraindre les FAI à filtrer les sites "illégaux". D'une façon explicite, il s'agit de la pédopornographie. D'une façon implicite, du téléchargement illégal. Le cinéaste Luc Besson a en effet porté le fer ce week-end sur le thème sarkozyste contre les opérateurs d'Internet qui se rendent "complices" du téléchargement, ce qui a obligé un site canadien nommément désigné par lui, BeeMotion, à fermer, au moins temporairement.

15/02/2009

Quitterie : la crise ? il y a des solutions.

Demain, ce sera la nouvelle ponte des Femmes engagées. Pour les retardataires, vous pouvez encore lire les textes de la semaine dernière, consacrés à la crise, dont celui de Quitterie, qui a le talent d'aborder la crise sous l'angle des solutions.

EDIT : je signale le texte ému de SophiaMoDem sur le choix de Quitterie.

EDIT : je trouve enfin l'article du Parisien qui relate le refus de Quitterie d'occuper la tête de liste dans le Centre.

EDIT : les regrets de Pascale Zugmeyer qui n'aura pas eu le temps de rencontrer Quitterie adhérente du MoDem (mais il y a une vie après la politique !)

EDIT : et je signale ce texte qui annonce un prochain podcast de Quitterie.

EDIT : je signale aussi ce débat sur Boursorama.com

EDIT : autre débat sur le forum de Désirs d'Avenir.

EDIT : et celui sur Bayrou-MoDem.

EDIT : le très beau texte de Fred de Mai.

EDIT : l'opinion de Croissy Démocrate.

EDIT : la nouvelle sur Yahoo.

EDIT : la réaction de Diogenes.

19:16 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, économie, crise, femmes engagées | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L'égalité n'y est toujours pas.

C'est quand même efrayant de pouvoir ressortir des discours d'un mort qui avait quitté le parlement depuis belle lurette, et que ces discours restent d'actualité.

L'égalité est ou n'est pas. Césaire disait que dans sa jeunesse, il avait plutôt milité pour l'indépendance des Antilles françaises, mais qu'il avait dû ensuite s'adapter : ce que ses compatriotes voulaient, ce n'était pas tellement l'indépendance, mais l'égalité avec les autres Français et résidents de France. Le combat d'une vie entière (une très longue vie) n'y a pas suffi.

 

11:50 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, antilles, égalité, césaire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Il faudrait supprimer l'OTAN.

À quoi sert l'OTAN ?

À donner une étiquette aux soldats occidentaux présents en Afghanistan.

À défendre l'Europe.

À matérialiser et pérenniser le leadership américain.

Franchement, la création de l'OTAN, après la guerre de 1939, pouvait avoir un sens, c'était le temps où Churchill disait qu'"un rideau de fer s'est abattu sur l'Europe", les pays d'Europe de l'Ouest émergeaient difficilement de la guerre, tous détruits et ravagés par les bombardements et les occupations. Du Royaume-Uni victime du Blitz à l'Italie dévastée par l'offensive des Alliés en 1943, en passant par l'Allemagne pilonnée d'un tapis de bombes, l'Europe était exsangue.

Les États-Unis, en ce temps-là, se portaient bien, leur économie était florissante, largement nourrie par la reconstruction des pays victimes de la guerre.

Très bien, soixante ans plus tard, les pays européens sont reconstruits, l'Europe de l'Est n'existe plus, elle fait partie de la même "maison européenne" (selon l'expression de Gorbatchev) que l'ancien Ouest, on ne voit plus guère à quoi sert l'OTAN.

Ah si : à pallier l'insuffisance des politiques de défense européennes.

Car au lieu de nous laisser défendre par d'autres, ce que nous devrions vouloir, c'est que l'Europe assume elle-même sa défense. Vaste programme.

09:04 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : international, europe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/02/2009

Toute ressemblance avec des événements récents serait purement fortuite et involontaire...

20:06 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, brassens, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Nouveau filtrage d'Internet sur simple classification policière ,

Et voilà : la nasse se resserre sur nos libertés sur Internet. Notre présigland nous octroie une procédure qui condescendra à contraindre les Fournisseurs d'Accès à l'Internet (FAI) à bloquer l'accès à des sites jugés illégaux. On met tout cela sur le compte de la pédopornographie, mais ce qui est grave, c'est évidemment qu'aucun juge ne soit autorisé à mettre son nez là-dedans et qu'il s'agisse purement et simplement d'une lettre de cachet, la police (et elle seule) étant habilitée à dire qui est illégal et qui ne l'est pas. On croit rêver ! Décidément, il va falloir leur botter les fesses.

Les adhérents des partis politiques sont-ils victimes du syndrome de Stockholm ?

Les partis politiques sont des machines ingrates. On y est d'autant moins récompensé qu'on y est plus désintéressé : plus on est sincère, moins on est reconnu. Pour obtenir quelque chose de la machine, il faut entrer dans le jeu du calcul.

Mais alors, comment se fait-il qu'à côté de la "clientèle" des partis (les salariés du parti, ceux des élus et d'une manière générale ceux qui y trouvent un intérêt matériel), il y ait des adhérents réels et sincères qui s'y activent ? Masochisme ? Aveuglement ? Abnégation déraisonnable ?

Mystère.

Tout ce qu'on peut dire, c'est que ce troupeau de victimes consentantes se réduit d'année en année. Tant mieux.

13/02/2009

Les révolutions sont d'abord sociologiques.

Qu'on ne croie pas que je pense révolutionner la connaissance par ce constat : il y a longtemps que les historiens savent qu'une bonne part des causes des révolutions est sociologique.

Cependant, si je ne fais qu'un rappel, il me semble que ce rappel est utile, en écho de l'info que j'ai relevée voici quelques jours sur la proportion des salariés désormais employés par l'économie solidaire : 10 % en France. C'est que l'expansion de cette économie, sa propension à prendre des marchés, à faire vivre de plus en plus de gens (et non seulement des salariés), est le rouage principal du mécanisme de la révolution décrite par Fred Vargas dans le beau texte que Quitterie a mis sur son blog.

L'économie sociale et solidaire (ou scoialement responsable) n'est pas qu'un secteur de l'économie : c'est aussi une façon d'organiser les rapports sociaux et donc, plus cette façon occupe de place, plus s'opère en réalité une révolution silencieuse, sans violence, sans victime autre que d'anciens bourreaux. Une révolution sans victime ? c'est ... révolutionnaire.

Vendredi 13.

On est vendredi 13.

Le poète Théodore de Banville, au XIXe siècle, ne sortait jamais de chez lui ces jours-là, parce qu'on lui avait prédit qu'il mourrait un vendredi 13. il se calfeutrait, n'ouvrait à personne, ne faisait rien. Il vivait à la frontière de Saint-Germain et du Quartier Latin, à Paris. Curieusement, il est mort chez lui ... un vendredi 13.

12:04 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : superstititon | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook